Chronique de la ville.
Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement
C'est bien cela.
Dimanche, 24 Juin 1900.
60e année. N° 25.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pocR la ville Par an 4 francs.
f la province Par an 4 fr. 50
On s'abonne au bureau du journal, eue de Dixmude, 51, Ypbes. Les an
nonces, les faits divers et les réclamés sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres,
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Progrès i>. ON TRAITE A FORFAIT.
A propos des 57,400 fr.
perdus par les Hospices.
Les administrateurs des Hospices,
dans un rapport dont le Bourgmestre
a donne lecture la dernière séance
publique du Conseil communal, s'ef
forcent de se justifier et de réfuter les
critiques aussi justes que fondées,
qui ont été adressées par Al. Nolf leur
administration, au sujet de la non-
reslitution de 57,400 tr. de droits de
succession Godtschalck payes en trop.
A ce propos, nous croyons néces
saire de rappeler ici les relroactes de
celle affaire que la Commission des
Hospices explique sa manière
En suite d'une transaction plus que
contestable, conclue entre MM. Sur
mont, Colaert et Begerem, alors mi
nistre de la justice, le gouvernement
irit le 28 Juillet 1894 un arrête royal
iar lequel il partagea les deux nul-
ions qui avaient ete réservés de la
succession Godtschalck et s'attribua
700,000 fr. pour fonder Ypresune
école de Bienfaisance sous la direction
de l'Etat.
Se conformant au dit arrêté, lad
m/nistraiion <Jes Hospices versa au
trésor la dite somme sur laquelle elle
avait déjà acquitté les droits de suc
cession s élevant 57,400 fr.
Elle était fondée, en toute justice,
demander la resutulion de ces droits,
mais pour cela elle devait employer
immédiatement tous les moyens lé
gaux de contrainte et non se borner
desimpies lettres administratives aux
quelles le fisc ne donne ordinairement
aucune suite.
Ce ne fut qu un an et demi plus
tard que nos intelligents administra
teurs charitables, toujours absorbes
par la politique et leurs multiples
fondions, se décidèrent enfin agir.
La Commission des Hospices prit,
en effet, la date du 7 .Mars 1896,
une délibération dans laquelle nous
relevons ceci Attendu qu'il est de
règle que toute perception d'un
droit de succession suppose un droit
de jouissance dans le chef de celui
qui en est redevable et qu'il n'est
admissible ni en droit ni en équité,
que les Hospices soient tenus envers
lElal de droits de succession sur
"u«e somme touchée par l'Etal
même
Attendu que les Hospices ont vai-
nement reclauie la restitution de ces
droits
Décide de solliciter du Conseil
communal l'autorisation nécessaire
pour intenter 1 Etat Belge une ac-
bon en restitution de la somme de
o7,400 fr. ci-dessus.
Cette délibération fut approuvée le
du même mois de Mars, mais la
Commission des Hospices n'y donna
"J le que deux ans plus tard (en 1898)
el la veille de l'expiration du délai
Dl|le pour reclamer.
Quel zele, nest-ce pas, pour les
mterèts des pauvres?
far le ministère de I huissier L.
°reyne, la Commission des Hospices
l1 donc assigner l Etat Belge devant
e tribunal d Y près, mais elle avait
T}eipigé d'inscrire dans l exploit d'a-
l°nrnement Les nomsdemeure et l'im
matricule de l'huissier. de sorte que
lEtat Belge, défendeur, excipa de la
nullité de l'exploit, pour demander au
tribunal que faction fut déclarée non
recevable.
Ce moyen fut accueilli par le tri
bunal qui, par son jugement en date
du 25 Mars 1898, déclara nul le dit
exploit d'ajournement, et en consé
quence déclara la Commission des
Hospices non recevable en son action
et la condamna aux dépens.
Cest ainsi que notre administration
charitable modèle a, par son incurie,
fait perdre aux pauvres 57,400 fr. et
que le gouvernement a pu garder
cette somme dans ses caisses.
Four ce fait seul, parmi tant d au
tres, l'administration des Hospices ne
merite-t-elle pas un blâme sévère?
Tel n'a pas été l'avis, parait-il, de
notre ministère clérical. Au contraire
Par arrêté royal du 11 Mai dernier,
M. Lambin, président de notre Com
mission des Hospices depuis quelques
années, a ete nommé Chevalier de
I ordre de Léopold. A
Et un autre arrêté roy® du 29 du
même mois a décerne la croix civique
de Ie classe I huissier Breyne.
Le mente est toujours recompensé
Comment le Lombard
sera restauré.
Le compte-rendu donne par le
Journal de la seance du Conseil com
munal du 9c', nous apprend que les
Hospices ont inscrit au budget de
1900, un crédit de 20,600 fr. pour la
restauration du Lombard quon pro-
jiose d'affecter l'usage de l'orpheli
nat pour garçons. Cette depense con
sidérable sera encore prélevee, com
me tant d autres, sur les ressources de
la fondation Godtschalck. A ce propos,
M'" Colaert, le même qui, étant écbe-
vin, a, contrairement a tous les pré
cédents, plaide contre les Hospices
civils en nullité du legs, félicité les
membres de l'administration charita
ble de leur excellente idée. M. le con
seiller DHuvettere qui, mieux que
personne, connaît les intentions du
généreux donateur, son ancien client,
a franchement déclaré qu i 1 ne pou
vait s'associer ces félicitations et a
fait valoir, avec infiniment de raison,
que l'argent de feu M. Godtschalck
n'avait pas été legue par celui-ci pour
restaurer le bâtiment du Lombard.
Notre nouveau maïeur lui a objecté
que puisque le Lombard servira d an
nexe I Orphelinat, les intentions de
A1. Godtschalck seront réalisées.
Quelle singulière interprétation
Il est utile, croyons-nous, de rap
peler ici que M. Godtschalck a, par
son testament, disposé de sa fortune
comme suit
J institue pour mon légataire uni-
versel les Hospices civils delà ville
- d Y près avec charge de créer un
établissement d'éducation agricole
où seront recueillis les enfants or-
phebns ou abandonnes d'abord de
la ville d 4 près, et puis de I arron-
dissement, et, en troisième lieu, de
la province.
On complétera l'institution, sui-
vant que les ressources le permel-
Iront, par I adjonction ou la création
d une ecole ménagère pour les filles
orphelines ou abandonnées.
Mes désirs et intentions sont que
les enfants admis dans letablissé-
ment y soient eieves dans le but
d faire les garçons, de bons ou-
vriers agricoles propres tous les
travaux de jardinage, d agriculture,
de surveillants des bois et proprié-
tes les filles, de bonnes femmes
de ménagé, de bonnes cuisinières,
gouvernantes ou ménagères.
Je desire que cet établissement
soit construit sur ma propriété sise
Wytschaeteet porte mon nom,
Le coût des constructions doit
être prélevé sur les revenus de mes
biens, de manière que le capital
légué reste intact.
Nos fameux administrateurs des
Hospices ont-ils loyalement exécuté-
ces dispositions testamentaires? Au
cunement.
Ils ont établi, il y a deux ans,
Locre, avec les fonds provenant de la
succession, un établissement-couvent
qu'ils appellent l'hospice S1 Antoine,
où sont envoyés des enfants maladifs
et rachitiques des deux sexes et qui
ne répond nullement aux intentions
formellement exprimées par le géné
reux donateur et aujourd'hui ils
prennent encore 20,000 fr. sur la dite
fondation pour restaurer un ancien
bâtiment sous prétexte qu'il servira
(l'annexe l'orphelinat.
Comme on le voit, les cléricaux sont
partout les mômes, ils sont généreux
avec l argent des autres, sans scrupule
ils rajeunissent les testaments et les
interprètent selon leur bon plaisir et
ne respectent en rien les dernières
volontés du donateur.
Les déficits des Hospices.
Dans sa séance publique du 9 de ce
mois, le Conseil communal a enfin ap
prouvé le compte des Hospices de
1898. Ni 1 q Journal ni le Nieuwsblad
ne font mention de cet objet et pour
cause. Ce compte se clôture par un
déficit de fr. 65,397, excusé du peu.
Celui de 1897 n'était quedefr. 1,083-
36 c.
Catholiques et libéraux sont unani
mes se demander, avec raison, d'où
provient cette enorme différence d'un
exercice l'autre et si les scandaleux
gaspillages du patrimoine des Hospi
ces dureront encore longtemps
Du train dont vont nos intelligents
administrateurs, ils ruineront dans
quelques années nos Hospices.
A combien selèverait aujourd'hui
le déficit, si, depuis cinq ans, nos po
liticiens cléricaux n'avaient puisé con
stamment, et pleines mains, dans
les ressources de la fondation Godt
schalck et fait supporter illégalement
par celle-ci une quantité de dépenses
qui, jadis, étaient payées sur les re
venus généraux des Hospices
Voici en quels termes, Y F toile belge,
dans son n° du 25 Mai 1900, apprécie
notre Mécène,
Unearresiation arbitraire.
l'union fait la force. Paraissant le DimancheVires acqoirit eodo.
ANNONCES
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Ai. Iweins d'Eeckhoutte.
Ce législateur ne tint pas une place nota
ble dans l'évolution politique on peut
même dire, sans chiffonner la vérité, qu'il
brilla par son effacement.
M. Iweins arrivait, d'une allure molle,
dan» l'hémicycle mollement, il s'asseyait
et, après avoir promené des regards indo
lents la ronde, il s'anéantissait au charme
d'un profond sommeil. Si le sommeil est la
récompense du juste, M. Iweins incarnait
la justice par la sincérité de ses léthargies.
Il était, dans la maison, l'ambassadeur de
Morphée.
Pourtant, ce dormeur gélatineux est,
Ypres, un monsieur qui prépondère il pré
side un tas de groupements cléricaux et
constitutionnels il porte la lumière parmi
les conférences de Saint-Vincent de Paul
il administre, décide, annule, approuve,
consent, refuse, défend, ordonne, et
mirabile dictu il se réveille. M. Iweins
frétille Ypres et ronfle Bruxelles, Ypres
est sa vraie capitale.
Là-bas, il est le principal bailleur de fonds
des cléricaux. On songeait en faire un
sénateur Ostende. Les Yprois s'indignè
rent. Ils voulaient leur Iweins. Ils l'eurent.
A chacun selon son mérite.
Seulement, ils ont percé de deux flèches
cruelles l ame sensible de M. Iweins ils ne
l'ont pas désigné comme sénateur et ils ont
nommé bourgmestre M. Colaert, en rempla-
cernent de M. Surmont de Volsberghe, M. 1
Iweins est homme ne jamais digérer ce
double affront et fermer sa bourse, ce qui
jetterait la consternation dans les milices
cléricales d'Ypres.
Frère du R. P. Iweins, notable prédica
teur de l'Ordre des Dominicains, l'ex-député
d'Ypres habitait un hôtel de la rue Royale.
Chaque matin, on le pouvait apercevoir
montant bicyclette, portant les bas noirs
et les souliers laqués molière. Ce spectacle
était pittoresque et il n'engendrait pas la
mélancolie.
M. Iweins serait pour le Touring-Club un
président incomparable.
C'est bien là Henritje pris sur le vif.
Nous ne sommes pas seuls appré
cier sa valeur intellectuelle et sa soif
ardente de paraître quelqu'un grâce
ses pièces de ceut sous.
C'est bien cela
Henritje est un caehotier. Il faut que
ce soient des étrangers qui nous ap
prennent qu'il route en bicyclette.
Pourquoi réserve-t-il toutes ses faveurs
pour Bruxelles? Les Yprois et les
Yproises sont curieux, eux aussi, de
voir et d'admirer ses charmes. O le
vilain caehotier
Dimanche dernier, lors de la proces
sion de la Fête-Dieu, l'incomparable
commandant des pompiers, M. Charles
Baus, en a encore fait des siennes Une
fois de plus il a montré tout le ridicule
dans lequel il sait se complaire.
C'était en face de l'église S' Pierre,
le curé venait de donner la bénédiction
et M. Baus avait commandé ses hom
mes par le Jlanc droit. Un loustic,
Armand Mote, avait crié En avant,
marche.
Rien de plus, rien de moins.
Ne voilà-t-il pas que'le sympathique
commandant fait empoigner Mote qui
estde ses plus proches parents par
3 pompiers et leur donne l'ordre de le
conduire au commissariat de police où
ils le mettent en cellule
Après la cérémonie religieuse, M.
Baus s est rendu au bureau de police
pour remettre son cousin en liberté,
tout en lui recommandant de ne parler
personne de l'incident.
Le cher commandant avait donc cons
cience de l'abus d'autorité qu'il avait
commis et il désirait que sa bévue ne
fût pas ébruitée. Mais comment cacher
la chose quand des centaines de per
sonnes ont été témoins de cette arres
tation arbitraire
Depuis que les cléricaux gouvernent
les yprois, M. Baus se croit tout per
mis, il va partout parader en maître