55e ANNÉE. 15 Août 1895. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. La revision. L\os 64-65. Dimanche, FRANCS PAR A\. PARAISSAIT LE JEUDI ET LE DIMANCHE* On se souvient des conditions dans lesquel les a été voté le nouvel article 47 de la Consti tution. Tous les systèmes préconisés par les membres de la Chambre avaient successivement échoue. M. Nyssens avait vaguement parlé de vole plural. Le gouvernement avait combattu le suffrage universel et fait écarter toute condi tion de capacité. M. Beernaert semblait surtout préoccupé de faire échouer les propositions émanant de la gauche modérée. Lagrèvegéneraleavaitélédécrélée. Lémeute grondait dans les rues. Le gouvernement et sa majorité, sous l'empire de la peur, négocièrent avec l'extrême gauche, et le suffrage universel, agrémenté de vote plural, fut admis pour les hommes de 25 ans, sans aucun exposé des motifs sérieux, sans examen préalable en sec tion, sans rapport et sans discussion. Les affolés ne réfléchissent ni ne discutent. On peut affirmer que dans la majorité qui a voté le suffrage universel 25 ans avec vote plural, les trois quarts des volants ignoraient les conséquences du vote qu'ils venaient d'émet tre. Pas un député sur dix ne connaissait les con séquences de ce vote pour son arrondissement. Beaucoup l'ignorent encore aujpurd hui Les catholiques, mieux outillés, mieux orga nisés et mieux renseignés, surent quoi s'en tenir avant les libéraux. Leur situation était bonne autrefois, le clergé et la noblesse mettaient sa discrétion la bour geoisie et les petits artisans dans plus de la moitié du pays. Quelques succès dans le reste du pays lui as suraient une forte majorité. Le nouvel article 47 donnera des électeurs nombreux eldes voles beaucoup plus nombreux encore. Les catholiques sont moins sûrs du terrain qu'autrefois. Ils craignent que peu peu les nouvelles couches électorales se déshabituent de voter pour les anciens partis, qu ils n'écou tent plus aussi docilement la voix du prêtre et du châtelain. On assure ceci parait un comble qu'on ne serait pas sûr de la réélection de M. Woeste Alost, raison de circonstances industrielles spéciales. Quelques jours après ce vote arraché la peur, les cléricaux ont eu des inquiétudes va gues qui se sont promptement accentuées. Ils ont voulu un Sénat modérateur, peut-être même trop carrément réactionnaire. De là le refus absolu de la droite et du mi nistre des finances de faire des concessions en apparence accessoires. Il leur faut un corps électoral différent pour le Sénat, et pour la Chambre des électeurs I moins nombreux et plus âges pour le Sénat, outre les sénateurs provinciaux, assurant trois voix de majorité aux cléricaux Il leur faut des conditions d éligibilité assu rant un Sénat aristocratique, représentant sur tout la grande propriété et la grande fortune. 11 leur faut un corps électoral plus restreint la commune qu la Chambre. Cela est contraire toutes nos traditions, mais allez donc raisonner avec des gens qui ont la frousse Les conservateurs ne savent guère où ils sont, ignorent où ils vont, et ont une secrète terreur en sondant l'avenir. Ils maudissent limpré voyance de M. Beer naert. Ils affichaient une grande tendresse pour l'autonomie communale ils voudraient aujour- d hui enlever au pouvoir communal la plupart de ses fonctions de police. Notre Constitution et nos lois électorales pourraient bien devenir une Macedoine où l'on se retrouverait difficilement. Liste des électeurs la Chambre, liste des électeurs au Sénat, liste des électeurs la commune etàla province, tout cela parait devoir différer. Quelle chance d avoir un grand ministre I Dès naïfs prétendaient supprimer les dépen ses électorales elles augmenteront considéra blement. Notre organisation politique menace d'être compliquée jusqu au ridicule. La Gazette nous apporte des nouvelles qui ne feront pas plaisir AL Woeste. Nous avons souvent signale les indices de l apparilion d un parti catholique démocrate dans l'arrondisse ment d'Alost. 11 parait que c'est chose faite La Gazette ajoute OG S vires acql'irit ecu do ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du ProcrEs Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger I'Agencb Rossel, 44, rue de la Madeleine, et L, ijl de l'Enseignement, Bruxelles. Ypres, le 12 Août 1893. Un parti politique nouveau, sous le nom de Parti démocratique chrétien vient de surgir dans l'arrondissement d'Alost. 11 a annoncé son entrée en scène au moyen d'une profusion de circulaires répandues partout et exposant les principaux points de son programme. Ce programme s'adresse particulièrement aux ruraux et aux ouvriers, qui formeront le princi pal contingent du nouveau corps électoral. 11 renferme une série d'articles qui paraissent em pruntés au socialisme gantois. Une des principales préoccupations des dé mocrates chrétiens est de changer le mode de désignation des candidats pour les différentes élections. Ils protestent contre le système des coteries politiques et exigent que les candidats soient directement désignes par les électeurs. L'un des signataires du programme et l'un des principaux cnefs est un prêtre qui, paraît-il, jouit d'une grande autorité et qui passe pour être très intelligent. Le nouveau parti se distingue par une activité intense et se livre une propagande effrénée. Inutile de dire que l'ancien parti catholique voit de mauvais œil les démocrates chrétiens Son hostilité se trahit dans les journaux par une série de railleries et d'injures. 11 sera intéressant de suivre les évolutions des partis dans les incidents des futures campagnes électorales. L'association libérale d'Alost a chargé son comité de reviser les statuts de l'association et de formuler un programme pour l'avenir. Le comité vient d'achever son œuvre son projet glementation du contrat de travail, les mesures nécessités par la situation de l'agriculture, etc. Dans la solution de ces différents problèmes, le comité s'est inspiré des meilleurs sentiments de conciliation. Il a tenu compte des aspirations des diverses fractions du parti libéral et s'est efforcé d'accorder chacune d'elles une part de légitimes satisfactions. Dans quelques jours, le projet du comité sera soumis l'assemblée générale de l'Association. La discussion promet d'être très suivie. Elle sera le point de départ d'un mouvement politi que nouveau et marquera le réveil de l'opinion libérale dans tout l'arrondissement. Les beautés de la guoi'i'o. Sait-on par quel nombre se chiffrent les gloires patriotiques de l'Europe depuis le commence ment de ce siècle de progrès Par trois cents milliards gaspillés dans un fleuve de sang charriant vingt millions de cada vres d'hommes égorgés. Il en coûte cher aux humains pour se ceindre de lauriers La France, par exemple, pendant le premier Empire, en a sacrifié un million sept cent cinquante mille de 1854 1866, un mil lion huit cent mille en 70 et 71, quatre cent mille. Mentionnons pour mémoire seulement, le coût de ces lauriers, rien que pour cette statisti que funèbre. Et dire qu'il se trouve des hommes le défunt maréchal de Moltke entre autres était de cet avis pour proclamer que la guerre est une chose nécessaire et que le rêve de la paix entre nations n'est pas un beau rêve. On télégraphie de Boubaix Un réservoir pour les eaux de la Lys, se com posant d'une tour en maçonnerie de 12 mètres de hauteur, surmonté d'un réservoir en tôle de 20 mètres de hauteur base conique reposant sur une maçonnerie et ayant sa partie supérieure de 20 mètres de diamètre, était terminé depuis plusieurs jours. L'essai de résistance avait lieu hier, et, dès six heures du matin, les machines élévatoires situées sur les bords de la Lys, Bousbecques, refoulaient l'eau dans le réservoir. Dans la soirée, vers cinq heures, environ 1,600 mètres cubes y étaient déjà et il n'en manquait plus que 200 pour atteindre le plein, quand, soudainement, tout s'écroula. La cuve en tôle, qui pèse 60,000 kilogrammes, une partie de la maçonnerie et l'énorme quantité d'eau furent précipités de tous côtés, brisant et entraînant tout sur leur passage, démolissant un mur de clôture dans la rue Lacordaire. Sept personnes sont blessées, dont cinq qui, passant rue Lacordaire, ont été renversées par un pan de la muraille. Elles sont assez griève ment atteintes.

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 1