75. Dimanche,
57e ANNÉE.
12 Septembre 1897
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Listes électorales.
L'élection de Waremme.
Anathème pour rire.
La manifestation
de la place des Martyrs.
L'impératrice Charlotte.
6 FRANCS PAR AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
vires ACyUIRlT eundo.
On traite forfait.
Nous attirons l'attention
de nos amis politiques snr les
listes électorales qui, depuis
le trois Septembre écoulé,
sont soumises l'inspec
tion du public au secrétariat
communal et dans les com
missariats de police.
Les réclamations doivent
être adressées, avec pièces
l'appui, au Collèg-e éelievinal
avant le 31 Octobre.
Ypres, le 11 Septembre 1897.
Au meeting organisé Dimanche dernier par
les cléricaux de Waremme, le député de Maes-
eyck, M. Helleputte, s'écriait
Entre les partis extrêmes qui se disputent
les suffrages du corps électoral, il n'y a plus
place pour les opinions moyennes. Ne nous
occupons donc pas du candidat libéral...
M. Helleputte ne se doutait probablement
pas qu'en s^xprimant ainsi il faisait, auprès
des électeurs waremmois, la plus belle réclame
que l'on puisse faire en faveur du candidat
libéral, (honorable M. Dochen.
Que demandent, que veulent les électeurs?
Ils veulent avant tout que l'ordre et la paix
régnent dans le pays sans ordre, il n'y a pas
de gouvernement possible sans gouverne
ment, c'est l'anarchie, c'est la ruine de tous,
c'est la misère générale.
Les partis extrêmes, ultramonlains-cléricaux
ou socialistes, conduisent fatalement le pays au
désordre et la révolution
Voilà pourquoi les électeurs waremmois ré
pudieront ouvertement les candidats qui repré
sentent ces partis.
L'opinion moyenne, au contraire,c'est-à-dire
l'opinion libérale, dit la Meusepeut seule nous
préserver des dangers que les autres partis font
courir la Belgique.
Depuis que le suffrage universel ignorant,
dans un moment d'égarement, a abandonné les
libéraux pour faire entrer la Chambre une
trentaine de socialistes, on sait quel niveau
déplorable le régime parlementaire est tombé
en Belgique. Les débals législatifs ne soulèvent
plus, dans les cœurs vraiment belges, qu'un
sentiment de mépris et de dégoût. En trois ans,
la Belgique a perdu la place éminente qu'elle
avait conquise dans l'estime des autres nations
par soixante années de liberté et de progrès.
Nous sommes tombes assez bas il est temps
de se relever et de réagir. Les maladresses et
l'incapacité des cléricaux ont décuplé l'audace
des socialistes ceux-ci, n'ayant redouter que
des Schollaert ou des Helleputte, se sont livrés
tous les dévergondages de la parole, essayant
de dissimuler la pauvreté de leurs idées sous la
violence de leurs expressions.
Une opposition libérale ferme, intelligente,
libre et indépendante vis à-vis des socialistes
est plus que jamais nécessaire pour préserver le
pays du péril de ces opinions extrêmes et arra
cher les masques dont se couvrent le visage de
tous ces prétendus défenseurs populaires, qu'il
s'appellent cléricaux, socialistes ou democrates-
chretiens 1
Cest ce que comprendront tous les électeurs
sages de 1 arrondissement de Waremme; ils
répudieront energiquemenl tous les partis ex
trêmes ils feront triompher le candidat de
cette opinion moyenne qui peut revendi
quer son honneur tous les grands progrès
politiques et économiques que la Belgique a
réalises depuis 1830.
C'est la guerre ouverte, cette fois. Après bien
des hésitations, la Ligue démocratique belge,
qui nesl, en réalité, quun succédané de la
Fédération cléricale, se décidé rompre avec le
Parti démocratique chrétien flamand, dirigé
par labbe Daens, ce prêtre insoumis, qui refuse
de baiser les bottes de M. Woeste.
Le bureau de la Ligue -a rédigé, sous forme
de résolutions, la déclaration de guerre, la
quelle sera soumise aux délégués des sociétés
affiliées, convoques pour Dimanche prochain
en assemblée extraordinaire.
Les democrates-cbrétiens sont accusés, dans
celle résolution, de mépriser les personnes
et les autorités religieuses, d'attaques înces-
santés contre les catholiques et d'excitations
la guerre des classes.
En plus, car ce n'est pas tout, de parti pris
d hostilité envers tous les groupes formant le
parti catholique et entin, pour le bouquet,
d hypocrisie dans leurs appels l'union des
catholiques.
En conséquence, les personnes ou sociétés
affiliées la Ligue seront mises en demeure
de choisir endéans le mois entre la Ligue et
le parti des democrates-chrétiens flamands.
Nul doute que l'assemblee extraordinaire des
délégués appeiee délibérer sur cette belle
résolution ne s'empresse de l'adopter. Elle re
pond trop bien aux sentiments de haine qui
couvent depuis longtemps au fond de leurs
cœurs charitables pour qu'ils hésitent un seul
instant la ratifier de leurs acclamations.
Et puis après? Les démocrates-chrétiens ne
semblent pas trop effrayés du raca dont ils sont
menaces. On les dirait plutôt disposés s'en
réjouir comme d'une bonne fortune. La sus
pense infligée l'abbe Daens n'a eu d'autre
effet que d'aviver leur zèle de propagande.
Ainsi en sera-l-il probablement, disons certai
nement, de la déclaration de guerre que la
Ligue démocratique se dispose leur signifier.
Ah s'ils venaient être frappés par une
condamnation solennelle du Pape, ce serait
différent. Les démocrates-chrétiens se piquent
d'être de bons, de fidèles catholiques. Ils se
soumettraient sans doute.
Mais nos vieux cléricaux, M. Woeste en tète,
ont eu beau solliciter intervention du Saint-
Père. Ils sont revenus bredouille du Vatican.
Si bien, qu'à défaut de la voix toute puissante
du Pape, ils en sont piteusement réduits
excommunier eux-mêmes leurs adversaires, ce
qui n'est pas précisément la même chose.
Celte année, le pèlerinage annuel la place
des Martyrs sera célébré avec un éclat parti
culier. Et le cortège aura un caractère plus dé
coratif encore que l'an dernier. Le conseil com
munal, précédé du bourgmestre et des écbevins,
se rendra au monument commémoralif de la
Révolution, entouré des corps spéciaux de la
garde civique.
Des musiques militaires prêteront leur con
cours la cérémonie, laquelle assisteront
toutes les sociétés d anciens militaires, les com
battants de 1830, de multiples sociétés bruxel
loises et les enfants des écoles avec leurs dra
peaux.
Un médaillon représentant l'auteur des paro
les de la BrabançonneJenneval, injustement
oublié jusqu'ici, sera inaugure devant celte im
mense assemblée.
C'est M. Lepage qui s'est souvenu du vaillant
patriote et a réclamé cet hommage sa mé
moire. On ne saurait trop l'en féliciter.
Les phalanges scolaires souligneront celte
manifestation en chantant la Brabançonne
comme elle le fut pendant la révolution, avec
les paroles de Jenneval. La Hollande ne s'en
froissera pas, comprenant l'opportunité de ce
chant devant le médaillon de notre Rouget de
l'isle, de notre fier patriote.
L'impératrice Charlotte a été secouée plu
sieurs reprises pendant cet été par des crises
violentes la dernière a même provoqué des
inquiétudes dans son entourage, ce qui a fait
courir des bruits pessimistes. Depuis elle va
mieux, et le calme qui l'enveloppe en quelque
sorte fait espérer que d'ici longtemps elle ne
subira plus les assauts du mal. Elle se promène
beaucoup dans son beau parc de Bouchout,
mais toujours accompagnée de deux personnes,
souvent du général qui commande sa maison.
Rentrée dans ses appartements, elle joue du
piano, de la harpe, ou elle ébauche des aqua
relles évidemment informes.
Quand elle se trouve dans son état normal,
elle mange avec bon appétit, désignant elle-
même les plats qu'elle préfère.
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