i\° 74. Jeudi,
56e ANNÉE.
#7 Septembre 1896.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
ASSOCIATION LIBERALE D'YPRES
Le régime parlementaire.
La crise.
Une lettre embarrassante.
La contagion de la Tuberculose
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
Revision des listes électorales
Le bureau de l'Association libérale fait un
Sressant appel aux électeurs qui, pendant la
ernière période électorale, ont constaté qu'ils
n'étaient pas inscrits sur la liste électorale ou ne
l'étaient pas avec le nombre de votes auxquels
ils ont droit il les engage faire valoir leurs
droits auprès de leurs administrations commu
nales respectives.
Les électeurs qui recevraient de la part d'une
administration communale la notification de la
radiation de leur nom ou de la diminution de
leurs votes Bont priés do vouloir s'adresser avec
les pièces justificatives au bureau de l'Associa
tion libérale, rue du Séminaire, les Dimanche
de 11 1 h., et tous les jours de la semaine de 5
7 h. du soir.
Le dernier délai pour réclamer devant l'auto
rité communale expire le 81 Octobre prochain.
Ypres, le 16 Septembre 1896.
Pendant longtemps, en Belgique, le régime
parlementaire a brillé du plus bel éclat. 11
fonctionnait comme un mécanisme harmoni
que et savant, fournissant une production
abondante et régulière. On le citait en exemple
d'autres pays qui nous l'enviaient.
Les Chambres étaient riches en hommes
d'élite. La génération de 1830 avait donné au
pays une pléiade de citoyens éminenls. La gé
nération qui la suivie ne fut pas moins distin -
guée, on vivait sur les hauteurs. Depuis on est
descendu rapidement la côte. On atteignit la
plaine. On est aujourd'hui dans les marécages.
Le régime parlementaire a souffert de cette
raréfaction du mérite, de celte altération de
l'atmosphère. A part quelques rares exceptions,
sans talents pour le féconder, il se stérilise,
sans volonté pour le diriger, il se débat dans
l'impuissance et le vide.
On s'en prend lui, on cherche les moyens
de corriger ses vices, qui sont moins les siens
que les vices de ceux qui ont pour mission d'as
surer et de se régler sa marche.
Une bonne Chambre comptant des hommes
d'intelligence et de bon sens, modérés et conci
liants, qu'on écoute et qu'on suit, un bon gou
vernement comptant des hommes de caractère
et d'expérience, font un bon régime parlemen
taire.
Une Chambre encombrée de médiocrités et
d'énergumènes, un gouvernement maladroit,
faible et inexpérimenté, des dirigeants secs,
cassants, n'admettant pas la discussion de leurs
actes, donnent un mauvais régime parlemen
taire.
Et c'est ce que nous avons.
Elle sévit partout, même en matière politi
que. La Meuse publie sur cet important sujet
un article dont voici la conclusion
i Imprévoyants comme toujours, les catholi
ques se sont blessés avec l'arme qu'ils ont diri
gée contre le libéralisme, et, en provoquant
l'émeute rouge, ils ont déchaîné l'émeute noire.
Nous avions le socialisme industriel grâce aux
démocrates chrétiens, nous allons avoir le socia
lisme rural, plus redoutable que l'autre, car une
fois qu'une idée entre dans la tête d'un paysan,
elle n'en sort plus, elle reste là, tenace, obsé
dante.
Et que peuvent contre ce double socialisme
nos imprudents et faibles catholiques Quels
principes ont-ils y opposer Avec quelle au
torité doctrinale peuvent-ils le combattre, puis
qu'ils ont toujours admis la contrainte, nié les
droits de l'homme, condamné la liberté Im
puissants museler le monstre, ils essaient de
l'apprivoiser en lui jetant en pâture des lois
pseudo-socialistes -, mais, comme l'a constaté
ironiquement M. Vanderv9lds, il ne fait qu'ai
guiser l'appétit du cerbère populaire. Tout cela
nous fait présager un avenir bien sombre.
Heureusement, le libéralisme est là, le libé
ralisme qui n'a jamais trompé le pays et qui, lui,
a les principes qu'il faut pour combattre les uto
pies. Les gens d'ordre, les amis de la paix, tous
ceux qui craignent les bouleversements sociaux
dont les conséquences seraient incalculables, ne
tarderont pas revenir ce parti vraiment
gouvernemental, qui a traversé victorieusement
les phases les plus critiques de notre existence
nationale et qui, seul avec son programme très
net et très ferme, est capable de sauver le pays.
L'élection de Turnhout vient d'avoir un épi
logue intéressant.
Le Journal de Bruxelles a imaginé, afin d'at
ténuer l'effet produit par les 13*000 suffrages
accordés M. Lebon, de soutenir que l'autre
concurrent de M. de Mérode, M. Rulmonde,
était un candidat libéral. Ce M. Rulmonde,
qui avait obtenu H,000 voix en 1894, n'en a
plus recueilli, le 30 Août, que deux ou trois
mille. La conclusion de cet excellent Journal
de Bruxellesc'est que le succès relatif des dé
mocrates chrétiens est dû aux libéraux.
Nous nous sommes un peu égayé de cet ex
pédient d'officieux aux abois, tandis que cer
tains journaux cléricaux, parmi lesquels la
Patrie de Bruges, continuaient donner M.
Rulmonde pour un démocrate chrétien.
Le Journal de Bruxelles ne voulut pas en
démordre et maintint énergiquement le quali
ficatif libéral.
Nous haussâmes les épaules devant cet enfan
tillage, et nous ne pensions plus guère cette
affaire, lorsque nous trouvâmes dans le Jour
nal de Bruxelles une lettre de M. Rulmonde
lui-même.
Pour être tardiveil paraît que M. Rul
monde commet la faute de goût de ne pas
lire tous les jours l'organe de son concurrent
la lettre n'en est pas moins instructive.
Nos lecteurs en jugeront par le fragment
que voici
Voilà l'homme que, pour les besoins de sa
polémique ridicule, le Journal de Bruxelles n'a
pas hésite présenter comme un libéral au
thentique.
Le procédé sera jugé comme il mérite de
l'être sévèrement.
Après avoir inséré la protestation de M. Rul
monde, le Journal de Bruxelles bredouille la
petite phrase suivante Nos lecteurs com
prendront après lecture de cette lettre le sen
timent qui nous engage nous abstenir de tout
commentaire.
11 faudrait être étonnamment bouché pour
ne pas le comprendre, ce isentiment là
C'est le sentiment d'embarras qu'éprouve le
menteur de la comédie lorsqu'il rencontre les
gens dont il a raconté le trépas I [Etoile).
Voici un cas qui montre jusqu'à quel point
les poussières peuvent être dangereuses.
Dans un régiment prussien, trois sergents oc
cupés successivement dans une pièce d'un maga
sin de vêtements et eflets militaires ont contracté
la tuberculose pulmonaire et en sont morts.
Les médecins recherchèrent d'où pouvait
provenir la contagion, car c'est une contagion
qu'évidemment devait être attribuée l'origine du
mal des Bergents.
LE PROGRÈS
VIUES ACgiliBIT EUNDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00
Idem. Pour le restant du pays7-00
tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20.
INSERTIONS Annonces la ligue ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25.
Insertions Judiciaires la ligne, un franc.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour
le testant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRES,
Je viens de recevoir hier un numéro du Journal de
Bruxelles du 1er Septembre dernier, n* 245, qu'une
main amie m'a communiqué, intitulé l'élection de
Turnhout où vous m'attribuez la couleur politique et
religieuse de libéral C'est le même truc qu'on a
employé lors des élections de 1894, alors que j'ai fait
rétracter le fait par quatre ou cinq journaux, impri
més des milliers d'exemplaires ce fait seul prouve
que yous avez peu de relations dans notre fière con
trée catholique, surnommée juste titre c la Vendée
belge et que vous êtes peu au courant des choses qui
s'y passent autrement vous sauriez que le candidat
aux élections législatives de 1894 et d'Août 1896 est
foncièrement catholique, et que dans ma carrière reli
gieuse et politique de conférencier démocrate catholi
que on ne lui reproche qu'une chose, c'est d'être trop
catholique, trop orthodoxe pour les temps actuels je
proteste donc de la façon la plus formelle contre cette
appellation de libéral vous sauriez d'ailleurs aussi
qu'à son premier ouvrage, intitulé De School van den
Tegenspoed ont souscrit plus de 15 ecclésiastiques,
parmi lesquels des hauts dignitaires de l'archidiocèse
de Malines, et que pour cet ouvrage, dont le premier
tirage est presque entièrement épuisé, il a reçu des
félicitations de tous les points du pays de toutes les
notabilités littéraires et scientifiques, sans m'en flatter.
Et non seulement je suis catholique dans l'âme,
mais js suis démocrate catholique (et non chrétien,
qualification que j'ai retirée l'occasion de cette mé
morable lutte du 30 Août dernier); c'est-à-dire que je
veux l'exécution des superbes encycliques de notre im
mortel pape Léon XIII, le plus grand pape qui ait ja
mais gouverné le monde, non en paroles, comme le pra
tiquent la plupart, mais en action.