INTÉRIEUR.
O les comédiens
Les ardeurs du féminisme.
-n(o)r(-
Aux cultivateurs.
11 est bon de rappeler encore, (au moment
où les journaux cléricaux essaient de faire une
diversion pour endosser aux libéraux la res
ponsabilité des lenteurs et du mauvais vouloir
qui leur incombent), que les catholiques ont
occupé le pouvoir pendant ces dix dernières
années, qu ils ont disposé dans les Chambres
d'une majorité comme jamais on n'en avait vu.
et que malgré cela ils.nont rien fait pour amé
liorer le sort des cultivateurs ni des ouvriers
agricoles qui pourtant ils ne s'étaient pas fait
faute de prodiguer les promesses.
On n'a pas oublié qu'en 1881 les cléricaux
faisaient leurs tournées électorales dans les
campagnes aux cris de A bas les impôts
Sauvons l'agriculture I
A entendre ces hâbleurs, il suffisait de voter
pour eux pour ne plus payer de contributions
et nager tout de suite dans l'abondance. Si les
candidats cléricaux étaient élus, les cultivateurs
allaient voir leurs terres se couvrir de riches
moissons, et leurs greniers s'emplir comme par
enchantement; on n'aurait plus craindre ni
la sécheresse, ni la gelee, ni la grêle le ciel
serait clément, le temps on ne peut plus favo
rable, et les denrées superbes. En un mot,
c'était lâge d'or qui allait revenir.
Bien des gens eurent la naïveté d'ajouter foi
ces boniments de charlatans, et d'accorder
leurs voix aux cléricaux qui remportèrent dans
la plupart des arrondissements du pays.
Mais cela n'empêche pas les cultivateurs de
rester gros-jean comme devant, car ils conti
nuèrent payer le même chiffre de contribu
tions, et n obtinrent du gouvernement clérical
absolument aucune faveur.
Au lieu d'abolir les impôts, les cléricaux les
ont encore augmentés. Ces gens, qui voulaient
réaliser des économies, on fait pour 400
millions de dettes l'Etat, soit pour 40
millions de dettes chaque an
née. Et la plus grande partie de celte somme
colossale a été gaspillée, employée des tra
vaux inutiles, et qui ne rapportent pas un sou
ainsi en est-il notamment des fortifications
élevées autour de Namur et de Liège.
Quant l'agriculture, elle est demeurée ce
qu'elle était languissante et peu productive.
Le gouvernement clérical ne lui a pas accordé
le moindre avantage. C'est ce que nous avouait
encore, il y a quelques jours peine, un culti
vateur, catholique mais sincère. Ainsi, lui
disions-nous, le ministère et la Chambre n'ont
rien fait d'utile pour l'agriculture? Pour ma
part, répondit—il, je ne vois rien nous ne
sommes pas mieux lotis quavant 1884. Et
les fameux champs d'expérience, quoi donc
ont-ils servi A rien du tout, Monsieur
c'est de la farce toute pure. Mais les ingé
nieurs agricoles vous ont peut-être rendu quel
ques services? Quels services auraient-ils
pu nous rendre? Ce sont, pour la plupart, des
jeunes gens sans expérience, et qui n'enten
dent absolument rien aux choses de la culture.
Ils ont peut-être des notions théoriques, mais
nous autres, nous avons la pratique et la con
naissance de nos terres et ce n'est pas affaire
eux de nous en démontrer là-dessus. Je leur
en porte le défi.
Les catholiques honnêtes et loyaux recon
naissent donc que le gouvernement clérical qui
voulait sauver ragricnllure, n'a rien fait pour
elle, et cependant ce nest pas le temps qui lui
a manqué, puisqu'il détient le pouvoir depuis
dix ans. C'est le bon vouloir qui lui a fait
défaut 11 n'a pas plu ces gens d'employer les
vrais moyens de venir en aide aux cultivateurs.
Ils les connaissent pourtant ces moyens ils
leur avaient été indiqués par un sénateur, M.
Emet, un homme capable, sérieux, qui a fait
des questions agricoles une etude approfondie
et qui est lui-même agriculteur il cultive
une ferme près de Ciney. Ces moyens, M.
Finet les a fait connaître au gouvernement, au
Sénat et au public ils consistent dans 1° la
diminution du prix de transport des engrais
2° la réduction de l'impôt foncier 3" la réduc
tion du droit de mutationet 4° la liberté pour
chacun de distiller les produits de son sol fro
ment, seigle, pommes, poires, prunes, etc.
Nous reviendrons sur chacun de ces points
dans un de nos prochains articles.
Mais avec des formules pareilles il n'y avait
moyen de tromper personne.
Aussi les cléricaux n'en ont ils pas voulu
Les journaux cléricaux s'en vont disant que
les libéraux sont les ennemis de l'agriculture,
et que c'est leur énergique protestation du
12 Juin que les cultivateurs doivent s'en pren
dre de ne pas voir leur situation relevée.
C'est de l'escobarderie la vingtième puis
sance.
Pendant dix années, les cléricaux ont tenu
le pouvoir, avec une majorité toute puissante
et une liberté d'allures que rien ne pouvait
contrarier.
Pendant dix années, ils ont été les maîtres
de faire pour l'agriculture tout ce qu'ils vou
laient, sans résistance possible.
Qu'ont-ils fait
A chaque élection, ils ont promis monts et
merveilles, répétant toujours les mêmes pro
messes, et faisant sans cesse briller aux yeux
des campagnards le bienfaisant soleil de la
protection.
Mais c'est tout.
Pendant dix années, ils ont trompé le public
et escroqué le pouvoir.
Et cette comédie honteuse, ils viennent de la
terminer d'une façon plus révoltante encore.
Au moment où la session législative allait finir,
la dernière minute de leur existence parle
mentaire, sentant le besoin de tromper une fois
de plus les paysans avant de reparaître devant
eux, ils ont enfin dépose un projet, qui n'avait
de la protection agricole que l apparence, une
dilution infinitésimale du protectionnisme véri
table et complet.
Car enfin, ce projet ridicule, que prolégeait-
il
L'avoine, c'est-à-dire ce que le petit paysan
n'a pas vendre
La farine, c'est-à-dire la meunerie
La margarine, c'esl-à-dire une industrie
nouvelle créer en Belgique
La chicorée, c'est-à-dire un produit que
nous exportons
Quant au froment, quant au seigle, quant
aux orges, rien
Ce que le paysan ce demandait pas, on le
lui donne ce qu'il demandait, on a soin de
le lui refuser.
Ce n'est pas tout, et la comédie ne bat pas
encore son plein.
Le projet protectionniste, déposé le 30 Mai,
était préparé depuis cinq semaines, cinq lon
gues semaines intentionnellement perdues. Et
le gouvernement s'est arrangé de telle sorte
qu'il ne fût mis l'ordre du jour que l'avant-
veille de l'expiration des mandats de la moitié
de la Chambre.
Il fallait, en effet, faire en sorte qu'une satis
faction platonique fût donnée aux campagnes,
sans que la situation des députés cléricaux
d'Anvers et de Gand fût le moins du monde
compromi se.
Voilà ce qui a été calculé, prémédité et
exécuté par des gens qui n'en sont plus devoir
prendre des leçons de machiavélisme.
Que l'intention du Gouvernement n ail jamais
été de faire voler celte année les droits protec
teurs, cela ne résulte-t-il pas toute évidence
de la situation même? Car enfin, s'il les vou
lait, il lut était loisible de les faire voler dès le
mois d Avril, tout comme il a fait voter les trois
cent mille francs de subside aux écoles des
couvents.
Si les cultivateurs, aux prochaines élections,
votent encore pour les cléricaux, ils voteront
pour ceux qui n'ont fait que les leurrer et
escroquer indignement leurs suffrages.
Une femme de beaucoup d'esprit, lady Flo
rence Dixie, vient de faire un bien amusant
tableau de ce qui se passera bientôt en Angle
terre, si l'on continue refuser le droit de
suffrage aux femmes, qui, paraît-il, en ont
absolument besoin. Déjà, assure lady Florence,
comme c'est la location de la maison qui fait
l'électeur, des bons ont été signés par des
femmes travesties en hommes, et elles sont
allées au scrutin de même, et sous un faux
nom. Bientôt elles entreront par le même
moyen au Parlement. Et alors se passeront des
scènes comme celle que lady Dixie dramatise
d'avance
Le Speaker part, nerveusement). Je me
demande pourquoi l'honorable mtmbre de Bedford-
Park tient les yeux fixés sur moi d'une manière si
persistante.
Depuis que mon mariage est annoncé, il me regarde
toujours de cet air de reproche.
L'honorable membre de Bedford-Park son
voisin). Est-il vraiment exact que le Speaker soit
fiancé
Le Voisin. Certainement. Je connais la demoi
selle. Elle est charmante.
L'honorable membre de Bedford-Park (souriant).
J'espère qu'il sera heureux. Je... je... ne faites pas
attention. (11 éclate en pleurs).
Le Speaker (épouvante) L'honorable membre
est malade
(Confusion). On emmène le député, on fait venir
un médecin. Au bout d'un moment, le Speaker est
appelé.
Le Médecin. C'est... c'est très extraordinaire...
L'honorable membre de Bedford-Park est une dame.
Le Speaker. Mais c'est impossible Voilà deux
ans qu'il siège au Parlement.
Le Médecin. J'affirme ce que j'ai dit.
L'honorable membre de Bedford-Park (dans son
délire). Je l'aime tant je l 'aime tant
Après une explication assez tendre avec le député
de Bedford-Park, le Speaker rentre la Chambre et
annonce que le malade a été ramené chez lui en voi
ture. Le débat est repris.
Un Membre (interrompant). Tiens, voilà une
souris
L'honorable membre de Ligiiton-Bizzard (sautant
sur son siège et ramassant les plis de sa toge). Oh
oh
Le Speaker. De l'ordre de l'ordre
L'honorable membre de L. B. Je n'en peux
rien. Tuez-la, ou je deviendrai fou.
Le Speaker. La conduite de l'honorable membre
est bien irrespectueuse pour la Chambre.
L'honorable membre de L. B. Tuez-la la voici
Elle va grimper dans mes jupes
Toute la Chambre (se levant comme un seul
homme). Hein
L'honorable membre (pâlissant). Ciel qu'ai-je
dit
Le Speaker, très agité. Vous aussi êtes une
femme
Plusieurs membres. Quoi
L'honorable membre. Oh ne vous fâchez pas.
Sans la souris, vous ne l'auriez jamais su.
Le Speaker. Huissier, faites sortir madame.
L'honorable memi-re. Oh non, non. Je ne
veux pas passer avant qu'on ait tué cette souris.