JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Joli gouvernement.
A propos du jubilé Anglais.
Le danger.
S0 54. Jeudi,
57e ANNÉE.
8 Juillet 1897
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
Révision des listes électorales.
Depuis le premier Juillet, les collèges échevi-
naux procèdent la revision annuelle des listes
électorales pour les élections tous les degrés.
Nous engageons vivement tous ceux de nos
amis qui, non encore inscrits sur les listes ou y
figurant avec un nombre de voix inférieur au
maximum, croiraient pouvoir réclamer contre
cette situation, s'adresser au bureau de l'Asso
ciation libérale, en cette ville.
Il faut y revenir encore, cette inoubliable
réponse faite par le chef du cabinet l'interpel
lation Delbeke Bur la question militaire.
Jamais premier ministre n'a été aussi piteux,
aussi inférieur aux obligations de sa charge M.
De Smet de Naeyer s'est complu se ravaler et
s'amoindrir en descendant jusqu'aux derniers
échelons de l'humilité.
Après avoir fait annoncer que les termes du
discours royal au sujet duquel on l'iuterpellait
avaient été arrêtés de commun accord avec le
Gouvernement, le chef du cabinet, reculant
devant la mauvaise humeur de sa majorité, s'est
permis de désavouer le Roi en dénaturant sa
pensée et en donnant ses paroles, si claires et si
nettes, une jésuitique, tortueuse et absurde in
terprétation.
Il a fallu que la voix d'un député socialiste et
républicain, s'opposant aux pénibles et écœu
rantes explications du premier ministre, restitue
la pensée royale son véritable caractère et
rende hommage au patriotisme sincère et vigi
lant de notre Roi.
Voilà où nous en sommes, et ce qu'est devenu
en Belgique, aux mains des valets de l'épiscopat,
le régime parlementaire
Nous avons des ministres qui tiennent devant
le pays cet incroyable langage Nous sommes
partisans du service personnel, mais les véri-
tables chefs de la majorité n'en veulent pas.
d Nous préférons M. Woeste au Roi, nos porte-
feuilles aux devoirs qu'impose la défense du
n p^ys.
M. De Smet de Naeyer n'a revendiqué pour
ses collègues du ministère et pour lui qu'un seul
droit celui de garder en matière militaire leurs
platoniques convictions, sans essayer de les faire
prévaloir.
Cest là, a-t-il dit noblement, une attitude qu'on
laisserait même des laquais.
Eh bien, franchement, M. le ministre n'est
pas difficile, et ce n'est pas le sentiment de sa
dignité qui semble lui tenir fort au cœur.
Et nous croyons que ce n'est pas du temps des
Erère-Orban et des Bara qu'on aurait surpris,
sur les lèvres ministérielles un aussi plat et
déprimant langage.
L'Angleterre vient de célébrer, par des fêtes
d'une inoubliable splendeur, le soixantième an
niversaire de sa Reine.
Elles ont été non pas seulement un tribut d'ad
miration et de reconnaissance payé la vénéra
ble jubilaire, mais encore et surtout la glorifica
tion du peuple Anglais, de sa fortune, de 8a
puissance, de ses œuvres.
Il n'est peut-être pas dans toute l'histoire des
peuples modernes et pour aucun d'eux une
période où se soient succédé et superposé de plus
prodigieux progrès, matériels et moraux, écono
miques et politiques, et qui offre le spectacle
d'une pareille expansion de richesse et de domi
nation, dues une semblable somme d'énergie,
d'initiative, de labeur et de persévérance.
Car, qu'on ne l'oublie pas, et que ce soit là la
leçon retirer de cette solennelle commémora
tion la base de tout le merveilleux édifice de
la puissance britannique se retrouve intact le
ressort individuel, l'esprit de liberté et de res
ponsabilité, l'idée du self-help et du self-govern-
ment.
Le peuple Anglais est pénétré de vraie démo
cratie. Il est profondément libéral, respectueux
de l'individualité humaine, ardent la dévelop
per, l'instruire, l'armer pour toutes les
luttes. L'ouvrier britannique est devenu le type
le plus élevé de l'ouvrier moderne, supérieur
par le bon sens éclairé, par la moralité, par
liabileté professionnelle, l'ouvrier du conti
nent. L'Anglais ne connaît pas les faux dogmes
égaiitaires, qui rabaissent le niveau social et
allument les liaines des classes. L'utopie collec
tiviste ne prendra jamais racine sur cette terre
où la liberté a multiplié ses merveilles.
Ajoutez cela que si le peuple Anglais est
religieux, témoin la multitude des sectes
entre lesquelles se partagent les instincts pieux
de ia foule, il n'a jamais été clérical. Depuis
sa grande révolution religieuse du seizième
siècle, il a en horreur la domination du prêtre.
Le fanatisme et l'obscurantisme, ces deux maux
qui affligent les nations catholiques, lui sont
inconnus.
Enfin, il n'est pas moins extraordinaire de
constater que l'Angleterre est le seul pays d'Eu
rope où le régime parlementaire ait conservé sa
dignité et son prestige, et où il ait échappé au
discrédit dont presque partout ailleurs il est
atteint. Dans cette démocratie britannique, où
l'on ne compte que par sa valeur individuelle, le
gouvernement est demeuré confié une élite
sociale et intellectuelle.
Voilà, pour nous, des leçons de choses mé
diter.
Le Journal de Mons imprime ainsi sur les
grèves
Dans la lutte qui vient d'éclater au Borinage
propos d un règlement accepte par les repré
sentants des ouvriers au sein des conseils de
l'industrie et du travail, ce qui domine tout,
c'est le nouvel état d'âme du travailleur.
Ses chefs socialistes n'ont cessé de lui prêcher
l'émancipation, le représentant comme fort au-
dessus des patrons et lui prédisant un avenir
où il sera le maître absolu. Aussi, contraire
ment lordre des choses réelles, veut-il dicter
sa volonté.
On a promulgué un règlement accepté en
quelque sorte par les parties en présence, con
séquence de la loi de 1896, et améliorant con
sidérablement le règlement ancien. I! n'entend
pas l accepter. Poussé par les meneurs, il veut
le sien, celui qu'il aura dressé lui-même sans se
préoccuper autrement des engagements pris,
sans se soucier de l'équilibre des intérêts entre
le patron et l'ouvrier. C'est la résultante d une
nouvelle éducation sociale et politique et c'est
pourquoi, derrière le rideau de la grève actuelle
apparaît la hideuse guerre des classes prêchées
par les chefs rouges.
Le danger est là I 11 gît en quelque sorte
dans la doctrine nouvelle prêchée follement au
Borinage l'ouvrier sera le maître et le palron
l'esclave. Cest pourquoi le chômage actuel a
une gravité qui ne doit pas échapper aux pou
voirs publics.
Conseil Provincial de la Flandre Occidentale.
OUVERTURE DE LA SESSION
La séance inaugurale a été annoncée
officiellement pour 10 heures, ce qui n'est pas
précisément une heure trop matinale naturelle
ment 10 heures, il n'y a personne dans la salle,
hormis les huissiers de service c'est une habi
tude invétérée, laquelle les pouvoirs publics
ne peuvent déroger sous peine de décheoir en
attendant, on admire les vitraux de la salle,
les rosaces, les sculptures, qui ont été déjà
admirés et décrits l'année dernière comme ils
n'ont pas changé, nous épargnerons au lecteur
une nouvelle description.
Il est 10 heures un quart trois conseillers
font leur apparition.
11 est 10 heures vingt cinq quatre autres
conseillers renforcent les premiers.
Il est 10 heures et demie. L'assemblée,
moins M. le Gouverneur que l'on attend, est
au complet.
M. Verhaegen, doyen d'âge, préside la son
nette résonne, la séance est ouverte, le brouhaha
des conversations cesse l'appel nominal a lieu.
Des applaudissements éclatent toute l'assem
blée se lève M. le Gouverneur, en habit officiel,
fait son entrée...
Il lit, la tribune, mais très mal servi
par l'acoustique (qui n'a pas changé non plus)
le discours d'ouverture.
Ce discours roule sur la loi du 25 Juin 1896.
L'orateur en développe les considérations prin
cipales. Nous les résumerons suffisamment en
rappelant le principe fondamental de cette loi
l'obligation, pour toute entreprise industrielle
comportant en moyenne 18 ouvriers l'œuvre,
d'élaborer un règlement écrit où les obligations
réciproques des patrons et ouvriers soient net
tement indiquées.
Nous publierons ultérieurement ce discours
dont la question sociale a fait tous les frais très
long sans être trop long et très appuyé
d'arguments et de motifs d'ordre pratique.
LE PROGRÈS
V1KES ACgUIRIT ECJNDO.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00
Idem. Pour le restant du pays"-00
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Ypres, le 7 Juillet 1897.
Séance du mardi 6 Juillet.