C'est scandaleux
Une imprudence.
Conseil communal d'Ypres.
L'Hôtel Merghelynck,
Ypres.
Un mouton.
liblement noyé etle parti clérical n'y
aurait vu que le doigt de Dieu.
Nous espérons que les auteurs de cette lâche
agression ne tarderont pas être mis sous clefs.
Depuis le 1er Janvier, les professeurs du Col
lège communal supprimé par la valetaille de la
tonsure romaine qui siège l'Hôtel de Ville, n'ont
pas reçu mi. centime de leurs appointe
ments. Ces messieurs n'ont même jamais été
prévenus officiellement de la suppression du Col
lège
On trouve dans la caisse communale 1800
f'r. pour envoyer l'Harmonie de la ville l'Ex
position d'Anvers, mais il n'y a rien pour des
honnêtes gens, des pères de famille qu'on a in
dignement mis pied
C'est tout bonnement scandaleux
Lundi soir, au retour d'Avesnes de l'Harmonie
des Anciens Pompiers, MM. Maurice Vandevy-
ver et Théophile Werrebrouck ont été griève
ment brûlés par la poudra qui avait été mise
dans un canon encore chaud.
Noua sommes heureux d'apprendre que ces
Messieurs sont en bonne voie de guérison. Nous
leur souhaitons de tout cœur un prompt réta
blissement.
Afiaire Mystérieuse.
Ces jours derniers mourait Vlamertinghe,
Camille Deroubaix, âgé de vingt-six ans, marié
il y a une dizaine de mois. Au lendemain de l'en
terrement, une dénonciation, émanant d'une
personne se disant l'ami du défunt, arriva au
parquet de notre ville.
Quelqu'un était accusé d'avoir nuitamment
maltraité C. Deroubaix. Ces brutalités auraient
occasionné un épanchement de sang au cerveau
et amené la mort.
L'épouse du défunt déclare que celui-ci ne lui
a fait aucune révélation ce sujet cependant il
aurait fait des confidences son père quelque
temps avant sa mort.
L'enquête se poursuit. Le parquet ordonnera
l'autopsie.
ORDRE DU JOUR
1. Communications.
2. Bibliothèque publique et bibliothèque popu
laire compte 1893.
3. Voirie plan d'alignement de la rue du Pas
sage.
4. Finances Procès-verbal de vérification de la
caisse communale.
Comme nous nous trouvions Ypres en Fé
vrier dernier, l'occasion d'une causerie qu'on
nous avait prié de donner, M. Merghelynck, le
savant archiviste de la ville, nous offrit de visiter
le bel hôtel Louis XVI qu'il possède l'angle de
la rue des Fripiers et dont, grâce d'innombra
bles sacrifices, il a, en véritable esthète, fait un
petit musée charmant. Nous avons accepté avec
empressement cette gracieuse invitation.
L'hôtel en question, très complet et relative
ment fort important avec sa belle cour régulière
et ses imposantes enfilades de salles coquettes,
est du reste un des plu3 curieux exemples du
style Louis XVI que l'on puisse visiter en Belgi
que, où cependant les vestiges du xviii* siècle
abondvnt notamment Gand.
L'Hôtel Merghelynck a été construit en 1774,
pour l'usage de François Ignace Merghelynck,
seigneur de van der Camere, Hellebacuer, etc.,
conseiller trésorier héréditaire de la ville
d'Ypres. L'on voit encore, avec tous les détails
de son mobilier spécial, guichet, meubles
recettes, etc., le pittoresque petit bureau de ce
digne officier public.
Chose curieuse, l'édifice fut élevé sur l'empla
cement de plusieurs maisons dont Fune, la plus
grande, une ancienne brasserie du xvie siècle
avait servi dans la suite d'habitation aux Cor
neille, apparentés, on le sait, ou on l'apprendra
avec intérêt, au grand tragédien français.
Ce fut un architecte de Lille, Thomas Gom-
bert, inspecteur général des ponts et chaussées
des provinces de la Flandre française qui fut
chargé de la conception des plans et de la direc
tion des travaux. L'hôtel des Monnaies et l'Hô
pital militaire furent construits par le même
artiste dont une des rues de la ville porte du
reste le nom.
A cette époque l'influence française dominait
d'ailleurs pour ainsi dire exclusivement en Bel
gique. Lentement les styles Louis XV et Louis
XY I avaient détourné le peuple de l'engouement
qu'il avait manifesté longtemps pour les lignes
exagérées du style dit jésuite ou baroque. Aux
colonnes torses, aux frontons brisés, aux lourdes
guirlandes de fleurs et de fruits de la renaissance
décadente du xvii® siècle, on avait substitué
d'abord les délicates fantaisies du style Pompa-
dour, pimpant, pomponné, gracieux, volup
tueux, riche, en courbes bizarres, en coquilles et
en rocailles et,ensuite, les attributs champêtres,
les nœuds et les rubans, les fleurs enguirlandées
et les lignes architectoniques plus simples, plus
modestes, vaguement antiques du style Louis
XVI. Et ce dernier engouement anti-national,
lui aussi, devait son tour s'effacer bientôt
devant l'apparition froide et glaciale, mais
cependant intéressante des lignes mises en évi
dence par le style epapire.
Et, en réalité, l'hôtel Merghelynck on trouve
dans les détails mobiliers et même dans certaines
parties de l'architecture, des exemples ou des
réminiscences de ses diverses évolutions de l'art.
Et en fait, s'il est difficile parfois de dire où finit
le Louis XV, il est tout aussi difficile de préciser
où commence le style empire. Dans l'ensemble
de l'hôtel, dison3-le, domiue toutefois le style
Louis XVI et même une manifestation assuré
ment caractéristique de ce style étrange, un peu
féminin, un peu voluptueux encore, mais si
correct, si poli pourrions-nous dire, qu'il semble
que tous les personnages de cette époque de
vraient être des gentilshommes parlant par
périphrases subtiles, avocassant avec de petits
gestes saccadés et se disant mutuellement bon
jour avec force révérences mathématiques
Franchement dit, nous ne nous imaginons pas
très bien nos vaillants Flamands dans ce milieu
éminemment français mais nous perdons le
fil de notre article et il nous faut revenir non pas
nos moutons mais aux artistes architectes,
ornemauistes ou peintres que le seigneur et
trésorier Merghelynck mit contribution pour
le travail de son hôtel.
A côté de l'architecte Gombert, dont nous
avons déjà cité le nom, il faut mentionner un
autre Lillois, le maître sculpteur en bois, Joseph
Deledicque qui exécuta peu près toutes les
belles sculptures des diverses appartements,
abstraction faite de celles qui ornent la rampe
d'escalier et le salon d'angle Louis XV au pre
mier étage de l'hôtel. Ces œuvres sont le travail
de deux praticiens yprois. Le premier est Joseph
Maerten et le second Jacques Beernaert.
La maçonnerie fut exécutée par le flamand
Joseph Roffiaen. Les pierres blanches furent
fournies et taillées par deux architectes de Lille
Fidèle Lutun et Nicolas Lutun. Augustin De
Brier, maître charpentier de la ville d'Ypres
exécuta les travaux de la charpente. Les ouvra
ges de menuiseries furent faits par les deux
Yprois François de Leu et Antoine Roussel. Les
plafonds et certains travaux en stuc sont l'œuvre
de Grégoire Adam un plafonneur, originaire
de Valenciennes, mais qui mourut Ypres. La
ferronnerie est dûe Arnold Swaegher. Enfin,
pour terminer cette énumération un peu sèche
mais curieuse au point de vue de l'histoire de
l'art, nous dirons que le nommé Jonniau, de
Besançon livra les cheminées.
Les comptes de Ja construction de l'hôtel»
d'ailleurs conservés avec soin par le propriétaire
actuel, mentionnent tous ces détails avec autant
de précision que de netteté.
L'hôtel sortit de la famille en 1834,la mort
du fils aîné du premier propriétaire, mais y ren
tra en 1892, grâce l'initiative de l'archiviste de
la ville d'Ypres, Arthur Merghelynck, qui
racheta la propriété de son ancêtre aux héritiers
du chevalier Auguste Hynderick.
Il nous est impossible de donner une descrip
tion exacte des divers et nombreux apparte
ments de l'hôtel dont il s'agit. Ce travail dépas
serait de beaucoup le cadre dont nous disposons
et ne répondrait pas au but de cet article. Nous
signalerons toutefois très rapidement les points
dignes d'une remarque spéciale.
La cour Louis XVI est très originale malgré
ses lignes régulières et sa nudité, qu'un grand
vase central, placé par le propriétaire actuel,
vient seul atténuer, elle respire nous ne savons
quel air de majesté calme et de somptuosité qui
évoquent nettement le souvenir du xviii® siècle.
Pour compléter cette partie de l'hôtel îl faudrait
quelques accessoires sans grande importance,
des orangers, etc.
A l'intérieur de l'hôtel, tous les appartements
ont leur caractère et leur intérêt, mais la grande
salle manger, entièrement lambrissée de pan
neaux exécutés par Deledicque, la fois curieux
et artistique, représentant diverses allégories de
la chasse, de l'agriculture et de l'élevage des
animaux de basse-cour, est particulièrement
digne d'attention. Les deux salons qui suivent
sont également très beaux.
Au premier étage, les chambres coucher, les
alcôves et les boudoirs, dans leur pittoresque
enfilade, ont un aspect tout fait caractéris
tique.
Certes le mobilier n'est pas encore tout fait
complet. Ça et là il faudrait même des pièces
d'une certaine importance. Ailleurs certains
détails, achetés un peu partout au hasard de
l'occasion, droite et gauche, manquent de
style ou d'ensemble, (1) mais ce sont là des fai
blesses que M. Merghelynck corrige tous les
jours, car la restauration de son hôtel fait l'objet
de sa principale occupation. Et sous ce rapport
il convient d'encourager l'initiative raffinée dont
il fait preuve. Il est certes beau de se consacrer
au culte de l'art, mais combien rare est le nom
bre des personnes indépendantes qui compren
nent la valeur de cette observation. La ville
d'Ypres, si riche en précieux vestiges de l'art,
pourra bientôt, grâce au dévouement d'un de
ses enfants, ajouter un joyau de plus sa belle
couronne artistique. Et c'est pour cela que nous
avons signalé l'hôtel Merghelynck. Si l'art est la
noblesse d'un peuple, il ne faut pas oublier que
c'est le talent des artistes et le savant dévoue
ment des esthètes qui règlent le développement
de son évolution.
Edmond Louis.
A propos de la discussion du budget des che
mins de fer, le Petit Journal belge consacre
M. Vandenpeereboom l'article que voici
Croyez-vous, a dit hier la Chambre M.
Vandenpeereboom, ministre des chemins de fer,
que je vais me laisser attaquer pendant trois
jours et rester comme un mouton sans me défen
dre J'en ai terrassé bien d'autres... Vous ne me
faites pas peur
Ces paroles évangéliques s'adressaient M.
Richald, qui avait eu le grand tort avouons-le
de discuter point par point le budget des
chemins de fer.
Cette bravade était tellement peu attendue
par les membres du Parlement que tous se sont
esclaffés la sortie de la rosière des chemins de
fer.
Et pourtant, le R. P. Boom avait parfaitement
raison. En effet, il en a terrassé bien d'autresj
Ceux qui pourraient se trouver en tête des
terrassés sont, notre humble avis, les bons
Séance publique du 19 Mai 1894,
5 heures du soir.
N. D. L. R (1) Cette appréciation de l'auteur provient
du fait que lors de sa visite l'hôtel, le mobilier n'était pas
encore définitif et fort sommaire ce moment.