Chronique locale.
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Le 5 Juillet.
Une loi provisoire.
Le libéralisme.
L'arrêté
de M. le Bourgmestre.
\o 47. Dimanche,
56e ANNÉE.
14 Juin 1896
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE*
On traite forfait.
■i
Le 5 Juillet, le corps électoral sera, dans la
moitié du pays, appelé pour la première fois
se prononcer sur les actes de la Chambre belge
depuis que le libéralisme en est exclu. 11 aura
juger la politique du gouvernement clérical
et celle de la minorité socialiste, et dire, après
la triste expérience d'un Parlement impuissant
et sans dignité, s'il ne convient pas de resti
tuer dans la vie politique de la nation un rang
et une influence un parti dont l'action glo-
rieusedans le passé est aujourd'hui plus que
jamais nécessaire.
Que faut-il espérer de cette consultation du
suffrage universel Il serait puéril de se payer
d'illusions. Le libéralisme n'entame point la
lutte dans des conditions qui lui permettent de
ressaisir le pouvoir. Disloque et désorienté par
l'abdication lamentable des chefs progressistes
devant le parti révolutionnaire, il n'a pas, dans
sa marche au combat cette allure décidée et cet
enthousiasme qui sont les précurseurs des vic
toires décisives.
Mais le temps qui lui reste avant l'heure de
la bataille, s'il sait bien remployer, lui suffira
pour rallier les indécis, reformer ses bataillons
et préparer par des succès partiels les prochai
nes revanches qui lui sont assurées s'il reste
fidele ses principes et s'il garde intact, sans
souillure et sans compromission, le drapeau
dont la défense lui est confiée.
Il faut pour cela que chacun se melle
(œuvre immédiatement, Bruxelles surtout,
où l'enjeu de la luitea une particulière impor
tance. Cessons de parler de ralliement au bal
lottage et faisons le ralliement au premier
tour ralliement de toutes les forces, de toutes
les volontés, de toutes les énergies patrioti
ques, pour le triomphe des libéraux unis contre
la coalition des cléricaux et des socialistes chré
tiens, et contre celle des collectivistes et des
déserteurs radicaux.
Ces déserteurs sont désertés. On l'a pu voir au
dernier Congrès qui n'a été qu'un ordinaire
meeting électoral et dont les orateurs se sont
moins occupés de justifier leur propre politi
que de faire le procès la presse libérale et
progressiste, dont l'unanimité significative les
inquiète, sans pourtant les éclairer.
A l'œuvre donc et que chacun sache accom
plir son devoir.
La Chambre a adopté pour les élections pro-.
vinciales, qu'elle a fixées au Dimanche 4 Oc
tobre, le même système que celui qui a été
appliqué il y a deux ans aux mêmes élections.
On a adopté cette loi provisoirement, parce
au'on n'osait pas la rendre définitive la veille
es élections la Chambre.
Ce terme provisoire n'est d'ailleurs là que
pour tromper, car qu'est-ce qu'une loi provi
soire côté d'une loi définitive
La loi provisoire ne se distingue de la loi
définitive ou plutôt de la loi tout court qu'en
ceci seulement c'est qu'il y a une disposition
qui ordonne qu'elle sera soumise revision
avant une telle date ou dans un tel délai.
Or, c'est là un terme illusoire. On vient de
le voir. Le gouvernement dépose la toute
dernière limite le projet de prorogation de
cette loi pour empêcher d'y faire des modifica
tions.
Puis de provisoire en provisoire on peut re
nouveler la loi et la faire durer plus longtemps
qu'une loi définitive.
Il y a de ces lois qu'on proroge ainsi d'année
en année et qui durent plus longtemps que
d'autres lois qui ne sont pas provisoires.
On peut modifier une loi qui n est pas provi
soire.
L'expression loi provisoire n'a donc été
employée ici que pour donner le change. Elle
aurait été transformée définitive que
rien n'empôchait les libéraux de la modifier dès
qu ils auraient le pouvoir.
Au point de vue des modifications démocra
tiques qui pourraient être apportées la loi, il
importe peu que la loi soit provisoire ou défi
nitive. Car il est certain que le droit électoral
la province sera étendu dès que le parti libéral
démocratique aura la majorité, peu importe
que la loi soit provisoire ou définitive.
La loi aurait été adoptée définitivement que
cela naurail pas euipéché l'année prochaine les
démocrates, s'ils sont en majorité, de modifier
la loi, C'est donc former cette majorité démo
cratique que les électeurs du 5 Juillet doivent
s'appliquer. Il ne faut pas qu'ils envoient la
Chambre ou au Sénat des réactionnaires.
Mais on a adopté la loi sous le nom de loi
provisoire, parce que les cléricaux auront ainsi
une plus grande facilité pour la modifier dans
un sens réactionnaire, et c'est ce qu'il faut
craindre, comme l'a dit l abbé Daens. Si la loi
avait été définitive, le gouvernement clérical
aurait peut-être été plus gêné dans la suite
pour présenter un nouveau projet, tandis que,
avec une loi provisoire le droit électoral est
remis en question, et l'on peut appliquer aux
élections provinc aies le régime réactionnaire
des élections communales.
Voilà le danger qu'un membre de la droite,
mais un député démocrate chrétien, M. l'abbé
Daens, a signalé au pays.
Au meeting qui a eu lieu la Cour de Bru
xelles, Bruxelles, M. Vandervelde, après avoir
déclaré qu'avec M. Frère-Orban le génie du
libéralisme était descendu dans la tombe, a
ajouté
Est-ce dire que nous méconnaissons son
œuvre historique T II a continué l'œuvre de la
Révolution française, abattu les barrières de
l'octroi, développé l'enseignement en préparant
sa défaite. Le jour où il a ouvert des écoles, il
a creusé sa tombe en donnant naissance au so
cialisme.
Rendons-lui ce suprême hommage.
Liberté économiqueet liberté dépenser, telle
est son œuvre si quelqu'un voulait l'attaquer,
le prolétariat socialiste serait là pour le défen
dre.
Dans ces quelques paroles il y a un hommage
et un aveu, un hommage isole d'un collecti
viste reconnaissant les grands services rendus
par le libéralisme, un aveu d'ingratitude Oui,
c'est le parti libéral qui a donne l'instruction,
le pain intellectuel au peuple et pour reconnaî
tre celte émancipation de la pensée, cet im
mense service rendu, poussé par des bourgeois
rénégals, il veut aujourd'hui la mort de son
bienfaiteur et piétiner sur son cadavre....
Heureusement, les événements qui vont se
précipiter l'éclaireront, et il reviendra celui
qui l'a libéré de l'ignorance et voudrait s'effor
cer de l'arracher la misère par des mesures
sages, respectueuses des droits acquis, capables
non pas d'être supprimées la première tour
mente, mais de perdurer en lui assurant ja
mais un sort heureux.
Notre Maïeur a trouvé bon de défendre les
meetings en plein air durant la période électo
rale. Cest son droit, mais nous ne pouvons
approuver l'usage qu'il en a fait.
Les meetings en vue sont évidemment ceux
tenus, tenir pour mieux dire, par les compa
gnons socialistes d'autres ne sauraient avoir
lieu dans la situation.
Eh bien pourquoi les interdire?
On craint les querelles, les voies de fait, les
rixes
D'où pourraient venir les disputes et les vio
lences si ce n'est des cléricaux
Les libéraux, fidèles leurs principes, laisse
raient dire tout au plus quelques radicaux
pourraient-ils applaudir, et ce ne sont certes
pas les applaudissements qui pourraient pro
voquer des batailles.
Mais il y a les cléricaux qui pourraient
trouver bon de narguer et même de houspiller
les orateurs de la sociale
Oui, sans doute.
Mais M. le Bourgmestre est le chef incontesté
de ce parti, et il aurait suffi qu'il donnât le mot
d'ordre pour que ses amis et subordonnés poli
tiques laissassent les discoureurs parfaite
ment tranquilles.
La nécessité d'assurer l'ordre n'est donc,
tout prendre, qu'un prétexte, et le vrai motif
LE
VIHES ACQDIBIT EONDO.
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Ypres, le 13 Juin 1896.
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