Justice distributive. Promotion. POPE R1N G H E. Le Gouvernement qui sévit depuis tantôt douze ans a défendu un jour aux fonctionnai res de se jeter dans h lutte des partis. La mesure eut été justifiable si elle avait été inspirée par un sentiment de haute impartia lité, cl sous la ferme résolution de rappliquer envers et contre tous. Maison s'est aperçu dès la première heure, dès la première occasion, qu'en parlant des partis, M. le Ministre, inventeur du principe, n'avait eu en vue que les partis différents du sien, les dissidents, libéral, socialiste et même démocrate-chrétien. Pour les cléricaux, il n'y a pas de mêlée qui tienne, et quelle que soit leur position, fonc tionnaires de haute volée ou employés de la plus humble catégorie, c'est demeuré leur droit... que disons-nous? devenu même leur devoir de se jeter, armés de pied en cap et corps perdu, dans les batailles électorales et au milieu de toutes les agitations de la vie po litique. (1) Et pour ne citer qu'un exemple entre mille, il nous revient que certain inspecteur d'ensei gnement, très-versé dans la cuisine électorale, joue présentement, comme marmiton en chef, un rôle des plus actifs pour la réussite du ho chepot Colaert et Cu. Que l'on mette, eD lieu et place de ce mili tant extra-zélé, un fonctionnaire quelconque s'employant soutenir p. ex. la candidature de M. Lefevre, et le coq n'aura pas chanté trois fois avant que la foudre ministérielle s'abatte sur sa tête et le jette hors des rangs. Belle chose que les mesures d'ordre ainsi conçues et appliquées I Par arrêté royal du 26 Juin 1896, M. le capi taine Deleuze, instructeur l'Ecole d'Equita- tion, est promu capitaine en second de Ie classe. Notre excellente Philharmonie, présidée par M. Jules Van Merris, ancien membre de la Chambre des Représentants et dirigée par l'ha bile directeur, M. Eug. Van Elslande, a été, Dimanche 21 Juin dernier, Douai, pour y donner un concert. Nous extrayons de YÉcho Douaisien le compte-rendu de celle belle fête qui laissera chez nos Philharmonistes le plus agréable sou venir IjH j ournée de J >iiuaneh<î ti Douai. LES DÉCORATIONS. Dimanche matin, dès la première heure, les drapeaux français et belges flottaient aux fenê tres de presque toutes les maisons échelonnées sur le parcours que devait suivre l'Harmonie de Poperinghe, attendue par le train de 10 h. 32. Dès dix heures, la place de la Gare est bondée de monde. Sur le quai, la fanfare des Enfants de Gayant s'apprête recevoir la célèbre phalange artistique, qui vient Douai donner un concert la demande du Président de la fanfare. M. Al phonse André CONTRE-TEMPS. Deuxminuiesde retard au traind'Hazebrouck, dit-on, empêche la Société belge d'avoir la cor respondance Lille, de sorte qu'elle n'arrive Douai que par le train 11 h. 50. Cependant la grosse cloche du beffroi, Joyeuselance dans les (1) Il nous revient que, dans les campagnes, plusieurs gardes-champêtres, chargés de remet tre domicile les billets de convocation, influ encent autant qu'ils le peuvent les petits élec teurs pour les empêcher de voter en faveur de M Lefevre. C'est vraiment odieux (N. de la R.) airs ses notes graves, tandis que le carillon joue la Brabançonne. L'heure de retard imposée passe relativement vite. RÉCEPTION A LA GARE. Quand la musique de PoperiDghe arrive, la foule se presse de toutes parts encore plus com pacte. Le train s'arrête en gare midi 05. Des applaudissements nombreux et nourris accueil lent les artistes étrangers la fanfare des Enfants de Gayant les reçoit aux sons de la brabançonne. M. Alphonse André, Président accompagné de MM. Ernest Coûtant, Duquesne, Collier Secré taire général de la mairie, représentant l'admi nistration municipale M. Drion, Président de la société des fêtes de bienfaisance M. Eugène Cocheteux, Président de la société de gymnasti que l'Honneur, souhaite la bienvenue MM. Van Merris, Président, D'Hondt, Vice-Président, Van Elslande, chef de musique, et offre une superbe gerbe de fleurs en pyramide, sortant des serres de M. Lecq, horticulteur. LE CORTÈGE. Le cortège se met en marche dans l'ordre sui vant adultes et pupilles de l'Honneur, Fanfare des Enfants de Gayant, le landau, où prennent place MM. Van Merris, Alphonse André, Eugène Cocheteux, Pierre Collier. Suivent immédiatement MM. D'Hondt et Er nest Courtant, puis viennent le tambour-major, superbe avec sa longue barbe, son air martial, portant haut le bonnet poils surmonté du plu met, commandant du geste une trentaine de tambours et clairons, et enfin Y Harmonie de Po peringhe, ayant sa tête M. Van Elslande. Les deux musiques exécutent des pas redou blés jusqu'à la mairie où les vins d'honneur sont offerts. A peine peut-on suivre le cortège, tant la foule afflue de minute en minute. Du monde partout, sur les trottoirs, aux balcons et aux croisées. Avant de monter dans la grande salle des fêtes de l'Hôtel de Ville, l'Harmonie de Poperinghe exécute, dans la cour d'honneur, la Marseillaise, accueillie par des bravos et d'unanimes applau dissements. La musique de Poperinghe est reçue officielle ment par M. Charles Beriin, maire, entouré de ses deux adjoints, MM. Paul Hanotte et Dumont, le commandant Binet. Louis Foulon, et d'autres conseillers municipaux. M. Charles Bertin se dit heureux de souhaiter la bienvenue, comme maire et comme Français, la musique de Poperinghe qui n'a pas hésité faire un long, diffic le et fatiguant voyage pour donner un concert au profit des pauvres il espère que la quête sera des plus fructueuse. Comme Français, il salue dans la musique les représen tants d'une nation amie comme maire, il les remercie de leur dévouement la classe déshé ritée. M le maire boit la prospérité de la musique de Poperinghe et porte un toast la santé de Leurs Majestés le roi et la reine des Belges. M. D'Hondt, Vice-Président de l'Harmonie et juge de paix, représentant M. Van Merris, Pré sident, qui s'est momentanément trouvé fatigué du voyage, remercie vivement M. le maire de ses sentiments l'égard de la musique et l'é gard de son pays, et termine par le cri de: Vive Douai M. le maire y répond par, celui de Vive la Belgique LE DÉJEUNER. La cérémonie terminée, le cortège se reforme et l'on se rend VHôlel du Grand Cerf, où un suc culent et plantureux déjeuner est servi par M. Cornaille, dans une salle splendidement dressée. AU JARDIN DES PLANTES. A quatre heures, un magnifique concert est donné au Jardin des Plantes. Impossible de pein dre l'enthousiasme de l'innombrable public il est la hauteur du talent des artistes. Entre les deux parties, M. Charles Bertin monte sur l'es trade, et, en offrant aux exécutants un superbe bouquet, remercie de nouveau l'Harmonie de Poperinghe. M. Alphonse André prononce, après M. le maire, l'allocution suivante POUR LES PAUVRES. La quête au profit des pauvres a été faite par Mmes Hanotte, Duquesne et Bouel qu'accompa gnaient les Président, Vice-Président et Commis saire des Enfants de Gayant. LE CONCERT. Par le soleil, par la musique, c'était fê*e Di manche au Jardin des Plantes. Aussi, même avant l'heure du concert, toutes les chaises étaient oc cupées, et nombreuses sont les personnes pour lesquelles l'obtention d'un siège quelconque n'a été qu'un vain espoir. Mais en écoutant la So ciété Philharmonique de Poperinghe, elles ont dû facilement s'en consoler. L'audition de Dimanche a pleinement justifié la réputation de cette phalange artistique. C'est d'abord la Marseillaise et Gayant, chaleureuse ment applaudis, cela va sans dire puis le Cortège de Bacchus, du Ballet de Sylvia. brillamment en levé ie Concerto de Wettge, par dix clarinettes l'unisson, joué avec une maestria superbe la Polka concertante pour deux pistons, où les solistes font preuve d'une virtuosité réelle, et pour ter miner la première partie, la belle Ouverture de Guillaume Tell. Le rendu en a été parfait, mais il nous faut encore mettre part le hauboïste, dont le solo, en toutes parties, a été vigoureusement applaudi. La seconde partie du concert comportait une transcription de Sigurd, où les longues trompet tes, avec leur sonorité spéciale, ont obtenu le succès qui sans doute leur est habituel une charmante valse de Ziehrer, les jolies Viennoises, et un solo pour petite flûte, par le distingué chef de la Société Philharmonique, M. Van Elslande. C'est tout simplement merveilleux de finesse, de légèreté et de brio, aussi non contents d'applau dir outrance, les auditeurs ont-ils bissé, ce quoi M. Van Elslande s'est prêté avec la meil leure bonne grâce. Mais si nous rendons homma ge au soliste, mentionnons aussi, avec les plus vifs éloges, l'accompagnement par la Société Philharmonique. Enfin pour terminer, le poème dramatique Litolfl, Le dernier jour de la Terreur. La légende nous dit tout ce que le compositeur a voulu ren dre comme toujours en pareils cas, il faut que l'imagination de l'auditeur vienne suppléer, toutes choses ne pouvant être rendues en musi que mais ce n'en est pas moins une page super be, d'une exécution extrêmement ardue, mais que la Société Philharmonique joue d'une façoq LES VINS D'HONNEUR. Messieurs, Il me serait agréable de m'adresser chacun de vous pour vous remercier en particulier, au nom des habi tants de la ville de Douai et de la Fanfare des Enfants de Gayant, du plaisir que vous nous avez fait un accep tant avec tant do gracieuseté notre invitation, et aussi pour louer en vous, M. le Président, le dévouement et la générosité sans bornes, générosité qui s'est étendue aujourd liui jusqu'à nous en vous M. le Vice-Prési dent, l'administration intelligente en vous, M. le chef, l'habile direction, et en vous MM. les musiciens, une exécution incomparable et un talent dont la renom mée est si solidement établie. Mais pourquoi, dans l'expression de nos sentiments, faire le départ de vos différentes personnalités Elles forment un ensemble l'harmonie duquel il ne semble point permis de toucher. Vous êtes comme l'emblème vivant de votre devise nationale L'Union fait la Force et vous prouvez tous qu'avec l'étroite com munauté de pensees et de but qui est la vôtre, on s'as sure toujours la victoire et l'on marche de continuels triomphes. C'est donc vous tous, messieurs, la célèbre Har monie de Poperinghe, que, du fond du cœur, au nom de la population douaisienne et de la Fanfare des En fants de Gayant, je paye le tribut de notre gratitude la plus vive et que j'offre le plus sincère témoignage de notre satisfaction. Ce n'est là, d'ailleurs, messieurs, qu'un bien faible hommage en comparaison des applaudissements enthou siastes de la foule accourue ici pour vous entendre. Elle gardera précieusement le souvenir do cette brillante phalange artistique laquelle, monsieur le Président et monsieur le Vice-Président, vous prodiguez sans compter votre argent, votre temps, et que vous, mon sieur le directeur, vous conduisez avec une sûreté ma gistrale tant et de si beaux succès. Merci donc, messieurs, merci vous tous. Avant de nous quitter, veuillez, je vous prie, mon sieur le Président, accepter en témoignage de recon naissance ce petit souvenir do votre voyage Douai et permettez-nous d'offrir M. le Vice-Président M. le directeur et vos musiciens une médaille commémo- rative de leur passage au milieu de nous.

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Le Progrès (1841-1914) | 1896 | | pagina 2