21. Dimanche, 56e ANNÉE. Mars 1896 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Patente et droit de licence. Nos ministres A Furnes. Vive l'alcoolisme! 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. On traite forfait. S'il n'avait dépendu que de M. de Smet de Naeyer, la nouvelle loi sur le régime fiscal du tabac aurait ete plus dure encore, plus vexa- loire pour les fabricants, négociants, détail lants. Ainsi, M. de Smet de Maeyer voulait main tenir le droit de licence dont il frappait tous ceux qui s'occupent du commerce, de la fabri cation ou du débit des tabacs. Mais toute la gauche et des membres de la droite allant voter contre le maintien de la pa tente, M. de Smet de Naeyer a consenti, après bien des manières, se rallier lamendemenl qui supprimait la patente pour ceux qui se raient soumis au droit de licence. Ce n'est pas de suite que M. de Smet de Naeyer a consenti cette suppression et les hésitations qu'il y a mises prouvent que ce n'est qu'à contre cœur qu'il l'a fait. Mais le ministre pourra rc.^a :ner par le droit de licence ce qu'il aura perdu par la suppres sion de la patente. Malgré la suppression de la patente, les fa bricants, négociants et détaillants payeront autant que s'ils étaient soumis un droit de patente et un droit de licence. Le ministre a, en effet, une grande latitude dans la fixation du taux du droit de licence. Ce taux n'a pas été fixé. On a fixé un maximum et un minimum entre lesquels il y a de la marge. Or, il faut se rappeler que M. de Smet de Naeyer a dit tout d'abord qu'il fallait faire pro duire davantage au droit d'accise. Dans la dis cussion, il s'est plaint que la nouvelle législation ne rapporterait pas plus que l'ancienne, alors que des membres lui disaient qu'elle rapporte rait davantage. Le but de M. de Smet de Naeyer est donc d'avoir une recette au moins égale celle qu'il touchait auparavant. Ce qu'il perdra du côté de la suppression de la patente, il cherchera le gagner du côte du droit de licence. Le droit de licence sera fixé en conséquence. D'ailleurs, M. de Sme". de Naeyer a déclaré que la recette ne pouvait pas être moindre. Ce seront les fabricants, négociants et détaillants qui payeront ce qui était perçu auparavant par la culture. Il faudra de plus fortes recettes, même sans que le bénéfice de l'Etat augmente, car le mi nistre a déclaré qu'il faudrait une plus grande surveillance par ceux qui y sont soumis au moyen du droit de licence. On ne discutera pas cette année la Cham bre la question du fractionnement des arron dissements. MM Woeste et Ligy, qui avaient soumis un projet au ministre de 1 intérieur, et le ministre de l'intérieur lui-même qui faisait étudier un projet par ses fonctionnaires, sont d'accord pour ajourner l'examen de cette ré forme. La bataille est donc remise l'an prochain. D'ici là, les partisans du découpage auront s'entendre pour faire triompher leurs idees, car, s ils continuent comme aujourd'hui réclamer les uns, le scrutin uninominal, les autres, le binominal, les troisièmes, la division des ar rondissements nommant plus de dix députés, les quatrièmes, encore autre chose, ils seront battus en gros et en détail. Et ce serait dommage, car ils sont les plus nombreux, comme vient de le démontrer la récente campagne de presse qui a trouve de multiples adhésions dans tous les partis. Qu'une solution impartiale et juste soit pré sentée la session prochaine et l'opinion pu blique lappuiera. Cest lavis qui domine dans nos cercles politiques, mais, dans ce cas, M. Woeste devra modifier son caractère et M. Ligy aussi. Ce passage d'un article du Bien public con tient une appréciation peu flatteuse pour les grands hommes d'Etal qui conduisent en ce moment les travaux de la Chambre. Les propres amis du gouvernement commencent s'inquié ter de la triste tournure que prennent les débats parlementaires Nous ne méconnaissons point, coup sûr, l'importance relalive de ces débats, ni les égards dûs aux intérêts de divers ordres qui peuvent s'y rattacher. Mais nous croyons, d'au tre part, ne pas exceder les bornes de la vérité, en atïirmant que grâce des mobiles de diverse nature et surtout sous prétexte d'opposition politique et de réclame électorale, ces dis cussions ont pris une ampleur et des dévelop pements que certainement elles ne compor taient pas. Beaucoup des points fastidieuse- ment débattus en séance publique eussent pu être discutés, éclaircis, résolus, la satisfaction générale, soit dans des entrevues spéciales avec le ministre compétent, soit, tout au moins, dans les délibérations intimes des sections. Ni les intérêts généraux du pays, ni les intérêts privés, particulièrement en cause, ne s'en fus sent plus mal trouvés. Est-ce qu'il serait indiscret de demander également l'opinion du Bien public sur le mai- den speech du nouveau ministre des affaires étrangères, le baron de Favereau, que la timi dité sans doute a empéché de répondre M. Lorand. Grandes et petites annulations d'élections... libérales notre dépulation permanente aime, sur ce point, l'abondance et la variété. Mais ses arrêts ne portent pas toujours bon heur au parti clérical. Vinchem, de liste libérale a Les élections de Vinchem, près de Furnes, avaient été également annulées comme dans beaucoup d'autres villages de notre province, les libéraux l'avaient emporté le 17 Novembre dernier, malgré la pression scandaleuse des grands propriétaires locaux. On a procédé, Dimanche, nouvelles élections toute la passé une forte majorité. Ce qui donne ce résultat une certaine im- Îiortance et en fait presque un événement dans a contrée, cest que les propriétaires précités avaient été jusqu'à menacer certains électeurs dont les maisons sont bâties sur leurs terres, de faire démolir ces maisons si les libéraux l'em portaient. Il est regrettable pour ces Messieurs que la Dépulation permanente ne puisse casser une seconde fois les élections, car les voilà acculés au dilemne ou d'execuier leur menace témé raire, ou de passer pour des gens sans caractère et sans parole. Ils se résoudront probablement cette der nière alternative. M. Lejeune vient de prononcer au Sénat un brillant et mordant réquisitoire contre le projet de loi sur les alcools. Ce discours a rendu 1res nerveux le chef du cabinet, qui bondissait chaque coup qui atteignait son œuvre et la mettait en poussière. Si l'on pouvait espérer entraîner encore et convaincre nos législateurs avec des discours, celui qu'a fait M. Lejeune devrait assurer le rejet du projet de loi, car il a été non seulement éloquent, mais sincère, sérieusement docu menté et probant. Mais il n'y a aucune illusion se faire la majorité votera la loi, si détesta ble qu'elle soit, parce qu'on la regarde comme devant être favorable aux campagnes et qu'on a absolument besoin des campagnes, droite, pour être réélu. Cette considération-là prime toutes les au tres. Qu'importe que tout le pays se couvre de petites distilleries agrcoles, que la consomma tion du genièvre augmente encore et qu'à cette augmentation de la consommation vienne s'ajouter le nouveau danger d'une distillation imparfaite Le principal, l'unique but ne doit- il pas être de conserver le pouvoir, quitte ne régner que sur un peuple d'alcooliques et de dégénérés Le corps électoral provincial restera définiti vement composé, s'il faut en croire l'opinion qui a cours dans les couloirs de la Chambre, tel qu'il le fut provisoirement aux dernières élec tions c'est dire du corps électoral sénatorial. On appliquerait la représentation proportion nelle aux cas de ballottage. LE PROGR tires acgdirit euh do. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-2o. Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRÈS, Ypres, le 14 Mars 1896. -EC SU} 3

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