16. Jeudi,
57e ANNÉE.
25 Février 1897
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Socialistes, libéraux et paysans.
Le parti clérical
Un ministre poigne.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIUANCHE.
On traite forfait.
Allons aux paysans, clament les chefs du so
cialisme. Parlons leur de leurs intérêts, rien
que de leurs intérêts. N'attaquons pas les curés;
ils rendent les gens suffisamment naïfs pour
qu'ils croient toutes les panacées, miraculeu
ses ou révolutionnaires. Négligeons le clérica
lisme il n'est qu'un obstacle momentané.
Le socialisme ne se pose plus en ennemi du
dogme les temps sont passés où il faisait pro
fession d'athéisme pour un rien, il placerait
ses doctrines et ses utopies sous l'égide de quel
que révélation divine. C'est là qu'en est le so
cialisme chrétien, aussi dangereux que l'autre.
Donc, plus de querelles clérico-liberales. Il
faut surexciter la cupidité du paysan, que le
libéralisme veut instruire et éclairer, et que
cléricaux et socialistes ont un égal intérêt
maintenir dans l'aveuglement et l'ignorance il
faut s'adresser ses sentiments les plus bas, lui
parler des terres injustement possédées par les
propriétaires, des richesses mal acquises par la
féodalité commerciale et industrielle, de tout ce
patrimoine collectif que se sont approprié
quelques milliers de privilégiés et dans lequel
il devrait avoir sa part. Et le paysan, qui ne
sait rien ni des lois économiques ni des expé
riences de l'histoire, se laissera aller la séduc
tion de ces promesses.
Hélas 1 Le curé n'y pourra rien faire et nous
comprenons que les socialistes ne songent plus
l'attaquer n'est-il pas de toute évidence que
le paysan, auquel son curé fait faire tout ce
qu'il veut en lui promettant le paradis après sa
mort, est merveilleusement disposé avaler les
bourdes des orateurs collectivistes lui promet
tant le paradis sur terre
De part et d'autre, c'est le triomphe de la foi
aveugle.
Nous, libéraux, nous estimons avec les so
cialistes d'aujourd hui qu'il ne faut pas heurter
le sentiment religieux du paysan. El nous res
tons attachés cette devise, qui résume admi
rablement le libéralisme rural
Mais il ne peut s'agir pour les libéraux de dé
sarmer en présence des envahissements du clé
ricalisme.
11 faut montrer au paysan ce qui sépare la
religion de la politique. S'il faut avoir la liberté
la plus illimitée de pratiquer sa foi, il faut lui
faire comprendre qu'il a respecter les convic
tions de ceux qui ne partagent pas ces croyan
ces.
Il faut lui montrer la nécessité d'avoir un
gouvernement libre et de laisser ainsi le clergé
se mouvoir dans le seul domaine de sa mission
religieuse.
Faire comprendre cela au paysan est sans
doute plus difficile que de lui crier que tout
propriétaire est un voleur et qu'il faut recon
stituer le patrimoine collectif,
Et voilà pourquoi, au lendemain de la pro
clamation du sulfrage universel, c'est le libé
ralisme qui a été le grand vaincu.
Prôner le scherreweg au profit de l'église
ou au profit de la collectivité n'est pas, en
effet, dans le programme libéral.
Le libéralisme veut instruire les masses,
il veut arracher les esprits la superstition et
l'entraînement des instincts brutaux.
Dès lors, il a contre lui ceux qui spéculent
sur l'ignorance et sur les désirs violents, si
prompts naître chez les hommes incultes.
Cest toujours le mot si vrai et si humain du
vieux Laurent cléricalisme et jacobinisme,
voilà les deux soutiens de la tyrannie.
jpciul par le journal de l'abbé Uaeus.
11 est toujours intéressant et instrutif de lire
les organes de la démocratie chrétienne. A di
verses reprises, nous avons pu signaler nos
lecteurs des articles publiés par ces journaux,
qui en disaient long sur la fameuse union du
grand parti catholique.
Après qu'il eut écrit une ardente prière, dans
laquelle M. Planquaert demandait de délivrer
son parti des riches catholiques qui font de la
religion un moyen d'exploitation du peuple des
villes et des campagnes, nous trouvons
aujqurdhui dans De Klokke Iloelandorgane
de l'abbe Daens, un article hautement signi-
ficalil intitule Encore un mot sur l union.
Nous traduisons
Cbers lecteurs, on ne saurait trop écrire
sur celte question
Pourquoi, croyez-vous, que nos écrivas-
siers conservateurs se tortillent aujourd'hui
comme des vers de terre coupés d'un coup de
bêche
Est-ce peut-être parce que les démocrates-
chrétiens sont plus méchants que jamais
Pas le moins du monde ils sont les mêmes
qu'autrefois, toujours fidèles leur programme.
Est-ce parce qu'ils sont devenus impies,
révolutionnaires, socialistes, persécuteurs de
prêtres ou quelque chose d'approchant
Au contraire, en matière de religion, de
patriotisme, de respect de la propriété, d'es
prit de famille et de moralité, la balance pen
che toujours du eôlé des démocrates.
Ou est-ce parce qu'ils dépassent toutes les
bornes du mensonge, de la médisance, de la
calomnie et de l'injure, dans leurs polémiques
avec les conservateurs
Pas davantage les démocrates raisonnent,
démontrent, concluent cl abandonnent ces pro
cédés mesquins aux étranges monopolisateurs
de la charité chrétienne
Et pourtant, il doit y avoir quelque chose,
puisque nous les voyons baver et écumer.
11 doit y avoir quelque chose, disons- nous,
puisque nous les voyons agir comme de vrais
possédés et prodiguer les inépuisables ressour
ces de leur vocabulaire poissard 11
Eh bien chers amis, c'est tout simplement
parce que l'esprit d'union et de coopération
fait de si considérables progrès dans les rangs
de notre peuple
Et ce phénomène est loin d'être nouveau 1
Aussi longtemps que les serfs du moyen-
âge se bornaient gémir et se plaindre au
sujet de la misérable et douloureuse situation,
dans laquelle ils étaient plongés, les seigneurs
restèrent insensibles et indifférents.
Mais aussitôt que ces malheureuses victi
mes furent suffisamment émancipées et prépa
rées pour passer des paroles l'action, aussitôt
qu'elles furent organisées en gildes, métiers et
corporations dont l'action menaçait de devenir
redoutable, oh alors les cartes changèrent, les
seigneurs indifférents et passifs devinrent des
lions rugissants. Ils comprenaient que leur
puissance était menacée
Nos ancêtres continuèrent vaillamment
leur action, et finirent par triompher.
Nous ferons de même.
Klokke IIoelànd. n
Voilà qui est brossé de main do maître 1
L'abbé Daens connait son parti. Il sait ce qu'il
dit lorsqu il parle d ecrivassiers conservateurs
qui se tortillent comme des vers de terre. Et
lorsqu'il affirme que les cléricaux prennent
communément leur recours au mensonge, la
calomnie et l injure, il confirme ce que nous
ne cessons de faire remarquer tous les jours.
Avec quelle vérité il trace le tableau des di
rigeants de son parti, là où il les représente
comme d'etranges monopolisateurs de la cha
rité chrétienne qui prodiguent les inépuisables
ressources de leur vocabulaire poissard 111
Remarquons en passant en quels termes le
journal de l'abbé nous parle du bon vieux
temps, ou prêtres et seigneurs maintenaient le
peuple dans un odieux esclavage. Cette appré
ciation, venant d'un journal catholique, est
pleine d'enseignement.
Le passage de M. Vandenpeereboom au mi
nistère de la guerre semble devoir être de quel
que durée.
On ne cite plus de général qui deviendrait mi
nistre, et l'on ne sait même plus si le gouverne
ment essaye encore d'en trouver un.
M. Vandenpeereboom est ce que l'on peut ap
peler un ministre crampon. Il se cramponne au
pouvoir comme pas un des membres du cabinet
n'aurait pu le faire.
Des hommes qui ont occupé le ministère en
1884, il est resté le seul en fonctions.
Sa charge de ministre des chemins de fer ne
lui suffisait pas. Il lui a fallu la guerre, et dans
LE PROGRÈS
VIRES AC'JCIRIT EUNDO
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le restant de la Belgique et de l'Etranger,également aux bureaux dujournalLE PROGRES,
Ypres, le 24 Février 1897.
a Le prêtre maître l'église et le bourgmes
tre maître la maison communale, r.