i\° 51. Dimanche, 57e ANNÉE. 27 Juin 1897. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Le devoir. Le pouvoir d'un ministre. Après la reprise. Le régime électoral. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. On traite forfait. Donc les minisires, pour garder leurs porte feuilles, affirment qu'ils ont rédigé la réponse du Roi aux généraux pensionnés Comme l'écrit L'Etoile Belge, ils déclarent aux manifestants du 13 Juin, lesquels réclament la solution immédiate du problème militaire, qu'ils prêchent un ministère converti. Le gou vernement dit M. De Smet par la bouche du Roi, est trop soucieux de la sécurité et de la dé fense éventuelle du pays pour ne pas souhaiter que le principe du service personnel soit la base de son régime militaire. Le gouvernement déclare, par la bouche du Roi, que, si la Belgique continue se dispenser d'organiser sa défense, elle est la merci du hasard des événements. Le gouvernement proclame donc la nécessité d'abolir le remplacement et de réorganiser l'armée. El ces réformes doivent être réalisées immédiatement, si la Belgique lient ne pas être victime du hasard. Dans ces conditions, le devoir du gouverne ment est de saisir sur le champ les Chambres d'un projet de réorganisation de farinée. Sa responsabilité, qui est déjà lourde, s'a lourdit encore chaque jour. Quand un gouvernement estime que la dé fense nationale n'est pas assurée, il faut qu'il mette le Parlement, qui est l'expression légale de la nation, en demeure de se prononcer sur la question. C'est son premier devoir, et ce devoir il doit s'en acquitter sans perdre une minute. Or, comment a-t-il agi avant la rentrée des Chambres Suivant le général Brassine, il y avait alors une majorité la Chambre des représentants pour voter le service personnel. Le gouverne ment, loin de remplir son devoir, a déclaré au ministre de la guerre que vu l'opposition d'une partie de la droite il ne pouvait présenter le projet annoncé depuis longtemps. El M. Bras sine a été obligé de donner sa démission plutôt que de manquer ses engagements. C'est ainsi que le ministère a compris hier son devoir il le comprendra demain de la même façon en repoussant la proposition des députés de Liège qui réclame la suppression du remplacement. Le gouvernement ne met donc pas ses actes d'accord avec ses paroles, ce qui est la néga tion de toutes ses déclarations patriotiques. C'est M. Vandenpeereboom qui a pris le pre mier la parole dans la discussion des projets de loi relatifs au rachat du Grand-Central et de diverses autres concessions de chemins de fer. R avait vu se produire un si grand nombre d'objections, qu'il a voulu tout d abord essayer de les renverser. Il est moins autoritaire au début de son dis cours qu'il ne l'est généralement. Ainsi il décla re qu'il aurait voulu présenter son projet plus tôt, et que s'il arrive un peu tard, c'est qu il s'est trouvé en présence de très grandes difficultés. C est une excuse qui ne tient pas, car elle ne justifie pas la hâte avec laquelle les membres de la Chambre ont dû examiner le projet. Mais M. Vandenpeereboom ne croit pas toujours s'excuser de la mauvaise besogne qu'il fait ou fait faire la Chambre. Généralement, sa seule volonté doit suffire, selon lui, pour toute expli cation. Parlant des critiques qui ont été formulées, il dit On a trouvé les concessions trop lar ges sur un point, le prix trop élevé sur un autre mais, dans les critiques ainsi formulées, on a perdu de vue que le gouvernement se trouvait en présence, d'une part, des gouverne ments étrangers, et, d'autre part, des sociétés concessionnaires. Je n'ai, vis vis des uns ni des autres, de pouvoir absolu. Puis plus bas il ajoute Je n'avais pas leur dicter la loi ni agir dautorité. Un ministre peut conduire des négociations et arriver un résultat avantageux pour son pays sans recourir au pouvoir absolu et 1 autorité ce sont les mots mêmes employés par M. Vandenpeereboom. Il y a autre chose que cela dans des négociations et l'on peut réussir sans cela. Mais M. Vandenpeereboom croit que le pou voir absolu et l'autorité sont les seules choses envisager. Et ceci peint bien encore ce mi nistre. Quand il ne peut pas faire sentir son pouvoir absolu quand il ne peut pas dic ter la loi ni agir dâulorité il n'est plus l'hom me de la situation. Le pouvoir absolu il ne connaît que ça. Il y avait, au cours des négociations, dit-il plus loin, un grand danger c'était de voir triompher les éléments théoriques. Dans mon administration, un moment donné, les sa vants et les faiseurs de statistiques ont levé la tête j'ai donné l'ordre de les enfermer et nous avons abouti. Voilà l homme, il est toujours le môme 11 n'a pas pu faire autrement avec les compagnies, parce qu'il n'a pas le pouvoir absolu. Mais sur les ingénieurs de son département il a ce pou voir ces ingénieurs lèvent la tête, ils veulent examiner, vérifier le potentat les fait enfer mer. On le voit, le pouvoir absolu est pour M. Vandenpeereboom l'ab c du ministre. Le vote du projet de loi concernant les che mins de fer concédés a eu lieu sans aucun enthousiasme droite, et les réserves faites par M. Fris ont complété celles émises par M. Woeste. Toutefois la vieille garde cléricale avait ré pondu l appel du ministère, et l'on a aperçu dans I hcmtcycle des députés comme MM. De Kepper et Ancion qui n'avaient plus franchi les portes du Parlement depuis cinq six mois. La veille, des télégrammes et des lettres pressantes avaient été envoyés pour que nul ministériel ne manquât l'appel, et cest ainsi que la majorité accordée au projet a dépassé vingt voix. Après le vote, M. Vandenpeereboom ne se tenait plus de joie, et manifestait sa gatlé par des gestes, des sourires, et une conversation superlalivenient expansive avec ses voisins. Dans la tribune de l'administration, où les fonctionnaires étaient littéralement entassés, la joie du chef a été partagée par ses esclaves qui depuis un an d'ailleurs trimaient» comme des forçats pour amener la fin des négociations. Voilà donc le R. P. la tête d'une nouvelle et formidable armee de fonctionnaires et d'ou vriers I Comme conséquence, le fameux hôtel delà marine, en ce moment en construction, servira aux chemins de fer et nullement la division maritime. Celle-ci, vu l'expansion de l'armée bureau cratique, restera tout simplement dans ses lo caux habituels. Le journal le Temps définit ainsi le système électoral qui vient d'être appliqué en Hollande C'est peu de chose près le suffrage uni versel, non pas sommairement et brutalement proclamé sous forme d'un principe, la mode des nations simplistes, mais lentement établi l'aide d'une foule de catégories, d'exceptions et de sous exceptions. On comptait quelque trois cent cinquante mille électeurs aux Pays Bas et ces censitaires ne s'étaient pas trop mal acquittes de leurs fonctions. Désormais, il y en aura plus du double, si ce n'est davantage. Le suffrage universel est vicié par toutes ces exceptions et catégories. On a fait en Hollande comme en Belgique. Le résultat des élections hollandaises, au lieu de prouver contre le suffrage universel pur et simple, prouve en sa faveur. Toutes les exceptions que les libéraux mo dérés s'appliquent faire adopter, comme tem pérament au suffrage universel, tournent au profit des réactionnaires. Ce qui ressort de plus net des résultats obtenus, dit encore le Tempsc'est qu'il faudra s'y reprendre deux fois pour la constitution définitive des Etats généraux il y a prés de la moitié des sièges en ballottage, t. C'est aussi ce qui arrive en Belgique les ballottages sont beaucoup plus nombreux quautrefois, moins cependant qu'en Hollande. Mais cela résulte de la multiplicité des can didatures, et le scrutin uninominal, qui a été établi en Hollande, est, plus encore que le scrutin de liste, de nature faire naître des candidatures. LE PROGRÈS VIRES 1CQUIRIT ECNDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé 5 l'éditeur, rue de Dixmude, 51. INSERTIONS Annonces la ligne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçue» Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour •v restant dé la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRES. Ypres, le 26 Juin 1897.

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