AVIS IMPORTANT.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
En Cour d'Assises.
Tous l'Alliance.
La curée.
A0 97. Dimanche,
57e ANNÉE.
5 Décembre 1897.
6 FRANCS PAR Ai\.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
Le Progrès sera envoyé gra
tuitement jusqu'au premier Jan
vier prochain, aux personnes
qui s'abonneront, pour une an
née, dater de celte époque.
La grosse affaire du jour chez nous, fesant
pendant celle du traître Dreyfus en France,
est celle de 1 empoisonnement "de Mm" Vander
Auwera.
Scandaleuse affaire aussi que celle-ci, qui
met nu toutes sortes de purulences cynisme
de l'accusé impudence de certains témoins
manœuvres honteuses de subornation curio
sité malsaine des femmes, qui, s'il faut en
croire un journal, tiennent pour le mari plutôt
que pour l'accusation
Ace propos, nous demanderons, une fois de
plus, ce que vient faire lelément féminin là-
dedans, et pourquoi ces cartes de faveur distri -
buées droite et gauche
Un jour, dans une affaire scabreuse, le pré
toire étant envahi de dames des différents mon
des, le Président, homme de sens et d'esprit,
dit:j engage les femmes honnêtes se retirer...
Aucune ne s en allant, le magistrat, après une
courte pause, reprit maintenant que les hon
nêtes femmes sont parties, huissiers, faites sortir
les autres Comme il avait raison, ce Prési
dent-là Et tous devraient faire comme lui,
libre aux curieuses de scandale, aux affriolées
de drames honteux ou tragiques, de se mêler
la foule, la tourbe vulgaire des habitués de
Cour d'Assises, au risque de se faire écraser
dans le brutal envahissement du carré réservé
au public.
Môme pour la presse, nous ne voyons trop
ce qu'il y a gagner lui ménager un accès
privilégié.
Est-ce pour servir les mœurs publiques qu'il
faut répandre dans le pays entier, et môme
dans les pays voisins, le lamentable récit de
débats semblables Non, évidemment. Est-ce
dans I intérêt de la Justice? Bien moins encore.
On allègue le droit de contrôle... Mais s'ima-
gine-t-on que la magistrature qui instruit ne
remplit pas son devoir? Combien on se trom
perait! Bien nest négligépour tirer les affaires
au clair; pour établir l'innocence aussi bien
que pour prouver la culpabilité des accusés
Êt lorsque, après mûr examen, un prévenu est
renvoyé devant les tribunaux, où l'on examine
encore, il y a dix parier contre un qu'il est ré
ellement coupable. Aussi, les erreurs judiciai
res, dont on a 1 habitude de tant blaguer, con
sistent-elles bien plus en des acquittements
indus qu'en des condamnations imméritées.
Quel que soit ie sort que l'avenir reserve
leur entreprise, que I Alliance triomphe ou
succombe dans son effort, il n y aura qu'une
voix dans le parti libéral tout entier pour ren
dre hommage leur courage et la droiture de
leurs intentions.
Mais 1 Alliance vivra, dit la Gazelleparce
qu'il est impossible qu elle ne rallie pas tous les
libéraux du paya, aussi bien les libéraux les
plus modérés que les progressistes les plus
avances.
Que leur demande-t-elle, en effet, aux uns
et aux autres Bien que de la bonne volonté.
Elle ne leur dit pas je vais dresser un pro
gramme auquel vous serez tenu dadhérer sous
peine de leae-libéralisme. Je ne me mêlerai pas
de vos élections et vous aurez tenir compte
de mes préférences dans le choix de vos candi
dats.
Elle leur dit, au contraire Alliance ne ré
clame de vous aucun sacrifice de vos convic
tions personnelles. Progressistes et modérés,
en entrant chez nous, vous nabandonnez rien,
absolument rien de vos programmes respectifs.
Mais vos programmes eux-mêmes portent sur
de nombreux points qui vous sont communs, et
['Alliance considéré que, sur ceux qui vous
divisent, avec un peu de bon vouloir de part et
dautre, une entente est possible. Pourquoi
n essaieriez- vous pas On ne vous demande
rien de plus.
Quanl vos affaires électorales, I Alliance ne
s'en mè.e pas. Elle proclame qu elle n est pas
collectiviste, mais elle déclaré en même temps
que si, pour certaines raisons dont elles restent
seules juges, des Associations concluent des
pactes de coalition électorale avec le Parti
ouvrier, cela les regarde et qu elle ne se recon
naît pas le droit d intervenir pour ies en em
pêcher.
L Alliance respectant tous les droits, réser
vant toutes les opinions, ne demandant tous
les libéraux, quelque nuance qu'ils appar
tiennent, qu'un peu de bon vouloir pour étu
dier en commun les questions qui les divisent
en vue d'un rapprochement d où doit sortir leur
délivrance, quel libéral pourrait refuser son
concours l'œuvre de régénération que l'A7-
liance s'est donne pour mission d'accomplir?
Le temps des récriminations est passé. Nous
avons paye trop cher nos misérables querelles,
le parti clérical a pris des proportions trop me
naçantes, pour que nous ne sentions pas tous
la nécessite, la nécessité urgente sous peine
d'un anéantissement total, de battre le rappel
de toutes les bonnes volontés et de tous les dé
vouements pour arracher le pays au régime du
jésuitisme et de démoralisation cléricale qu'il
doit, pour une bonne part, nos tristes, nos
honteuses discordes intestines.
Impatiente, avec des grondements de mena
ce, la meute noire a réclamé et, en seigneurs
tremblants, en barons apeurés et domestiqués
I honneur de forligner nos maîtres ont
jeté la meule de grandes parts de curée... Et
voilà que déjà fouaille nouvelle est promise. La
mort du cerf excuse celle du sanglier. Audace
excuse rapine. Telle est la morale de nos bons
cléricaux. Le clergé belge qui est la raison
d être et la force de nos ministres de pacotille,
ne doit-il pas voir son zèle récompensé? Son
incessant travail anli national, anti constitu
tionnel, anti libéral tel en les champs d'été,
le labeur souterrain et mystérieux de la taupe
ne mérite-t-il pas eomplèle approbation et
pratique sanction Or quoi de plus pratique, de
plus clair que la bonne galette? G est donc au
moyen de la bourse de tous braves contri
buables quelle touchante attention qu'on
va remercier les frocards de tout poil et qu'on
va solder les mercenaires ensoutanès ran
gés sous les plis du drapeau jaune I On va,
parait-il, augmenter les traitements du clergé,
Pauvres gens Suaves disciples de celui qui
n'avait pas une pierre où reposer la tête
Certes il est de bons et de braves prêtres
tels de vieux curés de campagne, la cure
modeste et hospitalière, la soutane usée, la
main toujours généreuse, la figure toujours
souriante Mais il y a aussi les autres.
il y a les évêques qui roulent carosses et qui
ont pour joaillers de hautes et nobles dames
il y a les chanoines gras lard il y a tous les
aumôniers inquisiteurs et sournois, tous les
cures politiques qui prêchent et qui bavent,
tous les moinillons paresseux aux demeures
colossales Ah si l'on pouvait voir les intri
gues, les secrets et coupables agissements des
grands et des petits vicaires I Ah I si le peuple
songeait aux captations, aux vols commis par
tout ce qui porte froc et tonsure, peut-être, dé
goûté, chasserait-il les corbeaux du pouvoir I
La meute serait peut être cinglée...
Mais on dort, semble-t-il, en notre cher et
malheureux pays on dort Bruxelles comme
en province. Soldats longtemps vaincus tou
jours prêts au premier cri d'union gagner la
bataille, sus aux rats d'église I Mais on dort...
Et vive la curée, et bon appétit, Messeï-
gneurs
Le traitement des magistrats.
La Commission spéciale nommée par la
Chambre pour examiner cette question s'est
réunie Mercredi.
Cette première séance a été consacrée poser
les jalons de la discussion et déterminer les
points examiner, savoir augmentation de la
pension des magistrats retraites par M. Hector
Denis, augmentation portée de 300 500 francs
pour les magistrats d'instruction après vingt
ans de fonctions.
LE PROGRES
vues ACyuiRiT etJNDo.
ABONNEMENT PAR AN: Pour l'arrondissement administratif et judiciaire d'Ypres, fr. 6-00
Idem. Pour le restant du pays7-00
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Lps annonces sont reçues Pour l'arrondissement d'Ypres aux bureaux du Progrès Pour
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Ypres, le 4 Décembre 1897.