Chronique locale.
57e ANNÉE.
8 Août 1807
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
7S V I S.
Politique de pleutres.
A la Chambre.
Yprois,
\°s 62-65. Dimanche,
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
TIRES âCQOIRIT EUND0.
On traite forfait.
Des trains spéciaux seront
organisés l'occasion de
l'arrivée de MM. les Minis
tres.
Nous avons constaté la semaine dernière les
succès remportés par M. Schollaert au cours
de la discussion du projet réorganisant la
garde civique. Nous avons montré que tous les
principes nouveaux, sans exception, qu il avait
voulu introduire dans la loi, avaient été re
poussés ou modifiés, tel point qu'il n'en res
tait rien.
Ces succès, qui feront époque dans la car
rière ministérielle de M. Schollaert, se sont
transformés Mardi en triomphe, propos de
l'article établissant une période annuelle de
manœuvres d'ensemble pour les soldats ci
toyens.
On sait que dans son projet primitif, dont
il ne survit que d'informes lambeaux, pénible
ment arrachés la Chambre, force de mena
ces et de concessions, le ministre voulait
astreindre les gardes du premier ban, pendant
les premières années de leur service, dix
jours de camp.
En posant la question de confiance, tant en
son nom qu'au nom de ses collègues, et en
transformant ces exercices au point d'en faire
une grotesque et inutile parodie de manœuvres
militaires, il a obtenu ceci
Pendant quatre ans, les gardes du lr ban
pourront être réunis cinq jours au plus pour
prendre part des exercices d'ensemble. Les
gardes rentreront chez eux chaque jour. Les
frais seront charge de l'Etal. Enfin les gardes
mariés, âgés de 25 ans au moment de la mise
en vigueur de la loi et étant déjà incorporés
dans une garde civique active, seront dispen
sés des exercices d'ensemble. Ceux-ci d'ailleurs
ne seront ni périodiques ni permanents.
Jamais, croyons-nous, on n'a vu un gouver
nement accepter une situation aussi piteuse
prétendre faire de la milice citoyenne une
force sérieuse, capable et disciplinée, et abou
tir la rendre plus ridicule qu'elle n'était déjà
vouloir lui enlever ce sobriquet de garde comi
que qu'elle portait du reste fort allègrement, et
entendre un membre de la majorité, M. De
Montpellier, se faisant le porte-parole de ses
collègues, déclarer que rien ne serait chan
gé» demander une période de manœuvres
d'ensemble, et se contenter de cinq jours de
bamboche sous les armes, avec aller et retour
payés par l Etat Nos gouvernants ont donné
maintes fois des preuves de pleutrerie, mais
jamais encore ils n'avaient ravalé aussi bas le
rôle de ministres du Roi, chargés de gouverner
et non de couver des portefeuilles.
Et dire que pour en arriver ce beau résul
tat, il a fallu poser la question de confiance
C'est du reste une manœuvre décisive la
quelle nos ministres se livrent chaque fois
qu'ils tiennent se faire obéir par la centaine
de députés qui siègent derrière eux. Et c'est
généralement pour des mesquineries ou des
coups de parti, qu'ils ont recours ce commode
procédé.
Si, par exemple, vous leur parlez du service
personnel, ils s'en déclareront les plus ardents
partisans, et regretteront amèrement de ne
pouvoir le décréter, faute d'avoir une majorité
suffisamment docile. Mais pour obtenir que la
garde civique d Ypres puisse aller, cinq jours
de suite, manger des pains fourres au Mont
Kemmel, vite tous offrent de rendre leur ta
blier. 11 est évident en effet que c'est là une
condition sinequa non leur existence minis
térielle, et que si elle n'est pas réalisée, M. De
Smet ne peut pas continuer dégrever les pro
duits qu'on ne consomme pas, M. Vandenpee-
reboom est dans l'impossibilité de généraliser
dans l'armée, les postes et les chemins de fer
le repos dominical, M. De Bruyn devient inca
pable de protéger le bétail contre la cocotte,
M. Nyssens doit laisser péricliter l'industrie
dont il est pourtant l'indispensable soutien,
M. Schollaert ne peut plus supprimer d'écoles
et M. De Favereau est obligé de mettre au ran
cart son habit brodé, son claque et son épée.
Plaisanterie part, ce qui s'est passé Mardi
montre toute évidence la duplicité et l'indi
gne conduite du cabinet dans la question mili
taire. Il berne le pays par de mensongères
déclarations d'amour au service personnel, et il
fait son possible pour enterrer jamais celte
reforme il prétexte son impuissance devant
la Chambre pour ajourner toute proposition,
mais s'il s'agit d'un mince détail d organisation
relatif la garde civique, il met tout en jeu, et
impose invinciblement sa volonté.
La discussion qui vient de finir aura au
moins servi mettre une fois de plus en lu
mière l'odieuse politique de nos maîtres, fou
lant aux pieds les intérêts de la nation, unique
ment préoccupés de garder le pouvoir.
La séance de Mercredi.
Enfin nos honorables sont partis, la sa
tisfaction générale.
Avant cet exode ils ont volé le budget extra
ordinaire par 60 voix et 20 abstentions, l'arbi
trage propos de l'affaire Ben fillet et des
crédits supplémentaires.
Parmi ces crédits une somme de 60,000 fr.
en faveur de l'expédition au pôle Sud M. De
Gerlacbe pourra donc s'embarquer bientôt
bord de la Belgica, pour les régions antarcti
ques...
Avant ces divers votes et après, deux inter
pellations celle de M. Hambursin sur les ex
ploits arbitraires et fantaisistes du cure d'flin-
geon, celle de M. Hecq sur la mise en vigueur
de la législation sur le tabac.
A M. Hambursin, M. Begerem a répondu
qu'il ne s'était rien passé d'illégal dans les faits
reprochés au susdit curé. Bien d'illégal? M.
Bodart qui est de sa paroisse et le connaît par
cœur, a relevé une série de vexations adminis
tratives, dues ce prêtre il traite son village
en pays conquis.
Le député de Namur ayant terminé son dis
cours en réclamant la revision de la loi sur les
fabriques d'église, les droitiers sont partis d'un
immense éclat de rire et M. Begerem a pu dire
insolemment que les rires de la droite le dis
pensaient de toute autre réponse M. Bodart.
M. Hambursin a traité de gamineries ces
rires inconvenants, et de nouveau il a prouvé
l'illégalité des actes posés par le curé d'Hin-
geon... sans convertir le ministre et la droite.
Aujourd hui tout est permis aux curés
n insistons pas.
A l'interpellation de M. Hecq (législation sur
les tabacs), M. De Bruyn a répondu que le re
censement actuel n'avait pour but que d'em
pêcher la fraude éventuelle, sans avoir en vue
le paiement d'une taxe quelconque.
Les difficultés actuelles, suivant le ministre,
disparaîtront bientôt. Acceptons-en l'augure
Signalons un incident de la séance: pendant
le budget extraordinaire M. Coremans ayant
voulu parler, la Chambre a réclamé la clôture
au milieu d un vacarme inexprimable.
Et, en dépit de sa grosse voix et de ses pro
testations, le député d'Anvers a dû garder les
trésors de son éloquence pour une autre occa
sion.
Le président Tack a profité du boucan pour
faire tinter pendant trois minutes la sonnette
du bureau. 11 a obtenu là un immense succès
dhilarilé 1
-)~(o)X(-
Avant de fêter les deux ministres, qui, la
demande de nos maîtres, arrivent Dimanche, en
vue de compléter le programme insipide de
notre kermesse, nous tenons, pour être juste et
équitable, vous faire connaître la grande solli
citude du gouvernement catholique envers votre
ville.
Cette année les Chambres voteront pour tra
vaux publics la bagatelle de deux cents millions,
dont 150 millions pour travaux ordinaires et
55 n» extraordinai
res, et savez-vous, Yprois, quelle est la part que
nos aigles ont obtenue, un grand O.
LE PROGRES
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Ypres, le 7 Août 1897.
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