Socialisme
d'un nouveau genre.
Électeurs, souvenez-vous
Correspondance.
Au pays de M. Woeste.
Hélas le baron et ses amis se borneront
répéter de temps autre ces belles paroles du
Christ et ils feront du matin au soir, du lr de
lan la Saint Sylvestre, tout fait le contraire,
lisseront le parti des privilégiés, des riches. Ils
refuseront, avec une opiniâtreté révoltante,
son égalité politique au prochain. S'ils ne se fi
chaient point de leur divin maître et de ses en
seignements, ils devraient accorder le droit de
vote tous les belges majeurs dire avec nous
1111 lioiiimc, mi vote,
et demander la représentation proportionnelle.
Cela donnerait au prochain de toutes les classes
et de toutes les opinions la part qui lui est dûe.
Mais la devise véritable de nos cléricaux est
tout pour l'argent, pour le clergé et pour notis-
mét/tes. C'est pourquoi le socialisme devient si
puissant et si menaçant.
Je réprouve, Je condamne
le Hiifl'rage universel piti* et
simple.
Il nous faut des droits protecteurs sur les
produits de l'agriculture s'écrient Messieurs
les grands propriétaires cléricaux.
Et pourquoi Messieurs
L'agriculture souffre, le paysan, ruiné par la
concurrence étrangère, ne peut plus payer ses
fermages.
Les payait-il par le passé
Certainement et, au bout de l'an, il lui restait
encore un beau bénéfice.
C'est donc que son industrie produit moins
que jadis vous qui, comme propriétaire de sa
ferme, prenez votre part du produit de cotte in
dustrie, avez-vous réduit le loyer de votre terre
en conséquence
Oh non comment aiimenterais-jo ma caisse
Je vis sur pied d'une dépense de 50,000 francs
par an il faut que mes termes les produisent.
C'est donc votre fermier qui seul doit suppor
ter le déficit
Mais non, puisque je demande pour lui des
droits qui fassent hausser le prix des denrées
qu'il produit.
C'est dire que, ne pouvant plus demander
votre locataire cl'alimenter votre luxe, vous
voulez le demander aux consommateurs qui
payeront plus cher leur beurre, leur margarine,
ou même leur pain, pour vous permettre d'avoir
un hôtel, des chevaux, uue table luxueusement
servie, de vivre ne rien faire, peut-être même
de jouer gros jeu et de vous payer d'autres fan
taisies Vous demandez donc l'Etat de pren
dre dans la poche de tous pour vous garantir un
minimum de revenus
Mais que diriez-vous si votre cocher ou bien
les ouvriers que vous employez exigeaient,
leur tour, que l'Etat vous frappe d'un impôt
destiné empêcher leur salaire de descendre au-
dessous d'un minimum qu'il n'atteint pas au
jourd'hui
Ce serait impossible ce serait méconnaître
les effets de la loi, de l'offre et de la demande,
qui fixe la valeur du travail comme celle de tout
autre marchandise ce serait du socialisme
Eh bien, Messieurs les propriétaires, êtes-
vous moins socialistes que ceux qui voudraient
augmenter leur salaire vos dépens ceux-ci
prétendraient qu'on leur garantit vos frais un
salaire supérieur la valeur réelle de leur tra
vail et vous exigez que l'Etat vous procure de
vos terres un revenu qu'elles ne peuvent, en ce
moment, vous produire. Vous êtes socialistes
votre façon, mais votre socialisme est le pire de
tous, car c'est celui qui dépouille les petits au
profit des grands
T'ai déjà «lit que je n'étais
pas partisan«lu safïi'ag-e pln-
ral,.je n'en suis pas partisan
parc© «pie Je ne suis pas par
tisan «In suffrage universel.
Dans les délibérations de
la Commission, l'honorable
ministre des finance», M.
Beernaert, a «lit
Le suffrage universel se
rait an péril national.
Discours de M. Worste, le 18 Avril 1893.
La majorité parlementaire actuelle est exces
sive, dangereuse et ne répond pas la réalité des
faits. Je demande mes amis de consentir
renoncer leur prédominence.
Ainsi parlait M. Beernaert lui-même en dé
fendant la représentation des minorités.
A quoi Don de très forte»
majorités, quand on a le des
sein arrêté de n'opprimer
personne.
Ajoutait le même ministre, mais l'Eminence
verte ne l'entendait pas de cette oreille et l'on
ne connaît que trop ses desseins.
Ce qu'elle veut, C'EST OPPRIMER TOUT LE
MONDE!
JÉSlectenrs prenez garde I
n-^: 1
Nous recevons d'un de nos abonnés l'excel
lente lettre qui suit, dont la conclusion intéresse
les électeurs du 14 Octobre
En 1883. je payais comme contributions
fr. 178-30 en 1894, ma feuille de contributions
Ïorte fr. 188-40, d'où une différence de fr. 10-10.
]n 1882, je payais la viande mon boucher
raison de fr. 0-80 la livre; depuis la loi Dumont,
je paye fr. 0-90 la livre, soit ir. 0-10 en plus par
livre, 3 livres par jour fr. 0-30, et 300 jours de
viande par au 90 fr. que je paie en plus, en
1894,grâce la loi Dumont,dont,cependant, l'ex-
grand financier Beernaert encaisse le produit.
Je possède 14,000 fr. en Rente Belge. En
1883, quand ces terribles libéraux étaient encore
au pouvoir, je recevais 4 p. c. d'intérêt, soit
fr. 560
grâce la conversion faite par le sauveur
des finances, je ne reçois plus que 3 1/2
p. c. 490
d'où une perte annuelle de fr. 70
Je possède une maison louée un estaminet
depuis plusieurs années. J'en ai toujours eu un
loyer de 1,800 fr. Au commencement de l'année
passée, le locataire étant décédé et la femme
s'étant retirée de3 affaires, j'ai dû mettre la mai
son louer.
Tous ceux qui se sont présentés pour louer ont
fait le calcul suivant 1,800 fr. de loyer et 200
fr. de droit de licence, ça fait 2,000 fr., c'était
trop. J'ai tenu bon pour les 1,800 fr., la maison
étant bien située pour un estaminet. Eh bien,
Monsieur, ma maison est restée vide pendant
trois mois. J'ai dû fléchir et j'ai été heureux de
trouver un locataire 1,700 fr. Je paie donc la
moitié du droit de licence.
Récapitulons
En plus pour mes contributions fr. 10-10
Eu pins pour la viande 90-00
Diminution de mon intérêt 70-00
Ma part dans le droit de licence 100 00
Et je perds annuellement, fr. 270-10
Mais les dégrèvements C'est vrai. J ai cher
ché pendant deux jours sans rien trouver et
j'allais désespérer quand mes yeux sont tombés
sur une difiérence dans ma prime d'assurance.
Ma prime s'élève fr. 35-20 auparavant je
payais un droit de fr. 2-52, droit que le généreux
Beernaert a aboli.
Faisons donc la balance
Je perds annuellement, cause des
lois beernaert, fr. 270-10
M. l'ex-grand ministre des finances
m'a fait bénéficier de 2-52
Je perds donc, fr. 267-58
Ne trouvez-vous pas, Monsieur le Directeur,
que c'est beaucoup pour un petit bourgeois
comme moi et qu'il faut avoir de l'aplomb pour
prétendre que le grand ministre a fait des mer
veilles Je sais maintenant ce qu'il m'en coûte
de voir des sauveurs de finances au gouverne
ment. Un abonné.
Electeurs faites la même comparaison et
vous arriverez la même conclusion.
A7"otez pour le» libéraux
On écrit au Journal de Liège
u Voici de nouveaux renseignements plus pré
cis, plus détaillés encore, sur la lutte formida
ble qui se livre dans l'arrondissement d'Alost
entre les partisans de M. Woeste et ceux de
l'abbé Daens. Jusqu'ici le succès populaire,
l'enthousiasme bruyant et tapageur des meetings
va aux membres du Christene Volkparty les
démocrates chrétiens de là-bas.
A Lede, où le fougueux abbé a exposé son
programme, il a été applaudi par 4 500 pay
sans sans que les Pekens les Woestiti de là-
bas, aient osé l'interrompre. Quelques jours
après, Haeltert, il a tenu un meeting devant
1,100 ouvriers agricoles et petits cultivateurs,
où il n'a pas épargné ses adversaires les traits
mordants. Partout, bien entendu, l'abbé prend
grand soin de faire l'éloge des sentiments re
ligieux, afin de se concilier l'épiscopat.
Chaque jour, paraît-il, sa popularité augmen
tant parmi les paysans cléricaux, on l'invite
dans telle ou telle commune de l'arrondissement
venir donner une eonférenoe socialo-reli-
gieuse.
Tandis que l'abbé semble avoir pour lui
l'opinion publique, M. Woeste, navré, conti
nue ses tournées électorales, semées d'ennuis et
de mésaventures.
A Trondegem cinq personnes seulement ont
répondu a l'appel de son comité et il n'a pas eu
l'occasion de lire cette nombreuse assemblée
son fameux discours flamand le papier jauni
est resté au fond de sa poche.
A Herdersem, deux paysans l'ont interpellé
très durement ainsi que M.Van Wambeke et la
réunion électorale parfois a été orageuse, si ora
geuse même que l'on se serait cru l'un de ces
meetings de Bruxelles dont M. Woeste juste
retour des choses d'ici-bas s'est moqué si sou
vent la Chambre dans ses multiples harangues
parlementaires.
Enfin, Meire, les mésaventures électorales
de M. Woeste ont été particulièrement désagré
ables. Ses amis, comptant sur un succès, avaient
annoncé la réunion qu'il devait présider grand
renfort de bruyantes réclames malgré les bar-
nums de la commune, cinquante personnes
peine oh confusion assistaient au
meeting.
A la sortie, des ouvriers agricoles, partisans
de l'abbé Daenssijièrent, huèrent M. Woeste et
ses compagnons, et, sans l'intervention du curé,
une bagarre générale aurait éclaté.
Il fallait toute la présence d'esprit de ce
prêtre pour apaiser les paysans et protéger leB
Pekens
L'honorable ministre d'Etat boit donc jusqu'à
la lie le calice des amertumes électorales. Après
avoir subi toutes ces tribulations, sera-t-il élu
Jusau'ici on ne se prononce pas encore dans l'ar
rondissement; on constate simplement que la po
pularité de son adversaire grandit.
Le Moniteur a publié Jeudi l'arrêté de la disso
lution de la Chambre et du Sénat et la convoca
tion de tous les collèges électoraux pour le
Dimanche, 14 Octobre, de 8 heures du matin
deux heures après-midi.
Nyssens, ibid.