35. Dimanche,
56e ANNÉE
3 Mai 1896.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Rectification.
Les crises ministérielles
en France.
La Ligue libérale.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
Une déplorable erreur de mise en page nous a
fait publier hier, dans le numéro de la Lutte-de
Strijd, la suite d'un article paru sous le titre
Afoeder Justitiala relation d'un jugement rendu
par le Tribunal d'Ypres charge d'un nommé
Emile Debaere.
Les lecteurs de la Lutte se seront aperçus que
l'article eu question ne pouvait avoir aucun
rapport avec le jugement du Tribunal d'Ypres
qui a sagement agi en donnant une nouvelle le
çon aux stoksiagers du 17 Novembre dernier.
Nous tenons faire la présente rectification,
qui sera reproduite dans le prochain numéro de
la Lutte-de Strijd, pour qu'il ne puisse y avoir de
méprise.
La relation de l'affaire Debaere avait paru
dans notre dernier numéro, elle avait été traduite
pour la Lutte-de Strijd et devait être insérée la
troisième page de ce journal sous la même ru
brique Chronique judiciaire
Ypres, le 2 Mai 1896.
L'avènemenl d'un ministère radical en Fran
ce vaut ce pays une nouvelle ère de difficul
tés Le cabinet Bourgeois est parvenu pro
duire cette crise aiguë qui était depuis long
temps dans le rêve des partis avancés et que
jadis le cabinet Floquet avait été impuissant
faire naître. Le socialisme doit être satisfait
du résultat obtenu. Il se croit sans doute la
veille d'une transformation complète des insti
tutions de la France et il doit se préparer re
cueillir le bénéfice d'un nouvel ordre de choses.
Les manifestations tumultueuses qui ont eu lieu
la suite du meeting au Tivoli Waux-Hall,
sont l'indice de l'état des esprits et peut-être
le prélude d'evénements plus graves qu'on ne
le suppose. Comme nous le constatons dans
nombre de pays, c'est le radicalisme qui ache
mine le peuple vers les solutions révolution
naires, sous le voile d une certaine modération
et c'est le socialisme qui met la dernière main
une œuvre aussi bien ébauchée. Quand les
radicaux commencent s'apercevoir que leurs
alliés veulent les entraîner trop loin, ils s'effor
cent de dégager la lourde responsabilité quils
ont encourue. D'ailleurs, il est rare que leurs
espérances se réalisent. C'est la réaction qui
triomphe presque toujours après une longue
période de troubles et de luttes stériles. Nous
en savons quelque chose en Belgique
En attendant, on remarqneque tousles efforts
des socialistes et des radicaux français consis
tent brouiller les cartes. Bien que le ministère
Bourgeois n'ait pas osé résister au Sénat en dé
fendant ses vues jusqu'au bout ce que ses
amis lui ont reproche amèrement il s orga-
nise une opposition énorme contre tout gou
vernement qui ne se déclarerait pas favorable
aux reformes que le cabinet démissionnaire
na pas ete même de faire prévaloir. Aussi
est-il douteux que le ministère Meline conserve
longtemps le pouvoir, s'il ne veut pas s'inféoder
entièrement aux adversaires de la République
ce qui n'est pas probable de la part d hommes
politiques dont les sentiments républicains sont
connus.
Quoi qu'il en soit, les radicaux et les socia
listes représentent le cljoix de M. Félix Faure
comme un coup d Etat L exercice régulier et
normal du pouvoir présidentiel se trouve ainsi
livré (aveugle hostilité des foules. L'avene-
ment du cabinet Méline est même assimilé un
Seize-Mai I C'est croire que les politiciens
français ne se souviennent plus des faits qui se
sont passes dans leur pays il y a moins de dix
ans. La situation creée par M. MacMahon était
encore autrement grave que celle dont nous
sommes les spectateurs. A oette epoque, le
parti clérical s était réellement emparé du pou
voir, de complicité avec le Président de la Ré
publique et au mépris de la volonté nationale.
Bien que les élections eussent tourné en faveur
de l'idée républicaine, un cabinet nettement
légitimiste fut imposé au pays. La Chambre des
députés déclara alors une majôrité imposante
que le ministère de Broglie n'avait pas sa con
fiance. La dissolution fut prononcée. Les élec
tions furent de nouveau favorables la cause de
la République et M. Mac Mahon fut contraint
de céder.
Quel rapport ces événements présentent-ils
avec ceux qui se déroulent aujourd hui L'ave
nir de la République est assuré. Aucun préten
dant ne jouit dassez de prestige pour changer
la forme du gouvernement. De plus, les radi
caux sont loin d êlreconvaincusque la Chambre
des députés soit acquise la revision. Tout en
soutenant le ministère Bourgeois n'a-l-elle pas
émis un vote tout fait platonique au sujet de
l'impôt sur le revenu et ne peut on pas tenir
pour certain qu'elle aurait repoussé un projet
nettement formulé
Ce n'est donc pas dans de semblables condi
tions que l'on est en droit de prétendre que la
politique du nouveau ministère est en opposi
tion avec le vœu du pays. Mais il est craindre
qu'en le faisant croire la populace, les partis
révolutionnaires n'exposent la Franceaux aven
tures les plus périlleuses. A moins cependant
que le Sénat ne se décide abdiquer...
La situation électorale seprécise dans l'arron
dissement de Bruxelles.
'I rois listes seront en présence le Dimanche
5 Juillet la liste cléricale, la liste des progres
sistes et modères unis, la liste de la Maison du
Peuple et de la Fédération démocratique.
Les cléricaux paraissaient disposés repré
senter en bloc leurs 18 députés sortants, mais
les démocrates chrétiens ne 1 entendent pas de
cette façon ils exigent un poil auquel devront
se soumettre les infortunés Mousset, Colfs,
Lauters et Le Sergeant-DHendecourt. Leurs
sièges étant avidement désires par de jeunes
avocats, espoir de la démocratie chrétienne,
cette consultation pourrait bien offrir des
surprises.
Quant aux indépendants et aux cléricaux
purs de la conservatrice, ils sont certains d'être
représentés, leur médiocrité leur garantissant
de serieuses sympathies chez leurs amis.
La liste des libéraux-unis ne lardera pas
être dressée. Appuyee par la Ligue libérale, les
associations libérales de Molenbeek, Sainl-
Josse-len-Noode, Laeken, Sehaerbeek, Vil—
vorde, Uccle, liai, les cercles libéraux dlxelles
et de Saint- Gilles, elle mettra en avant les noms
des principaux bourgmestres de l'aggloméra
tion, d'un môme nombre de progressistes et de
modérés.
Une réunion préparatoire qui doit avoir lieu
la Ligue permettra de hâter la confection de
cette liste, qui sera probablement soutenue par
la presse bruxelloise, une seule exception
près.
Quant la liste des socialistes et de la Fédé
ration démocratique, elle ne tardera pas non
plus être élaborée. Elle se composera de neuf
membres du parti ouvrier et de neuf membres
des associations fédérées. La défendront les
associations libérales dlxelles, Saint-Gilles,
Anderlecht, Bruxelles, Forest et le Cercle pro
gressiste de Sehaerbeek.
Telles seront composées les armées en pré
sence.
Cette situation est évidemment favorable
aux cléricaux, mais elle aura cela de bon d'éta
blir la force réelle des trois grands partis dans
l'arrondissement de Bruxelles.
En ce moment, socialistes et cléricaux parlent
avec un souverain dédain de farinée libérale.
Nous saurons le 5 Juillet si ce dédain était de
mise, ets'd ne reste plus que 25,000 progres
sistes et modérés, comme ils le soutiennent,
au sein de l'agglomération.
Attendons-nous un revirement progresso-
libéral accentué.
Nous lisons dans la Liberté
Plusieurs cercles libéraux et progressistes de
l'agglomération bruxelloise se sont adressés la
Ligue libérale pour l'engager donner suite
la déclaration de principes votée par son Con
seil général dans sa seance du 27 Mars dernier
et rechercher les moyens de former, en vue
des élections législatives, une liste de candidats
appartenant aux différentes nuances du libéra
lisme, mais unis pour combattre la fois le clé
ricalisme et le socialisme collectiviste.
Encouragé par ces démarches, confiant dans
l'appui de la presse libérale et conscient des de
voirs que les circonstances lui imposent, leCo-
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