AVIS IMPORTANT. Les discordes cléricales. Choses scolaires. Péril socialiste. i\° 94. Jeudi, 57e ANNÉE. 25 Novembre 1897. 6 FRANCS PAR AN. JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT. PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE. On traite forfait. Le Progrès sera envoyé gra tuitement jusqu'au premier Jan vier prochain, aux personnes qui s'abonneront, pour une an née, dater de cette époque. Les cléricaux, qui se réjouissent si volontiers des querelles du libéralisme, gardent un silence embarrassé sur les décisions prises la der nière réunion tenue, Bruxelles, par les délé gués des cercles catholiques du pays. Les débals passablement orageux, dont quel ques journaux nous ont apporté, de ci de là, quelques échos affaiblis, nous montrent le parti clérical peu près aussi divisé que l'était le libéralisme la veille de sa chute du pouvoir. Les démocrates chrétiens, amis de MM. Planckaertet Daens, font penser au socialisme d'autrefois quand, par ses premières audaces, il jetait le désarroi parmi les libéraux. Les cléricaux ont trouvé leurs socialistes, qui se disent plus cléricaux qu'eux. Ils les excommunient tour de bras. Ils ont même obtenu de leur ligue démocratique con servatrice, obéissant des raisons de tactique électorale, qu'elle les désavoue solennellement. N'importe; les bataillons des démocrates- chrétiens grossissent, et I heure est proche où, dans maints cantons de nos Flandres, la vic toire ira aux exaltés du cléricalisme populaire rural. Les cléricaux récoltent là ce qu'ils ont semé. Pendant des années ils n'ont travaillé qu'à abê tir nos populations rurales, en les maintenant sous le joug exclusif de l'idée religieuse. C'est de l'exaltation de l'idée religieuse qu'est né le socialisme chrétien. Le sacrifice des démocrates chrétiens n'a pas suffi au groupe réactionnaire du cléricalisme, dont M. Woeste est le prophète. Des unionistes voulaient que tous les groupes du parti conservateur eussent intervenir dans les élections et dans le choix des candidats proportionnellement leur nombre. Cette tentative a échoué. De môme que, il y a quelque dix ans, les pointus du radicalisme ont fait échouer la con centration libérale, nous venons de voir les pointus du cléricalisme repousser toute accoin- tanceavec les groupes moins réactionnaires de leur parti. Pour déguiser un peu la rupture, on a voté un ordre du jour laissant chaque association catholique le soin d'apprécier s'il était opportun de s'entendre avec les cercles démocratiques. C'est un peu comme nos congrès progressis tes et libéraux, qui n'ont pas su établir l'al liance de façon générale, et qui l'ont abandon née aux initiatives particulières et aux bonnes volontés locales. Il est donc certain que le cléricalisme passe précisément par les mêmes épreuves qui ont été si fatales aux libéraux. Si les mêmes causes amènent les mêmes effets, notre gouvernement et sa majorité mar chent l'effondrement qui a si dûrement at teint le libéralisme. Le jour où le cléricalisme succombera sous ses fautes, nous pourrons rééditer notre pro fit le mot fameux sur le soulagement universel. La loi de 1884 a été latte, on s'en souvient, au nom de l'autonomie communale. Aux libéraux qui reprochaient au Gouver nement de se désintéresser de l'instruction du peuple, d'assister inerte et désarmé la des truction des écoles et la proscription des in stituteurs, MM. Thonissen et Devolder répon daient Que voulez-vous II faut respecter la liberté des administrations communales. Aujourd'hui le thème a changé. Il s'agit de soumettre au joug clérical les écoles qui ont survécu, celles des villes et des localités importantes L'autonomie communale a fait son temps. Cesl vieux jeu. Pour arriver faire pénétrer l'idée confes sionnelle et sectaire dans les écoles laïques, le Gouvernement s'efforce de réduire, d'abaisser l'autorité des communes sur ces écoles. Sous prétexte que les instituteurs désirent relever de l'Etat plutôt que des municipalités, le Gouvernement travaille supplanter par tout les bourgmestres et les échevins au profit de ses inspecteurs. Les conflits sont de tous les jours. L'inspecteur tend devenir le maître devant lequel doit trembler le personnel enseignant. Il fait des injonctions, dirige des enquêtes, signale au ministre les instituteurs bien ou mal pensants. L'autorité communale n'est plus mô me consultée grâce la nouvelle loi, il arrive, comme Gand, qu'une institutrice est punie lorsque l'autorité communale la trouve irrépro chable. 11 peut arriver qu'un instituteur soit révoqué, malgré la confiance que lui témoi gnent le conseil communal et les pères de fa mille. Encore si les inspecteurs étaient des fonc tionnaires loyaux, dévoués renseignement public, justes et impartiaux. Mais on les re crute exclusivement dans les rangs des maîtres d'école fanatiques qui jadis, aux jours de la lutte scolaire, se distinguèrent par leur mili tante hostilité contre l'enseignement officiel. Cette main-mise de l'Etat sur l école est peut- être la chose la plus funeste qu'ait produite la funeste loi Schollaert elle peut provoquer la pire des réactions. Sans doute, l Etat doit s'occuper de l'instruc tion publique il doit légiférer, réglementer, intervenir de son autorité et de son argent pour qu il n'y ait pas en Belgique une seule commune où l'enseignement ne soit convena blement organisé. Sans doute encore, l'Etat doit veiller ce que l'enseignement soit loyalement neutre, c'est-à-dire étranger aux discussions religieu ses et aux querelles politiques. Mais là se borne sa mission. El c'est précisé ment celte mission là que nos gouvernants négligent scandaleusement de remplir. Au delà, commence l'autonomie des com munes, tant vantée jadis, outrageusement sacrifiée aujourd'hui. Il faut que l'école soit placée sous le contrôle direct et immédiat des pères de famille. Ce contrôle là, on tend le supprimer. On veut faire du corps enseignant une sorte de hiérarchie mi-laïque et mi-religieuse, dont M. Schollaert sera le grand maître, tout en de meurant, bien entendu, le plat valet de lepis- copat. N'oublions pas, n'oublions jamais le péril socialiste I Dans le discours qu'il a prononcé récemment Liège. M. Anseele a parfaitement traduit les sentiments de tous les socialistes en général. Ce que veulent ces aimables collectivistes, c'est l'effondrement de la société actuelle. L'essentiel pour nous est d'anéantir la bour geoisie sur tous les terrains. Tel est l'aveu d'Anseele. Et non pas uniquement la bourgeoisie riche, fortunée, prospère, celle qui est la tête de l'industrie et du commerce, mais aussi la petite bourgeoisie besogneuse qui lulte bravement pour s'acquérir un peu de bien au soleil. Le député collectiviste a même trouvé des expressions cruelles pour la flétrir, son crime ayant toujours été de se rapprocher plutôt de la bourgeoisie capitaliste que du peuple socia liste. Pourquoi Parce que celui-ci défend avec elle la propriété, celle propriété qu'il faut ac quérir au prix de tant d'efforts, parce que leurs idées sont semblables en ce qui regarde nos institutions et qu'elles ont les mêmes aspira tions et les mêmes respects L'anéantissement de la bourgeoisie, grande et petite, poursuivie par le socialisme se pro duira certainement si les bourgeois ne savent pas se défendre. A eux de comprendre leurs LE PROGRÈS vimes acyuirir eundo. ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00 Idem. Pour le restant du pays7-00 tout ce qui concerne le journal doit être adressé l'éditeur, rue de Dixmude, 51. 0-25 INSERTIONS Annonces la lij?ne ordinaire fr. 0-10 Réclames la ligne, fr. Insertions Judiciaires la ligne, un franc. Les annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Pmogres Pour ie restant de la Belgique et de l'Etranger, également aux bureaux du journal LE PROGRES. Ypres, le 24 Novembre 1897.

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Le Progrès (1841-1914) | 1897 | | pagina 1