Où sont les Socialistes?
INTÉRIEUR.
Bravo
Basse vengeance.
On lit dans les journaux cléricaux
Le programme des démocrates catholiques liégeois
Cueillis dans le même journal clérical, même
numéro, le Patriotepuisqu'il faut l'appeler par
son nom
Après cela, on pourrait définir, comme suit, le
fameux hymne que jadis feu Mgr. Lavigerie fit
exécuter par ses moines blancs
Chant révolutionnaire et terroriste, quand il
s'agit de libéraux
Doux, suave et pieux cantique, quand il s'agit
de cléricaux.
Société de Gardes Civiques
D'YPRES.
Boedt, Léon, 3 9 10 8 6
Ligy, Albert, 8 10 8 8 1
Beke, Emile, 9 6 4 3 4
Vandevyver, Léon, 2 9 3 6 4
36
35
24
La gauche s'est révoltée Lundi contre les
procédés de forban du gouvernement, et a
signifié solennellement la tribune son inten
tion formelle de défendre la Constitution contre
les entreprises ehonlées d'une majorité sans
scrupule.
Quand, Samedi, le ministre des finances est
venu cauteleusement demander la Chambre
d'intervertir son ordre du jour et de donner la
priorité la loi de famine, il n'était pas difficile
d'entrevoir le but de celte manœuvre.
Le gouvernement, qui, par l'organe de M.
De Burlel, a reconnu plusieurs reprises que
la Chambre ne pouvait plus se réunir après le
deuxième Mardi de Juin, sauf pour des motifs
tout fait exceptionnels, voulait pouvoir, en
invoquant la nécessité de voter le budget ex
traordinaire, créer le motif exceptionnel qui
lui était nécessaire pour prolonger la session
au delà de la date fatale et permettre ainsi
au Sénat de voter régulièrement les droits
d'entrée.
La manœuvre est déjouée, grâce l'action
unanime de la gauche, qui, ne s'inspirant que
de son patriotisme, a su donner celte occa
sion, Son Insuffisance M. De Burlet, une
haute leçon de moralité politique.
La gauche, en effet, a proclamé qu'à partir
d'aujourd hui, les mandats des députés deve
nant caducs, un seul pouvoir leur restait
assurer en cas de nécessité le bon fonctionne
ment des rouages gouvernementaux.
En entendant cette déclaration, la droite fut
prise de stupeur et ne trouva qu'un mot
C'est une désertion
Mais la riposte ne se fit pas attendre, et,
grâce au débat qui s'est engagé par la suite, le
pays sera éclairé sur les intentions inavouables
de la droite, essayant de fouler aux pieds les
droits les plus sacres, et appréciera la belle
attitude de la gauche affirmant son respect
pour la volonté populaire.
Vainement M. De Burlet a-t-il essayé, avec
l'aide de M. Woeste, d'éviter son effondre
ment. Lui qui a reconnu lui-même que le
Parlement ne pouvait plus siéger après le 12,
il a eu le toupet de s'écrier que la Chambre
continuerait siéger.
Vaine bravade
Nous ne sommes plus sous le régime du bon
plaisir. La Belgique n'est pas encore prête
s'incliner devant les lubies d'un ministre de
hasard.
La gauche l'a cruellement signifié hier M.
De Burlet. Sa fière et énergique attitude mérite
tout notre assentiment et tous nos bravos
La loi de famine est retirée.
M. De Burlet a reculé devant fattitude patri
otique et décidée de la gauche, attitude imitée
A la suite du maniftste de Y Association pour la
défense de l'Industrie et de la Propriétéla justice
nous commande et nous sommes priés de publier les
observations que le Bien du peupleorgane de l'Union
démocratique de Liège, oppose ce document. Nos
lecteurs, ayant les pièces sous les yeux, jugeront
Procédé peu correct.
Le manifeste donne, comme étant notre programme,
une série d'articles titre de spécimen pour montrer
les tendances socialistes de ce programme.
Le lecteur qui a lu ce factum se sera nécessairement
imaginé que l'on citait là le texte même de notre pro
gramme, texte connu, répandu dans le public par mil
liers d'exemplaires, texte publié dans nos colonnes et
même dans la Gazette de Liège.
En effet, un programme contient des formules nettes,
précises et dont il ne faut point modifier un mot, et
qu'il faut citer tel qu'il est quand on le discute.
Hélas c'est ce que ne fait pas le manifeste en ques
tion il fait passer comme formules de notre program
me tantôt des choses qui ne s'y trouvent point, tantôt
des généralités dont l'équivoque permet de comprendre
sous les termes l'idée socialiste aussi bien que l'idée
chrétienne, tantôt des extraits d'articles de notre
journal.
Nous laissons au public le soin d'apprécier ce pro
cédé.
Mais allons quelque peu au détail des revendications
qu'on nous attribue et que l'on propose comme accu
sant des tendances socialistes et contre lesquelles on
s'organise en groupe de combat.
Régime légal de la propriété.
L'on nous reproche de demander la revision du
régime légal de la propriété.
Or, nous sommes ici en parfait accord avec les pro
grammes sociaux les plus autorisés.
Voici ce que nous trouvons sur ce sujet dans le pro
gramme des catholiques italiens approuvé par le car
dinal Parocchi d'abord, par le Pape ensuite
Quant la propriété en général et en particulier
la propriété foncière, au caractère essentiellement in
dividuel privé qui lui est propre, il faut joindre les
caractères et les mesures qui en développent en même
temps la fonction sociale collective. Et ainsi il est né
cessaire de restaurer dans la conscience le devoir mo
ral chrétien en vertu duquel l'usage de la propriété
privée, après avoir satisfait aux besoins relatifs de la
classe qui possède, doit tourner au bien commun et en
particulier des pauvres et de ceux qui ne possèdent
pas. n
Or, cela n'est point réalisable si l'on ne modifie le
régime légal de la propriété quant certains détails
sur les successions, les mutations les impôts, les hy
pothèques, la personnification civile et le droit de pos
séder, toutes choses qui constituent le régime légal du
droit de propriété.
Le programme des catholiques allemands, signé par
les plus hautes autorités religieuses et sociales de la
Germanie, s'exprime sur ce sujet d'une façon qui est
encore plus précise et plus énergique. Voici son texte
Les concessions antichrétiennes faites par le libé
ralisme la liberté illimitée et au droit de propriété
sans restriction ont apporté dans la situation sociale et
économique de graves désordres. Ces principes appli
qués dans la législation ont abouti au droit du plus
fort, économiquement parlant, et la méconnaissance
des droits et de la dignité du travail qu'ils ont aban
donné au bon ou au mauvais vouloir du capital ils ont
détruit presque totalement la stabilité des classes
moyennes ils ont produit l'accumulation des richesses
terrestres dans les mains d'un petit nombre et l'appau
vrissement de la grande masse, rendant le bien-être
matériel peu près impossible aux classes travail
leuses.
Répartition des richesses
Le manifeste que nous discutons nous reproche aussi
de demander dans notre programme la révision d'une
injuste répartition de la richesse.
D'abord, cela ne se trouve nulle part dans notre
programme.
Sans aucun doute, l'ensemble des réformes que nous
demandons aura cela pour effet, et nous avons en vue
cet effet. Mais c'est ce que le Pape lui-même demande.
N'est-c\ pas Léon XIII qui, dans son Encyclique,
met en un saisissant contraste la multitude presque in
finie des prolétaires et un petit nombre de riches et
d'opulents qui lui impose un joug presque servile
N'est-ce pas Léon XIII qui montre le corps social
divisé en deux classes entre lesquelles un abime im
mense est crensé d'une part la toute-puissance dans
l'opulence une faction qui, maîtresse de l'industrie
et du commerce, détourne le cours des richesses et en
fait affluer on elle toutes les sources faction, d'ail
leurs, qui détient en sa main plus d'un ressort de l'ad
ministration publique de l'autre, la faiblesse dans
l'indigence.
N'est-ce pas encore Léon XIII qui, dans sa lettre
M. Docurtin*, assure être intervenu pour plaider au
près des gouvernements la cause ouvrière, afin qu'une
si grande et si utile multitude d'hommes ne soit pas li
vrée et abandonnée sans défense une classe d'hommes
avides de gain, qui fait tourner son profit leur pau
vreté.
Et après tout cela, c'est nous que le nouveau grou
pe, qu'on dit formé de catholiques, se permet de repro
cher un ensemble de mesures capables d'amener une
plus équitable répartition des richesses
Lutte contre le capitalisme.
Le manifeste assigne encore notre programme la
lutte contre le capitalisme.
Ceci est tout bonnement faux. Ni les mots, ni la
chose ne sont dans le programme de l'Union.
Nous luttons contre les abus du capitalisme, c'est
vrai, et nous le faisons de toute notre énergie d'hom
mes et de chrétiens. Nous considérons que le régime
économique actuel, basé sur le libéralisme, est détesta
ble, honteux et archi-mauvais. Il est tel pour les pa
trons que pour les ouvriers. Et pourquoi Parce que,
selon Léon XIII, ce régime fait peser sur les ouvriers
le joug que l'on sait, parce qu'il découle de l'usure, du
monopole, de la concurrence sans frein, de l'absence
des lois protectrices du travail.
Tout cela, c'est Léon XIII qui le dit. Et si on nous
attaque pour le dire après lui et juger comme nous le
jugeons notre régime économique, il n'est pas permis
de nous attaquer au nom des principes catholiques.
Si donc par capitalisme l'on entend le régime abusif
que nous venons de dire, oui, nous luttons contre le
capitalisme, mais ce n'est que dans ce sens que nous le
faisons.
Quant signaler l'animadversion du peuple tel ou
tel capitaliste, tant s'en faut que nous nous le permet
tions qu'au contraire, dans notre journal et dans nos
meetings, nous sommes les premiers rendre hom
mage la bonne volonté et aux œuvres si méritantes
d'un grand nombre de patrons chrétiens.
Impôt sur le revenu.
Le manifeste nous reproche encore de réclamer
l'impôt sur le revenu II aurait même pu ajouter que
nous réclamons aussi l'impôt sur la fortune mobilière,
car nous demandons cette double réforme.
Et ici encore, c'est au nom des principes catholiques
que nous parlons. Dans l'Encyclique, le Saint-Père
rappelle que la justice distributive exige une équitable
répartition de l'impôt. Or, celle que nous avons n'est
pas équitable. De l'aveu de tous, elle retombe démesu
rément sur la propriété foncière et sur la consomma
tion.
L'unique moyen d'empêcher cette injustice, c'est la
double réforme fiscale introduite notre programme
Et jusqu'ici personne n'a prouvé que nous avons tort.
(A suivre).
Une conférence d'un prêtre journaliste. Deux abbés
portés en triomphe par les ouvriers.
Brest, 10 Juin. L'abbé Naudet, directeur de la
Justice Sociale de Bordeaux, a donné aujourd'hui,
3 heures, dans la Salle de Venise, une conférence
laquelle assistaient environ 2,000 personnes.
L'abbé Naudet s'est déclaré l'adversaire du socialis
me, qu'il estime une utopie qui a été importée en Fran
ce par des juifs allemands. Il a dit qu'il fallait des lois
pour réglementer le travail.
A midi avait eu lieu un déjeuner ouvrier de 500 cou
verts.
Les abbés Naudet et Dulong de Rosnay ont été por
tés en triomphe pendant que la musique jouait la Mar
seillaise.
Les libéraux d'Anvers et la Marseillaise, s
Anvers, 11 Juin. Les libéraux anversois
ayant en tête leur conseil communal et les dignitai
res de l'association libérale ont manifesté, ce soir,
contre les droits d'entrée... aux accents de la Marseil
laise.
Tir du Lundi il Juin 1894.
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