Chronique locale. \jos 14.| 5. Dimanche, 56e ANNÉE. 25 Février 1896. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. La loi électorale provinciale. A reculons. Procès électoral. Epilogue des élections d'Alost. Nos finances communales. Glanage. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. On traite forfait. Ypbes, le 22 Février 1896. On annonce que les élections provinciales seront retardées jusqu'au mois de Juillet, et des confrères déclarent que, d'ici là, on annoncera un second retard. Ce retard n a d autre but que de faire voter une loi provinciale encore plus restrictive du droit de suffrage pour tous que celle qui existe. En effet, on ne peut pas supposer que le gou vernement réactionnaire que nous possédons songe élargir le droit de suffrage aux élec tions provinciales, adopter par exemple l'âge de 25 ans au lieu de 30. S'il avait ces intentions, il n'hésiterait pas le dire, pour se concilier les faveurs des élec teurs de 25 30 ans qui participeront aux élections législatives du mois de Juillet. Mais s'il garde un mutisme absolu, c'est qu'il veut encore restreindre le droit de suffrage aux élections provinciales Le régime électoral provincial est une mar que bien caractérisée de défiance envers le corps électoral législatif. Si môme la loi provinciale devait rester ce qu'elle est, les élections des membres de la Chambre auront pour signification que cette loi doit être abolie. Mais elle ne restera pas ce qu'elle est. On ne comprendrait pas un ministère qui tarderait ainsi rendre une loi définitive et qui, au der nier moment, proposerait de maintenir la loi existante. Cette conduite s'expliquerait par la crainte du corps électoral législatif, qui est plus étendu que le corps électoral provincial Le gouvernement manigance une nouvelle loi provinciale, une loi qui mettra de nouvelles entraves l'exercice du droit de suffrage, une loi qui accordera de nouveaux privilèges cer tains électeurs en majorité favorables au parti clérical. Si la loi devait être votée avant les élections la Chambre, elle ne serait pas assez réaction naire au gre du gouvernement Le parti clérical veut diminuer le droit de suffrage, il veut en même temps augmenter les privilèges de ceux qui sont favorables sa po litique. il veut, pour les élections provinciales, quelque chose dans le genre de la loi électorale communale, ou quelque chose de plus clérical encore. On discute au Parlement Allemand un nou veau projet de Code civil. Tous les députés catholiques ont annoncé quils voteraient contre ce projet, parce qu'il maintient le mariage civil et le divorce. Tous les députés socialistes ont déclaré qu'ils le repousseraient également, parce qu'il consa cre le principe du droit de propriété et de la li berté individuelle. On espère que, malgré ces deux oppositions, le projet passera. Il existe encore au Reistag, en dehors des cléricaux et des socialistes, une majorité suffisante pour assurer le vote de cette grande réforme. Ce qui se passe en Allemagne nous dit assez ce qui se passerait en Belgique, l'heure ac tuelle, si celte réforme était proposée. Nous avons la Chambre 105 députés catho liques, qui tous voteraient comme un seul homme contre le divorce. Nous avons 29 ou 30 socialistes, qui repous seraient non moins énergiquemenl le principe du droit de propriété. Il en résulte que, dans une Chambre belge composée de 152 membres, le Code civil de 1804 serait aujourd'hui rejeté par 134 voix con tre 18. On voit que nous avons fait du chemin... rebours depuis le commencement du siècle. Jeudi s'est déroulé devant le tribunal de Ter- monde le fameux procès électoral intenté par les dix-neuf élus cléricaux d'Alost, contre MM. Van (Jodenbo8ch, E. Meert, C. Vincent et Corneille Van Brantegeui, candidats libéraux. Le tribunal est présidé par M. Blomme, M. Vander Hofstadt, substitut, occupe le siège du ministère public. A la barre, Mes Béthune et Van Wambeke pour les demandeurs, Galle et Verbrugghen pour les défendeurs. M® Béthune expose avec emportement que l'écrit incriminé est calomniateur pour les dix- neuf élus cléricaux d'Alost. Cet écrit disait: Le triomphe de nos adversaires est dû la fraude, la pression et la corruption. L'orateur soutient que l'écrit désigne claire ment les dix-neuf personnalités et qu'ainsi il est dû réparation. Il se base sur l'arrêt de la Dépu- tation permanente qui a déclaré les élections d'Alost bonnes et valables. Il dit aussi qu'à la Chambre M. Schollaert a flétri la conduite des libéraux el démontré que l'élection d'Alost s'est passée en toute honnêteté. Faisons remarquer qu'il omet les déclarations faites par M. Daens la tribune nationale. M® Galle, défendeur, réfuté avec talent toutes les allégations de son adversaire il soutient que les mots onze tegenstrevers (nos adversaires) ne désigne pas personnellement les 19 élus cléri caux, mais bien le parti tout entier. Le procès, dit-il, avait un double but pour nos adversaires 1° celui de faire taire les vain cus 2° une réclame électorale en vue des élec tions du Dimanche suivant (24 Novembre) pour le Conseil de l'industrie et du travail. Me Galle rappelle les moyens employés par les cléricaux, les gueletons sacrés et les beuveries pieuses, les 35 vieillards de l'hospice civil menés tous au scrutin par un cornac clérical. Durant cette habile plaidoirie, M. Van Wam beke ne faisait qu'interrompre au point que le {irésident s'est vu obligé de le rappeler au si- ence. L'orateur constate qu'aucun fait n'a pu être imputé aux libéraux, tandis que les cléricaux sont sous le coup d'une instruction judiciaire. Me Galle réclame une action reconventionnelle de 4,000 fr., plus des insertions dans plusieurs journaux. Me Van Wambeke soutient son tour que les dix-neuf cléricaux sont suffisamment désignés dans l'écrit incriminé. Si des personnes sont traînées en justice de la suite de l'instruction, dit-il, qu'est-ce que cela nous fait nous nous Qu'est-ce que cela fait aux élus du 17 (Rires.) M® Eugène Verbrugghen rappelle un récent arrêt de la Cour d'appel de Bruxelles portant qu'il ne peut subsister aucun doute sur les per sonnes désignées pour que condamnation soit possible. Le ministère public donnera son avis l'au dience du 29 Février courant. L'affaire contre Pierre Daens, pour les mêmes faits, a également été plaidée par M® Béthune Sour les demandeurs et M® De Pelsmaeker pour 1. Pierre Daens. Plus exigeant vis-à-vis de M. Daens qu'à l'égard des libéraux, M Béthune réclame une indemnité de 10,000 francs, plus insertions -n:(o)r(- C'est ce soir que nos aigles se réunissent pour discuter le budget communal de 1896. M. Surmont a déjà distribué les rôles pour cette comédie qui sera jouée en un ou plusieurs actes. Nos démocrates-chrétiens (genre Bouquet et Vanderghote) n'auront qu'à bien se tenir. Nous ne voulons résister l'envie de repro duire la jolie fable qui suit, qu'on dirait em pruntée au bonhomme La Fontaine. Et dire que l'auteur n'a pas signé cette déli cate et ingénieuse composition, d'une tournure si gracieusement humoristique Nos décadents, dont la prose et les vers sont tout au plus bons rejoindre le Sonnet d'Oronte, n'ont pas cette modestie. Mais trêve de critique superflue Voici LE PROGR vires ac'^uirit ecndo. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces: la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour II» rëJfanl de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRÈS, 3k 3jc

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Le Progrès (1841-1914) | 1896 | | pagina 1