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Chronique locale.
48. Dimanche,
54e ANNÉE.
17 Juin 1894.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
A nos lecteurs.
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Socialisme chrétien.
D. O. M.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSAIT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES ACQUIR1T EUNDO.
iimi ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
Nous prions instamment nos lecteurs de bien
vouloir remettre au bureau du Progrès, tous les
timbres oblitérés et toutes les feuilles et mor
ceaux d etain qu'ils pourraient recueillir.
Ces objets sont destinés une œuvre philan
thropique.
Le correspondant bruxellois de la Vérité, de
Paris, ayant écrit son journal qu'il résultait
d'un entretien que le chanoine Dubois avait eu
avec le Roi, que celui-ci a prié le Pape de faire
cesser la propagande démocratique du jeune
clergé du diocèse de Liège, M. Dubois adresse
la lettre suivante l'épiscopale Gazette de Liège
Liôgo, la Q Juin 189d.
Monsieur le rédacteur,
Vous m'obligeriez beaucoup en apprenant
vos lecteurs que je regrette extrêmement l'usage
indélicat fait de mon nom par un correspondant
bruxellois de la Vérité de Paris, propos d'une
conversation privée que j'ai eu l'honneur d'avoir
récemment avec Sa Majesté le roi, correspon
dant cité, derrière un point d'interrogation,
dans votre numéro d'hier.
Au surplus, je tien3 attester que la relation
donnée des paroles du Roi par ce correspondant
est inexacte.
Agréez, je vous prie, Monsieur le rédacteur,
mes salutations les plus sincères.
Le correspondant de la Véritéen transmet
tant ce journal la lettre de M. le chanoine
Dubois, la fait suivre de ces lignes
Cette lettre, je tiens le constater tout
d'abord, ne fait que confirmer l'exactitude de
mes renseignements pour le fond.
M. le chanoine se plaint de relation inex
acte mais je n'ai pas en un instant la pensée
de vous donner la relation textuelle d'une con
versation dont je ne connaissais moi-même que
le sens général et quelques mots saillants.
C'est au fait que je me suis attaché et non
la forme, car j'y voyais une manifestation, inté
ressante noter, de la disposition d'esprit du
Roi vis-à-vis de la turbulente démocratie chré
tienne de Liège sur ce point je ne crains pas
de démenti.
Quant au regret exprimé par M. le chanoine
Dubois, pu sujet de 1' usage indélicat fait de
son nom, je ne puis y répondre qu'en offrant au
vénérable ecclésiastique mes excuses, si, bien
involontairement, je lui ai attiré quelque désa
grément. Je n'ai pas cru commettre d'indiscré
tion, car le fait était connu Liège et Bruxel
les de nombreuses personnes, et il m'a été com
muniqué sans la moindre réserve.
D'ailleurs, M. le chanoine Dubois n'est pas
seul avoir été-honoré, de la part de Sa Majesté,
de semblables réflexions. Je pourrais citer pas
mal de députés et sénateurs avec qui le Roi s'est
entretenu sur ce sujet brûlant, et toujours pour
regretter ce qui se passe dans le diocèse de Liège.
Peut-on s'en étonner lorsque l'organe de la
démocratie chrétienne, le Bien du Peuple, en ar
rive proclamer que pour ramener les âmes
au Christ, il faut une démocratie intégrale et
hardie
La démocratie intégrale c'est au moins
la république, et on conçoit que Sa Majesté
s'effraie de voir des membres du clergé prendre
la responsabilité de pareilles prédications.
La démocratie hardie c'est coup sûr
une démocratie qui ne redoute pas de se donner
une teinte de socialisme et de fait, ou y est.
Cette démocratie-là conduit aussi bien la Ré
publique.
Les démocrates eux-mêmes ne semblent pas
rejeter l'éventualité. Jusqu'ici tous les partis
politiques, tant libéraux que catholiques, te
naient affirmer leurs sentiments monarchiques
et se disaient constitutionnels Le parti ou
vrier socialiste, ouvertement républicain, a rom
pu avec cette tradition. Le parti démocrate
chrétien l'a imité. Dans le programme de l'Union
démocratique liégeoise, programme qualifié de so
cialiste et d'anarchiste par un organe socialiste,
la Réforme, il n'est pas un moment question du
maintien de la monarchie. La société doit être
refaite et la royauté n'a pas de place indiquée
dans le futur édifice.
La Chambre des représentants la plus indo
lente et la plus inepte du régime censitaire s'est
ajournée Mardi, 12 Juin, comme la constitution
le prescrit.
Après de longs et laborieux tâtonnements, elle
a enfanté le vote plural qui est l'institution la
plus invraisemblable, la plus grotesque qui fut
jamais.
Elle eut voulu introduire la R. P. qui est dans
les vœux de tous et qui eut largement corrigé les
défauts et les injustices du régime plural l'inté
rêt de parti, l'égoïsme l'a retenue.
Elle a traîné de longs mois dans l'irrésolution,
l'absentéisme et la paresse. Son mandat expiré,
elle ne voulut point s'en aller, prétextant la
nécessité de sauver au moins encore une fois
l'agriculture.
Elle voulut la sauver d'une façon pitoyable,
digne de tout ce qu'elle a produit.
Yingt-cinq francs par 100 kilos sur le beurre,
qui est un produit cher, très rémunérateur
pour le cultivateur, et que nos travailleurs des
champs comme de la ville ne peuvent déjà ache
ter qu'en trop faible quantité.
Trois francs sur l'avoine que nous produisons
peu et en quantité insuffisante et qui est déjà en
outre la plus chère des céréales.
Mais où l'on décèle toute l'immense sollicitude
de nos maîtres pour l'agriculture, c'est dans les
droits sur les farines qui profiteront seulement
aux grandes meuneries, les droits sur la chicorée,
tarifiée qui profiteront aux fabricants de chicorée,
et le droit sur les perches houblon qui profite
ra uniquement aux richissismes propriétaires de
sapinières C'est un comble.
Et c'est pour cela qu'il eut fallu violer la
Constitution
Quelque incohérente, quelque inepte qu'ait pu
être cette législature on ne peut admettre que
ç'ait été son mobile véritable.
Il est plus vraisemblable qu'elle a voulu trou
ver un prétexte vis-à-vis de ses électeurs pour
retirer toutes les promesses irréalisables de
grands travaux, de Bruges port de mer,etc. pour
sauver la situation électorale.
C'est le vieux jeu du censitarisme défunt.
Cette sénile législature du régime censitaire
n'éveillera que la commisération et aucun re
gret.
R. I. P.
La représentation proportionnelle va reparaî
tre au Sénat. On lit dans le Patriote
u On sait que la grande majorité des sénateurs
est favorable la représentation proportionnelle.
Plusieurs de nos amis auraient désiré introduire
dans la loi électorale une disposition appliquant
la réforme proportionnaliste aux ballottages.
Le gouvernement, lié par la déclaration mi
nistérielle faite la Chambre et dans laquelle il
demande d'ajourner la question jusqu'après les
élections, a dû prier nos amis de renoncer leur
dessein.
Mais la commission sénatoriale chargée
d'examiner la loi électorale a prié M. le baron
Surmont de Yolsberghe, un proportionnaliste con
vaincu, de présenter un rapport favorable la
représentation proportionnelle et de conclure
que la question restant ouverte, il appartiendra
au corps électoral de Be prononcer.
C'est un apôtre, sans la conviction et la foi,
qui transporte les montagnes.
Il est devenu proportionnaliste bien ondoyant,
bien incolore, bien timide.
Il a attrapé peur de Woeste et n'ose plus
bouger.
Le programme des démocrates catholiques liégeois
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00
Idem. Pour le restant du pays7-00.
L. Dubois, chanoine.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25
Insertions Judiciaires la ligne, un franc.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrés Pour
le restant de la Belgique et de l'Etranger I'Agencb Rossel, 44, rue de la Madeleine,
ei rue de l'Enseignement, Bruxelles.
RMIllUI IHSaBBMMB
Journal d'Ypres, voilà qui est autrement inté^
ressaut pour vos lecteurs que de vous entendre
crier au socialisme, lorsque le Vrijzinnige Volks-
bond engage les ouvriers vérifier s'ils sont dû
ment inscrits sur les listes électorales.
Proportionnaliste convaincu, fera sourire bien
des Yprois. C'est, en effet, un drôle de convain
cu, un drôle d'apôtre que ce baron Surmont.
suite.
Minimum de salaire.
Le manifeste nous roproche la fixation d'un mini
mum de salaire.
Admirez cette formule elle permet de comprendre
la fixation par la loi d'un salaire uniforme et obliga
toire pour tous, ce qui est la doctrine socialiste que
nous avons cent fois répudiée. Elle permet également
de comprendre ce que nous demandons dans notre pro
gramme, mais qui y est détaillé d'une façon précise qui
ne souffre point l'équivoque.
Nous demandons sans doute que les pouvoirs publics
reconnaissent l'ouvrier le droit de gagner sa vie par
son travail, mais nous réservons la fixation du salaire
minimum aux commissions mixtes des syndicats d'ou
vriers et de patrons leur défaut, aux Conseils régio
naux de l'industrie et du travail enfin, défaut de
ceux-ci, des experts locaux patrons et ouvriers
désigner par le juge de paix.