JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Haut les cœurs Le volontariat. Les extrêmes se touchent. N° 96. Jeudi, 56e ANNÉE. 5 Décembre 1896 6 FRANCS PAR AN. Paraissant le jeudi et le dimanche. On traite forfait. 7H V I S. Les "personnes qui prendront un abonnement au Progrès dater du 1r Janvierle recevront gratuitement partir de ce jour. Monsieur Ferdinand Merglie- îynck, ayant appris que des mal veillants ont fait courir le bruit qu'un de ses fils avait perdu de fortes sommes au jeu dans le Cercle des Nobles Bruxelles, nous prie de donner ce bruit le démenti le plus formel. Aucun de ses fils n'a joué, n'a perdu quoi que ce soit, ni au Cercle des Nobles dont ni l'un ni l'autre ne font partie, ni dans aucun autre Cercle. M. Merghelynck se réserve de poursuivre les inventeurs et les propagateurs de ce racontar dont l'odieux le dispute au ridi cule. Y près, le 2 Décembre 1896. Le parti libéral est mort, clament l'envi cléricaux et socialistes. Mensonge Le parti libéral, surpris par le brusque avène ment du suflrage universel, parait désorienté et subit une crise de rénovation que des docteurs intéressés proclament mortelle. Comme si le parti qui a enseigné aux peuples les bienfaits de la liberté et est sur le point de faire triompher partout les grands principes de l'égalité civile et politique, n'avait pas conservé pluB que jamais, aux jours sombres où nous vi vons, sa raison d'être et ses conditions de vie C'est au parti libéral que le monde moderne doit l'affranchissement de la personnalité humai ne, corps et intelligence, et l'abolition de toutes les servitudes qui sont la honte du passé. Ces conquêtes sont-elles jamais assurées? Quel est l'optimiste assez osé pour le soutenir N'assistons-nous pas aujourd'hui, dans les deux camps extrêmes du cléricalisme et du so cialisme, une véritable levée de boucliers con tre toutes les institutions qui se réclament de l'idée de liberté Et, sous le drapeau jaune com me sous le drapeau noir, n'aspire-t-on pas comprimer le double élan de la libre pensée et du libre travail Libéraux, mes amis, ne désarmons pas. L'heu re a sonné de nouveaux et décisifs combats. Mais les doctrines libérales, s'en vont disant nos adversaires, sont liées de prétendus dog mes économiques qui aboutisseut l'exploita tion des faibles par les forts. Ces doctrines sont le triomphe de l'égoïsme. Elles ont fait leur temps, et le parti libéral, qui les professe, ne se relèvera pas de la réprobation qui les atteint. Erreur et préjugé Le parti libéral n'a jamais cessé de poursuivre une œuvre de fraternité sociale. Depuis un siè cle, ii a plus fait pour l'amélioration de la con dition des classes pauvres que la toute-puissante Eglise Domaine n'avait fait pendant les cinq siècles du moyen-âge, plus que ne feront jamais les partisans de la chimère collectiviste. Son p assé est pour tous un garant de l'avenir. A l'œuvre, amis Il est plus que temps de défendre le libéralis me injustement accusé il faut le laver de ces sottes accusations d'égoïsme et d'indifférence dont l'abreuvent les politiciens de la sacristie ou du phalanstère. 11 faut aller vers le peuple, et lui persuader que, sans recourir des bouleversements so ciaux, nous sommes eu état de réaliser pleine ment l'œuvre de solidarité et de fraternité vers laquelle il aspire. Là est la tâche de cette fin de siècle Son loyal accomplissement rendra notre parti sa jeunes se et sa puissance. Les hommes courte-vue qui le suffrage universel a confié les destinées de la nation vont recommencer, avec plus de propagande que ja mais, leur campagne en faveur du volontariat militaire, déjà amorcée par la stupide augmen tation de la rémunération des miliciens. Qu'est-ce cependant que le volontariat C'est le système de recrutement militaire adopté par les peuples que leurs richesses ont corrompus. Sauf l'Angleterre, qui sa situation géogra phique toute spéciale permet impunément une pareille armée, les nations qui ont adopté le vo lontariat furent celles chez qui l'idée de patrie était tout-à-fait tombée en désuétude. Le volontariat, c'est le symptôme de la déca dence. Le Rome antique tomba, pour avoir fait du service militaire, non plus un devoir civique, mais un métier salarié. Payer un individu pour qu'il défende le sol natal, c'est prouver qu'on ne tient pas le sol na tal pour un bien précieux qu'il faut défendre soi-même. Grâce aux Woeste, aux Coremans, aux Helle- putte et autres patriotes de comédie, des mœurs inavouables vont être importées en Belgique. Des sergents recruteurs, alléchés par l'appât d'une prime, feront des rondes dans les cabarets pour y recruter le contingent. Les neuf dixièmes de l'armée belge ne com prendront plus que des déclassés. A nos officiers si distingués, on donnera ces gens-là drosser C'est des malheureux ainsi enrégimentés qu'il faudra enseigner le devoir, l'honneur, le dévouement, toutes les vertus mi litaires Quelle odieuse et désespérante dérision! Les troupes de mercenaires n'ont jamais rien valu sur le champ de bataille. Elles sont, de plus, un danger permanent pour l'ordre, la sécurité et le maintien des lois l'in térieur du pays. C'est avec les armées de mercenaires qu'on fait les coups d'Etat. Nous avons plus d'une fois fait ressortir les nombreuses ressemblances qui existent entre le socialisme collectiviste et le cléricalisme. Au fond, les deux opinions s'appuient sur une intransigeance irréductible, sur un dogmatisme absolu n'admettant ni dissidences ni réserves. C'est ce qui fait leur faiblesse. Les deux extrêmes ont en commun une foi bruyante, qu'ils déclarent inébranlable. L'autre jour encore, après tous les scandales du Yooruit, le Peuple publiait sur l'excellence des dogmes collectivistes un article enflammé, où l'on a pu lire des phrases comme celle-ci N'est-ce pas désopilant Ce que le Peuple appelle des éclaboussures, c'est la hardiesse qu'on a eue de mettre le nez dans les affaires du Vooruit. De même, les ultramontains veulent échapper la curiosité du public. On ne peut pas toucher leur foi sinon, on les outrage. On ne peut pas discuter leurs principes, parce qu'ils sont, eux aussi, d'une pureté radieuse. Eux seuls, comme les collectivistes, prétendent au monopole de la justice et de la vérité. Hors d'eux, il n'y a pas de salut pour l'humanité. Ces rapprochements entre le despotisme théo- cratique et le despotisme démagogique ne sont- ils pas significatifs LE PROGRÈS vires acooihit ecndo. ABONNEMENT PAR AN: Pour L'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6- Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue au Beurre, 20. 00 INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25. Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour I< restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRES, La pureté radieuse de ces doctrines est apparue avec dVautant plus de splendeur que Von avait voulu n la souiller de plus Péclaloussures

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Le Progrès (1841-1914) | 1896 | | pagina 1