57® ANNÉE.
8 Avril 1897.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Les événements de Crète.
Où va l'argent
S* 28. Jeudi,
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
tires actfcirit fcundo
On traite forfait.
La féte nationale Athènes.
A l'occasion de l'anniversaire de la proclama
tion de l'indépendance hellénique, la ville est
pavoisée.
Une foule énorme s'est portée dès les premiè
res heures du jour pour voir passer la famille
royale se rendant au Te Deum.
Les troupes formaient la haie dans les rues.
La famille royale a été acclamée avec enthou
siasme.
Les chevaux de la voiture de la princesse
héritière Sophie, sœur de l'empereur Guillaume,
ont pris le mors aux dents et la voiture a versé.
La foule est accourue et a relevé la princesse.
Celle-ci, qui n'avait aucun mal, est montée dans
le carrosse du Roi.
Le corps diplomatique en entier a assisté au
Te Deum.
Pendant le défilé des voitures des diplomates,
la foule a gardé une attitude très correcte.
Après le Te Deumde nombreux manifestants se
sont portés devant l'Université avec des dra
peaux.
Des couronnes ont été déposées sur les statues
des héros de l'indépendance, tandis que des dis
cours patriotiques étaient prononcés aux ap
plaudissements de la foule. Sur le passage des
voitures du cortège officiel, des milliers de bul
letins portant les mots Vive la guerre ont
été lancés. Devant la cathédrale, le cortège a été
accueilli par les cris de Vive la Crète Vive
la guerre Vive le Roi
La foule s'est dirigée vers le palais au cri de
Vive la guerre et a envahi le vestibule du
palais. On n'a pu la retenir qu'avec peine.
Toute la population est sur pied.
La ville présente une animation extraordi
naire.
Les blocus.
On mande de La Canée que les amiraux se sont
réunis hier en conseil pour régler les détails du
blocus du golfe d'Athènes.
Une entente a été conclue sur les points essen
tiels, mais l'amiral Canevaro a annoncé que les
instructions de son gouvernement, tout en lui
permettant de participer ce blocus, lui inter
disent de prendre le commandement de la flotte
internationale chargée de l'effectuer.
L'entcnle des puissances.
Une note communiquée aux journaux annonce
que les puissances ont accepté une proposition
au comte Mouravieff demandant qu'une note
soit remise par toutes les grandes puissances
aux deux gouvernements turc et grec, pour leur
intimer que si l'un d'entre eux commet un acte
d'aggression la frontière de Thessalie. il sera
tenu pour responsable de son action et qu'il ne
sera pas permis l'agresseur de retirer le plus
petit avantage do son agression.
Le blocus du golfe d'Athènes ne sera pas
appliqué immédiatement.
La note, dans le sens indiqué par le comte
Mouravieff, a été adressé la Turquie et la
Grèce.
lin candidat gouverneur.
On mande de Londres la Correspondance politi
que que la candidature du prince François-
Joseph de Battenberg au poste de gouverneur
de la Crète est accueillie ici très favorablement.
Personne n'a fait jusqu'à présent une proposi
tion formelle, mais on a acquis la conviction
qu'aucune puissance ne s'opposera la candida
ture en question, qui est agréable la plupart
des cabinets et en particulier celui de Pé-
tersbourg.
Ypres, le 7 Avril 1897.
il résulte du tableau du mouvement des im
pôts directs et indirects publié au Moniteur ces
jours derniers, que, pendant l'année 1896, les
impôts indirects et autres produits ont rapporté
16 millions et demi de plus qu'en 1895 et 21
millions et demi au-delà des évaluations bud
gétaires. L'ensemble a donné 335 millions
160,000 francs.
Dans le chiffre des augmentations les
douanes entrent pour huit millions, la marga
rine pour 300,000 francs, les droits sur les
vins étrangers pour fr. 640,000, les eaux-de-
vie indigènes pour 3 millions et demi, les
bières pour 573,000 francs, les droits de greffe
et d'enregistrement, pour un million de francs.
Voilà donc une charge de quatorze millions que
les lois que le ministère clérical a fait voter ont
imposée au pays en 1896. Celle année la charge
sera de beaucoup plus lourde parce que cer
tains des nouveaux impôts nont fait sortir
leurs effets, fan dernier, que pendant une partie
de l'exercice, tandis qu'ils affecteront cette
année l'exercice tout entier.
Les impôts que I administration libérale dut
établir en 1883 pour combler le déficit laissé
par la gestion de nos adversaires politiques ne
produisirent guère la première année, plus de
six ou sept millions.
On sait comment l'opposition cléricale, aidée
des radicaux de l'époque, accueillit le gouver
nement d'alors. L'assaut fut si violent que la
majorité libérale en fut mortellement atteinte.
Elle sombra aux élections de Juin 1884 et avec
elle le ministère libéral dont elle était lémana-
tion. Depuis lors, nous subissons le joug clé
rical, et grâce la revision constitutionnelle,
nous sommes destinés le subir peut-être
longtemps encore.
Seulement, sous le nouveau régime, les clé
ricaux peuvent impunément faire tout ce qu'ils
veulent. Ils n'ont plus ni frein ni contrôle
Ils avaient promis, en 1884, de faire dispa
raître les impôts qu ils avaient combattus avec
acharnement dans l'opposition. Ce devait être
leur don de joyeuse entrée. Une fois maîtres de
la place, ils ne se sont pas plus souciés de leurs
engagements que de Colin Tampon. Au lieu de
supprimer ou de réduire les impôts, cause de
leur victoire ils les ont maintenus et aggravés,
et aux impôts existants ils en ont ajouté d autres.
Et depuis que le suffrage universel a renforcé
leurs rangs, ils se sont livrés en matière d'im
pôts une véritable débauche. Ils ont remanié
notre système douanier, ils ont déplacé l'assiette
de certaines taxes pour en rejeter la charge sur
d'autres contribuables sous prétexte de com
battre l'alcoolisme, ils ont demandé de nouvel
les ressources l'accise sur Teau-de-vie. Ils ont
ainsi recueilli des millions dont ils ont fait
l'emploi le plus déplorable.
Où passent les raillions de supplément que
les cléricaux ont demandés l impôt D'abord,
leurs écoles privées, aux écoles congréga-
nistes. Les écoles adoptées ou adoptables sont
largement subsidiées par le budget de l'Etat.
Les cléricaux se sont débarrassés sur le trésor
public des charges que leur imposait autrefois
1 enseignement congréganiste. Ils ne font plus
de sacrifices personnels pour leurs œuvres qui
sont des œuvres non d intérêt général, mais de
prosélytisme religieux et de propagande politi
que. Il y a toutefois une différence. Lorsque les
catholiques politiques y allaient de leurs de
niers personnels, ils se montraient fort réservés.
Leur concours financier se bornait au strict
nécessaire. Mais depuis que c'est lElat qui paie
et que l'Etat est représente par six ou sept mes
sieurs revêtus des fonctions ministérielles et
qui sont leurs âmes damnées, il n'y a plus de
mesure. On puise pleines mains dans le trésor
public. Les millions obtenus par l'impôt vont
s'engloutir chez les congréganistes et dans leurs
corporations.
Jadis on se serait soulevé rien qu'à la pensée
que les couvents auraieut pu obtenir la person
nification civile.
Sous le régime actuel, les congrégations ont
mieux que la personnification civile. Elles en
ont les avantages sans en avoir les inconvé
nients. Elles ne sont soumises aucune sur
veillance et elles émargent au budget de l'Etat.
A peine de loin en loin une protestation s'èlève-
t—elle contre un état de choses qu'il y a quinze
ans les cléricaux les plus hardis n'eussent pas
osé rêver.
Les millions obtenus par les impôts ont servi,
en outre, la désorganisation du service de la
défense du pays. La rémunération accordée
la famille des miliciens a été doublée. On a
ainsi réduit plaisir les fonds qui auraient
trouvé un emploi utile au développement des
forces nationales.
Nous avons une armée insuffisante depuis
que la ligne des forts de la Meuse a été con
struite. Nous avons des forts mais personne
Eour les défendre. L'armée, de l'avis de tous les
ommes du métier, devrait être renforcée.
Nous n'avons pas de réserve Celle que nous
avons n'existe que sur le papier. On veut faire
servir la garde civique un rôle auquel elle
n'est pas destinée et pour lequel elle est sans
aptitude. El pour compléter la désorganisation
militaire, on escompte les millions des nou
veaux impôts pour empêcher, au moyen de la
constitution d'une armée de mercenaires, le
recrutement de l'armée d'après le principe du
service personnel.
Les nombreux millions obtenus par les im
pôts servent amener notre déchéance morale
et la ruine de nos ins'itutions nationales.
S
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00
Idem. Pour le restant du pays7-00
tout ce qui concerné lëTournal dort être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 5t.
INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25
Insertions Judiciaires la ligne, un franc.
Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour
le «♦•tant de la Belgique t ikl'Euanga^ égUflMPiH aux Iwri-Aittdujouruul LE PROGRES,