École militaire. Théâtre d'Ypres. Où nous allons L'espionnage universel. était vide, (1) il hasarda de dire que le procédé lui avait remis en mémoire le vieux dicton sui vant lequel, quand la misère sort par la porte a l'honnêteté entre par la fenêtre, a Sans perdre une seconde. M. le Bourgmestre, toujours l'affût d'un trait ou d'une pointe, fit malicieusement comprendre au cher collègue, parmi les rires des autres, que le vieil adage disait juste le contraire. Puis, repêchant cha ritablement le malheureux interpellateur, Mon sieur le Premier entreprit l'exposé de toute l'affaire. Cet exposé, il le fit d'une très-claire et très- intéressante façon,ce qui n'empêcha MM. Struye et Iweins de s'endormir durant son discours. Mais ce qu'il y eut de plus drôle, c'est que, .entraîné par l'exemple, M. Boone finit par faire comme ceux-ci. Que n'avait-il commencé par là Nous sommes heureux d'apprendre que M. Deschaclit, Arthur, ancien élève de notre Collège communal supprimé, vient de passer la 2^ année d'études avec le n° 25 sur 41 admissions. Nous lui souhaitons une brillante carrière. La troupe de Gand, sous la direction de M. Fontanelle, que nous connaissons depuis 4 ans et qui jouit chez nous d'une excellente réputa tion, donnera ce soir, sur notre scène, une re présentation extraordinaire avec le concours de Mm» Wilson, lr sujet du Théâtre du Gymnase. Le spectacle sera composé de Nos Intimes, Comédie en 4 actes par Victorien Sardou, l'im mense succès du Vaudeville de Paris. La représentation aura lieu 8 heures très précises du soir. Prix des places Réservées, 2 fr. secondes, 1 fr. troisièmes, 0-5Q c. 11 n'y a plus se faire d'illusions ce sujet, et le cléricalisme, que les hasards électoraux et l'affolement conservateur ont investi de la toute puissance, démasque nettement ses batteries. Sous couleur de mettre l'enseignement libre sur le même pied que l'enseignement public, c'est la destruction de ce dernier qu'il entend poursuivre et réaliser bref délai. Les journaux cléricaux ne s'en cachent pas, oubliant le temps où ils accumulaient tartines sur tartines pour s'en défendre. Etre maître de l'enseignement, s'écrient-ils, c'est tenir (avenir entre ses mains. Que nos amis le comprennent. Il leur faut donc, pour les cléricaux, le mono pole de renseignement et le gouvernement a pour devoir de constituer et de garantir ce mo nopole. C'est clair et net. Les cléricaux appellent cela résoudre la ques tion scolaire. C'est comme si, pour résoudre la question militaire, on proposait la suppression de l'ar mée. Hélas 1 oui, quand la concurrence des cou vents, stimulée par les subsides du gouverne- ment, aura eu raison, dans les neuf dixièmes de nos communes, du peu d'instruction publi que que les représailles de 1884 y ont laisse subsister, la question scolaire sera résolue. Résolue par le triomphe de l'ignorance. Résolue par luniversel déchaînement du fanatisme aveugle et des déprimantes super stitions. Résolue par le définitif enterrement de la liberté de conscience. Qu'on aille voir quel degré d'abaissement et d'ilotisme intellectuel le clergé et les cou vents ont réduit les populations dans les pays où on les a laissés s'accaparer de l'instruction du peuple. Qu on se souvienne de ce qu'étaient la Cala- bre, la Sicile, la Napolitaine et les Etals du Pape, avant la régénération Italienne, de ce qu'était l Espagne il y a dix ans, de ce que sont encore les petites republiques cléricales de l'Amérique du sud. C'est donc là qu'on veut conduire la Belgique. Et la suppression des milles écoles commu nales et des deux mille écoles d'adultes em portées dans la tourmente réactionnaire qui sévit depuis dix ans ne suffit pas. Le prétexte de cette nouvelle levée de bou cliers, de celte mise au pillage du trésor pu blic, de cette dotation des couvents avec l'argent des contribuables Il est tout simple ment renversant. L'égalité de toutes les écoles, quelles qu'elles soient, officielles ou privées, neutres ou sectai res, nationales ou anti-nationales, devant le budget de l'Etat est une de ces herésies consti tutionnelles dont on sétonne vraiment qu'elles puissent prendre racine dans un cerveau bien équilibré. Et l'intrinsèque absurdité de celte thèse est telle que, au lendemain du triomphe de 1884, MM. Woeste et Jacobs eux-mêmes étaient con traints de la désavouer. Qu'on n'oublie pas leur opposition lamendement Melot, réclamant l'admission de toutes les écoles aux subsides scolaires. L'Etat, obligé par la loi fondamentale d'or ganiser un enseignement public complet, salis- fait ce devoir en ouvrant des écoles accessibles tous, où régnent avec le respect de la science, la tolérance religieuse et l'esprit de paix et d'union entre tous les membres de la famille nationale. Et s'il plaît après cela des ennemis de la science libre de créer des écoles d'ignorantins, aux ennemis de la liberté de conscience d'atti ser les querelles religieuses, aux ennemis de nos libertés publiques de recruter des armées pour la réaction, qu'ils le fassent, mais leurs frais et sous leur responsabilité devant le pays et devant la postérité Voilà la these libérale, celle des hommes de 1830, celle du bon sens I Hélas, il y a longtemps que le bon sens a chez nous perdu ses droits La Chambre se transforme de plus en plus et a même une forte tendance remplacer dans certaines questions l'ancienne discipline des partis par l'initiative des groupes. Ces groupes deviennent de plus en plus nom breux nous comptons en ce moment le groupe démocratique chrétien, présidé par M. Helle- putte, le groupe protectionniste, ayant M. Car- tuyvels sa tête, le groupe des députés de Bruxelles, le groupe socialiste, le groupe libé ral, en attendant le groupe flamingant et le groupe antimilitariste. Jusqu'ici, il n'est pas encore question du groupe de la représentation proportionnelle, et cependant cesl celui qui rendrait le plus de services au pays en assurant au ministère une majorité capable d'avoir raison des droitiers fanatiques hostiles cette réforme. Le maintien du régime majoritaire est dé sormais impossible il repose sur le principe le plus injuste qui soit, dont lenormité a ap paru tous au lendemain du 14 Octobre. Le parti libéral tout entier, victime de ce système représentatif, devrait s'attacher faire triom pher le plus tôt possible le régime minoritaire. Ne devrait-il pas être l'article principal de son programme, puisqu il lui rendrait au Par lement la place qui revient aux libéraux sui vant leurs forces électorales C'est pourquoi ils ont tout intérêt voir se constituer le groupe de la R. P. au sein de la Chambre, intérêt que les cléricaux devraient partager en songeant l'avenir et aux surprises électorales possibles en presence d'un parti remuant, actif, comme l est le parti socialiste. Qu'ils prennent garde d'avoir quelque jour un terrible réveil et qu'ils se montrent pru dents, prévoyants et sages en acceptant une réforme qui s'impose tous. Joli régime en vérité, que celui que nos maîtres ont intrônisë dans toutes les sphères de l'administration I Peut-être la contagion générale n'avait-elle pas encore suffisamment atteint et pénétré notre organisation judiciaire, s'il faut en juger par certaine circulaire confidentielle adressée par le grand ministre Beernaert aux vérificateurs et inspecteurs de l'enregistrement du consente ment de son collègue Le Jeune. Aux termes de celte circulaire, qui date du 24 Février 1892, et qui fait partie des instruc tions secrètes des fonctionnaires de l'enregis trement, ceux-ci auront désormais pour mis sion, non pas seulement d'aller vérifier dans les greffes de nos tribunaux si toutes les prescrip tions fiscales y sont soigneusement observées, mais encore si les greffiers, greffiers-adjoints et commis y travaillent avec zèle et ponctualité. Et qu'on veuille remarquer qu'il ne s'agit pas là d'une investiture publique et officielle, d'une surveillance loyale quoique irrégulière et con traire l'autonomie des divers services publics. Non, c'est dans des rapports secrets, sans aucun avertissement aux fonctionnaires dénoncés, sans que seulement ceux-ci puissent savoir si et de quoi on les accuse, que les agents de l'ad ministration des finances consigneront leurs observations sur le service des greffes. Les greffiers de nos cours et tribunaux occu pent, dans la hiérarchieadministrative, un rang bien supérieur celui d'un vérificateur de l'en registrement de troisième classe. Et cependant (1) Bone Deus de la part d'un clérical (N. de la R.) Dans l'armcc, les corps d'officiers sont espion née par les aumôniers aux chemins de fer, postes et télégraphes, fonctionnent le cabinet noir et la téléphonie secrète dans le monde de l'enseignement, on en est arrivé ne plus pou voir serrer sans arrière-pensée la main d'un col lègue. Partout la délation est organisée, encou ragée, recommandée.

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Le Progrès (1841-1914) | 1894 | | pagina 2