AVIS IMPORTANT.
JOURNAL D'YPRES ET DE L'ARRONDISSEMENT.
Les affameurs.
Cléricalisme et socialisme.
Belle statistique
La défense de la Belgique
jugée en France.
Chronique londonienne.
98. Jeudi,
57e ANNÉE
9 Décembre 1897.
6 FRANCS PAU AN.
PARAISSANT LE JEUDI ET LE DIMANCHE.
On traite forfait.
Le Progrès sera envoyé gra
tuitement jusqu'au premier Jan
vier prochain, aux personnes
qui s'abonneront, pour une an
née, dater de cette époque.
Ypbes, le 8 Décembre 1897.
Le budget de la guerre prévoit pour l'exer-
cice 1898, l'article Pain et viande», une
augmentation de 717,000 francs provenant, dit
le minisire, de l'augmentation du prix de la
ration de viande
D'où provient cette hausse Des mesures pro
tectionnistes prises par le gouvernement cléri
cal.
C'est lui qui a établi un droit d'entrée sur le
bétail et sur la viande. C'est lui qui exige pour
l'introduction de la viande fraîche l'adhérence
des poumons. C'est lui qui, tous moments,
ferme la frontière au bétail.
Toutes ces mesures ont concouru faire
hausser les prix.
Le gouvernement est le principal artisan de
l'augmentalion qu'il subit aujourd hui.
Au parlement, il a soutenu, de nombreuses
reprises, qu'il n'était pas vrai que les droits
protecteurs finissaient en somme par peser tout
entiers sur les consommateurs. Voici que le
budget lui-même vient s'insurger contre cette
affirmation.
Comme acheteur de viande pour la consom
mation de l'armée, le gouvernement est obligé
de constater un accroc de plus de 700,000
francs sa bourse.
Pour les particuliers, l'accroc existe aussi,
indéniablement.
Le gouvernement ne se plaint pas. Il aurait
mauvaise grâce se plaindre. Mais les malheu
reux atteints par le renchérissement de la
viande ont le droit de la trouver mauvaise
Déjà la ration de viande d'un grand nombre
de citoyens est bien minime. En en faisant
hausser le prix, le gouvernement la réduit
encore et il mérite bon droit le reproche
qu'on lui fait d'affamer les pauvres gens
Il y a quelques jours avait lieu Boom une
élection pour les membres ouvriers du conseil
des prud hommes. Cest la liste socialiste qui
la emporté haut la main.
Ce résultat rend perplexe le monde clérical.
Le Bien Public déclaré que, si les cléricaux
n'ont pas triomphe, cest que cinq cents ouvriers
catholiques ont passé au socialisme collecti
viste, cause de I ardente campagne menee
Boom par labbé Daens. Et lorgane bien pen
sant ajoute qu il est clairement démontre que
la néo-democralie est 1 auxi 1 laire indirect, in
conscient peut-être, mais sûrement elïicace, du
socialisme.
Nous n'entendons pas y contredire. Mais
peut-être nest-il pas innopporlun de recher
cher les auteurs responsables de I évolution qui
se produit
Rappelons tout d'abord que le père de la dé
mocratie chrétienne, celui qui la encouragée
de ses bénédictions, nesl autre que le pape
Léon Xlll en personne. Les deux encycliques
sur la condition des ouvriers sont de véritables
déclarations de guerre au vieux conservatisme.
LEglise a voulu faire sa cour aux nouvelles
couches sociales, afin de se les accaparer et
d en faire des instruments de domination.
Mais il se fait que, nés dans le giron de
l'Eglise, les démocrates chrétiens iront pas
larde s'affranchir de la tutelle cléricale. Ils
ont voulu marcher seuls.
El maintenant que les politiciens qui avaient
place en eux tout leur espoir voient leurs illu
sions deçues, Us reconnaissent leurs fautes et se
frappent lamentablement la poitrine.
Cela prouve levidence que le socialisme
n'est pas issu du libéralisme, comme se plaît
le repeter sans cesse la presse cléricale.
La démocratie chrétienne, Messieurs les clé
ricaux, avec ses déviations nécessaires et ses
accointances inévitables, est votre oeuvre. Ad
mirez la.
Un journal ullra-calotin entreprend de dé
montrer que jamais l'instruction n'a été plus
prospère que sous le règne deSchollaert le ré
novateur.
A l'en croire, la population des écoles soumi
ses l'inspection de 1 Etat, qui était de 340,118
en 1881, serait montée 720,191 en 1895.
En supposant ces chiffres exacts, il ne faut
pas oublier que, sous la loi de 1879, on ne sou
mettait l'inspection de I Etat que les vraies
écoles officielles. Maintenant, on y comprend
un tas de fabriques de crétins, sur lesquelles on
colle l'étiquette officielle... et le tour est joué 1
D'un autre côté, j'espère que la Belgique
saura faire respecter sa neutralité et son indé
pendance parses puissants voisins...
Nos voisins reculent, devant les charges du
service personnel et obligatoire ils en sont en
core au remplacement. C'est cependant le seul
moyen pratique, pour la Belgique, de faire res
pecter sa neutralité et, qui plus est, son hon
neur.
Des forteresses sans troupes, comme le fait
remarquer l'auteur précité, seraient comme une
invitation au plus avisé des belligérants les
occuper au détriment de l'autre.
En sorte que, tout en croyant la sincérité du
gouvernement belge, son désir de faire respec
ter énergiquement sa neutralité, il est de notre
devoir d'étudier les mesures que nous aurions
prendre dans le cas de la violation de son terri
toire par l'Allemagne confiance n'exclut pas
prudence.
Aussi le colonel Robert rappelle-t-il qu'il a
toujours préconisé la formation d'une armée de
l'Aisne, s'appuyant sur Montmédy et d'une ar
mée de l'Oise s'appuyant sur Hirson sans préju
dice d'une armée du Nord s'appuyant sur Lille.
Et cependant ce temps, le gouvernement réor
ganise la garde civique
Une des publications les plus autorisées de
l'Angleterre et du monde, le Contemporary Rc-
view, a publié un article sensationnel du docteur
Dillon, où l'éventualité d'une coalition conti
nentale contre l'Angleterre est présentée comme
fort probable.
Précisément le docteur Dillon s'est livré ré
cemment, auprès des hommes d'Etat européens,
une enquête sérieuse dont il a tiré cette con
clusion que l'Europe continentale est assurée
d'une longue période de paix réciproque, grâce
l'équilibre stable créé par la coexistence de la
duplice et de la triplice, et que les puissances
du continent veulent mettre profit ce calme
relatif pour favoriser leur expansion coloniale
en se liguant, si c'était nécessaire, contre l'An
gleterre dont la suprématie maritime et commer
ciale les gêne considérablement. Dans ce cas, la
partie serait scabreuse pour la Grande-Bretagne.
C'est tout au plus si la flotte entière pourrait
égaler en nombre les autres flottes de guerre des
grandes puissances mais il faudrait pour cela
qu'elle laissât ses colonies désarmées, exposées
aux coups de main des corsaires du continent.
Et dans le cas d'un débarquement sur le terri-
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La France, militaireorgane quotidien de l'ar
mée française, dans un article du 20 Novembre,
portant la signature du colonel Robert, écrivain
et stratégiste d'une grande renommée, s'exprime
ainsi au sujet de notre pays
La France militaire publiait ces jours-ci une
série d'articles fort intéressants sur la neutralité
de la Belgique, ses forces, ses fortifications, et
la très-grande érudition historique de l'auteur
permettait de percer facilement son anonymat.
Il faisait ressortir avec beaucoup de lucidité que
la Belgique, avec son grand réduit central d'An
vers et ses deux têtes de pont sur la Meuse Na-
mur et Liège, se trouve dans d'excellentes con
ditions matérielles pour organiser une résistance
efficace dans le cas d'un envahissement, soit par
l'Allemagne soit parla France, mais malheureu
sement pour ce pays, ses forces militaires ac
tuelles ne lui permettront pas d'occuper comme
il conviendrait ces places fortes.