Encore une occasion perdue. Prurit dévot. INTÉRIEUR. Et le pays La commission de la crise. dans quelles circonstances, la suite de quel conflit et de quelles plaintes de la part de Y auto rité civile contre le clergé, ce document a vu le jour? Il y avait alors, comme il y en a eu beaucoup depuis, des magistrats soucieux des droits de leurs administrés et de la dignité de leurs fonc tions. Mais il y avait aussi, côté d'eux, des prêtres moins chrétiens qui, tout comme ceux de nos jours, s'occupaient bien plus de leurs intérêts terrestres personnels que des intérêts spirituels de leurs ouailles, et se livraient toutes sortes d'extorsions et d'abus. Pour ceux qui veulent être complètement édifiés, nous les engageons consulter le B™4 vo lume des Ypriana, p. 405 et s. Les plaintes des fiers magistrats communaux d'alors, soutenus par le Pape, sont en latin, lan gue qui, comme on sait, est plus propre expri mer les choses honteuses que le français, voire même que le flamand. Si le Journal se tait, nous compléterons nous- même sa besogne. Décidément, Mons Colaert devra aller l'école chez son copoperinghois M. Berten et y ap prendre l'art de se taire. Voici, qu'à la séance parlementaire de l'autre jour, il a mis encore, au grand émoi de ses amis, les deux pieds danB le plat. Il y a des prêtres, a-t-il risqué de dire, des moines notamment, qui n'ont pas les connais sances du degré de l'enseignement moyen supé rieur. On imagine le scandale sur les bancs de la droite. Des tonsurés, des oints, ignorants ce point Pas vrai se sont écriés en chœur MM. Woes- te, de Burlet et autres cléricaux. Et, le lendemain, Mons Colaert de s'expliquer, de s'excuser et de se rétracter, juste comme dans l'affaire du Collège. Quel dommage, pour lui, que M. Surmont ne siégeât ses côtés Sans le moindre doute, il eut, comme souvent au dire du Nieumbladex clamé encore Ten is ik niet 'T is Mijnheer de Burgemeester Il fallait B'y attendre. L'attentat qui vient d'ensanglanter la tribune française ne pouvait manquer d'inspirer tous les porte-voix de la sacristie quelques déclama toires récriminations contre l'impiété du siècle et cette maudite indifférence religieuse qui, pé nétrant toutes les couches sociales, y tue la mo rale en même temps que la foi. Tout cela est bien vieux, et le rire de Béran- ger en faisait déjà bonne et sommaire justice, quand il chantait Mais rien n'est nouveau sous le soleil, et ne demandons pas aux apôtres de la réaction reli gieuse de ne plus agiter leurs monstres chinois. Car c'est tout leur arsenal. Le Torchon d'Tpres, lui aussi joue sa partie dans ce concert d'invectives contre le coupable affranchissement de la conscience humaine, con tre cette éducation neutre qui doivent fatale ment, l'entendre, engendrer le crime et la cor ruption. Et peu s'en faut qu'il ne s'écrie avec les illu minés du Bien public (que le Torchon T Ypres pille deux fois par semaine) La bombe lancée par Vaillant était chargée, plus que de toute autre matière, de scepticisme et d'irréligion. Constatons (comme nous l'avons déjà fait dans un de nos derniers numéros) que Vaillant, le dynamiteur parisien, était élève des petits-frères et que le catéchisme a donc eu une part prépon dérante dans son éducation. Constatons encore que la catholique Espagne, où l'enseignement confessionnel continue d'être un principe de législation, a vu surgir en ces derniers temps des anarchistes de haute marque, que Vaillant n'a fait qu'imiter. Constatons que la Sainte Russie, ce pays où le joug religieux pèse de tout son poids Bur des po pulations ignorantes, est la patrie du nihilisme. 11 y a quelques années, au village flamand de S1 Génois, une bande de paysans s'en allaient incendier les propriétés des libéraux de l'en droit, coupables d'avoir sollicité le déplacement d'un cimetière. Ils obéissaient aux excitations et aux prédications d'un prêtre que la justice a condamné mais que ses supérieurs ecclésiasti ques ont récompensé. Dira-t-on que ces forcenés, lâchés par ce prêtre, étaient des gens élevés dans le mépris de la foi Et après avoir constaté, souvenons-nous. Souvenons-nous des grandes leçons de l'his toire, et que c'est au nom de la religion qu'ont été commis quelques-uns des lâches attentats qu'enregistrent les annales de l'humanité. C'est un jésuite, le père Mariana, qui le pre mier prêcha le régicide. Jean Chastel qui manqua de tuer Henri IV, et Ravaillac, qui l'assassina, étaient des créatures des jésuites. Jacques Clément, l'assassin de Henri III, était un moine dominicain. Au XVII4 siècle comme aujourd'hui, la pro pagande par le fait était l'ordre du jour. En 1605, des conspirateurs déposèrent dans les caves du palais de Westminster des barils de poudre pour faire sauter, le jour de l'ouverture des Chambres, le Parlement britannique. C'étaient des jésuites. C'étaient encore des jéBuites qui, en 1758, fail lirent assassiner le roi de Portugal, Joseph I. Se trouvera-t-il par hasard un Loriquet quel conque pour mettre tous les crimes au compte de la libre pensée Que conclure de tout cela Que la foi aux choses divines est un mal, et qu'il faut chercher l'extirper des âmes Nullement, et Voltaire a mille fois raison quand il dit que Mais la conclusion qui s'impose, c'est que la morale catholique a partout fait banqueroute, et qu'elle est impuissante, dans tous les temps, réprimer les basses passions et les instincts san guinaires. C'est que ce n'est pas par la messe et le con fessionnal qu'on guérira la société moderne. Et qu'après avoir tant abusé de la morale di vine, nous ferions bien d'en revenir cette vieille et éternelle morale humaine. M. Tyon, actuellement régent spécial de latin l'école moyenne de l'Etat d'Ypres, est dispensé du diplôme exigé par la loi pour occuper ces dernières fonctions. Cette dispense est stricte ment limitée aux fonctions actuelles de ce titu laire. Tout se passe aujourdhui dans les coulisses et les couloirs, au mépris de la Couronne, de la Chambre et du Pays Au lieu d'être discutée au Parlement, en face de tous, la lumière de la publicité, la question de la représentation proportionnelle se traîne dans des conciliabules louches, dont le public ne connaît les débats et les décisions que d'une façon imparfaite. La droite supprime la gauche, la royauté, la nation. Elle songe ses petites affaires avant de penser celles du pays et elle se livre dans l'ombre de honteux trafics au lieu de songer aux intérêts supérieurs dont elle a la garde. Elle est sans dignité comme son chef, Celui- ci, après s'être rendu compte de l'hostilité des droites, n'avait qu'une résolution prendre démissionner. Il a préféré attendre d'être mis la porte. Et la droite, au lieu d'affirmer hautement sa volonté, a cherché biaiser, sauver les appa rences, retarder la rupture, sans s'inquieter du principe. Des deux côtés, des procédés jésuitiques, tortueux et louches.Pas de droiture, pas d'ener- gie. Décidément la droite et son chef se valent qu'ils restent ensemble, ils sont faits pour se comprendre. Cest au pays dédaigné et trompé par eux les renvoyer aos dos aux prochaines élections devant les citoyens qu'ils ne cessent de tromper au moyen de la comédie la plus écœurante. Parmi les membres de la droite chargés de trouver avec M. Beernaert un terrain de conci liation qui lui permettrait de garder le pouvoir, se trouvent les trois partisans les plus zélés de (ajournement de la représentation proportion nelle MM. de Lantsheere, Woeste et Helle- pultc. Ils sont décidés, paraît-il, ne faire aucune concession sur le terrain de la R. P., cest-à- dire refuser qu'elle soit appliquée aux élec tions législatives. Et comme ils ont derrière eux la majorité de la droite, M. Beernaert sera obligé de se soumettre ou de se démettre. A moins que la commission ne tire les négo ciations en longueur, de façon rendre impos sible en 1891 la discussion de la représentation proportionnelle, mais il faudrait alors la com plicité de M. Beernaert. Comme il tient ardem ment son portefeuille, il ne voudra pas, sans doute, refuser son concours cette petite comédie. Parbleu MM. Beernaert et Helleputte. Le moniteur de M. Beernaert et l'adversaire irréductible de M. de Lantsheere, prend ainsi partie M. Helleputte, pour son altitude dans la dernière séance des droites. Le morceau est savoureux Une demi-heure après le départ du mi nistre, M. Helleputte, député de Maeseyck, a critiqué avec vivacité lattitude de M. Beer naert Si nous allons Veau-l'eau, C'est la faute de Rousseau. Si nous mourons de misère. C'est la faute de Voltaire Journalmon brave, raisonnons un peu, s'il vous plaît, et au lieu de nous perdre en de furi bondes prédications, bornons-nous constater et nous souvenir. Dieu ne doit point pâtir des sottises du prêtre. Jiltgjl" r Enseignement supérieur et moyen. L'honorable chef du cabinet, a dit M. Helleputte, s'est efforcé de prouver qu'il avait vis-à-vis de la majo rité fait preuve d'esprit de conciliation il a rappelé qu'il a ajourné l'examen 1° de la question du service personnel 2° des questions économiques.

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Le Progrès (1841-1914) | 1893 | | pagina 2