Reconstitution.
Appel aux Yprois.
Vers la tin du mois de Juillet, la pétition dont
nous donnons le texte ci-dessous couverte de
centaines de signatures, fut envoyée au palais de
Bruxelles.
A Sa Majesté Léopold II, Roi des Belges.
Sire,
a Ont l'honneur d'exposer avec le plus pro
fond respect les soussignés, habitants de la ville
d'Y près et, pour la plupart, pères de famille,
que, par délibération en date du 15 Juillet cou
rant, prise la simple majorité de huit voix
contre sept (1), le Conseil communal d'Y près a
décidé la fermeture du Collège fondé en 1777
Sar l'illustre Marie-Thérèseet réinstitué en 1884,
e commun accord avec le Gouvernement, après
la suppression de l'Athenée Royal créé en exécu
tion delà loi du 15 Juin 1881.
a Les soussignés estiment, Sire, que cette déli
bération blesse l'intérêt général.
C'est pour ce motif qu'ils viennent respec
tueusement prier votre Majesté de bien vouloir
ne pas y donner la haute approbation requise
par l'art. 4 de la loi précitée.
n Le Collège communal d'Y"près est le dernier
établissement de ce genre existant dans les deux
Flandres et sa disparition réduirait trois, pour
ces deux provinces comprenant plus d'un million
et demi d'habitants, le nombre des établisse
ments d'Instruction moyenne du degré supérieur
non confessionnels. Il ne resterait en eftet que
les seuls Athénées Royaux de Gand, de Bruges
et d'Ostende peut-être eux-mêmes menacés. Ce
serait un grave danger, Sire, en ce sens que l'en
seignement deviendrait un monopole aux mains
du clergé et que, de tait, les pères de famille
seraient mis dans l'impossibilité de donner
leurs enfants une instruction et une éducation
conformes leurs principes et leurs opinions.
Un enseignement exclusif, et directement
dirigé dans le sens d'une religion, disons mieux,
d'une politique déterminée, ne saurait leur con
venir. Les obliger y avoir recours, c'est porter
atteinte leur liberté, c'est les froisser violem
ment dans leurs convictions les plus intimes et
les plus chères -
On dira, peut-être, que ces pères de famille
pourront envoyer leurs enfants dans des établis
sements étrangers Mais si cela est possible
quelques uns, la grande majorité d'entre eux ne
pourra le faire, cette majorité se composant en
général de petits bourgeois et de modesteB fonc
tionnaires dont les ressources sont restreintes.
Combien dure et pénible sera la situation de cea
concitoyens
Sire, les soussignés pensent qu'en procla
mant la liberté d'enseignement, la Constitution
a voulu qu'il y eût, côté de l'enseignement
privé, un enseignement public qui servît de mo
dèle aux établissements libres, stimulant leur
zèle, les obligeant se tenir constamment la
hauteur des progrès de la science, et réalisant
ainsi l'idée, but de la liberté d'enseignement,
que le gouvernement du monde appartient aux
intelligences.
C'est ainsi que la liberté d'enseignement a
été, de tous temps, entendue et pratiquée dans
notre pays. Il serait souhaiter, pour la paix et
le bonheur de la patrie, que cette interprétation
fût maintenue, et que la législation en matière
d'enseignement continuât être appliquée dans
ce même esprit.
Jusqu'en 1881, les conseils communaux
avaient le droit de supprimer leurs collèges
sanB intervention de l'Autorité supérieure. L'au
torisation du Gouvernement n'était requise qu'en
cas de fondation d'établissements de ce genre.
Le législateur de 1881, prévoyant sans doute
les funestes tendances qui semblent prévaloir
aujourd'hui, dans les Flandres surtout, a com
blé cette lacune, et a prescrit que les résolutions
des Conseils communaux portant suppression d'un
(1) Il esta remarquer en effet que M. le chevalier
Gustave de Stuers, Secrétaire honoraire de légation,
retenu chez lui par maladie, a déclaré par lettre, pro
tester contre la suppression du Collège et vouloir émet
tre un vote négatif.
A remarquer encore que M. Colaert, Échevin de
l'Instruction publique et Représentant, a non seulement
voté avec la minorité, mais encore soutenu vigoureu
sement le maintien du Collège.
établissement d'Instruction Moyenne seraient soumises
l'avis de la Réputation permanente et l'approba
tion du Roi.
Les soussignés, pères de famille etmembres,
pour la plupart, de 1 Union des Anciens élèves
du Collège Communal menacé, pleins de confi
ance dans la prérogative royale, osent espérer
que Votre Majesté daignera ne point consentir
la suppression d'un établissement qui a rendu
tant de services la population Yproise, tout
l'arrondissement même, et dont la disparition
serait pour toute la région Sud de notre 1 landre,
une véritable calamité.
Subsidiairement ils prient Votre Majesté de
vouloir, tout au moins, surseoir l'approbation
de cette suppression, jusqu'au moment où le
Corps électoral pourra, l'occasion de la pro
chaine dissolution des Conseils communaux,
émettre 6on avis sur une question d'une si haute
importance.
Ils saisissent cette occasion, Sire, pour offrir
Votre Majesté l'expression de leurs sentiments
les plus respectueux et les plus patriotiquement
dévoués.
De Votre Majesté,
Sire,
Les trèB-hnmbles et très-dévoués serviteurs.
La distribution des prix aux élèves du Collège
communal avait lieu le 7 Août. Au nom de la
minorité du Conseil, M. Aug. Brunfaut, pro
nonça le discours suivant
Mesdames, Messieurs,
La culture intellectuelle d'un peuple est,
x plus que jamais, au temps présent, la source
essentielle de sa prospérité.
C'est en ces termes historiques que notre
Souverain, le Roi Léopold II, s'adressait aux re
présentants de la Nation en ouvrant la session
législative do 1878-79.
Ces paroles mémorables semblent avoir été
perdues de vue, reniées même par la majorité de
notre Conseil qui vient de voter, il y a quelques
jours peine, la suppression du Collège commu
nal.
Vous savez, Mesdames et Messieurs, ce que
nous, vos mandataires de la minorité, avons fait
l'Hôtel de Ville et au dehors pour maintenir
notre premier établissement d'Instruction.
Après avoir essayé de ramener nos contra
dicteurs des idées de tolérance et de Justice,
nous avons proposé certaines réductions de dé
penses sur le chapitre de l'Enseignement. On
nous a répondu par un non possumus.
Après le rejet d'ailleurs pressenti de nos
propositions transactionnelles, nous avons invité
nos collègues de la majorité démissionner avec
nous, et nous représenter tous ensemble de
vant le corps électoral, en lui demandant de se
prononcer entre eux et nous sur la question de
l'enseignement public. On a répondu par un iro
nique refus cette offre loyale et franche.
Nous avons offert alors de nous charger
pendant deux années, de la part incombant la
ville dans les dépenses du Collège. Rien n'y a
fait On nous a objecté des arguties légales, des
moyens élisifs de procédure, et la majorité issue
de la journée du lr Février 1891 a prononcé son
impitoyable arrêt.
x Est-ce tout La cause est-elle définitive
ment j ugée
Nous aurions cru, Mesdames et Messieurs,
manquer nos devoirs en n'appelant pas au nom
de tous de cette injuste décision.
Nous avons saisi le Gouvernement d'une re
quête exposant les motifs qui militent en faveur
du maintien de notre vieux Collège Communal,
et, Jeudi dernier, nous avons vivement insisté
dans le même sens auprès de M. le Ministre de
l'Intérieur et de l'Instruction publique qui avait
bien voulu nous accorder audience.
x Nous avons confiance dans la modération
du Gouvernement, dans la sagesse de notre Sou
verain.
x Le Monarque éclairé qui a proféré les nobles
paroles que je vous rappelais tantôt, ne permet
tra pas que l'on anéantisse un établissement plus
que séculaire, fondé par une illustre aïeule de
notre bien-aimée Reine et qui a rendu tant de
services la population d'YpreB et de seB envi
rons.
Et maintenant, Mesdames et Messieurs,
avant de no is séparer, joignez-vous moi pour
dire encore une fois dans un sentiment de com
mune espérance Vive le vieux Collège créé par
Marie-Thérèse
Ce discours fut envoyé au Roi pour faire an
nexe la pétition.
Il restait la décision royale
Elle se fit attendre trop longtemps pour ne
donner qu'une simple approbation la conduite
indigne de nos maîtres d'un jour
Heureusement que les vrais amis de l'instruc
tion veillaient Le Collège supprimé allait,
coûte que coûte, être rétabli Le Comité de
l'Union des Anciens Élèves n'a pas failli son
devoir. Ces quelques hommes la pensée noble
et droite, au cœur large et généreux, n'ont pu
admettre que cet établissement où tant d'hom
mes de talent sont venus chercher les fonde
ments de la science, où depuis tant de généra
tions une succession de maîtres d'élite distribuait
tous le pain de l'intelligence et enseignait la
conduite de la vie, fût, par le fait d'une majo
rité de hasard, anéanti tout jamais. L'esprit de
notre libérale population Yproise était mûr pour
la germination d'une pareille idée, et aujour
d'hui, grâce la collaboration de tous, est fondé
un nouveau collège qui continuera les traditions
de l'ancien, restera la hauteur de tous les
progrès de la science, ne cessera comme l'autre,
de remporter succès sur succès dans les univer
sités et les écoles spéciales, et d'envoyer dans
toutes les carrières des jeunes gens l'esprit
cultivé et ouvert qui seront notre orgueil et
l'honneur de leur ville natale.
Sursum corda
Nous apprenons que le Collège communal,
supprimé par nos nouveaux édiles, sera recon
stitué par l'Union des anciens élèves.
Les classes s'ouvriront vers le 20 Octobre.
Nous attendions ce vigoureux effort de la part
des protecteurs de notre ancien Athénée.
Laissons le Journal x rire et secouer sa boBse.
woaaaaaw
Nous recommandons vivement nos conci
toyens les écoles primaires communales de la
ville.
Nos édiles ont voulu mettre le couteau sur la
gorge des Yprois en supprimant x certaines
écoles et en rendant les autres inaccessibles x
a un grand nombre d'élèves. Plus que jamais il
est de notre devoir de soutenir les Ecoles laïques.
Que certaines gens timorées ne viennent plus
dire que l'atmosphère de ces écoles n'est pas
religieuse,nos maîtres catholiques en ont la hau
te direction et ils ne manqueront certainement
pas de donner, sous ce rapport, toute satisfac
tion leurs administrés.
{Société La Concorde.
Samedi, 30 Septembre, 8 1/2 heures du soir,
Concert par l'Harmonie communale sous la di
rection de M. Wittebroodt.
Société de Gardes Civiques
D'YPRES.
Tir du Lundi 25 Septembre 1895.
Deweerdt, Charles, 10 9 1 1 9 30
Vantholl, Henri, 7 6 6 3 4 26
Froidure, Robert, 6 5 7 7 1 26
Legon, Emile, 9 18 5 1 24
Lecteurs Si vous souffrez de la tête, de
l'estomac ou des intestins, ou bien, si vous êtes
atteints d'un vice de sang, tels que dartres,
boutons, glandes, plaies aux jambes, etc., pre
nez pendant quelques jours de ces pilules Wal-