Chronique locale. Le ballottage d'Alost. Théâtre d'Ypres. FÊTE de GYMNASTIQUE A Ypres. Le marché des amoureux A deux heures, le président ouvre la séance. Et tout ça pour l'abbé Daens Hélas le résul tat de l'élection n'étant pas encore parvenu au greffe, le tombeur de Van Wambeke ne paraîtra pas aujourd'hui. Toutefois, le prêtre honoré de la haine de Woeste, et sur la robe de qui ont déjà craché pas mal de droitiers cacochymes et scrofuleux, est venu, avant la séance, choisir sa place l'ex trême droite, sous la tribune des journalistes, entre un cancrelat de Gand et une punaise de sacristie malinoise. Entourage embêtant. Son Excellence Vert de Gris n'assiste pas non plus la séance, et la place du pachydermi- que Van Wambeke est occupée définitivement par un autre mammifère. Chaque son tour, bourgmestre -non- Ce sont donc MM. Daens et Woeste qui ont triomphé au scrutin de ballottage d'Alost. (1) Ce résultat, assez inattendu en ce qui concer ne le premier, n'est, en somme, pas fait pour nous déplaire. Un prêtre démocrate, vraiment chrétien, ce qu'on assure, hissé la Chambre, est chose assez nouvelle. Mais ce qu'il y a de plus nouveau, c'est que ce prêtre y est arrivé en dépit de toutes les fraudes, de toutes les pressions et de tous les efforts combinés de ses frères en Jésus-Christ, évêque en tête, conjurés pour son échec et même pour sa perte. (2) M. Woeste participe son succès et émerge avec lui de l'urne, mais nous n'y voyons aucun mal. A un moment où tant de tristes nullités ont réussi, grâce l'argent et aux manœuvres d'ha biles meneurs, ci en soutane, là en blouse, se jucher sur un fauteuil parlementaire, abaissant la Chambre, jadis composée en majeure partie d'hommes de talent, au rang d'une pétaudière où les médiocrités forment le nombre, un mo ment semblable, disons-nous, il n'est pas mau vais qu'une intelligence supérieure, un esprit de haute culture, une bouche éloquente revienne prendre rang parmi nos législateurs. Et c'est précisément, peut-être, parce que le Biège de M. Frère-Orban est usurpé par un Wet- tinck, qu'il ne faut pas que celui de M. Woeste soit occupé par un Henritje, qui serait beaucoup mieux sa place sur un perchoir de perroquet. Ce sera, croyons-nous, l'avis de beaucoup de personnes, quelles que soient d'ailleurs leurs opinions. C'est le nôtre en tout cas. Et néanmoins, de cette formidable lutte qui a déchiré l'arrondissement d'Alost, surgissent de tristes réflexions. Si les cléricaux ont osé recourir tant de dé loyales, honteuses et coupables manœuvres pour combattre un prêtre, que ne doivent-ils oser et se permettre quand il s'agit de triompher de compétiteurs libéraux En dépit de tous les démentis, l'évidence et la certitude sont désormais qu'ils doivent tout oser et tout se permettre, si indignes que soient les moyens, si odieuses et si méprisables que soient les machinations. Nous les avons vus ainsi l'œuvre ici, comme on les avait vus Renaix. Alost a achevé, pour tout le pays, la démon stration do cette audacieuse et invétérée habi tude de fraude. Partout les mêmes tricheurs hardis men teurs éhontés impudents triomphateurs tour bes au point d'accuser encore, par surcroît et pour comble, leurs adversaires joués et vaincus de leurs propres turpitudes. Tels sont les cléricaux, pour le plus grand nombre du moins. Comme nous l'avions annoncé, dans notre der nier numéro, la troupe de la Comédie Française du Théâtre de Gand, sous la direction de M. Fontenelle, donnera ce soir, sur notre scène, sa seconde représentation composée de Les Surprises du Divorce Comédie en 3 actes d'Alexandre Bisson, l'im mense succès du Théâtre du vaudeville, Le Baiser, Comédie en un acte, du théâtre Français, par Théodore de Banville, et VILLE D'YPRES. SOCIÉTÉ DE GYMNASTIQUE D'ARMES les Infatigables. 6 1/2 heures du soir, dans la Salle des Fêtes Café de la Bourse, rue Carton19, MM. Edouard LEES, de Lille, le plus fort athlète amateur, et Constant ZEURINCK, de Lille, profes seur de gymnastique, champion de France en 1889 aux concours des Tuile ries Paris, PREMIÈRE PARTIE. 1° Le Collier de Perles, ouverture pour sym phonie. 2° Mouvements d'assouplissement, par les Gym nastes. 3° Le Jour et la Nuit, par M11® Z. Devers. 4° Travail artistique aux appareils, par M. C. Zeurinck. 5° Exercices de force et d'adresse, par M. Ed. Lees. 6° Escrime, par,lps Gymnastes. DEUXIÈME PARTIE. 1° Air varié pour clarinette, par M. J. Jolyt, avec accompagnement de symphonie. 2° Mouvements d'ensemble de la 20® Fête de Lyon. 3° Fantaisie pour piston, par M. L. Tancré. 4° Exercices de force et d'adresse, par M. Ed. Lees. a 5° Travail artistique aux appareils, par M. C. Zeurinck. 6° Chansonnette comique, par MEmDeweerdt. Le Secrétaire, Le Vice-Président, aa- M. Colaert, qui est un homme pieux, a jugé bon d'envoyer le3 sapeurs-pompiers de cette ville, en corps, une messe de Sainte- Barbe. A quoi bon cette messe lui demanda quel qu'un. Et quoi rime-t-elle Et M. Colaert reprit sévèrement Vous ne connaissez donc point l'expression proverbiale, une Barbe de sapeur En ne fêtant point sainte Barbe, nos sapeurs- pompiers eussent manqué de galanterie envers leur bonne amie. Mais une messe Eh bien Le plus joli cadeau qu'on puisse ofiFrir une femme, c'est une messe. Mon con fesseur me l'a affirmé. Chronique A AKLON. AArlon, la Saint-Nicolas donne lieu chaque année une foire très originale, qui se tient le premier jeudi de Décembre et qui n'a pas sa pa reille dans le pays. Paysans et paysannes emplissent, depuis le matin, très-tôt, les rues de la ville. On a remisé, dès l'arrivée, dans des écuries louées ad hoc ou sur la place, côté l'un de l'autre, les étranges véhicules, les carrioles primitives qui ont amené hommes et bêtes, côte côte souvent, puis on s'est mis circuler. On a le marché faire, et surtout la conquête d'un mari. Car le Marché de la Saint-Nicolas est, suivant vieille et originale coutume du pays, consacré spécialement aux amoureux. Les paysannes ont mis pour la circonstance tout ce qu'elles ont de plus joli les chaînes d'or luisentau cou, les bracelets jettent des éclairsaux poignets, les chapeaux arborent les plumes, les aigrettes les plus tapageuses c'est qu'il s'agit d'aguicher l'amoureux, de pincer le futur mari.. Et rien d'amusant comme de voir ces ac- cortes et robustes filles de la campagne, souvent jolies, presque toujours éclatantes de santé, tou tes roses faire la roue, et rire, et montrer leurs dents blanches, des dents qui mordent même les grosses tartines, rien d'amusant comme de les voir au milieu des jeunes gars, frétiller et permettre pour le bon motif quelques menues familiarités De son côté, la jeunesse des villages s'est mise sur son trente-et-un. Le chapeau posé sur l'oreil le les cheveux, grassement huilés, couvrant le front la Capoul débarbouillés et luisants de propreté, ils se pavanent et paradent avec impor tance dans leurs habits de dimanche. Quand ils ont jeté leur dévolu sur telle de leurs connaissan ces qui a su plaire, on s'en va dans les cafés bourrés ce jour-là pour débattre les condi tions du mariage. Il y a toujours avec eux un Heilichmanun curieux type encore, qui joue un rôle tout particulier. C'est une espèce d'agent matrimonial. Personnage typique, rusé comme un paysan normand, se faufilant dans toutes les familles et chose étonnante jouissant gé néralement de la confiance de tous. Cet individu connaît toutes les occupations, toutes ies situations de fortune, tous les partis sortables. Il ménage les entrevues, conduit les négociations. Si celles-ci aboutissent un mari age, il touche tant pour cent sur la dot et on lui fait cadeau d'un chapeau (cylindre) et d'une pai re de bottes. Pendant les négociations, il vit aux crochets des deux familles, boit, mange, loge tantôt chez l'un tantôt chez l'autre, et c'est naturellement le premier invité la noce. Vous le voyez, cet aimable personnage, glisser adroitement entre les couples, débiter de bons mots qui rompent la glace, poussant ses clients au café, ou souvent les affaires s'arrangent... Quand on s'est entendu, on s'achète un Saint- Nicolas le jeune homme paye des oranges, des sucreries, etc. la jeune fille offre son gars une pipe, une blague tabac ou autre chose. Et aux étalages des magasins, devant les boutiques eu (1) Qui jamais aurait cru que M. Van Wambeke verrait, i la fin de sa carrière, se réaliser son détriment ce pro verbe que, grâce un nouveau tour, il a su rendre légen daire Mais que veut-on La loi est inéluctable chaque son tour en ce bas monde. (N. de la R.) (2) Ah Monseigneur Slillemans quel démenti votre pacifique nom (N. de la R.) LE CHŒUR DES FÉES chanté par Mme Carling et les dames. On commencera 7 1/2 heures très précises. GRANDE E T i ffWfV offerte MM. les Membres Protecteurs Honoraires, LE DlllAlVCIlE 16 DÉCEMBRE 1894, AVEC LE BIENVEILLANT CONCOURS DE et de quelques amateurs. apothéose. 3 t OLàa Pour le Comité François HOFLACK. Maurice WECKESSER.

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Le Progrès (1841-1914) | 1894 | | pagina 2