6 francs Far an. 56e ANNÉE. 17 Décembre 1896 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. ?tVis. Association libérale La politique sociale du Gouvernement. O l'habile homme Un comble. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. On traite forfait. Les personnes qui prendront un abonnement au Progrès dater du 1r Janvier, le recevront gratuitement partir de ce jour. D'YPRES. Les membres sont invités assister la réu nion générale de l'Association, qui aura lieu DIMANCHE, 20 du courant mois, 11 heures du matin précis, au local du Saumon ordre du jour Élection du Comité. N B. Seront seuls admis prendre part au vote, ceux qui auront adhéré par écrit au pro gramme et aux statuts de l'Association. Ils apposeront cet effet leur signature sur un re gistre ad hoc qui sera déposé au local. Ypres, le 16 Décembre 1896. On la vante et l'exalte. Pas plus tard que Dimanche dernier, un journal clérical tressait des couronnes son cher M. Nyssens, le minis tre des ouvriers. Hélas ce ministre des ouvriers est en train, si on le laisse faire, de conduire la Belgique un régime de centralisation et d'oppression plein de menaces pour la prospérité de ses industries nationales. L'avènement du nouveau ministre a coïncidé avec un développement anormal du fonctionna risme. Le corps des inspecteurs du travail voit chaque jour ses attributions s'accroître. Le pre mier soin de M. Nyssens a été de compléter l'or ganisation et de renforcer l'action de l'inspec tion ouvrière. La loi sur les règlements d'ate liers, que le Parlement a votée au cours de la dernière session, ouvre un nouveau champ cette inspection. L'action de l'Etat s'étend dé mesurément, et ses fonctionnaires deviennent légion. Il n'y aura bientôt plus aucune industrie en Belgique, si modeste et inoffensive qu'elle puisse être, qui ne soit soumise la surveillance incessante, tracassière et vexatoire des agents du Gouvernement. Nos industriels s'émeuvent, et juste titre, de cet esprit nouveau qui anime notre Gouver nement. Ce n'est pas l'heure où nos différents producteurs luttent avec tant de difficultés con tre la concurrence étrangère qu'il faut, semble- t-il, les surcharger d'entraves et les vexer outre mesure. Gêner l'industrie et grever le budget, voilà le double résultat auquel aboutira M. Nyssens. Il en atteindra un troisième faire plaisir aux socialistes, qui rêvent pour l'industrie un régime d'universel asservissement et la substitution de l'Etat l'initiative privée. Mais qu'il y prenne garde On ne fait pas au socialisme sa part, et les concessions, de jour en jour plus dangereuses, par lesquelles se signale notre Gouvernement, ne feront qu'exciter le prolétariat en réclamer de nouvelles. Où s'ar rêtera-t-on Nous avons déjà le minimum de salaire, les règlements d'ateliers, l'inspection universelle. A quand le maximum de travail, les syndicats obligatoires et le régime prussien des assurances ouvrières De loi en loi, de réglementation en réglemen tation, de réforme en réforme, nous en arrive rons promptement au niveau de la Nouvelle Zé lande où, d'après le Journal des Débats, un bill, actuellement en discussion devant le Parlement local, stipule que tout domestique devra jouir toutes les semaines d'une demi-journée de li berté forcée et sera tenu de quitter la maison de ses maîtres de 2 10 heures du soir, sous peine d'une amende de cinq livres sterling. Il me souvient, écrivait récemment M. Alfred Tilmant, d'avoir lu quelque part cet aveu d'un industriel qu'il est bien difficile de trouver aujourd'hui le moindre petit million en Belgique pour l'associer une entreprise nationale. Les meilleures affaires sont délais- sées, et le capital, affolé, terrorisé, court en Russie, eu Espagne, voire au Brésil et au Mexique. Quant aux transformations de va- leurs belges en valeurs étrangères dans le por- tefeuiile de nos rentiers, elles ne cessent pas. Plus de cent millions sont partis pour l'étran ger en 1895. Et pendant qu'ainsi les capitaux s'évadent, l'industrie s'inquiète de cette atmosphère de combats et de haines dans laquelle on la fait vi vre elle se froisse d'être traitée avec colère et défiance par les courtisans du parti socialiste et de ne devoir au nouveau ministre du travail que des lois de contrainte et de stérilisante sujétion. C'est de M. Beernaert que nous voulons parler. Dans la scène de coquetterie qu'il a jouée la veille de sa dernière réélection comme président de la Chambre, M. Beernaert a fait valoir que sur plusieurs questions il y avait dissentiment entre la majorité et lui. 11 faisait allusion la question militaire et la question économique. M. Beernaert veut le service personnel et le libre échange. Oh mais si platoniquement, si passivement et Bi fugitivement, que ses amis de la droite auraient grandement tort de s'en effa roucher. M. Beernaert était ministre quand la question militaire fut posée la Chambre. C'était au lendemain du discours de Bruges où le Roi, par lant eu présence de ses ministres, avait fait le procès notre odieux régime militaire. Le mo ment semblait venu, n'est-ce pas, de passer des paroles aux actes. Une majorité était acquise au projet de M. d'Oultremont, décrétant la suppres sion du remplacement. Que fit M. Beernaert? II travailla sous main pour le faire échouer. Nous vîmes alors les choses les plus extraor dinaires. Des membres qui de tout temps s'é taient prononcés en faveur du service personnel firent volte-face ou allèrent se promener sous les ombrages du Parc au moment du vote. Et, de par M. Beernaert, la parole royale fut protestée. De même pour le libre échange. Quand il s'agit d'établir des droits sur le bétail étranger, M. Beernaert était chef du cabinet et ministre des finances. Il combattit le projet Dumont, mais juste dans les termes voulus pour le faire adopter par la Chambre, et, quand la loi fut promulguée, sous la signature de M. Beernaert, celui-ci s'arrangea de façon rendre le retrait de la mesure quasi-impossible. Il se hâta, en effet, de créer un fonds spécial auquel les droits d'entrée devaient servir d'ali ment. C'était décréter la fixité de ces droits. M. Beernaert était donc, dans l'application, plus protectionniste que les plus protectionnis tes des députés ruraux. Que nous chante-t-il donc quand il affecte, contre ses amis de la droite, des allures d'in dépendance Il n'a jamais fait que ce qu'ils ont voulu. Hier encore, ce partisan du service personnel assistait, inerte et impassible, l'enterrement du projet du général Brassine. Il n'y a eu de sa part ni un mot de regret ni une parole de pro testation. Quand on lui demandera de voter le volontariat, c'est-à-dire la destruction de l'armée, ce grand patriote, ce député indépen dant courbera la tête et votera avec les Core- mans et les Helleputte. M. Beernaert peut aspirer au renom d'habile té mais quant incarner la dignité gouverne mentale et la fidélité aux convictions, il ne faut pas qu'il s'en vante Le Gouvernement songe sérieusement, c'est lui qui l'affirme, réorganiser l'armée. Pour le prouver, il a déposé un projet de loi sur la réorganisation de... la garde civique. N'est-ce pas vraiment le sublime de l'ironie, et s'est-on jamais moqué ce point du parle ment et du pays l\o 100. Jeudi, LE PROGRÈS VIRES ACyCIRIT ECNDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 51. INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25. 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