Chronique locale. Les experts en écriture. Nécrologie. Archéologie. A la suite du banquet offert M. Buis par les conseillers communaux, le bruit de la retraite immédiate du bourgmestre a couru. C'est qu'on avait mal interprété ses paroles. Son intention est de rester son poste jus qu'aux élections communales prochaines et alors seulement de prendre sa retraite. Bref, il ne se représentera plus devant le corps élec toral. désireux de reprendre ses études sur l'art. 11 a en ces dernières années accumulé les notes et les documents, et la liberté lui étant rendue, il donnera une suite l'esthétique des villes et ses premières plaquettes concernant des questions artistiques. On s'est beaucoup amusé au Gymnase, dans la pièce de M. Berr ae Turique, d'une charge très réussie d'expert en écritures. Et pourtant, si vous consultez, dans l'An nuaire du Palais, la liste des experts agréés par le tribunal de la Seine, vous y lirez des noms qui ne sont pas ceux des premiers venus l'archi- viste-paléographe Charavay, un ancien inspec teur a'academie, M. Belhomme, un expert delà Banque de France, M. Gobert. Mais quels services rendent-ils Sur quels Joints leur témoignage est-il appelé se pro- uire De quelle manière opèrent-ils Il y a une multitude de causes où l'interven tion de ces experts est utile. Les procès pour faux testaments sont imiombrables. Un avoué très connu nous citait une affaire fort curieuse dont il s'occupe en ce moment Une vieille femme, me dit-il, avait déposé chez le notaire un testament d'abord, puis un codicille qui ré formait en partie le testament. Elle y voyait déjà fort mal en ce temps-là elle devint aveugle peu après. Deux ans se passent, elle meurt on lait 1 inventaire et on trouve dans ses papiers deux nouveaux testaments qui infirment les pre miers. J'examinai attentivement ces deux pièces; elles se reportaient par la date une époque où la vieille était déjà incapable d'écrire; elles reproduisaient néanmoins, assez exactement, le caractère général de l'écriture authentique. Les parents déshérités portent plainte, et le tribunal décide, sur ma demande, qu'il y a lieu une expertise graphique. L'expert abonde dans mon sens mais il voit entre les deux faux testaments des dissemblances qui lui paraissent singulières il se procure l'écriture des époux incriminés, la compare aux pièces arguées de faux, et Bon rapport, qui passera devant la cour firochainement, établit 1° D'après l'écriture de a morte trois époques différentes, qu'elle a formé certaines lettres, successivement, de trois manières différentes, et que, ces trois formes de lettres se trouvant simultanément reproduites dans les deux pièces suspectes, les deux pièces sont fausses 2° par comparaison avec l'écriture des époux X..., que le premier testament faux est de la main du mari, le second de la main de la femme Passons un autre genre d'affaires, le faux en écritures commerciales, la fausse signature sur un reçu, sur un effet de commerce, etc. Un commerçant meurt subitement sa femme trouve vendre le fonds un individu qui lui offre, en payements échelonnés, vingt mule fr. Elle accepte le premier payement, de cinq mille Irancs, s effectue au jour dit: la seconde échéance, l'homme refuse J'ai tout payé déclare-t-il, et il montre un reçu qui lui donne une décharge totale. Procès, nomination d'ex perts, expertise. L'expert examine l'écriture la loupe, au soleil levant, sa fenêtre Tiens tiens se dit-il, c'est très drôle voilà des lettres qui mi roitent et d'autres qui ne miroitent pas Il fait photographier le reçu. Qu'arrive-t-il Dans le corps du reçu, les pleins seuls reparaissent dans les mots pour solde les déliés reparaissent comme les pleins. A quoi cette singularité tenait- elle Le reçu était écrit l'encre violette il avait été libelé par la fille du commerçant qui se ser vait de son encre elle, une encre écolière, végétale le faussaire, après avoir effacé les mots compte sur avait été obligé de laver dans l'eau distillée son papier, pour enlever la teinte jaunâtre du chlore. Dans ce lavage, l'écriture du reçu avait été altérée pour qu'on ne pût le remarquer, notre homme avait repassé l'écri ture, mais seulement daus les pleins par mal heur, il s'était servi pour écrire sa surcharge d'une encre violette de commerce, minérale celle-là, ot qui brillait au soleil la photographie avait accentué cette différence, insaisissable l'œil nu la fraude était patente et le faussaire fut condamné, comme de juste. Autre exemple il n'est pas rare, dans le petit commerce, que des individus, après avoir souscrit un billet, nient leur signature ils décla rent tranquillement que la pièce est l'œuvre d'un faussaire, et, comme ils ont eu soin de dé guiser leur écriture en signant, ils parviennent souvent se tirer des griffes de la justice. C'est là que l'habileté de^i'-expert apparaît il se pro cure différents corps d'écriture, date différen tes, du signataire supposé après cela, il les compare avec la signature, il examine surtout le coup de plume, l'indice le plus caractéristique peut-être de la personnalité, celui qui se révélera, malgré vous, dans l'écriture la plus déguisée. Après un tel examen, l'expert est BÛr de son fait il y a eu déguisement, et non faux. Les erreurs sur ce point, si délicat qu'il paraisse, sont extraordinairement peu nombreuses, eu égard au chiffre des causes, très élevé. Il y en a cependant et ce qui prouve la supériorité et aussi l'honnêteté de nos experts d'à présent, c'est qu'ils le reconnaissent les premiers. L'un des plus perspicaces, dernièrement, me décla rait, et je l'en estime d'autant plus. L'expert en écritures qui se déclare infail lible ne peut être qu'un charlatan... ou un sot. -)r(o)r(- Nominations. Nous apprenons avee plaisir que M. VAN ELSLANDE, Abthub, ancien élève de notre Collège communal supprimé, fils du sympathique Directeur de la Philharmonie de Poperinghe, vient d'être nommé sous-lieutenant d'infanterie. Nous adressons au jeune officier nos plus sin cères félicitations et nous lui Bouhaitons une brillante carrière. Par arrêté royal du 27 Décembre 1894, M. Degive, sous-lieutenant payeur, l'Ecole d'E- quitation de cette ville, est nommé lieutenant payeur. M. Louis, souB-lieutenant au 2e bataillon du 3" de ligne, en garnison en cette ville, est nommé lieutenant. M. Jacquemin, sous-lieu tenant de gendarmerie commandant la lieutenance d'Ypres, est nommé lieutenant. Lundi, 22 c4, est décédé Schaerbeek, l'âge de 72 ans, M. Edouard Fiers, le statuaire bien connu. M. Fiers était un enfant d'Ypres et des plus méritants. Dès sa plus tendre jeunesse, il manifesta Bon goût et ses aptitudes pour un art où il devait briller dans la suite. Après avoir suivi ici les cours de l'Académie et remporté, d'année en année, les premières pal mes, il entra l'Académie de Bruxelles, où il fut Lauréat en 1842. De là il passa par les ate liers de Simonis et de Geefs. Son apprentissage achevé, il prit quasi de suite rang dans le monde des artistes, continua travailler sans relâche, participa une foule d'expositions, remporta des succès partout et fut bientôt classé parmi les bons maîtres de la sculpture en Belgique. Que d'oeuvres charmantes naquirent sous son habile ciseau Ce serait une longue étude que de les passer toutes en revue. Citons seulement l'Amour la coquille, l'Esclave, le Satyre et l'enfant, le Premier amour et la Marguerite, ces deux dernières, créations d'une grâce exqui se, devenues la propriété de la ville d'Ypres, se trouvant, l'une, au Musée et l'autre dans la Salle du Trône de notre Hôtel de Ville. (1) Les distinctions suivirent les succès Fiers fut nommé membre d'honneur des Académies Roya les de Rotterdam et d'Amsterdam créé Cheva lier de l'Ordre de Léopold et Commandeur de celui de Danebrog du Danemarck. Sa dernière œuvre, on le sait, œuvre de pieuse gratitude l'égard d'un homme qui fut son pro tecteur dans les rudes débuts et demeura tou jours son ami, orne le square de notre église de S' Martin. C'est la belle statue en marbre blanc de notre éminent concitoyen Alphonse Vanden- peereboom. Fiers était, parmi les artistes du Nord, un de ceux, plus rares qu'on ne le pense, qui savent eux-mêmes tailler et pétrir le marbre. En saluant ici la mémoire de ce vaillant tra vailleur disparu et en déposant, sur sa tombe, le funèbre tribut de nos profonds regrets, nous présentons sa famille, légitimement fière de lui, nos plus vifs compliments de condoléance. M. le Bourgmestre de la ville d'Yprès recevra le j our de l'An, de ÎO 1/3 heures midi. La famille Halet qui a habité longtemps Ypres, est fixée Bruxelles. La principale place du pays de la Peellande est Helmontpetite ville déjà bâtie en (220. Il existait autrefois Mons une famille noble de ce nom on trouve aussi René Potier, duc de Tresmes, mort en 1670, enterré dans la chapelle de Gèvres Paris. Son fils Louis Potier, marquis de Gèvres, tué en 1643 au siège de Thionville. (Temps). Alet est situé sur la rivière d'Aude au-dessus de Limous, et, son diocèse est borné du côté du midi par les petites pyrénées. C'est la seconde ville du Razez elle doit son origine une ab baye de l'ordre de Saint-Benoît, appelée alecta ou electa déjà célèbre au 11e siècle. Thionvilleville du Luxembourg, en latin Thcodonis-villaporte le nom de son fondateur Theodon. Rubbrechtnom de famille, dérivé du nom de baptême flamand Robrecht, en français Robert. Bruxellesautrefois Bruehsellesa pris ce nom d'un marais où il avait été fondé. Ce mot dérive de Bruoh, écrit aujourd'hui Bruchsignifiant marais. Peellande (La) a pris ce nom d'un grand marais de Peel dont elle est proche. Pottier, Potierdans le langage familier d'Os- tende (Portier), nom patronymique emprunté l'industrie et assez répandu dans la Flandre oc cidentale. Fiacre (Saint). La maison des Fiacres était située dans la rue Saint-Martin Paris et avait pour enseigne une image de Saint-Fiacre. En 1637 elle était occupée par Jacques Sauvage lequel avait alors l'entreprise des coches pu blics il imagina de faire taire pour la ville des carrosses auxquels on donna le nom de Fia cres cause de l'enseigne de cette maison. Ils ont conservé jusqu'à ce jour ce nom bizarre, qui a même passé aux cochers qui les conduisentet il n'y a pas d'apparence qu'il soit jamais changé. (1) Un des rêves du sympathique artiste était de réunir ici, dans une salle de musée, les reproductions de ses principales œuvres... Cela est peut-être encore réalisable. (N. de la H.) Il existe une famille Peele, Pele.

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Le Progrès (1841-1914) | 1894 | | pagina 2