i\° 20. Jeudi,
11 Mars 1897
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Entre cléricaux.
La décadence du socialisme
au Pays-Bas.
La garde civique.
57e ANNÉE
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
VIRES AC'JOIRIT EUNDO
Ypres, le 10 Mars 1897.
Pour s'être posé en conciliateur entre les pot-
tiéristes et les vieux cléricaux de Liège, le Bien
public s'est vu houspillé de la belle manière par
l'organe de M. Coliinet et des coflres-forts en
délire.
Nous avons tenu nos lecteurs au courant de
cette polémique édifiante, et nous croyons qu'ils
nous sauront gré de continuer.
La Gazette de Liège pour atteindre plus sûre
ment le Bien publics'est fait adresser par un
clérical gantois une lettre des plus désagréables
pour l'organe de M. Yerspeyen.
La Gazette de Liègepar la plume de son Klau-
waert d'occasion, reproche d'abord au Bien pu
blic d'avoir déserté la cause catholique pour
devenir l'avocat de la démocratie. Puis, après ce
coup de massue, le journal liégeois poursuit en
ces termes
Cet aveu est caractéristique.
Les catholiques des Flandres vont donc sons
peu apprendre leurs dépens ce qu'il en coûte
d'avoir déchaîné le socialisme chrétien
La lettre du catholique gantois a profondé
ment ému le Bien public. Mais son émotion ne
l'empêche pas de chercher un dérivatif pour ne
pas aborder le fond de la question.
Le Bien public se contente de demander la
Gazette de Liège de nommer son correspondant
gantois ou, Bi elle ne le fait pas, de prendre la
responsabilité de sa lettre.
Cette querelle do procédure entre deux vieux
bénitiers de la taille du Bien public et de la Ga
zette de Liège est sans doute fort amusante mais
il nous semble que la Gazelle de Liège agirait plus
honnêtement, en ne recourant pas des corres
pondants d'occasion, et que le Bien publicde
son côté, serait plus franc s'il répondait directe
ment aux assertions de la Gazette de IAége.
Est-il vrai que la démocratie chrétienne et le
socialisme agraire coulent pleins bords dans
les I< landres jçt qU0 pense le Bien public d'un
mouvement déchaîné par l'Eglise et encouragé
naguère par les politiques du parti soi-disant
conservateur
Si le Bien public daignait répondre ces ques
tions indiscrètes, il serait lu avec beaucoup d'in
térêt.
Le socialisme, qui semblait faire de rapides
progrès il y a cinq ou six ans et devoir consti
tuer un péril pour l'avenir, est en pleine déca
dence.
Son essor a été arrêté net dans tout le pays.
Le fait est d'autant plus étrange qu'on n a eu
recours pour le combiltre aucune mesure de
rigueur et qu on n'a guere pris la peine de réfu
ter ses théories et ses revendications par la voie
delà presse et de la discussion publique.
On s est borne simplement reprimer les
manifestations tumultueuses de nature trou
bler l ordre dans la rue, et pour le reste on a
tait le silence autour de toute cette propagande
bruyante et de cette agitation factice.
A Amsterdam le calme est complet cet hiver,
comme lannee derniere.
Maigre la reclame la mieux organisée la fou
le s'eioigue chaque jour davantage des mani
festations socialistes.
Les conférences, données cet hiver, dans les
villes universitaires ont prouve clairement que
1 intérêt du public se porte ailleurs.
Le députe belge, M. Van der Velde, arrivé
le premier, a eu un succès relatif de curiosité.
Le nom de M. Liebknecht a attiré du monde,
mais les auditeurs ont ete déçus.
Avec M. Lafargue 1 échec de cette tentative
s'est accentue on prétend quà Leyde il n'y
avait que vingt-cinq personnes.
Les socialistes parlementaires ne seront pas
tentes de renouveler l experience l an prochain.
Les deux principales causes de cet affaiblis
sement sont la division entre socialistes et la
désillusion des ouvriers et des paysans.
Le ministère a insisté pour que, toutes affaires
cessantes, le Parlement discute son projet de loi
sur la garde civique.
Pourquoi tant de hâte, alors que la garde civi
que attend depuis trente ans une réorganisation
toujours discutée
C'est bien simple. Le Gouvernement ne songe
réorganiser la garde civique que pour se dis
penser de réorganiser l'armée, il fait passer la
besogne utile avant la besogne nécessaire, espé
rant qu'en effectuant celle-là il ajournera indéfi
niment celle-ci.
C'est un véritable piège parlementaire.
Quelle est, en effet, la situation
Tous les vrais patriotes sont d'accord pour la
suppression du remplacement il n'y a pas dans
l'année Belge un seul officier qui ne déclare no
tre défense nationale insuffisante et viciée.
Il faut donc renforcer notre armée, la renfor
cer matériellement et surtout moralement.
C'est en ce moment et devant cette nécessité
que le ministère dit au pays Attendez Nous
allons commencer par réformer la garde civi
que n
C'est tout simplement mettre la charrue avant
les bœufs.
On ne réforme pas l'accessoire avant d'avoir
réorganisé le principal.
C'est de l'armée active que doit sortir l'armée
de réserve. La première est l'école, la pépinière
de la seconde.
On l'a compris ainsi en France et en Allema
gne, où l'armée territoriale et la landwehr em
pruntent leurs éléments aux libérés de l'armée
de ligne.
On l'avait, jusqu'ici, compris ainsi en Belgi
que, où toutes les commissions militaires ont
subordonné le recrutement de la garde civique
l'organisation de l'armée.
Mais MM. Schollaert et Vandenpeereboom
ont changé tout cela.
Supposons que, grâce une législation plus
sévère, on parvienne donner la garde civique
actuelle une allure plus martiale, une organisa
tion plus sérieuse -, qu'on soit même en état de
mettre une troupe de citoyens armés dans une
situation de solidité apparente comparable cel
le d'une compagnie de soldats réguliers.
Sera-t-on arrivé un résultat rassurant
Non, parce que, quoi qu'on fasse, la garde
civique n'aura jamais la cohésion, la discipline
et l'instruction nééessaires pour coopérer avec
une armée de campagne livrer des batailles
rangées.
C'est confondre toutes choses et faire dévier
l'institution de la milice citoyenne de son but
essentiel, que de vouloir qu'elle soit autre chose
qu'une milice communale.
Autre danger.
La garde civique ne comprendra que les
citoyens en état de s'équiper leurs frais.
Elle ne sera organisée que là où le Gouverne
ment le croira nécessaire, soit dans les villes seu
lement.
Donc, même pour ce service extrêmement ré
duit et facilité, nous n'aurons point d'égalité
réelle entre les Belges.
L'égalité devant le devoir civique, l'obligation
pour tous les Belges de concourir la défense
de la patrie, resteront un leurre.
Et eu réalité, nous conserverons la plus abo
minable organisation militaire qu'il soit possible
de rêver d'une part, dans les régiments régu
liers, se masseront les pauvres, les travailleurs
arrachés l'atelier, les paysans enlevés l'agri
culture. De l'autre, dans les bataillous de la
garde, nous aurons les bourgeois, ou plutôt
quelques bourgeois des villes, eaux qui ne seront
pas parvenus invoquer quelque cause d'exemp
tion.
Et c'est de ces deux éléments disparates que
l'on prétend former une armée, obéissant la
même discipline et aux mêmes inspirations
Quelle farce,ou plutôt quelle sinistre duperie
LE PROGRÈS
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Cil traite forfait.
Maintenant, je dois vous le dire, les affaires ne vont
•pas mieux Gand que chez vous; seulement, chez
nous on cache mieux les divisions. Quand elles éclate
ront, on sera surpris de les voir sera-ce un bien ou
un mal
La démocratie ici s'attaque aux campagnes, excite
les petits contre les grands, la ferme contre le châ
teau, le locataire contre le propriétaire. Le travail est
considérable contre l'ordre. On eût pu arrêter l'affaire
il y a deux ou trois ans maintenant il est bien tard.
Si on a été faible, on a fermé la porte l'énergie.
Les démocrates, pour dire tout, promènent de villa
ge en village, la question agraire. Au demeurant on
attaque la propriété pour gagner les voix on imite les
socialistes et on excite les passions du peuple... Nom
bre de catholiques sont pour la représentation propor
tionnelle, pour éviter un désastrp. Les industriels sont
mécontents de se voir attaqués dans des journaux
catholiques. Il y a plus que la défiance, il y a animo-
sité contre les patrons de la part de quelques-uns que
le Bien public, nouveau genre, suit trop. Je vous dis
qu'on verra du nouveau par ici.