t\° 72. Jeudi,
56e ANNÉE.
10 Septembre 1896.
JOURNAL D'APRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
ASSOCIATION LIBÉRALE D'YPRES
Ecoles normales.
Un discours de M. Bara.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
Revision des listes électorales
Le bureau de l'Association libérale lait un
Pressant appel aux électeurs qui, pendant la
ernière période électorale, ont constaté qu'ils
n'étaient pas inscrits sur la liste électorale ou ne
l'étaient pas avec le nombre de votes auxquels
ils ont droit il les engage faire valoir leurs
droits auprès de leurs administrations commu
nales respectives.
Les électeurs qui recevraient de la part d'une
administration communale la notification de la
radiation de leur nom ou de la diminution de
leurs votes sont priés de vouloir s'adresser avec
les pièces justificatives au bureau de l'Associa
tion libérale, rue du Séminaire, les Dimanches
de 11 1 h., et tous les jours de la semaine de 5
7 h. du soir.
Le dernier délai pour réclamer devant l'auto
rité communale expire le 81 Octobre prochain.
Il y a trop de ces écoles criaient les clé
ricaux en 1884. Aussi ne se font-ils pas faute
d'en supprimer. Mais chaque fois que l'Elat
ferme une de ses écoles, il en adopte une ou
deux du clergé. Devinez combien il y en a au
jourd'hui? Linquanle-deux Certaines villes
tn ont trois 11 en est dans les villages ignorés
des Flandres On en trouve dans des hameaux
de l'Ardenne. Mais hélas quelles écoles
Il reste sept écoles normales d'instituteurs
appartenant l Etat 1 N'allez pas croire qu'el
les soient libérales Elles ne sont même plus
neutres Un prêtre est attaché chacune
d'elles et le gouvernement, petit petit, les
remplit de professeurs d'un cléricalisme pro
noncé.
Quant aux écoles normales agréées d'institu
teurs, sauf celle de Bruxelles, inutile de dire
qu'elles sont toutes catholiques et que les futurs
éducateurs de la jeunesse y sont élevés dans la
haine des idées libérales.
Pour les institutrices, la situation est pire
encore. A côté de huit établissements dirigés
par lEtat, il en est vingt-six (plus du triple)
qui sont des écoles agréées I L'une d'elles ne
forme que des institutrices religieuses, c'est-à-
dire des nonnettes une autre a comme direc
trice pardon comme directeur un
chanoine
Bref, si au commencement de ce siècle tous
les professeurs portaient encore pendant les
classes une sorte de robe, dans les années du
siècle prochain, nous ne désespérons pas de
les voir tous en froc ou en soutane. L'histoire
se répète 1 Ainsi va le progrès 1
Mais au moins sont-ils instruits, sont-ils ca
pables, les instituteurs et les institutrices sortis
de toutes les écoles? C'est ici qu'il faut admirer
le machiavélisme du gouvernement.
uon commence
tatif 1 Ce détail
e texte du pro-
Le programme des études est le même pour
toutes les écoles, officielles agréées, vous dira
le ministère. Parfait. Mais quel programme
Le cours de géométrie plane, q
dès la 6' des athénées, est facu
ne suffit-il pas Et d'ailleurs
gramme est peu de chose ce qui importe,
c'est l'interprétation, c'est le développement
donner aux matières qui y figurent. Or, quel
est pour le gouvernement le plus sûr moyen de
s'assurer si renseignement a été donne d'une
façon sérieuse? C'est de constituer pour procé
der l'examen de sortie un jury composé de
professeurs d'élite choisis en très grande majo
rité en dehors de l'établissement. C'était la
règle sous le ministère libéral. Aujourd'hui le
jury d examen de sortie se compose des profes
seurs de l'ecole, auxquels on adjoint un délégué
du gouvernement, dôrdinaire inspecteur prin
cipal, clérical lui-même et dans tous les cas
bien pénétré du danger qu'il y aurait pour lui
se montrer sévère dans les ecoles du clergé.
Qu'en résuite-t-il Aux écoles normales de
l'Etat qui ont soutenir leur réputation et qui
forment des instituteurs destinés surtout aux
villes libérales, renseignement reste sérieux.
Mais dans les autres, on ne délivre guère que*
des diplômes sans valeur.
Voilà donc la situation plus le ministère
supprime d'écoles, plus il forme de maîtres
pourv enseigner plus il y a de jeunes insti
tuteurs ei de jeunes institutrices, moins il y en
a des capables plus le peuple acquiert de
droits et par suite de devoirs, moins le mi
nistère se soucie de l'instruire plus la fonction
de instituteur devient importante, moins elle
est considérée
L'ignorance n'importe guère du moment
que les enfants savent bredouiller les réponses
d un catéchisme qu'ils ne comprendront jamais,
tout est pour le mieux dans le meilleur des
mondes possible. Voilà bien l'enseignement tel
que le veulent nos meilleurs cléricaux I
M. Jules Bara vient de prononcer, Tournai,
un discours qui n'intéresse pas seulement les
libéraux du lournaisis.
Nous croyons utile de détacher de ce dis
cours la partie consacrée la politique géné
rale du gouvernement.
Voici comment s'est exprimé M. Bara
Vous connaissez la situation qui est faite
notre parti minorité infime dans le Parlement
minorité puissante dans le pays puissante, non
seulement par le nombre de ses adhérents, mais
par la grandeur, par la fermeté de ses principes.
Assurément, Messieurs, nous n'avons pas la
prétention, dans cette élection, de renverser le
ministère. Ce dernier dispose dans les Chambres
d'une majorité qu'une élection partielle ne sau
rait modifier mais il ne sera pas sans profit de
montrer cette majorité que tout ne lui est pas
permis, et qu'il existe en dehors des Chambres
un grand nombre de citoyens qui réclament une
autre politique que celle dont ils sont les victi
mes.
Peut-on continuer gouverner sans tenir
compte qu'un grand nombre de citoyens sont
sans représentation Cinq cent mille électeurs
nous donnent les deux cinquièmes du pays, et
nous sommes privés de toute part légitime d'in
fluence au Parlement
Toutes les lois électorales ont été faites pour
exclure les libéraux. Récemment encore, un an
cien chef de cabinet a osé se vanter du caractère
odieusement exclusif de ces lois, mais il n'a pas
voulu, alors qu'il le pouvait, y remédier sous
prétexte que le mal deviendrait si grand, la
plaie si hideuse, que tout le monde serait obligé
de se rallier au remède qu'il propose savoir
la représentation proportionnelle.
Ainsi, Messieurs, on piétine le cadavre du li
béralisme pour arriver voir adopter le système
que l'on a proposé.
Je me garde bien de juger en ce moment ce
mode de séparation.
Mais si le système est mauvais, ou si la majo
rité n'en veut pas, va-t-on laisser ouverte la
plaie hideuse qui indigne tout le monde
Va-t-on rester longtemps dans cette situation
injuste, révoltante, qui exclut plus de 500,000
libéraux de la représentation nationale, tandis
que les cléricaux et les socialistes absorbent
tous les mandats dont ils n'auraient qu'une part
beaucoup moindre si on tenait compte du chiffre
de leurs adhérants
Comment Vous avez établi le suffrage uni
versel en disant que vous vouliez donner au pays
une représentation équitable, et voilà que vous
excluez un parti des plus nombreux et des plus
illustres de toute influence au Parlement
Va-t-on cesser de céder la rage d'impôts qui
travaille actuellement le gouvernement et Ba
majorité ou tout au moins y mettre un frein
Il n'a pas suffi la politique actuelle, arrivée
au pouvoir, prétendument pour ménager les de
niers des contribuables, pour dégrever l'agri
culture, de conserver les 13 millions d'impôts
que les libéraux ont dû voter en 1883 pour payer
les dettes du gouvernement clérical.
Ces impôts, on les a religieusement conservés,
bien qu'ils aient été déclarés, lors de leur vote,
inutiles, mal établis, injustes et que les cléri
caux les aient repoussés.
Depuis lors on a imposé le bétail, l'avoine, la
margarine, quantité d autres objets le gouver
nement retire de ces divers impôts au moins 20
millions par an, et il vient encore d'imposer
l'alcool pour plus de 20 millions.
Les dégrèvements sont insignifiants et de pa
rade. Les charges augmentent tous les jours ot
pèsent de plus en plus sur la bourgeoisie et sur
le peuple. La dette publique s'accroît d'année
en année. Et nous ne sommes pas la fin, car il
va falloir au gouvernement de nouvelles ressour
ces.
Si la thèse du volontariat vient triompher,
il faudra doubler et peut être tripler le budget
de la guerre. L'application du socialisme d'Etat,
dirigé contre la liberté de l'ouvrier et la liberté
de l'industriel, nécessitera de grandes dépenses.
Le Trésor a été tout large ouvert aux congré
gations enseignantes il faudra des millions et
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vires acqdir1t ecndo.
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Ypres, le 9 Septembre 1896.