11. Dimanche, 57e ANNÉE. 7 Février 1897 JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Au Sénat. L'adresse au Roi. Les lois ridicules. Divisions cléricales. Le travail dans les prisons américaines. Le Roi au pays bleu. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. On traite forfait. Le Sénat a adopté par 50 voix contre 47 l'a mendement de M. Jules Le Jeune ainsi conçu Tout arrêté royal sanctionnant une loi con- tiendra côté du texte adopté par les Cham- bres, un texte flamand de la loi. La loi sera promulguée en français et en flamand. Donc, le français reste ce qu'il est et doit être la langue officielle du droit et de la loi. Les intérêts des Flamands ignorant cette langue sont sauvegardés ce qui est de toute justice grâce la simple traduction du texte, faite leur intention. C'est le général Brialmont qui va être chargé de rédiger ladresse au Roi, pour inviter notre souverain contraindre ses ministres s'occu per des mesures que la défense nationale exige. Cette résolution a été prise par les officiers pensionnés, Samedi, Bruxelles. Leur société avait convoqué une assemblée générale, con formément aux désirs exprimés par les géné raux Brialmont et Bouyel. Au cours de celle réunion, l'ancien inspec teur général du génie a pris la parole. Dans une brillante improvisation, après avoir fait ressortir que la manifestation propo sée n'était dictée par aucune idée politique, mais inspirée par des sentiments exclusivement patriotiques, il a retracé les difficultés rencon trées depuis 1830 par les divers partis au pou voir pour doter enfin le pays d'institutions mi litaires en rapport avec ses obligations tant l'intérieur que vis vis de l'étranger. Les ef forts des vrais patriotes soucieux de la conser vation de notre indépendance et de l'intégrité du territoire belge ont échoué récemment de vant l'inertie de ministres refusant de tenir des engagements formels pris cet égard en alléguant que l'heure d'une réorganisation mi litaire n'était pas arrivée Comme si dans un pays tel que la Belgique l'horloge du patriotisme devait jamais retar- der d'un quart d'heure. L'honorable général a ensuite donné lecture d'un mémoire faisant toucher du doigt les dan gers que présente la situation actuelle et ceux plus grands encore auxquels nous exposerait la mise exécution des projets du gouverne ment en fait de réorganisation de nos forces nationales. Ses paroles ont été couvertes d'applaudis sements. Quand aura lieu le manifestation projetée qui permettra au général Brialmont de remet tre solennellement au Roi l'adresse des patrio tes Comme l'a dit deux reprises Léon Chômé, interviewé, lorsque l'œuvre de propagande sera terminée. On espérait qu'elle le serait au mois de Mars, mais on suppose, vu lelendue de la lâche, qu'elle se prolongera jusqu'en Avril. Cest donc en Mai prochain que la manifesta- lion se produira. Tout porte croire que 150,000 patriotes défileront alors dans les rues de Bruxelles aux acclamations de la population pour aller porter au Roi l'adresse rédigée par l'un des enfants les plus illustres du pays, celui qui est le mieux même de définir les nécessités de la défense nationale, le général Brialmont. Sait-on ce que coûte l'élection sénatoriale de Samedi dernier, ou plutôt la simple procla mation comme sénateur de M. Solvay La ba gatelle de soixante-quinze mille francs 1 Toutes les formalités préparatoires ont été remplies, comme si plusieurs candidats se trou vaient en presence et que l'élection dût avoir lieu. Aux termes de la loi électorale, la présenta tion des candidatures et les convocations contre récépissé doivent être faites respective ment quinze et dix jours avant le scrutin. Mais comme ces convocations ne se font pas en un jour, il a fallu que toutes les communes de 1 arrondissement fassent imprimer plusieurs jours avant la date de la présentation des can didatures autant de convocations et de récépis sés qu il y a d électeurs généraux. Il a fallu en outre remplir les nombreuses autres formalités prescrites par la loi, et notam ment dresser pour chaque bureau Bruxel les il n'y en a pas moins de cent la liste des vingt plus jeunes électeurs, travail d'autant plus absorbant qu'il donne lieu de longues recherches et que la transcription de ces listes doit être faite entièrement la plume. Bien que l'on sût depuis plus de dix jours qu'il ne serait présenté qu'une seule candida ture, tous les frais ont été faits comme si le scrutin devait avoir heu. lit ces frais s'élèvent 50,000 francs pour l'agglomération bruxel loise et plus de 75,000 francs pour tout l'ar rondissement. 11 serait cependant bien simple de remédier ce grave inconvénient. Il suffirait d'augmen ter de quelques jours l'intervalle qui sépare la date de la présentation des candidatures de celle du scrutin. Aux élections de l'an prochain, Alost, la querelle entre labbé Daens et M. Woeste, se poursuivra, haineuse. M. Woeste, interrogé récemment par un propagandiste de son parti, a déclaré qu'il n'accepterait jamais d'être présenté sur la mê me liste que l'abbé. D'ailleurs, celui-ci est plus résolu que jamais poursuivre sa campagne contre les vieux con servateurs. En ce moment, il a établi son quartier général Boom, d'où il rayonne dans la campagne environnante, jetant partout les bases du parti démocratique chrétien. De tout quoi il résulte que les cléricaux sont plus divisés que jamais. «oie» Les Etals-Unis viennent de faire une singu lière expérience propos du travail des pri sonniers. Comme en Europe, les pensionnaires furent occupés, jusque fin Décembre 1896, des travaux pour le compte de l'Etat ou d'en trepreneurs. Le revenu de ces travaux était employé l'entretien des prisons. Le travail des prisonniers a provoqué au delà de l Atlantique un mouvement hostile ana logue celui qui se dessine depuis quelque temps en Europe parmi les entrepreneurs et les ouvriers qui se trouvent lésés par la main- d'œuvre dérisoire des pénilenliers. Ce mouvement a poussé la législation de l'Etat de New-Y'ork voter une loi interdisant tout travad industriel dans les prisons partir du l,r Janvier 1897. Depuis trois semaines donc une nouvelle existence a commencé pour les détenus des pri sons de Sing-Sing, Danemora et Auburn. Pour charmer les loisirs de quelques milliers de prisonniers occupés jusqu'ici la confection de vêtements, de chaussures, de brosses, corda ges, etc., on leur fait faire des marches forcées dans les cours. Cela paraissait les amuser tout d'abord mais au bout de quelques jours déjà le désœuvrement de ces hommes se traduisait par un ennui tellement insupportable que les mal heureux réclamèrent de l'ouvrage cors et cris. Les médecins déclarèrent de leur côté que l'occupation physique des prisonniers était in dispensable pour éviter les maladies morales, la folie entre autres. Le gouvernement de l'Etat de New-York a voulu alors faire exécuter par les détenus les travaux d'imprimerie qu'il confie actuellement l'industrie privée, mais aussitôt les impri meurs ont invoqué la nouvelle loi, et l'Etat a dû céder de nouveau. La question semble donc sans issue îusqu'à présent et le gouvernement de New York ne sait que faire pour appliquer la loi tout en évi tant des conséquences funestes. En attendant une solution, les pauvres pri sonniers meurent d'ennui. Le Roi se rendra dans le Midi, dans la pre mière quinzaine du mois prochain. LE PROGRÈS VIRES ACyUIRIT ECS DO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, SI. INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRÈS, Ypees, le 6 Février 1897. «MfCCWe*

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