Chronique judiciaire.
La bombe de la Madeleine.
se justifie. Les Chambres actuelles ont été élues
comme Chambres constituantes. On m'objectera
peut-être que la Constitution faite, leur rôle est
terminé. Je ne partage pas du tout cette opi
nion les Chambres constituantes ont non seu
lement faire la Constitution, mais elles ont
aussi faire les lois qui doivent en assurer l'ap
plication. Si elles ne peuvent accomplir leur
tâche en une année, qu'elles y consacrent quel-
mois de plus. C'est une période transitoire iné
vitable.
Ces paroles de M. Surmont de Volsberghe,
brièvement commentées par quelques journaux
qui ne voulaient pas croire même la probabi
lité d'une pareille éventualité, sont doucereu
sement reprises par le Journal de Bruxelles,
et reflètent, en passant par ses colonnes, l'opi
nion du gouvernement. La feuille officieuse
s'efforce bien de dégager le plus habilement
possible la responsabilité de ses patrons qui
n'en peuvent mais, et dont les intentions sont
pures, mais enfin elle est soumise d'avance
leur décision.
Et sans être grand clerc, on peut facilement
deviner ce qui arrivera. II y aura de violentes
protestations de la part des journaux libéraux
on démontrera clair comme le jour que la Con
stitution prescrivant le renouvellement partiel
de la Chambre tous les deux ans, il y a obliga
tion de convoquer les électeurs en Octobre
rochain sous peine de violation flagrante de
otre charte; on établira d'une manière îrré-
utable que si cette besogne de la revision,
aquelle nos députés sont attelés depuis deux
ns, a tant traîné, c'est la faute du gouverne-
ent et de la majorité on réclamera énergi-
quemenl l'exécution des clauses qui sont l'es
sence même de notre régime parlementaire, et
la garantie de notre liberté de citoyens. Mais
tous les beaux discours n'y feront rien s'il
plaît nos maîtres de s'allonger pendant un an
encore sur leurs bancs, et de loucher une fois
de plus les 4,000 fr. qu'ils se sont octroyés,
nous devrons coûte que coûte en passer par
leur caprice.
La Constitution a été tant de fois violée de
puis quelques années, que le fait n'est plus en
lui-même révoltant et s'il nous arrive d ali
gner de belles tirades sur les dangers de l'anar
chie, nous ne nous apercevrons pas que nous
vivons en plein dans le régime de l'arbitraire
et du despotisme, aussi pire que l'anarchie
elle-même.
Rejet de la R. P. en sections.
Le projet gouvernemental a subi un échec
|complet il a été rejeté dans toutes les sections.
Le rapporteur de la Ie section est M. de Trooz;
celui de la 2® section, M. Woeste de la 3e sec-
|tion, M. Delbeke de la 4® section, M. de Mo-
reau de la 5e section, M. Broquet et de la 6e
section, M. Loslever.
La section centrale se compose donc de MM. De
Trooz, Woeste, Delbeke, de Moreau, Broquet et
joslever.
Il est probable que le rapporteur définitif Bera
I. Woeste.
Le bruit courait, hier soir, que le cabinet, qui
devait se réunir dans la soirée, était résolu
donner sa démission.
I Le Roi étant pour le moment parti on ne sait
où, M. Beernaert et ses collègues auront le temps
de réfléchir avant de prendre une décision.
Rourse de Rruxelles.
Liste de Messieurs les jurés, pour la 1™ série
de la 2® session de 1894. L'ouverture est fixée au
Lundi 9 Avril, sous la présidence de M. le con
seiller De Cock, de la cour d'appel de Gand.
MM. P. Tempelaere, échevin, Lichtervelde.
E. Somerlinck, négociant, Bruges.
H. Joncheere, brasseur, Ypres.
Ed. Moreau, rentier, Ostende.
J. Brughman, ingénieur, Conrtrai.
Ch. Lambert, fabricant, Menin.
L. Pannier, entrepreneur, Ostende.
Eug. Van Damme, orfèvre, Courtrai.
Ch. Haeck, négociant, Ostende.
H. Desmet, négociant, Ostende.
J. De Visschere, rentier, Ostende.
V. van de Walle, propriétaire, Bruges.
P. Vanderschueren, ingénieur, Bruges.
L. De la Censerie, architecte, Bruges.
D. Richers, marchand, Courtrai.
Ch. Wassenhove, conseiller communal,
Blankenberghe.
V. De Clercq, marchand, Courtrai.
Ch. Verhelst, rentier, Gulleghem.
H. Denaux, propriétaire, Dixmude.
L. Dossaer, négociant, Ostende.
C. Van den Eynde, boutiquier, Bruges.
C. Baert, huilier, Ardoye.
A. Van Cuyl, négociant, Ostende.
J. Denys, id., id.
H. Vanderstraeten, propriétaire, Bruges.
L. Haegheman, boutiquier, Ostende.
L. Gilliodts, docteur en droit, Bruges.
J. Depla, brasseur, Leke.
Baron van Caloen, propriétaire, Lophem.
E. Verhaeghe, conseiller communal, Dot-
tignies.
MM. E. Van Caloen, propriétaire, Bruges.
J. Noterdame, docteur en droit, id.
A. Dumon, négociant, id.
A. Pecsteen, propriétaire, id.
Le calme relatif qui a régné Paris depuis les
attentats de la rue Saint-Jacques et du faubourg
Saint-Martin avait permis d'espérer que nous
en avions fini avec les attentats anarchistes.
Il n'en était rien malheureusement.
Un nouvel attentat, dont les conséquences
eussent pu être encore plus graves que celles du
café Terminus, a été commis hier en plein jour
dans la partie la plus fréquentée de Paris.
A deux heures et demie, deux individus péné
traient dans l'église de la Madeleine l'un d'eux
était muni d'un engin chargé la dynamite dis
simulé sous ses vêtements.
L'église était presque déserte cette heure, le
sermon du Careme ne devant commencer qu'à
quatre heures.
Tout coup une explosion formidable retentit.
Une fumée épaisse emplit l'église, répandant
une forte odeur de nitrate de potasse.
Une panique s'ensuit. Les quelques personnes
qui se trouvent là se précipitent vers le fond de
l'église, renversant dans une bousculade effroya
ble les bancs et les chaises qui se brisaient sous
leurs pas.
Le curé de la Madeleine, les vicaires et le
suisse sortent précipitamment de la sacristie et
donnent aussitôt l'ordre de fermer les portes.
- Cependant, un individu la figure patibulaire,
complètement rasé, cheveux noirs, d'une taille
d'un mètre soixante-dix environ, profitait de la
panique, se glissait hors de l'église par le tam
bour du côté gauche de la nef, descendait les
marches de la Madeleine et essayait d'escalader
la grille extérieure, lorsqu'il fut appréhendé par
un des suisses de l'église.
Cet individu a été remis aussitôt entre les
mains de deux agents qui l'ont amené au com
missariat de police de la rue d'Astorg.
La foule, que le bruit de l'explosion avait
attirée nombreuse aux abords de l'église, a hué,
sifflé, conspué cet individu, qu'elle prenait pour
l'auteur de cet attentat.
Pendant ce temps, l'émoi était grand dans l'é
glise. On venait, en effet, de découvrir dans le
tambour de droite qui donne accès la chapelle
Samt-Josepb, un cadavre absolument mécon
naissable. Le visage, noirci par la poudre, était
hideux voir, les yeux sortaient des orbites, les
vêtements étaient déchiquetés et... spectacle
horrible... le ventre était complètement arraché
et les entrailles gisaient sur le sol dans une mare
de sang.
Les jambes étaient séparées du tronc.
Détail curieux qui peut jeter peut-être un peu
de lumière sur la situation sociale de cet indi
vidu le cadavre portait de longs bas noirs et
était chaussée de petits souliers Richelieu.
Il paraissait âgé d'environ vingt-huit ans.
L'explosion de cette bombe n'a heureusement
pas fait d'autres victimes. Il n'y a eu aucune
personne blessée et les dégâts ont été insigni
fiants.
En raison de la hauteur de la nef, les vitraux
de l'église n'ont pas été endommagés, c'est
peine si entre les deux tambours on apercevait
sur le sol quelques débris de verre, ainsi que
d'énormes clous qui avaient servi certainement
la confection de la bombe.
Un carnet a été trouvé dans le tambour op
posé celui où l'explosion avait eu lieu. Ce car
net a été aussitôt remis M. Gavrelle, commis
saire de police.
D'après certains bruits, on Buppose que cet
individu portait l'engin dans sa ceinture, comme
Vaillant quand il se rendit la Chambre des
députés, et que la bombe aurait fait explosion
avant qu'il ait pu la placer où il le voulait.
L'auteur de cet attentat aurait donc été son
unique victime, comme Martial Bourdin
Greenwich.
L'individu arrêté sur les marches de la Made
leine est arrivé au commissariat de la rue d'As
torg escorté par les six agents qui l'avaient ap
préhendé.
Ce sont les gardiens Simon, Tixereau et Bigny,
de la cinquième brigade de réserve, Lemonta-
gner,Charpentier et Vinpéré,du huitième arron
dissement.
Là on plaça le prisonnier dans une petite cou
rette et on le fouilla minutieusement.
Il déclara s'appeler Olivier Roquet, âgé de
trente-trois ans, né La Chapelle-sur-Oudon
(Maine-et-Loire).
Lire la suite la 4°"® page.
La semaine est brillamment clôturée par cette
séance, la note dominante est l'animation tous les
groupes, la fermeté est l'ordre du jour et l'activité
nous ramène aux bons jours de notre bourse.
Nos rentes sont fixes, 3 1/3 103.40, 3 p. c. 102.
Annuités 101.
On réalise quelques lots sans cependant que las
cours en subissent un effet quelconque. Vicinaux
418.25. Bruxelles 107 7/8. Anvers 106 Congo 74.25.
Les obligations Eaux de Caracas finissent 411 en
bonne avance comme nous l'avions prédit, les Eclaira
ges du Centre s'éternisent malgré tous les efforls ten
tés pour les éclairer, ils font 495. Halanzy 502 1/2,
Houillières-lJnies en progrès 498
Les banques sont plus calmes, Nationale 2850.
Réservé 1470. Anvers 730. Bruxelles 550. Caisse de
Report 471. Crédit général Liégeois 445.
Les Chemins de fer ont de bons cours, Rotterdam
880, Liégeois-Limbourgeois 174. Capital Odessa 117.
Les cours sont maintenus fermement en valeurs in
dustrielles. Cockerill 1675. Angleur 520. Ougrée
630.
Peu de mouvement en charbonnages. Ressaies 505.
Sacré Madame 2325. Ouest de Mous 492.50. Nord de
Charleroi 1040. o
Les zincs sont calmes. Austro 1130. Vieille Monta
gne 477 1/2. Les Privilégiées Electriques atteignent
78 et Nieuport bain 505. Wagons-Lits B. C. D. E.
497 1/2, G. 500, H. 490, 1® et 2® série 445.
Nous parlerons de ces valeurs dans une de nos pro
chaines bourses.
Conduites d'eau italiennes bien tenues 481 1/2,
482.
Les fonds argentins sont en grande faveur. Cata-
marca 247.50. Cordeva 730. Corrientes 222 Mendo-
za 198. Chemins argentins 136. Tucuman 69.75.
San Juan 65. Santa Fe 5 p. c. 78, 6 p. c. 100. La
rente autrichienne or s'est traitée et reste 98.50,
99. V. A:
Jurés titulaires
Jurés supplémentaires.
VAuteur de VAttentat.
Au Commissariat de Police.