S0 56. Jeudi,
56e ANNÉE.
7 Mai 1896
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Les règlements d'atelier.
Le chemin de fer du Congo.
France.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
La Chambre des représentants discute en ce
moment, fort longuement et travers de mul
tiples et divergentes appréciations, un projet de
loi sur les règlemenlsd atelier qui aété volé hier.
Ce projet, comme toutes les lois ouvrières,
ne vaudra que par l'application qui lui sera
donnée.
Dans cette délicate matière, la théorie et la
législation servent de peu c'est la pratique qui
est tout.
Il convient donc, pour le moment, de sus
pendre toute appréciation.
Nombre de patrons, appartenant d'impor
tantes industries, protestent contre la législa
tion nouvelle et déclarent qu'il est impossible
de se conformer ses exigences.
Ces protestations méritent d'être mûrement
examinées il ne s'agit pas de les repousser dé
daigneusement, ainsi qu'on semble vouloir le
faire, en se contentant pour tonte raison de dire
qu'elles émanent de doctrinaires. C'est un mot,
cela, et il est temps qu'on ne se paie plus de
mots.
Au lieu de les éconduire par une tin de non-
recevoir, il faut qu'on rassure ces industriels au
sujet des limites que le Gouvernement entend
assigner ses idées interventionnistes.
L'intervention de la loi dans les rapports en
tre patrons et ouvriers est chose grosse de com
plication et de dangers.
On commence par des mesures anodines,
puis on les étend, on les multiplie, et on finit
par se trouver pris dans un vaste réseau de
prohibitions et de vexations de toute espèce.
L'intervention peut amenerdcsrésultats satis
faisants, mais la condition qu'on ne la prodi
gue pas et qu'elle ne s'exerce que dans le do
maine des choses nécessaires. S'a..' it-il de répa
rer une injustice flagrante, de reprimer un
abus, d'empêcher une exploitation coupable,
l'intervention s'impose. Mais s'agit-il, au con
traire, de créer une sorte de privilège, de met
tre certaines classes de citoyens en dehors et
au-dessus du droit commun, l'intervention esl
une chose funeste.
lin ce moment, quantité de bons esprits pro
clament qu'il faut venir en aide la classe ou
vrière. lit, mus parcelle pensée, ils se lancent
dans les voies d un protectionnisme d'un genre
spécial, d'un protectionnisme l'intérieur plus
dangereux peut-être que celui que l'on exerce
aux frontières. Sachons-nous garder de cet
excès.
Justice pour tous, voilà l'idéal rapprochons-
nous en le plus possible, en évitant soigneuse
ment la vexation et l'arbitraire.
naax»>y
Les journaux ont annoncé qu'il y aurait
quatre listes en presence Bruxelles le Diman
che 5 Juillet, jour des élections législatives
les libéraux unis, les radico-socialistes, les
cléricaux et les commerçants.
Ils oubliaient les flamands, ou plutôt les
flamingants.
Ceux-ci sont décidés, et décidés fermement,
présenter une liste comme en 1894, en dépit
du nombre dérisoire de voix qu ils ont obte
nues alors.
Ils espèrent être plus heureux la prochaine
consultation. S'ils ont dix voix de plus, nous
irons le dire... Hiel I
Les heureux Bruxellois pourront donc choisir
aux élections dix-huit députés entre quatre-
vingt-dix candidats, joie particulière qui ne
sera pas donnée aux autres Belges.
On a vu que Mi Georges Lorand lui-même
critiquait le programme de l'alliance radico-
socialisle tout... en la défendant. Il n'est pas
le seul. La plupart des anciens amis de MM.
Janson et Fèron, qui s'étaient plu les suivre
en toutes circonstances, annoncent aujourd'hui
qu'ils se séparent de leurs anciennes leaders,
n'acceptant ni l'exclusion des modérés, ni la
platform dans son intransigeance.
Aussi le nombre des radicaux qui soutien
dront la liste de la Maison du Peuple sera-t-il
assez restreint. Tous les membres des associa
tions d lxelles et de Saint-Gilles n'ont pas la
moindre envie de subir les candidats qu'on leur
présentera, et beaucoup parmi les progressistes
les plus dévoués voteront pour la liste libérale.
Celle-ci d'ailleurs sera composée dans l'esprit
!e plus large et réflètera toutes les nuances du
parti.
Plusieurs progressistes de l'agglomération
ont accepté d'y figurer, la liberté la plus com
plété étant laissée aux candidats au point de
vue du programme, en dehors des principes
fondamentaux du libéralisme.
Pour participer au ballottage, les libéraux
unis devraient obtenir de cinquante-cinq
soixante mille voix.
Pourquoi ne parviendraient-ils pas les re
cueillir
En 1894, la liste bleue, Association et Ligue
unies, n'a-l-clle pas eu 60,000 sufl'rages 11 est
vrai que la défection de l'Association va faire
monter le chiffre des socialistes, mais combien
de flottants viendront aux libéraux"; séduits par
leur attitude
En dépit des vantardises socialistes et des
railleries cléricales, les libéraux progressistes
et modérés, vont commencer la lutte avec l'es
poir de figurer la seconde rencontre du bal
lottage, ce qui pourra être considéré comme
un succès. Quant la victoire finale, elle dé
pendra de Messieurs les socialistes.
Le rapport fait par M. Helleputle au nom de
la section centrale chargée d'examiner la con
vention intervenir entre l'Etat belge et la C"
du chemin de fer du Congo a paru la semaine
dernière. C'est un véritable volume de 112 pa
ges, dont voici les conclusions
1° Le chemin de fer du Congo est indispen
sable la mise en valeur de ce pays
2° L'Etat belge a un intérêt considérable
ce que le chemin de fer soit exécute
3° Au point de vue de la construction et de
l'exploitation, la section centrale croit pouvoir
admettre les conclusions du rapport de la com
mission technique d'après lequel la partie exé
cutée de ce chemin de fer se trouve dans des
conditions satisfaisantes
4° Tout fait prévoir que les recettes couvri
ront largement les frais d'exploitation et que
l'excédent pourra suffire servir les intérêts
des obligations émettre et rémunérer les
capitaux engagés par les actionnaires
5° Le coût de la partie construire du kilo
mètre 173 au kilomètre 400 ne paraît pas de
voir dépasser 30,000,000 de francs.
6° Le délai d'exécution ne dépassera pas
quatre années et demie
7° La participation de l'Etat belge, telle
qu'elle est définie dans la convention (acte ad
ditionnel) du 10 Avril 1896, permettra d'ache
ver la ligne jusqu Tumba (kil. 187), et mettra
la Compagnie môme d'emprunter les capitaux
nécessaires l'achèvement du chemin de fer
8° Cette participation est la dernière qu'il
y aura lieu de solliciter de la Législature.
Par quatre voix contre deux et une absten
tion, la section centrale a voté la convention
du 27 Mars 1896, modifiée par l'acte addition
nel du 10 Avril 1896.
Les membres de la minorité déclarent
réserver leur appréciation sur les considérations
dévéloppées dans le rapport et ne point s'y
rallier. Ils maintiennent sur le projet lui-même
leur vote négatif.
lôleetions municipales.
295 résultats sur 350 autres résultats des élec
tions municipales sont connus. 152 chefs-lieux
donnent une majorité républicaine, 37 donnent
une majorité radicale; 11 chefs-lieux donnent
une majorité radicale-socialiste 1 chef-lien
donne une majorité aux ralliés 10 chefs-lieux
donnent une majorité la droite.
Dans les autres chefs-lieux les ballottages
doivent avoir heu et ne permettent pas encore
de distinguer la majorité. Les républicains ga
gnent 4 chefs-lieux. Dans les petites localités de
l'Aude, des bagarres ont eu heu. Les urnes ont
été enlevées et brisées.
A lioubaix les socialistes ont été élus avec une
grande majorité.
A la suite du projet des socialistes d'aller crier
victoire autour de l'Elysée des mesures d'ordre
exceptionnelles avaient été prises dans la soirée.
Toutes les rues aboutissant l'Elysée avaient été
gardées par la troupe. Aucun incident ne s'est
produit.
LE PROGR
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Ypres, le 6 Mai 1896.