JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. La guerre horrible. Honnêteté politique. Pestalozzi, Noces d'or. \o 5. Dimanche, 56e ANNÉE. 12 Janvier 1896 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUOl ET LE DIMANCHE. On traite forfait. On a lu dernièrement la description des ma chines infernales qu'Edison tient en réserve jour le cas où une guerre éclaterait entre les ïtats-Unis et l'Angleterre. Cette description a ait frémir bien des gens elle nous a réjoui. Jlus on inventera de moyens de destruction rapides et décisifs, plus on rapprochera le jour où les hommes comprendront qu'il est horrible de s'entretuer. C'est avec une joie sans mélange aussi que nous voyons les puissances plier sous le fardeau de leurs dépenses militaires. Tandis que partout les ministres des finances se grattent la tète nous nous frottons les mains. Plus le minotaure se montre exigeant dévo rant les budgets tour tour, en jetant, insatia ble, des regards avides sur ce qui reste aux nations pour subsister, plus nous sentons croître nos sympathies pour cet animal 'providentiel. Nous avons envie de le caresser, de lui passer la main sur le dos, de le flatter délicatement, de baiser ses bonnes grosses griffes et nous lui disons avec âme: Mange, mon vieux, ne te gène pas, mangetout quand il ne restera plus rien, les hommes seront bien forcés de s'aimer. Car il faudra en arriver là. Tous les jours on augmente les effectifs, on parle de lever des ar mées de deux ou trois millions d hommes qu'il faudra armer, équiper, ravitailler, et, pour comble de malheur, non, de bonheur les progrès de la Balistique ne cessent d'exiger de nouveaux sacrifices. Dès qu'une invention se fait jour, les gouvernements sont sur le gril. Songer que le moindre perfectionnement ap porte un fusil se chiffre par des sommes fabu leuses. La découverte d'hier est la merci de celle de demain. Qu'il en surgisse une ayant un caractère sensationnel, et c'est la ban queroute, c'est-à-dire le salut car il est en tendu, n'esl-ce-pas que le bien ne peut naître que de l'excès du mal. La guerre du Dahomey et l'expédition tou te récente de Madagascar, nous ont fait con naître les ravages épouvantables que la balle explosible opère dans le corps humain. Les Da- homiens et les Malgaches atteints d une balle Lebel étaient tués net, perforés de part en part, et telle est la puissance de la balle que la bles sure, sa sortie, prenait la forme d'un enton noir béant, où les os et les cartilages broyés apparaissaient dans une bouillie sanglante. 11 est bon qu on sache ces choses-là. Que demain, on invente pis encore, qu'un Edison puisse, en pressant un bouton électrique foudroyer une armée, et l'humanité sera sauvée du fléau de la fuerre. Ce sera, nous n'en doutons pas, l'œuvre u siècle prochain. Nous avons blâmé jadis le truc employé Papignies pour écarter la liste libérale pré sentée en vue des élections communales. Tandis qu'on avait invité les témoins libéraux chargés de présenter la liste s'asseoir dans un local, le président du bureau principal les attendait dans un autre local. Le délai de présentation expiré, il alla trouver les témoins pour leur annoncer qu'il les avait vainement attendus et qu'il était trop lard. Puis le bureau principal proclama les candi dats cléricaux élus sans lutte. La dépulation permanente du Eainaut avait annule cette élection frauduleuse. On assure que le gouvernement vient, au contraire, d'en décider autrement. Il aurait approuvé le «truc» et ordonné la validation des élus cléricaux. Quel bel exemple d'honnêteté politique le maître d'école. Pestalozzi est et estera toujours une des plus belles figures dans l'histoire de la pédago gie. Indubitablement il occupe la première place parmi les réformateurs de l'éducation. lj ne nous appartient pas de mettre ici en pleine lumière la belle et attrayante physiono mie de ce grand instituteur. Le premier principe de sa pédagogie, c'est que l'enfant est bon. Celle innocence innée lui inspirait un tel amour pour l'enfance, qu'il y puisa un dévoue ment héroïque remplir sa mission, malgré ses échecs multiples. Les procédés, que lui et ses nombreux colla borateurs ont imaginés, ont pu être abandon nes, oubliés, condamnes même. Mais les principes de sa méthode sont im mortels ils sont devenus la base de toute or ganisation pédagogique et le progrès de l'édu cation populaire est en raison directe de l'intelligence et du dévouement que l'on met les bien faire connaître et les appliquer. Ces principes théoriques, nous pouvons les résumer comme suit a) Connaître l'enfant c'est dans la nature même de l'homme qu'il faut chercher les lois de sa culture. b) Les facultés doivent se développer harmo nieusement, c'est-à-dire toutes la fois les lois naturelles l'exigent. c) L'observation, l'intuition des choses est le principe de toute éducation. d) Tout doit être lié dans l'éducation les connaissances nouvelles doivent reposer sur les notions déjà acquises. e) L'école n'est réellement utile l'éducation qu'autant qu'elle développe les sentiments et les vertus qui sont la fois le charme et le bienfait de la vie de famille. L'excellente idée d'introduire le travail ma nuel dans renseignement primaire afin de sa tisfaire le besoin d'activité de l enfant et de le préparer gagner sa vie tout en l'instruisant et en le moralisant appartient Pestalozzi. Ces idées eurent une influence enorme sur l'organisation actuelle de l'enseignement et c'est juste litre que la Suisse et l'Allemagne entière s'apprêtent honorer la mémoire du grand homme [occasion du 150e anniver saire de sa naissance. Pestalozzi naquit en effet Zurich le 11 Janvier 1746. Partout chez nos voisins des manifestations enthousiastes se préparent. Certains journaux affirment que le gouverne ment congolais aurait reçu la confirmation de la mort de M. le lieutenant Liebrechts et de M. De Vadder. L'Etoile dit que le fait est absolument inexact. M. Vercamer, inspecteur honoraire de l'ensei gnement primaire, et Mme Vercamer viennent de célébrer leurs noces d'Or, au Caire. Nous sommes heureux de reproduire l'article suivant du Progrès du Caire, au sujet de la fête donnée en l'honneur de nos concitoyens. M. E. Vercamer, récemment élu conseiller la Cour d'Appel mixte, a donné le 31 Décembre, Ghezireh Palace Hôtel, une fête charmante l'occasion des noces d'or de ses parents, venus en Egypte pour les célébrer. Après un dîner au- Suel prirent part les magistrats du tribunal du aire, leurs familles, et quelques amis intimes venus du dehors, la réception commença. Mal gré le nombre des invitations restreint en raison des locaux disponibles, leur tardivité, et la coïn cidence de la fête avec un grand nombre de ré veillons dès longtemps fixés, plus de cent per sonnes vinrent se joindre celles déjà réunies, et parmi elles l'élite de la société cairote. Un concert avait été organisé par les principaux ar tistes belges de l'Opéra Khédivial, et a brillam ment réussi. M. Massart était très en voix, et malgré le caractère intime de la réunion, a ab solument enlevé les bravos dans les Stances de Flégier, de Martlia et une charmante romance intitulée Vous feriez pleurer le Bon Dieun Madame Drabbe Beauvais a fort bien chanté la valse de Roméo et Juliette, un air des Noces de Jeannette et un air de Philémon et Baucis. M. Deveaux a eu du succès dans une mélodie de Soubre (encore un Belge l'Etoile des Mages et une vieille romance. Les invités ont pu en suite entendre de l'inédit. Mme Massart, femme de l'éminent artiste, bien que n'étant pas du théâtre, a fait preuve de talent dans Cherchez de Tagliafico et le Vase brisé. La Boirée s'est pro longée jusqu'à 1 heure et demie, et chacun s'est retiré en souhaitant des noces de diamant au couple vénérable qui, entouré d'unj masse de corbeilles et de bouquets, semblait tout ému de la sympathique admiration dont le sa luaient les amis de leur fils unique. En somme, belle soirée et heureux souvenirs pour les ju bilaires et pour le nouveau conseiller. Un avocat poète, M. P., a fait une application LE PROGRÈS TIRES ACUDIR1T ECNDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIUNS Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Procrés Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRÈS, Ypres, le 11 Janvier 1896. -» rS2}~

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Le Progrès (1841-1914) | 1896 | | pagina 1