La visite de M. De Bruyn. Nos bons protecteurs de l'agriculture. Aux Campagnards. deviennent réformateurs que par crainte de voir les masses qu'ils exploitent se tourner contre eux. Alors ils créent des coopératives, des boeren- bonden, des tolksbuiteretc., et introduisent leur démocratie chrétienne, brevetés, q. d. g., suivant les circonstances. Nous aurons cela Y près comme ailleurs c'est fatal. Mais ce ne sera pas la faute nos ma tadors cléricaux, les plus franchement arriérés et réactionnaires qui soient au monde. Nous verrons donc MM. Berten, Struye, Co- laert et Snrmont faire de la démocratie. Ce sera drôle, mais cela sera. Et c'est sur cette question, que l'on veuille ou non, que rouleront les discussions et les polémi ques futures. Il sera intéressant, autant que nouveau, de connaître la manière de voir de ces messieurs au sujet des diflérents systèmes de démocratie chré tienne en cours. Adopteront-ils le système des antisocialistes d'Arthur Verhaeghe de Gand on celui de l'ab bé Pottier de l'évêché de Liège ou le système de l'abbé Lemire d'Hazebrouck? ou celui de Monseigneur le cardinal Fuland Tous ces systèmes ont un programme bien plus radical, plus collectiviste que celui de la fédération progressiste, que celui de la fédéra tion libérale et même que celui du parti socia liste belge. Donc, Journal d'Ypresnous aurons là, si vous le voulez bien ou non, matière discussion inté ressante pour les concitoyens que nous avons fait électeurs, que nous devons éclairer, afin d'obtenir les résultats les plus rapides et les plus féconds. Ces questions seront plus intéressantes pour vos lecteurs que de connaître le nom du Prési dent de l'Association libérale, que tout le mon de connaît. A propos d'assemblées générales d'Associa tion politique, quand aura lieu l'assemblée géné rale de l'Association catholique, pour fixer la plate-forme électorale et désigner les candidats Ou, est-ce là aussi, comme au Volkshuis Ces questions ne regardent-elles pas les membres Et le programme de démocratie chrétienne, breveté pour Ypres, ne peut-il point encore être exhibé Et le baron Surmont n'est-il plus partisan de la représentation proportionnelle Et le baron Surmont est-il encore partisan du libre-échange Et Colaert, Struye, Surmont et Berten sont- ils d'avis qu'il est permis d'imposer le pain, le beurre et la chicorée pour augmenter leurs ren tes et rendre la situation de nos travailleurs plus difficile Dans notre numéro du 30 Août dernier, nous avions annoncé nos lecteurs que M. le Ministre de l'agriculture allait rehausser de sa présence les fêtes données par le comice agricole de Kemmel-Ypres, les 9 et 10 Septembre prochain, et que ce ne serait pas par des illuminations et dee feux d'artifice qu'on allait satisfaire les cul tivateurs. Le Journal d'Ypres n'est pas content de notre article et il ose affirmer que les libéraux n'ont jamais fait aulint pour l'agriculture. Nous n'avons pas l'intention d'entamer une polémique ce sujet avec les XXI rédacteurs du Journal des sacristains. Ce serait leur faire trop d'honneur. Mais nous nous bornerons leur dire qu'après cette bourde là on peut tirer l'échelle. Extrait du non-suspect Patriote Au pays du tabac. De notre correspondant de Mons, lr Septem bre Les pluies persistantes de ces dernières semai nes, la grêle qui est tombée Dimanche et Lundi dernier sur nos régions a dévasté quantité de ré coltes. Une classe qui a eu particulièrement souffrir de cet état de choses, ce sont les planteurs de tabacs des communes d'Havré, Saint-Sympho- rien, Obourg, Saint-Denis, Ville-sur-Haine, etc. Ces cultivateurs sont moitié ruinés. Beau coup d'entre eux ne sauront payer leur ren- dage», et risquent, par conséquent, d'être ex pulsés et jetés sans ressource sur le pavé, après que leurs meubles auront été vendus l'encan. La plupart des plantes de tabac sont moitié détruites par la grêle. Ce qui reste d'intact sera de qualité intérieure et ne pourra être vendu qu'à un prix très minime. C'est dans ces conditions que les agents du fisc ont pris l'égard de ces malheureux campa gnards des mesures draconiennes qui suscitent, dans la région où nous nous sommes rendus hier, de violentes protestations. Un meeting, auquel les sénateurs et les représentants de l'arrondis sement seront conviés, va être organisé. Et il importe, en outre, qu'une enquête soit faite sur les agissements des agents de l'administration, car il est impossible* d'admëttre que ce soit par ordre de l'autorité supérieure que des mesures et des actes aussi barbares aient été pris contre nos paysans. Voici, en effet, ce qui s'est passé L'impôt sur le tabac se paie par plante, raison d'un centime et demi. Pour se soustraire l'impôt, le cultiva teur arrache cette saison les plantes défectu euses qui ne représentent pas la valeur du droit verser. Le tabac provenant de ces plantes malingres est d'une qualité bien en dessous de la moyenne et se vend très bon marché dans les boutiques et cabarets fréquentés par les ouvriers, du moins c'est ce qui se passait jusqu'ici. Mais cette année Iô3 gabelons sont arrivés sur les lieux, se sont fait désigner par le3 paysans les plantes pour lesquelles ils n'entendaient pas payer des droits, ont coupé, arraché, piétiné, haché celles-ci en menus morceaux, sous les yeux du pauvre cultivateur en larmes, qui voyait ainsi détruire, anéantir, une partie de sa récolte qui lui avait cependant coûté tant de travail, tant de sueur. Dans tout le pays agricole, nous avons pu le constater, il règne une véritable désolation en même temps que l'on entend des grondements de révolte. Il faut qu'une enquête soit faite sur tout ceci et que justice soit rendue nos campagnards. Allons M. Struye Un discours assaisonné de quelques larmes de crocodile là-dessus Un Congrès agricole a eu lieu le 19 Août Bruxelles. Celte réunion qui aurait dû être composée de petits cultivateurs et de fermiers locataires, n'était qu'une assemblée la léte de laquelle se trouvaient les propriétaires les plus catholiques et les plus nobilionsdu pays. Ces protectionnistes ne se fichent pas mal des ouvriers, des petits cultivateurs et des fermiers locataires, ils n'ont qu'une chose en vue [aug mentation du fermage de leurs terres. Dussent les ouvriers des villes, les travailleurs do la campagne, ainsi que les fermiers de quatre cinq hectares crever de faim, peu leur importe! Du moment que les rentes de ces messieurs de la noblesse augmentent de façon leur per mettre de mener une vie luxueuse, c'est tout ce qu'ils désirent! Aussi, voici ce qu'ils ont eu l'impudence et l'audace de demander aux nouvelles Cham bres «1. Etablissement de droits d'entrée sur les chevaux et poulains, porcs et viande de porc, les conserves de viande, le saindoux, le beur- re et la margarine, le lait concentré, la cire brute, les huiles alimentaires, les œufs, les légumes frais, secs et leurs farines, l'osier, le houblon, les betteraves, les racines de chi— corées vertes, séchées et torréfiées, les plan- tes et arbustes. II. Maintien des droits sur le bétail, les viandes, legibier, les fromages, les fruits secs et les bois. 111. Etablissement d'un droit très élevé sur les fruits et légumes forcés. IV. Etablissement immédiat d'un droit d'entrée sur toutes les céréales et leurs fari— nés; mesures urgentes et d'intérêt national pour favoriser la culture des céréales alimen- taires. Donc des impôts sur tout ce que mange le peuple et l'ouvrier, et cela au profit exclusif de deux ou trois mille grands propriétaires et grands fermiers et au détriment de l'agricultu re, qui a besoin surtout de se transformer, de substituer la culture des céréales l'élevage du bétail, la culture maraîchère, les cultures in dustrielles et qui il faut pour cela non des droits d'entroe, qui sont une prime la routine, mais de l'engrais bon marche, que donne raient les distilleries agricoles, du crédit, des facilités de transport, des lois protégeant le fermier et l'encourageant améliorer sa terre. Que tous les honnêtes gens s'unissent, et, en se rendant au vote du 14 Octobre, qu'ils s'écrient A bas les impôts I A bas les affameurs A BAS LES EXPLOITEURS DU PAYSAN ET DE L'OUVRIER I!! Le congrès annuel des instituteurs belges s'est ouvert Anvers. Dans son discours de bienvenue, M. l'échevin Desguin a engagé le personnel enseignant tenir bon pour la défense de l'école neutre et ne pas abandonner ceux qui furent victimes de leur attachement leurs devoirs. La Loi de 1879, a-t-il dit, a donné lieu a bien des trahisons. Les instituteurs ayant abandonne l'enseignement la suite de cette loi sont des traîtres. Ils ont agi dans un but de lucre. Aujourd'hui, ils veulent rentrer parmi vous poussés par le même mobile. Différents cercles d'instituteurs du pays se sont laissé amadouer et ont prêté une oreille bienveillante aux paroles doucereuses de ces parjures. Le congrès prendra des résolutions viriles et fermes et ne se laissera influencer par personne. Rappelez-vous, a ajouté l éloquent échevin, la guerre scolaire, rappelez-vous les trahisons, rappelez-vous les pleurs et les grincements de dents, rappelez-vous qu'entre ces hommes et vous, il n'y a pas d'alliance possible. La conciliation ne peut se faire que sur le terrain de lécole nationale, et cette école doit et ne peut être que l'école neutre, l'Etat belge n'ayant pas de religion et ne pouvant avoir aucune tendance religieuse. Journalvous devriez pouvoir nous dire cela.

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1894 | | pagina 2