Le clergé politique.
Cléricaux et socialistes.
en ce moment de danger par de nombreux
froussards au Tout-Puissant, n'aura rien
craindre et pourra vivre en toute sécurité si,
toutefois, il entrait dans les vues d'une puissan
ce quelconque de l'envahir, les premiers enva
hisseurs seraient immédiatement arrêtés par la
endarmerie et conduits les menottes aux mains
ans nos couvents, où ils devront faire péni
tence.
Atin que le peuple soit aguerri et bien préparé
en cas d'envahissement, on apprendra la nou
velle génération, dans toutes les écoles, que le
plus digne mouvement d'un peuple courageux,
appelé défendre son pays, consiste faire face
en arrière et de jeter, au commandement de
sauve qui peut, armes et bagages, en chantant,
Dieu soit loué, la Patrie sera sauvée par les
voisins.
Cette conduite démoralisatrice est le fruit de
treize années do domination cléricale. Aux con
servateurs do privilèges, il ne taut que des cou
vents vive la main morte et dire que dans
l'armée on rencontre encore des officiers qui
votent pour ce parti de pleutres
Que dirait notre .Molke, si le général Brial-
mont, un autre lapin que lui, s'avisait un jour
devant une assemblée de jurisconsultes de com
battre les propositions, que ces hommes de loi
comptent présenter aux Chambres en vue d'a
méliorer certains articles du code civil il s'indi
gnerait avec raison et n'hésiterait pas un instant
pour l'envoyer la moutarde; et bien, le rôle
que vous voulez jouer au général, est aussi ridi
cule, que celui que vons trouveriez absurde chez
le général Brialmont c'est pourquoi nous vous
engageons beaucoup, dans votre intérêt, de vous
mêler des affaires, qui sont de votre compétence
et de vous laisser convaincre par des esprits
supérieurs, qui travaillent pour le maintien de
notre indépendance.
Rechercher des applaudissements faciles au
près d'un public, ignare sur des questions,
qui doivent être résolues par l'homme intelli
gent et prévoyant et non par celui, qui veut
tout démolir pour ne rien mettre en place, n'est
pas digne d'un homme sérieux.
Général Molke, méfiez-vous de l'orgueil, il
peut vous jouer un jour de mauvais tours
Les concerts, qui avaient lieu le Dimanche, do
midi une heure, sont supprimés, la suite
d'une exécution pitoyable de notre musique
communale.
Nos maîtres ne veulent plus qu'elle soit enten
due par les nombreux étrangers qui viennent le
Dimanche admirer nos monuments délabrés
c'est une distraction de moins pour les touristes
c'est regrettable, mais cela devait arriver tou
tes les sociétés où les cléricaux ont introduit la
politique, périclitent et disparaissent.
Triste Triste
Le Journal cTYpres s'est fait adresser un article
trèsélogieux l'adresse du bienfaiteur des pê
cheurs; en voilà un, qui voudrait repêcher sa
popularité de jadis, qui décline rapidement.
Il est question d'une manifestation flamin
gante, laquelle prendront part les sénateurs
.Surmont et Struye.
Encore une machine de guerre montée contre
no3 vénérables par les amis de Colaert, Iweins et
Van Merris, tous trois de purs flamingants au
Volkshuis ces aigles ont le talent de parler devant
des convertis il faut bien que tous les gobe*
mouches, qui le fréquentent, soient de leur avis.
Toule la vie politique au pays d'Alost est
concentrée dans la lutte entre catholiques-con
servateurs d une part et démocrates-chrétiens
d'autre pari, fous les vicaires et curés de la ré
gion sont descendus dans l'arene, et les prêches
du Dimanche sont remplacés par des discours
de meeting. Voici une lettre adressée d'Alost
la Flandre libérale qui donne une idée de
l àpreté avec laquelle les doux ministre.» mènent
la lutte
La campagne électorale est ouverte dans
I arrondissement d'Alost. Démocrates et con
servateurs se préparent la lutte avec une
égalé ardeur, et le spectacle auquel nous assis
tons dès maintenant, montre combien cette
lutte sera violente. La fureur des Pekens contre
les Daensisles dépasse tout ce que l'on peut
s'imaginer.
Il y a quinze jours, les conservateurs mani
festaient en I honneur du vicaire Ponnet, qui
dirige Alost la politique de la réaction
outrance, et qui est l'ennemi irréductible des
frères Daens. Celle manifestation eut lieu, au
milieu du calme et de (indifférence de la popu
lation non réactionnaire Dimanche dernier,
une manifestation daensiste a été attaquée
plusieurs reprises par une bande armée de
grosses cannes et composée de la fine fleur du
parti clérical, la fiori di canagha, comme
dirait Daens.
La conduite scandaleuse de ces stockslagers
a indigne tout lé monde. On commente vive
ment et sévèrement lattitude du bourgmestre
Gheeraerdls. Ces exploits auraient eu des con
séquences graves, si les manifestants n'avaient
montré une patience toute épreuve.
Celte manifestation n'avait cependant rien
de subversif, ni rien qui était de nature
éveiller l'ire des conservateurs. Les pancartes
et cartels portaient des inscriptions telles que
Les 1536 épouses des ouvriers du canton de
Herzele, qui travaillent en Francedemandent
les élections en A vril Nous demandons une
pension pour les vieillards, l'instruction obliga
toire pour les enfantsetc.
L'abbe Daens a prononcé un discours,
qui a été imprimé et distribué des milliers
d'exemplaires. J'en traduis un des passages
saillants Notre triomphe c'est la reconnais
sance de tous les droits, la tolérance mutuelle,
le bien public, la fraternité de tous les hommes.
Nous ne voulons pas, comme certains hommes
qui nous combattent, écrasement des minori
tés, la destruction de nos adversaires.
Lesexactions de Dimanche tourneront contre
les conservateurs, car les paysans bousculés par
ces fanatiques n'oublieront pas de si tôt les
amabilités dont ils ont été l'objet, et les Pekens,
forcés par la force des choses d aller meetin-
guer la campagne, pourraient sén ressentir.
Jamais, aux plus mauvais jours, la lutte
entre libéraux et cléricaux n'a présenté le dé
chaînement de haine et de fureur qui caracté
rise la lutte entre démocrates et conservateurs.
Et celle explosion de passions politiques, de
celle folie, dirais-je, gagne les communes rura
les et y provoque non seulement des haines
contenues, mais des crimes, des batailles, des
incendies, des meurtres.
Les cléricaux soutiennent avec cynisme que
la religion est un frein aux passions humaines.
A Moorsc', pendant la messe, on lance des
œufs pourris dans une petite commune du
canton de Ninove, on se bat dans l'église
coups de chaise.
Je vous envoie une proclamation signée par
le bourgmestre et deux cchevins de la com
mune dlddergem une lieue d'Alost. Le curé
avait prêché contre les indépendants nommés
le Congo Le parti du curé réactionnaire
est nommé la Marolle
Dans celte proclamation sont énuraérés les
crimes commis Voici en quels termes
Aux habitants dlddergem et des environs.
Dans quel parti se trouvent les victimes de
ces lâches attentats
c) Dont les fruits de la terre ont été endom
mages ou détruits et les animaux domestiques
tues (noms et détails).
Van Santen Adrien, moitié paralysé, devant
passer par un petit sentier pour retourner chez
lui, ses adversaires ont creusé un puits profond
qu ils oui traîtreusement recouvert de petits
Datons, de paille et de terre. Une autre person
ne y tombait, allait avertir le vieillard qui
échappait ainsi ce diabolique guet-apens.
Les signataires protestent de leur dévoue
ment la région et concluent
Mais si monsieur le curé est mal renseigné,
les électeurs dlddergem le sont d'autant
mieux et ils le lui démontreront aux prochaines
élections
(Signé) J.-B. Van Santé, bourgmestre.
J.-B. Sonck, id.
Ils vont bien les disciples de nos conserva
teurs, de ce grand parti de l ordre et de la paix
Gomme la religion est un joli frein aux passions
humaines El comme les prêtres jouent un
beau rôle dans nos luttes politiques Et dire
que tout cela n'est qu un commencement
Dans un discours récemment prononcé
Lille, M. Barthou, ministre de l'intérieur du
gouvernement français, s'exprimait en ces ter
mes en comparant la politique libérale la po
litique socialiste
Deux politiques sont en présence; tout les
distingue le nom qu'elles portent, les princi
pes dont elles s inspirent, le but qu'elles pour
suivent, les hommes qui sont leurs cham
pions... La politique libérale et la politique
socialiste sont deux quantités irréductibles,
non pas parce qu'elles partent de principes
opposés, car, divises sur les principes on peut
s'entendre sur le but poursuivi mais précisé
ment parce qu'elles marchent l'une et l'autre
vers un but absolument contraire...
En effet, tandis que le bhéralisme poursuit
dans tous les domaines l'émancipation de
I homme, le socialisme en poursuit l'asservisse
ment.
Leliberalisme veut I homme libre dans toutes
les sphères de l activite humaine le socialisme,
lui, veut l'écrasement progressif de l'individu
sous le joug de plus en plus impérieux de
l'Etat.
L'entente n'est donc pas possible. Autant
vaut essayer de concilier l'eau et le feu. Mais si
le but poursuivi par le socialisme est en contra
diction absolue avec l'essence même du libéra
lisme, c'est une raison de plus pour ne lui faire
aucune concession, car selon le mot très juste
dont on s'est souvent servi Toule transac
tion serait une abdication. De concession en
concession on en arriverait l'anéantissement
du parti libéral. L'exemple des radicaux le
montre surabondamment. Ils n'existent plus
qu'en tant que socialistes.
Les plus malins d'entre eux se sont même
enrégimentés dans leurs rangs leur qualité
d'intellectuels les a mis en évidence et leur a
valu des mandats électifs qu'ils n'eussent pas
décrochés s'ils étaient restés radicaux.
La question pour les libéraux, en présence
des doctrines socialistes, est de savoir s'ils
veulent conserver leur raison d'être et leurs
idées, ou s'ils veulent passer au socialisme en
frayant les voies celui-ci. Le plus sûr moyen
d'y arriver est assurément d'entrer dans l'appli
cation des théories socialistes, bien qu'ayant
l'air de les répudier.
Pareille conduite manquerait la fois de lo
gique et de sincérité.
Et cet égard, les cléricaux donnent de
déplorables exemples. Ils marc'ient de conces
sions en concessions. Leur ambition est d'être
plus socialistes que les socialistes eux-mêmes.
Cest d'un clérical se disant antisocialiste qu'est
émanée la proposition dont le vote a amené la
a) Personnes dont les vitres ont été brisées
(suivent les noms et quelques détails).
b) Qui ont été calomniées, par des écrits dif
famatoires (noms).
d) Dont les arbres fruitiers ont été brisés ou
écorchés (noms et détails).
e) Qui ont essuyé des attaques nocturnes et y
ont perdu presque la vie (noms). Le vieux
f) Aux maisons desquelles le feu doit avoir
été mis (suivent 12 noms).
C. Cobbaert, ôchevin.