\7° 92. Jeudi, 53e ANNÉE. 16 Novembre 1895 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. AVIS IMPORTANT. Le libéralisme et la question ouvrière. Nos finances. Le triple vote des instituteurs. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. Le PROGRES sera en voyé gratuitement jusqu'au premier Janvier prochain, aux personnes qui s'abonne ront, pour une année, dater de cette époque. Ypres, le 15 Novembre 1893. Dans la brochure qu'il vient de faire paraître pour signaler les conséquences de la Révision M. Frère-Orban s'occupe des améliorations apporter la classe des travailleurs et des devoirs qui s'imposent la jeunesse libérale dans la grande œuvre de propagande qui reste accomplir. Voici comment s'exprime l'ancien chef du cabinet libéral Dans notre temps où les masses ouvrières s'agitent, où des besoins nouveaux, des nécessi tés inattendues se révèlent dans les rapports du travail et du capital, les doctrines libérales ne servent pas seulement condamner et repous ser ce qui est injuste et dommageable dans les mesures que l'on préconise et que l'on réclame sous pretexte d'améliorer les conditions du tra vail elles doivent aussi servir introduire dans notre législation des dispositions propres mieux garantir les droits de l'ouvrier, rendre meil leure sa position si digne de sollicitude, lui donner des moyens qui puissent le préserver, autant que possible, des maux qui l'affligent, ou les atténuer. Ainsi, le contrat de travail est faire il faut que les droits et la liberté de l'ou vrier y soient consacrés et garantis et, en vertu du même principe de justice, que les droits et la liberté du patron soient également respectés et garantis. Une loi doit régler la responsabilité des ac cidents du travail il faut y appliquer des prin cipes de justice et d'équité et intervertir l'ordre des preuves tel qu'il est établi aujourd'hui et qui n'est pas juste pour l'ouvrier. Il y a développer les institutions de pré voyance et le système des assurances qui peuvent tant pour l'amélioration du sort du peuple des garanties doivent être exigées des Sociétés qui entreprennent ces assurances et leurs opérations doivent être soumises un contrôle et une surveillance qui assurent le respect des engage ments contractés. Toutes ces mesures et bien d'autres encore qui doivent être réalisées ne sont que des applications diverses du program me libéral. Le relèvement des masses est, en effet, de l'essence du libéralisme qui veut l'amé lioration du sort de tous par l'expansion tou jours plus grande des principes de justice et de liberté. C'est son honneur d'avoir entrepris cette grande œuvre, de l'avoir poursuivie travers tous les obstacles et réalisée toujours dans la mesure du possible l'heure opportune, et c'est lui qu'il appartient d'en assurer l'entier ac complissement dans l'avenir. Avec un tel programme que corrobore et justifie son passé,le parti libéral s'il est confiant, comme il doit l'être, dans la justice et la vérité de sa cause, s'il a foi dans la liberté, s'il ne s'abandonne pas lui-même, s'il se garde de com promissions de principe qui ébranleraient la confiance qu'il doit inspirer, le parti libéral peut, certes, se présenter résolument devant les électeurs. La jeunesse libérale a ici un beau rôle remplir, rôle noble, humain, fraternel, qui la grandirait dans sa propre estime et lui vaudrait la reconnaissance des ouvriers. Je ne la convie pas se rendre en général dans ces meetings tu multueux, où les déclamations le plus souvent prennent la place de la raison, où les énergumè- nes étouffent toute contradiction. Il y a mieux faire. Il y a au sein de l'élite de nos ouvriers, de la jeunesse surtout, côté d'aspirations bien légitimes une vie plus heureuse, une ardeur de s'instruire qui est sans bornes. 11 faut leur tendre la main, aller eux le cœur et l'esprit ouverts. II faut organiser pour eux des cours métho diques d'économie sociale chapitre d'actua lité d'économie politique, cour? du Dimanche, du Lundi ou du soir, selon les convenances des ouvriers et de i'industrie, et les instruire scien tifiquement, d'une manière brève et substan tielle, de toutes les questions qui les intéressent et sont l'ordre du jour, capital, travail, salai res, institutions de prévoyance, etc., etc. On leur montrera comment leur condition s'est succes sivement améliorée et qu'il est certain qu'elle continuera de s'améliorer par l'influence d'une civilisation due la liberté. Esclave, serf, oppri mé par les corporations, l'ouvrier a été enfin proclamé libre, maître de lui-même, maître de son travail, la plus sacrée des propriétés et ja mais tant de merveilles n'ont été accomplies dans le monde, qui toutes ont tourné au profit de la classe ouvrière, dont le sort, si pénible qu'il soit encore en bien des circonstances, est néanmoins incomparablement meilleur sous tous les rapports qu'il ne le fût jamais dans le passé. C'est grâce ce régime de liberté que tant d'ouvriers, qui eussent été condamnés au trefois végéter dans leur caste, sont arrivés, les uns l'aisance, d'autres la richesse et un nombre beaucoup plus grand qu'on ne le pense aux positions sociales les plus élevées. Dans son exposé de la situation financière, M. Beernaert annonce que les Chambres sont saisies d'un projet de loi qui règle définitive ment les budgets ordinaires de 1890 par un excédent de fr. 5,295,020-65. Pour 1891, le boni est de fr. 7,608,956-98. Pour 1892, il atteint approximativement fr. 6,229,804. Pour 1893, on espère un boni de 10 millions. C'est que, fait remarquer M. Beernaert, prise dans son ensemble, la situation économi que du pays est favorable, ainsi que le démon trent encore le mouvement des chemins de fer, le chiffre des transports maritimes et celui des recettes de la douane, l'acquittement aisé des contributions, le montant de l'épargne et bien d'autres indices. Fl le fait est d'autant plus remarquable et plus significatif, que les mesures douanières adoptées par beaucoup d Etats dans le cours de ces dernières années semblaient menacer gravement notre produc tion industrielle et que, presque seule, la Bel gique est demeurée fidèle aux principes d'une autre politique. L'excédent probable de 1894 peut être évalué 2,700,000 francs. Cet excédent, dit M. Beernaert, est peine suffisant comme participation du budget ordi naire aux dépenses extraordinaires non pro ductives pour le trésor public mais il y a lieu de faire remarquer que, d'après les propo sitions soumises la législature, l'exercice 1894 se trouverait greve, comme dépense ordinaire, d'une charge de 915,000 francs, représentant une des seize annuités payer pour la reprise des services téléphoniques, dépense qui est en réalité consacrée l'acqui sition d'un capital productif. Finie donc, la série des bonis mirifiques ob tenus au moyen d'habiles transferts de l'ordi naire l'extraordinaire. Ainsi les instituteurs diplômés n'auront pas le triple vote La majorité cléricale de la commis sion instituée par le Gouvernement les en a déclarés indignes. Il est donc acquis qu'un citoyen qui a étudié jusqu'à vingt ans, qui chaque jour, de par la nature même de ses fonctions est obligé d'é tendre ses connaissances, de les augmenter et de les approfondir, qui a la mission si noble et si élevée de former l'enfance il est acquis, disons- nous, que ce citoyen est proclamé incapable d'exercer complètement ses droits politiques Et la raison, direz-vous, de cette criante injus tice, de ce scandaleux ostracisme C'est que la majorité des instituteurs diplômés est libérale et qu'humilier, abaisser les éduca teurs de l'enfance est pour le parti de l'éteignoir un acte de vertu. Et cette même commission, qui n'a que du dédain pour les diplômés officiels qui présentent toutes garanties, s'est empressée d'accorder le triple vote aux inspecteurs catholiques, même non diplômés. Cela se passe de commentaires. Il n'y a qu'en Belgique que pareils passedroits puissent se commettre, et une majorité ultra- montaine pouvait seule en prendre la responsa bilité Bruges-Port de Mer. o— Samedi dernier s'est tenue, devant Me René Fraeys, notaire Bruges, l'assemblée générale extraordinaire de la Société des chemins de fer de la Flandre Occidentale. Cette assemblée était appelée délibérer sur la participation de la Société au grand projet de Bruges-port de mer et sur les ressources créer en vue de cette participation. M. Vernet, président du conseil d'administra tion, a exposé sous quelles conditions le con- LE PROGRÈS VIRES iCQCIRIT EBNOO. ABONNEMENT PAK AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00. Idem. Pour le restant du pays7-00. tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. 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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 1