AVIS IMPORTANT. La liberté de conscience. L'alliance libérale. A propos de syndicats et d'unions. M° 92. Jeudi, 57e ANNÉE 18 Novembre 1897 FRANCS PAR At\. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. PARAISSANT LE JEL'Dl ET LE DIMANCHE. t1kës ICgCIRIT kundo. On traite forfait. Le Progrès sera envoyé gra tuitement jusqu'au premier Jan vier prochain, aux personnes qui s'abonneront, pour une an née, dater de celte époque. Ypres, le 17 Novembre 1897. La scandaleuse suspension de deux institu trices Gantoises, prononcée par le ministre de l'ignorance nationale contrairement l'avis de la minorité catholique du Conseil communal de Gand, vient de faire les frais d'un débat parlementaire Elle a fourni un énergumène du nom de DeGuchlenacre, député catholique de Gand, l'occasion de dire que l'enterrement civil d'un enfant équivaut celui d'un chien mort. Il s'en est suivi un beau tumulte et le pré sident de la Chambre a dû lever la séance. Constatons ici, en passant, que l'alliage de la religion et de la démocratie semble avoir eu surtout pour résultat, chez ses adeptes, un dé veloppement considérable de violence imbécile et de révoltante grossièreté. Il n'y avait qu'une réponse faire De Guchlenacre elle a été faite par toutes les voix de la gauche qui lui ont crié Vous êtes un misérable. M. Schollaert n'a pas le langage brutal et in décent du député Gantois mais il estime avec lui que les libres-penseurs doivent être mis hors la loi et que le fonctionnaire qui assiste un enterrement civil mérité d'être censuré. Caries deux institutrices Gantoises n'avaient pas fait autre chose elles avaient assisté, avec celles de leurs éleves que leurs parents y avaient autorisées, aux funérailles civiles d'une jeune fille de quinze ans, qui fréquentait leur ecole. Leur conduite avait été correcte, marquée au coin des plus élémentaires convenances et conforme de respectables traditions. Elle avait été approuvée par le Collège échevinal et parle Conseil communal tout entier. N'importe, M. Schollaert les a frappées, parce qu'il ne pré tend pas que ses instituteurs et institutrices donnent l'exemple de la tolérance et du respect de la mort. Supposons qu'un ministre libéral se fût ja mais avisé d'interdire une institutrice d'ac compagner ses elèves la messe, ou qu'il eût suspendu un instituteur pour avoir porte un drapeau ou un cierge la procession. Nous en tendons d ici les hurlements de la presse dévote. Mais une institutrice ne croit pas devoir s'abstenir de suivre le convoi dune petite morte elle ne laisse pas enterrer la pauvrette sans que ses jeunes compagnes lui adressent un dernier adieu. Ob alors, haro sur l'institu trice elle s'est compromise dans une manifes tation antireligieuse et doit être frappée. Et il se trouvera un ministre, plat valet des évêques, pour oser dire la tribune d'une Chambre belge, en 1897, ces incroyables paro les Cette institutrice a donné du scandale, en prenant part une manifestation contraire aux sentiments de patriotisme et de religion du pays. [Sic) U N est-ce pas vraiment inouï Mais il y avait, dira-t-on, cet enterrement civil de la petite fille Gantoise, un petit dra peau rouge. Horreur I Celte petite bannière, portée par un enfant, a, parait il, troublé l'ordre social. M. Scbollaert et sa majorité ne se foDt cepen dant pas faute de singer les socialistes en nous dotant d'un las de lois dites sociales, destinées leurrer la démocratie ouvrière en suscitant au commerce et lindustrie des entraves de toute espece. Mais, quand apparaît le moindre drapeau rouge, les voilà qui s'effarent, lancent des cris d'orfraie et proclament que la patrie est en danger. Un peu de logique et un peu de bon sens, sil vous plaît. El surtout, un peu de tolérance. Ne faudrait-il pas que, devant la mort, toutes les haines desarment et quon laisse tout le monde, sans distinction de secte ni d'opinion, rendre les suprêmes devoirs celui qui n'est plus J'ai assisté maintes cérémonies funèbres, a fort bien dit le député Berloz, où figuraient des drapeaux de confréries. Je n y ai jamais fait attention. C est la voix de la sagesse. Drapeaux rouges ou drapeuux jaunes, que chacun honore les morts sa façon et que ceux qui ne se rangent sous aucune de ces ban nières puissent librement mêler leurs homma ges ceux des groupes qui les arborent. Il n'est question ici ni de socialisme, ni d'ul- tramonlanisme il est même ridicule que de pareils mots soient évoques dans la circon stance. On a puni deux institutrices pour avoir agi avec cœur, avec tact, avec charité. Voilà la vérité. L'alliance libérale ne tardera pas être con stituée, et son organisation aura probablement pour première conséquence la concentration des forces libérales dans la plupart des arron dissements. On espère qu'elle pourra prendre avant la Noël d'importantes résolutions que viendra en quelque sorte corroborer le Congrès des socié tés libérales ouvrières fixé cette date. Avant tout, on compte que ces deux organis mes de notre parti décideront des mesures de propagande active, les libéraux ayant été dé passés dans cette voie par les socialistes elles cléricaux, qui s'appuient sur un nombre consi dérable de cercles, d'associations, de fédéra tions, de ligues, de syndicats, de coopératives, etc., etc. Bref, on va tenter de rendre le plus de vitalité possible au parti libéral, découragé par 1i an nées de défaites. Mais en 1870, les cléricaux aussi avaient été éloignés du pouvoir pendant un très grand nombre d'années, ce qui ne les a pas empéchés de s'en emparer et de redevenir majorité Exemple suivre... Il suffit de jeter les yeux autour de nous pour constater partout la plus étrange confusion. Le clergé en est arrivé, dans notre pays, vouloir régenter la vie industrielle et écono mique. De là ces syndicats agricoles, ces Boerenbon- den dont il a pris la direction et qui couvrent le pays. Le prétexte de ces groupements c'est l'achat d'engrais et la vente de tourteaux. Le but poursuivi, c'est la propagande religieuse et politique, l'enrégimentation des masses rurales sous la bannière de l'intolérance et de la super stition. Pour être admis dans les Boerenbondeti, il faut croire, pratiquer, promettre obéissance absolue au prêtre. Et ce sont ces associations vouées une poli tique intolérante et sectaire que le législateur, en les dotant de la personnification civile, va ériger en établissements d'utilité publique Où allons-nous L'envahissement clérical a pris de telles pro portions que nous nous demandons quand les intérêts lésés et les sentiments froissés de nos populations en auront assez de ce régime. Les socialistes ne sont pas contents des voles que la majorité de la Chambre a émis jusqu'ici dans la question des unions professionnelles; les démocrates dits chrétiens n'en sont pas plus satisfaits. Les socialistes noirs et les socialistes rouges sont de nouveau d'accord. Ils le sont presque toujours, ce qui montre qu'entre les uns et les autres il n y a guère de différence sensible. Socialistes noirs et socialistes rouges ont vi vement réclamé pour les unions professionnel les le droit de faire le commerce. C'est l'appli cation du collectivisme en petit. Dans les sociétés ordinaires, quelle que soit leur forme, les coopérateurs travaillent dans leur intérêt LE PROGRÈS ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 51. INSERTIONS Annonces la ligue ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. 0-25 Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour le restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRES. -

HISTORISCHE KRANTEN

Le Progrès (1841-1914) | 1897 | | pagina 1