Willems-Fonds. INTÉRIEUR. -non- S Poissons d'Avril. Aurore boréale. Bleus, garde vous 1 besoin de mille sacs de grains paiera 3000 fr. qu'un loueur qui a besoin de 300 sacs d'avoine paiera neuf cents fr., qu'un herbager ou laitier qui a besoin de ciuquante sacs de seigle ou de féveroles paiera 150 francs. C'est énorme. Que chacun fasse le calcul de ce que cela lui fera en une année, et l'on arrivera se faire une idée du nombre de centaines de mille francs que notre arrondissement devra fournir cet ogre insatia ble le trésor public. Et cet argent de nos populations agricoles, une fois parti dans la caisse de l'État, ne revient plus hélas Si ce n'est sous forme de nouveaux forts de nouvelles gendarmeries, de nouveaux dépôts de mendicité, d'écoles de frères et de couvents. Cela se réalisera-t-il On peut s'attendre tout. Mais tout cela ne durera pas plus que le régime pourri qui l'a engendré. Comme nous l'avons annoncé dans nos précé dents numéros, la section Yproise du Willems- Fonds donnera son dernier Concert, suivi de Bal, le Dimanche 8 Avril, 7 heures du soir. Cette fête aura lieu au local du Saumon, rue du Séminaire. Le gouvernement proposera donc de confier aux électeurs sénatoriaux le soin de renouveler les conseils provinciaux. La loi réglant cet objet serait soumise revi sion dans le délai de deux ans. On se demande tout d'abord pourquoi les pourquoi électeurs sénatoriaux, et pas les électeurs t la Chambre pour Pur caprice Il n'existe aucun argument sérieux pour jus tifier cette préférence. Et puis, pourquoi recourir encore une me sure provisoire Ne serait-il pas plus simple, puisqu'il est entendu qu'on ne peut toucher d une manière définitive l'électorat provincial avant d'avoir consulté le pays, de laisser toutes choses en état Les pouvoirs des conseils provinciaux seraient prorogés, afin de leur permettre d'élire les vingt-six sénateurs, mais il serait bien enten du que le mandat conféré dans ces conditions Bubirait inévitablement le contre-coup de la dissolution des conseils et que, pour acquérir force nouvelle, il devrait être confirmé par les conseils nouveaux. Au surplus, une simple question Est-il logi que de faire conférer des mandats pouvant avoir une durée de huit ans par des assemblées élues d'une façon toute provisoire et, partant, con damnées n'avoir qu'une existence éphémère La confiance du Roi danR le nouveau ministère âui s'est constitué sous la direction de l'aigle de ivelles ne nous paraît pas bien solide. Un journal du soir a annoncé que le Roi pré sidera tous les samedis le conseil de ses minis tres. Nous comprenons fort bien qu'il surveille de Erès cette étrange association de non-valeurs. e pays aux mains des De Burlet, des De Smet de N'aeyer, des Brassine, des de Mérode et des Begerem Franchement, le pays est bien livré Nouvelle circulaire du ministre de l'intérieur aux gouverneurs de province pour leur recom mander de s'assurer si les communes ne négli- Snt rien jpour arriver dresser convenablement i listes électorales dans les délais prescrits. Le ministre termine en disant qu'il désire recevoir avant le 20 Avril un rapport faisant connaître en peu de mots l'état a avancement M. Woesle jugé par ses amis. Voici en quels termes un journal de l'arron dissement de M. Woeste, la Xlokke Roelandde Ninove, organe catholique démocratique fiarle de celui que M. de Smet de Naeyer appe- ait récemment le pape laïc Déjà en 1884 M. Woeste fut démissionné par le roi parce que son caractère hargneux parais sait convenir davantage pour susciter des émeu tes que pour gérer paisiblement et utilement les afiaires du pays, et déjà alors le roi, qui se con naît en hommes (on le sait), disait un prélat occupant une haute situation que le temps vien drait où les catholiques, mécontents, ouvriraient les yeux et reconnaîtraient qu'il avait rendu un rand service au parti catholique en renvoyant Woeste. Ce temps n'est-il pas venu De plus, M. Woeste est probablement mal ren seigné sur ce qu'attendaient de lui ses électeurs de l'arrondissement d'Alost. Attendu que M. Woeste, qui habite Bruxelles, se trouve dans l'impossibilité, en raison d'une différence de lan gage de venir constater par lui-même les sentiments de notre population, ses correspon dants eussent dû le renseigner plus exactement sur le véritable état des esprits dans notre région... Cette exécution est signée: J.-B. Van Langenhaeke, avocat un des catholiques les S lus remuante et les plus populaires de l'arron- issement qu'est censé représenter (encore pour quelques mois) le sympathique M. Woeste qui, décidément, n'est pas au bout de ses peines. Paganini et plusieurs de ses amis, musiciens comme lui, voyageaient en province. Le lr Avril, se trouvant court d'argent, ils imaginè rent de donner une représentation afin de redo rer leur bourse indigente. La ville fut immédia tement constellée d'affiches annonçant pour le soir même la Fuite en Egypte. Les noms des com positeurs, non encore célèbres, mais déjà fort estimés du public, se trouvaient en vedette sur le programme. Le soir, salle comble recette splendide. Au lever du rideau, l'un des musiciens, vêtu en Joseph se trouve sur la scène. Paganini, dé guisé en ange, s'approche de lui et lui dit Voilà ce que je viens t'apprendre de la part de Dieu Ta vie est en danger. On veut attenter tes jours. Fuis Joseph pousse un cri, appelle Marie et Jésus qui se trouvent la cantonnade et il s'écrie Fuyons Fuyons Et ils s'enfuirent en effet, au grand ébahisse- ment des spectateurs. Ceux-ci comprirent un peu tard qu'ils venaient d'avaler un poisson d'Avril rappelant par la taille la baleine de Jonas. Restons au théâtre. C'était au temps où Mms Doche, venant de créer la Dame aux Caméliasétait dans toute la splendeur de son talent et de sa beauté. Un soir, Jules Janin, l'ayant vue dans ce rôle admirable, en fut épris sur le champ. Pendant deux, trois, six mois, il lui fait une cour assidue, imploïcnt un rendez-vous. Mm* Doche, après lui avoir tenu la dragée haute, écrit au fin critique qu'elle l'attend tel jour pour déjeuner. Janin exulte. Le jour dit, il fait un brin de toilette et, radieux, arrive chez la célèbre actrice, portant la main un superbe bouquet de camélias roses. La soubrette le re çoit Madame a été obligée de partir pour Versailles mais elle m'a chargée de vous re mettre ce petit cadeau. Une vive déception se lit sur le visage de Jules Janin, mais elle est bien vite dissipée. Il espère encore, prend l'ob jet et décide de ne l'ouvrir que chez lui, rue de Te Lournon. En route, son cerveau travaille, il s'applique creuser cette énigme. Quel objet charmant cache cette enveloppe Ses yeux voudraient la percer. Peu importe N'y trouvera-t-il pas un billet fixant un nouveau rendez-vous son amour impatient Enfin, le paquet est défait... Jules Janin se trouve en face d'un gracieux bocal où nage un petit poisson rouge. Au même instant, il jette un regard sur son calendrier et il voit lr Avril. Mais Janin était rancuneux. Quelques jours après, il écrivait dans le Journal des Débats Décidément, Mme Doche est en train de per dre toute sa grâce. N'a-t-elle pas imaginé de tenir son éventail comme on tient une pêche la ligne Aussi le public ne mord-il guère ces afféteries. Rappelons aussi, en un mot, l'anecdote du parasite que conte l'académicien Brifaut. Ce pique-assiette était le baron Ducestal, grand gourmand, tin gourmet. Il avait un merveilleux talent pour mire mettre son couvert. Le lr Avril, il allait chez un ami et lui tenait ce lan gage J'ai reçu votre billet hier soir et vous voyez si je suis exact l'heure. Ce sera pour moi un charme de partager votre dîner. Et il répétait ce stratagème tous les ans. Sa mémoire n'était pas si robuste que sa fourchette; deux années de suite, il se présenta dans la mê me maison. C'est bien regrettable, lui dit son ami, nous venons de quitter la table. Mais qu'à cela ne tienne, on va remettre votre couvert et vous servir. Ducestal accepta. Pour tout potage, on lui apporta une sardine Cette fois, bon gré, mal gré, il avala le poisson d'Avril... Une arête lui resta dans l'estomac. On a observé une aurore boréale en différente S oints du pays, pendant la nuit de Vendredi amedi. De très fortes perturbations magnétiques enre gistrées par les appareils de l'Observatoire ont comme toujours coincidé avec l'apparition de cette aurore boréale. On a constaté que la fréquence des aurores boréales était en corrélation avec les périodes de grande activité solaire. C jtte année les tâches ont été très nombreuses et étendues. Ces périodes d'activité solaire sont de deux sortes l'une d'une durée de onze ans et une frac tion, l'autre peu près séculaire. La première est échue pour la dernière fois en 1872, la seconde en 1780. De nombreuses aurores boréales d'une splendeur magique ont été obser vées en 1872 depuis ce phénomène a été très rare dans nos régions. Les deux périodes pouvaient échoir simulta nément, cette année il faudrait s'attendre un grand nombre de ces manifestations magnéti ques. Une première aurore boréale a été signalée cette année le 28 Février elle coïncidait avec l'apparition d'une énormé tâche solaire. L'auro re contemplée la semaine dernière s'est manifes tée sous forme de longues bandes lumineuses et blanchâtres, terminées en pointes et qui se dé plaçaient dans le firmament de droite gauche. Vers le Nord-est on a vu un voile rosé glisser avec lenteur vers le Nord-ouest pour s'évanouir bientôt. Il paraît que M. Pontus prend au sérieux ses fonctions d'inspecteur-général des gardes civi ques du royaume. Il se propose d'inspecter en personne, dans le courant de cet été, les principales légions, et il vient de prescrire une série de mesures devant lui permettre de se rendre compte également de la bonne marche de l'administration, de la tenue des écritures et de la comptabilité. Il déléguera un officier de l'état-major général pour procéder l'inspection des milices citoyen nes dans le3 localités de moindre importance. M. Pontus ne préviendra pas de sa visite les commandante de légion il arrivera l'impro- viste et profitera d'une prise d'armes quelcon- ue pour s'assurer du bon fonctionnement des ifférents services.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1894 | | pagina 2