Chronique locale.
\os 87-88. Dimanche,
X
4 Novembre 1894.
«as-
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
La mort
de l'Empereur de Russie.
S4 Martin Cie.
Élections provinciales.
Autres Gribouilles.
Tout leur est permis.
Société la Concorde.
54e ANNÉE
6 FRANCS PAR AN'.
PARAISSAIT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
vires acqcirit eunro.
Alexandre III, a rendu le dernier soupir
hier après-midi, 1 h. 35.
Dès Mardi, le bruit avait couru Sl-Péters-
bourg et Livadia que le tsar était mort. La
foule la nouvelle du dernier bulletin, s'était
répandue sur les places publiques et attendait
genoux, priant pour son rétablissement. Des
larmes coulaient de tous les yeux.
Mardi, jour anniversaire de la catastrophe
de Borki, quia failli lui coûter la vie, lui et
aux siens, 1 Empereur a communié.
Depuis quelques jours, aux espérances con
çues un instant autour du chevet d'Alexandre
111, avaient succédé promplemenl la cruelle ré
vélation de la fin inévitable.
Toujours étourdie la sainte rédaction du
Journal.
Voici qu'elle accuse le Progrès d'avoir calomnié
un magistrat, en le faisant passer pour avoir pris
part la fameuse (fumeuse serait plutôt le mot)
promenade aux flambeaux.
D'abord, il y a un mensonge dans ce dire. Le
Progrès a simplement inséré un communiqué dont
l'auteur demandait, sur la foi de diverses affir
mations, si le fait était vrai ou non, appelant
les explications duf Journal même.
Il y a un pavé d'ours ensuite.
Si la manifestation dont s'agit a été aussi digne
et aussi grandiose qu'on le prétend, comment
diable pourrait-on difamer un magistrat en di
sant qu'il y a pris part
Est-ce que, par hasard, on serait d'avis dans les
bureaux du Journal que c'est s'exposer au mé
pris public que de se montrer côté d'Hen-
rietje
Mais alors
Au surplus, allez-moi chercher la logique
chez ces pieux scribes
N'ont-ils pas jadis qualifié de vlooivangers
tous ces ouvriers, qu'aujourd'hui que ces ou
vriers sont devenus électeurs, ils cherchent,
se rallier par tous les trucs imaginables
Au même temps, c'était de trop que M. le
Juge Soenen fît partie du Conseil communal.
Maintenant qu'il est remplacé par M. le Juge
Biebuyck, un militant s'il en est. tout est pour
le mieux.
Oh logique comme s'exclame Figaro.
Oh bonne foi ajouterons-nous.
On n'est jamais trahi que par les siens.
Nous appelions, l'autre jour, nos élus au Sénat
et la Chambre des polichinelles.
Or, voici que l'éditeur du Journal expose leurs
binettes la montre de sa boutique, au milieu
de jouets de S1 Martin, avec, juste au-dessus du
cadre, un polichinelle qui semble faire, lui 5m#,
aussi partie du groupe.
M. Callewaert ne l'avouera naturellement pas.
Mais, qu'il le confesse ou non, tout le monde a
vu une maligne allusion dans le rapprochement
dont s'agit.
Après cela, l'honorable éditeur a peut-être ses
petites raisons.
A noter le résultat dans le canton d'Hoogh-
lede.
En remplacement de M. van Caloen, membre
sortant qui ne s'est plus représenté, le clergé du
canton et ses bachi-bouzoucks voulaient imposer
le noble sire Van Outryve d'Ydewalle de Bru
ges.
Les campagnards se sont régimbés et, malgré
les efforts inouïs des prêtres et de violents prê
ches dans toutes les communes, ils ont fait triom
pher 950 voix un candidat libéral de leur
choix, M. Biebuyck-Bonte, propriétaire et né
gociant Hooghlede.
L'honorable bourgmestre de cette commune,
M. Delaey, non combattu, a été réélu en même
temps.
Sans dédicace.
Les élections sont proches. Nos candidats aux
divers sièges s'en vont faire leur visite habi
tuelle chez M. le doyen pour quémander l'appui
ordinaire du clergé.
Histoire do faire hommage-lige au Pouvoir ec
clésiastique.
Mais, vous savez, il faudra désormais vous
soumettre de plus en plus, entièrement même,
aux ordres de Nos Seigneurs les Évêques.
Nous avons l'honneur de vous remercier et de
vous saluer.
Exant la queue-le-leu.
M. le Doyen, les regardant s'en aller et sou
riant Très-humbles très-obséquieux très-
soumis un peutrès-plats même mais
braves garçons en somme et tels qu'il nous les
faut.
Pourrions-nous savoir ce qui s'e3t passé, il y a
quelques jours, dans un estaminet en face de
l'église S1 Nicolas On parle de deux cléricaux,
de femme renversée, d'attentat aux moeurs, de
blessures, etc.
Une grande influence cléricale aurait arrangé
le tout pour éviter des poursuites.
Ces faits sont-ils la connaissance de la
Justice
Sera-t-il dit que les cléricaux pourront tout se
permettre impunément
L'impunité rend hardi
Mardi 6 Novembre, 8 heures du soir, confé
rence, avec projections la lumière oxyhydri
que, par Monsieur Emile Waxweiler, Ingénieur,
LE PROG
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00.
Idem. Pour le restant du pays7-00.
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames: la ligne, fr. 0-25
Insertions Judiciaires la ligne, un franc.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrés Pour
le restant de la Belgique et de l'Etranger 1'Agence Rossel, 44, rue de la Madeleine,
h 2, rue de l'Enseignement, Bruxelles.
Vlooivangers alors sainte milice actuelle
ment.
M. le Baron. Nous venons, M. le Doyen,
vous présenter nos respects et solliciter, pour les
futures campagnes électorales, tout le concours
du clergé sous votre direction.
M. le Doyen. Ce concours vous sera accordé,
mes féaux serviteurs.
Les candidats en chœur. Oui, oui, M. le
Doyen nous nous soumettrons.
M. le Doyen. Autres temps, autres résolu
tions et, partant, autres actes.
Les candidats en chœur. Cela va de soi, M. le
Doyen.
M. le Doyen. Comme politique générale, il
faudra que tout et tous marchent selon le bon
plaisir de nos Evêques, reconnus infaillibles
dans toutes leurs décisions et, par suite, indis
cutables dans leurs ordres quels qu'ils soient.
Les candidats en chœur. Nous marcherons
ainsi, M. le Doyen.
M. le Doyen. Comme politique locale, il faut
absolument que toutes les écoles, dites officielles,
de la ville disparaissent. Ce ne sera guère diffi
cile. En dépit de certaines promesses, vous ferez
le vide partout, et puis nous comblerons ce vide,
remplaçant les établissements laïques par des
écoles confessionnelles plus ou moins déguisées.
Les candidats en chœur. C'est cela c'est
cela M. le Doyen. Déjà nous avons commencé.
M. le Doyen. Au résumé, pour qu'il n'y ait
pas de malentendu de votre part ni de mécomp
te chez nous, voici la situation très-nette et
très précise vous serez des pantins liés par des
fils dont les bouts seront aux mains de l'Episco-
pat. Vous danserez, comme on dit, au comman
dement des ficelles.
Les candidats en chœur. Nous danserons ainsi,
M. le Doyen.
M. le Doyen (doucereux). C'est humiliant,
je le confesse, et il me peine vraiment de de
voir vous tenir ce langage. Mais l'intérêt du
clergé, je veux dire de la religion, est en jeu, et
cet intérêt doit tout primer. Vous avez bien
compris, n'est ce pas, Messieurs
Les candidats en chœur. Oui, oui C'est bien
compris et bien entendu, M. le Doyen