57. Dimanche, 57e ANNÉE. 18 Juillet 1897. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. Revision des listes électorales. La comédie ministérielle. Les manœuvres annuelles de la garde civique. Le lord-maire Bruxelles. La paie des ouvriers. 6 FRANCS PAR AN. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. On traite forfait. Depuis le premier Juillet, les collèges échevi- naux procèdent la revision annuelle des listes électorales pour les élections tous les degrés. Nous engageons vivement tous ceux de nos amis qui, non encore inscrits sur les listes ou y figurant avec un nombre de voix inférieur au maximum, croiraient pouvoir réclamer contre cette situation, s'adresser au bureau de l'Asso ciation libérale, en cette ville. Ypbes, le 17 Juillet 1897. M. de Smet de Naeyer ayant solennellement juré et plusieurs reprises, que le projet de loi relatif la garde civique serait discuté au cours de la session, a été contraint, moins de passer pour un sauteur de troisième ordre, d'en récla mer le débat. Mais on prétend qu'à la réunion de la droite, ij aurait déclaré aux droitiers qu'ils seraient libres de le repousser ou de l'accepter au mo ment de vote, qu'il ne posait pas la question de confiance. S'il en est ainsi, nous allons assister la plus piteuse comedie, ce qui n'aurait rien d'éton nant, étant donné le ministère qui nous gou verne. Mais i! ne faut pas trop s'y fier et tous les partis d'opposition devraient s unir pour mon trer les côtés injustes du projet et les combat tre. Il est évident qu'il est tout simplement inique d'écraser la bourgeoisie des villes sous un las d'exercices, alors que la bourgeoisie des cam pagnes sera libérée de toute charge... En maintenant le privilège dont celle-ci pro fitait depuis trop longtemps déjà, le ministère a vicié la réorganisation de la garde civique, tout en s'assurant le vole des députés campa gnards flamands. C'est pourquoi l'on peut douter encore de la comédie annoncée et poursuivre la campagne contre le projet ministériel. La plupart des amendements de la section centrale concernant le projet de loi relatif la réorganisation de la garde civique, ont des chances d'être adoptés par le gouvernement et 'a droite. Cependant, une bataille sérieuse se livrera propos de I un d'eux. On sait que pendant les trois premières an nées du premier ban. des manœuvres annuelles d'ensemble réuniront les jeunes gardes, non pas au camp de Beverloo, comme on l avait dit tout dabord, mais aux abords des cités. Ces périodes d'exercices seront-elles de six ou de dix jours La section centrale réclame six jours, le gou vernement dix une friction se préparé, mais M."Woeste s'étant range de l avis de la section centrale, M. Schollaert semble courir une défaite. C'est la suite de l'intervention du clergé que le ministre de l interieur a abandonne 1 idee d'envoyer les jeunes gardes au camp... Plaisanterie part, il a montré M. Schol laert les dangers d'une séparation de dix jours. Que de troubles apportés dans les jeunes ménagés, que d occasions propices 1 infidélité, etc., etc... I Bref, le ministre a été vite convaincu et les soldats citoyens rentreront chaque soir au foyer, satisfaits et rompus. Là où il n y aura pas de tirs existants pour les exercices feu, des trains spéciaux seront organises pour conduire les gardes aux stands les plus proches le soir, les mêmes trains les ramèneront leurs familles satisfaites. Donc, pas de séparation... C'est égal, la première fois que la loi sera appliquée en Belgique, elle y provoquera un fameux remue-menage Le 24 Juillet, en pleines fêtes nationales, nousarrivera le lord-maire, avec ses aldermen, équipages, etc. Un banquet lui sera offert I Hôtel-de-ville, un autre au Palais, et un troisième par lo comi té de I Exposition de plus, un raoût sera don né en son honneur dans notre superbe editice communal. Il est probable que le dimanche 25 Juillet le lord-maire assistera l inauguration du monu ment iiogier. La fête promet délre splendide si le temps est favorable. De nouvelles déléga tions se font annoncer, et toute la Belgique sera représentée la cérémonie, laquelle les corps spéciaux assisteront. Le gouvernement et l'armée brilleront-ils par leur absence cette grande fête patriotique? Ce n'est pas semblable attitude qui fera honneur au piteux ministère qui nous gouverne. Conseil Provincial de la Flandre Occidentale. DISCOURS D OUVERTURE DU GOUVERNEUR. Un usage établi en Belgique fixe au samedi la paie des ouvriers. LE PROGRES VIRES AOyl'IRIT "El'NDO. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 81. INSERTIONS Annonces la lijçne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRES. »rtSW: Suite et fin. Quelques membres de la législature auraient voulu confier la rédaction des règlements-lypes aux conseils d'usine d'autres proposaient de rendre les règlemenls- types obligatoires, Ces opinions n'ont pas prévalu. Les conseils d'usine sont des organismes composés de patrons et de délégués du personnel ouvrier ils ont pour mission d'examiner les différends qui peuvent se produire entre maîtres et ouvriers, et de les résoudre l'amiable après un examen fait en commun. Le conseil n'agit pas comme autorité, mais il fait des propositions et ces propo sitions empruntent une influence réelle la circonstance que leur objet a été étudié cl discuté par les patrons et par les ouvriers. Cette institution s'approprie très bien la grande in dustrie mais il serait difficile de l'organiser dans la moyenne et la petite industrie de plus, si l'on veut con server au conseil d'usine toute son efficacité il faut le laisser l'état d'institution libre, et ne pas le réglementer officiellement. Toute mesure législative qui tendrait l'imposer nuirait par le fait, l'exercice de sa mission d'arbitrage et de conciliation. L'idée a été émise aussi de rendre obligatoires les rè glements-types dressés par les conseils de l'industrie et du travail. Ces règlemenls contiendraient sans douie, des in dications utiles suivre, mais leurs dispositions seront forcément générales et sans rapport direct avec la techni que et l'économie spéciale de chaque entreprise ce point de vue, ils seraient insuffisants et n'offriraient pas les mêmes garanties que le règlement arrêté par le patron après consultation des ouvriers. Les chefs d'entreprise peuvent donc faire tel règlement qu'ils jugent bon, mais ils doivent en formuler un, et il faut que dans sa confection et dans sa publication, ils se conforment la loi. Leurs obligations, en cette matière, sont contrôlées par les fonctionnaires de l'inspection du travail. Des peines a«sez sévères sont comminées contre les chefs d'entreprise qui font obstacle la surveillance orga nisée par la loi. L'amende est de entre 26 100 frs mais il est remarquer que la répression pénale ne porte que sur la violation des dispositions d'ordre public inscrites dans la loi. Un industriel publie un règlement, sans avoir consulté au préalable les ouvriers il se rend passible d'une amende mais, si après avoir fait un règlement dans les formes requises il ne respecte pas les conditions du contrat du travail, il pourra être actionné en payement dédommagés-intérêts, mais il n'encourra aucune peine. Une distinction est donc faire entre les dispositions d'ordre public qui ressortissent du domaine de la police, et les dispositions d'ordre privé qui ressortissent du do maine des conventions particulières, et dont la violation ne peut donner lieu qu'à une réparation civile. De l'ensemble des mesures que je viens de passer en revue, il est aisé de dégager le caractère propre et dis- tinctif de la loi sur les règlements d'atelier c'est une loi de conciliation. Les chefs d'entreprise ont généralement de bien lour des responsabilités ils engagent dans l'industrie ou dans le commerce, leur avoir, leur travail, leur honneur indus triel ou de commerçant ils sont comptables souvent de capitaux étrangers engagés dans leurs affaires ils ont des obligations échéance fixe, qu'ils soient en gain ou en perte ils sont garants de la sécurité des ouvriers. Ayant supporter toutes ces responsabilités, il est logique qu'on leur concède en échange, la liberté d'organiser leur gré leur usine ou leur établissement commercial. D'autre part, les ouvriers sont dans une situation de dépendance qui ne leur permet pas toujours Nie faire eboix de l'atelier pressés par le besoin, et travaillant au jour le jour, ils acceptent la besogne sans se rendre un compte précis de l'étendue de leur engagement. De là naissent des mécontentements et des conflits II est donc équitable, d'assurer aux ouvriers des garanties de justice et de sécu rité. La loi sur les règlements d'atelier tend établir l'har monie entre les intérêts distincts, quelque solidaires, des patrons et des ouvriers elle laisse intacte l'autorité du patron, mais elle procure aux ouvriers la sauvegarde d'un règlement écrit. Celte loi contribuera, sans aucun doute, au maintien de la paix sociale.

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Le Progrès (1841-1914) | 1897 | | pagina 1