57e ANNÉE.
14 Janvier 1897
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Le rempart.
Les socialistes
peints par eux-mêmes.
L'élection de Bruxelles.
Le général Brassine.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
Ypres, le 13 Janvier 1897.
C'est une chose entendue Seule la majorité
cléricale peut former un rempart sérieux et so
lide, contre le flot envahissant et désorganisa-
teur des doctrines collectivistes.
Les cléricaux l'ont proclamé l'envi. Les mi
nistres, en de funambulesques tirades, l'ont
glapi diverses reprises au Parlement. Leur
presse l'a répété satiété. Il ne reste plus main
tenant qu'aux électeurs s'inculquer bien cela
dans la cervelle et croire fermement ces
déclarations évangéliennes. Ce qui ne peut
manquer d'arriver bientôt si cela n'a pas lieu
déjà l'beure actuelle.
Car il n'y a pas dire c'est un rempart et un
beau rempart, que celui de cette majorité clé
ricale, si bien unie, si bien unifiée par les mê
mes principes qui en forment la base solide et
inébranlable. Vu quelque distance, le spec
tacle en est réellement imposant.
Le malheur, c'est que dans les circonstances
de la vie politique, l'on soit appelé passer
trop près de la scène gouvernementale.
Alors toute illusion tombe et de cette masse
compacte et redoutable, il ne reste plus devant
les yeux qu'un décevant décor de carton,
peine soutenu, vacillant et chancelant au moin
dre mouvement de coulisse etqu'un simple choc
pourrait faire écrouler sur le plancher avant
même la fin de la comédie qui se joue ses
pieds.
Cette comédie est complexe et par là même,
intéressante. Car le spectacle que l'on nous
donne en public n'est guère le même que celui
dont jouissent ceux qui, parfois, jettent un re
gard indiscret derrière les portants. C'est que
tous ces comédiens qui, au momentdel'aclion...
électorale, n'ont en bouche que paroles de fra
ternité et en sont chaque instant se jeter
dans les bras l'un de l'autre, se chamaillent pas
mal entretemps et donnent alors une juste me
sure de leurs réels sentiments réciproques.
Leur haine est certains moments si forte, leur
passion si violente, que parfois, en scène, ne
sachant se dominer, se laissant aller un em
portement irréfléchi, n'ayant plus la conscience
de leur rôle, ils s'oublient jusqu'à se lancer dans
les discussions les plus aigres que ne parvien
nent pas toujours étoufîer les efforts du souf
fleur ni le tumulte de l'orchestre.
C'est qu'il y a deux camps, dans cette troupe
de cabotins. D'une part, les vieux, les conser
vateurs de l'autre, les partisans de l'art nou
veau, les démocrates-chrétiens. Ceux-ci se sont
massés derrière l'abbé Daens, l'abbé Pottier,
MM. Renkin, Carton, etc. les autres ont élu
M. Woesle comme leur chef. Et c'est entre ces
deux clans, chamaillerie continuelle, échange
d'épithètes des plus... éloquentes.
C'est ainsi que pour ne parler que d'événe
ments récents, nous avons eu le procès intenté
par l'abbé Naudet, de la jeune école, la Ga
zette de Liègel'organe des conservateurs de
notre chef-lieu. Nous n'en rappellerons pas les
émouvants détails que nous avons narres dans
nos derniers numéros. Nous ne faisons que
citer.
Mentionnons aussi les débals qui se sont ou
verts au Parlement sur la question militaire et
où nous avons vu aux prises M. de Smet, le
général Boom et S. S. le pape laïc avec MM.
Renkin, Janssens, Visart, etc.
M. Renkin, pour avoir combattu le rempla
cement, s'est même fait décocher une si jolie
apostrophe que nous ne pouvons nous empê
cher de la reproduire. La voici, telle que la
lance le Courrier de Bruxelles, l'organe woes-
tilique
M. Renkin ne saurait oublier, écrit-il, que
sa candidature a été enlevée par des manœu-
vres peu loyales contre le vœu de la plus
grande partie des ouvriers de Bruxelles.
Appréciez donc 1 N'est-ce pas, quelle saveur?
Eh bien, tout cela n'est qu'incidents journa
liers. On peut facilement juger par là de la vé
rité des bons sentiments professés par nos co
médiens parlementaires et de la confiance qu'il
faut avoir dans ces protestations damour, si
souventes fois réciproquement renouvelées de
vant les électeurs.
Un seul avis, cependant, en terminant Que
nos bons cléricaux prennent garde I Car, dans
ces explosions publiques de haines autant im
prudentes que violentes et irréfléchies, la
moindre secousse pourrail faire s'affaisser ce
beau rempart-décor, dont ils ont tant plaisir
se vanter.
Et pour peu que le malheur s'en mêle,
voyez-vous tous ces aimables calotins ensevelis
sous ses décombres
Les lignes qui suivent sont extraites du jour
nal socialiste la Bataille. Elles démontrent
que les chefs de la secte, les Anseele, les Dem-
blon et tutti quanti, sont bien près d'être jetés
par dessus bord par le gros du parti, l'instiga
tion de nouveaux meneurs qui aspirent les
remplacer.
Savourons ce morceau d'acerbe littérature
il est plein d'enseignements. Les chefs socialis
tes traités de vils bourgeois, d'infâmes jouis
seurs, quel retour des choses d'ici-bas, et quelle
vengeance du bon sens 1
Voici le document
t Donc, au parti socialiste, pas de justice
pour les petits et les humbles et impunité ab-
solue assurée aux grosses légumes....
Quelques malins, adroits en l'aride berner
les foules, constituent une assemblée. Us ont
réquisitionné toutes leurs créatures, mis en
branle toutes leurs influences, fait circuler le
mot d'ordre.
La séance ne comporte qu'un ordre du
jour insignifiant les initiés seuls savent ce
qui va se passer.
El de celte assemblée soigneusement com-
posée, triée sur les volets, où toute velléité
d'opposition ou d indépendance est immédia-
lemcnl étouffée, qu'on obtient la décision at-
tendue.
La contagion de la pourriture bourgeoise
a gangrené tous ceux qui n'ont vu dans le
parti ouvrier que le moyen de satisfaire leurs
appétits débordants les ambitions sommeil-
lant au cœur de certains fruits secs de la
bourgeoisie, condamnés végéter lamenla-
blement dans les bas-fonds sociaux, se sont
réveillées, les dents se sont aiguisées, la curée
a été ouverte.
Gare qui se met sur la route et entrave
le chemin. 11 est impitoyablement brisé,
écrase, pulvérisé. Aucune pudeur n'arrête
x plus cette meule, altérée d or et de puissance,
et qui, au moindre émoi, affolée, se rassem-
ble, se serre pour mieux abattre l'ennemi qui
menace les situations acquises ou en expecta-
live.
Assez de boue, assez de honte, assez d'or-
dures, amassées par ces faiseurs, par ces ven-
dus, par ces traîtres.
Tous debout pour la lutte contre la corrup-
lion qui pénètre et vincule le parti socialiste.
Débarrassons-nous des politiciens sans
honte et sans conscience de la Sociale, des
ambitieux sans vergogne du parti socialiste.
Assainissons, nettoyons les écuries d'Au-
gias.
A la réunion du comité de la Ligue libérale,
en vue de la prochaine élection de Bruxelles,
plusieurs noms ont été mis en avant, mais celui
qui a paru rallier le plus de sympathies est celai
de M. Charles Graux.
Une nouvelle réunion aura lieu cette semaine
et décidera de la date de la convocation de l'as
semblée générale.
De son côté, l'Association libérale se rénnira
prochainement.
Que feront les cléricaux? Lutteront-ils? S'abs
tiendront-ils Us sont assez embarrassés
En 1894, leurs candidats l'élection sénato
riale ont obtenu 15,000 voix de majorité, mais
les temps sont changés. Depuis lore, la politique
ministérielle a fait des mécontents et au lende
main de la retraite du général Brassine et du
maintien du remplacement ils peuvent compter
que jamais l'arrondissement de Bruxelles n'ap
prouvera la trahison du ministère, manquant
\o 4. Jeudi,
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