Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement
La revision.
Dimanche, 29 Juillel 1900.
60e année. N° 50.
Paraissant le iHtt tanche.
Vires acqiirit eindo
Le Clergé et les Élections
Notre Représentant
M. Noll' la Chambre.
Suile de la vérification des pouvoirs.
l'union fait la force.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la ville Par an 4 francs.
pr la province Par an 4 fr. 50
On s'abonne au bureau du journal, bue de Dtxviude, 51, Ypbes. Les an
nonces. les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres,
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Progrès ON TRAITE A FORFAI T.
ANNONCES
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Le cierge catholique belge nous a
depuis longtemps habitués son ac
tive intervention dans la politique
nationale. Ce n'est pas d hier qu'il a
oublié son rôle et sa mission et qu'il
s'est lancé corps perdu dans les mê
lées électorales sans se soucier du
grave préjudice qu'il causait au carac
tère dont il était revêtu mais jamais
nous ne lavons trouvé dans larène
des partis, luttant avec plus de rage,
plus de cynisme et d arrogance, qu au
cours de la derniere campagne.
Est-il un seul prêtre dans tout le
pays qui n'ait, durant les dernières
batailles électorales, déserte son mi
nistère, pour se transformer nuit et
jour en courtier politique, usant et
abusant des armes spirituelles et au
tres dont (organisation actuelle des
choses de la religion lui donne la
libre et souveraine disposition
Ce fut, dans tous nos villages, pen
dant les deux ou trois mois qui ont
précédé le scrutin du 27 Mai, un vé
ritable débordement de passions po
litiques du haut des chaires, sur la
tête des fidèles, tombait une parole
que le Christ eut difficilement recon
nue pour la sienne, une parole de
haine et de colère pour tous ceux qui
ne se laissent pas embrigader dans
les cohortes cléricales dans les sa
cristies et dans les confessionnaux,
rien ne se disait ou ne se faisait qui
n'eût pour objectif de détourner les
votes au profit de la liste chère au
clergé.
Dans de nombreuses paroisses, des
prières publiques ont été dites, des
offices spéciaux ont été chantés pour
obtenir du Très-Haut qu'il épargnât
la Belgique le malheur de la debâcle
calottineet pour qu'il réduisit l'im
puissance les audacieux qui avaient
rêvé de nous débarrasser de la dure
et honteuse oppression du monde noir.
Nulle part les agents en soutane
n ont rien négligé pour arriver leurs
fins la supplication ou la menace,
la persuasion ou la terreur, le men
songe ou la calomnie, tout a ete mis
en œuvre pour sauver le ministère et
sa majorité.
Et la raison de cette recrudescence
de passion, le motif de ce redouble
ment de démarchés et d'activité Les
intérêts de la religion menacés Oh
que non. Les curés enseignent eux-
mêmes que rien ne peut prévaloir
contre l'Eglise et que la créature aveu
gle qui s'insurge contre son Créateur
ne peut rien contre la toute puissance
de celui-ci, ni contre les institutions
qu il a fondées. Dans leur for inté
rieur ils savent que la politique na
rien faire dans les choses religieuses
et que si elle y est entrée c'est parce
qu ils ont eux-mêmes fait sortir la re
ligion du temple où nul ne songeait
aller l'attaquer.
La cause, la seule, la vraie, l'unique,
de tout le débordement des prédica
tions électorales, de polémiques ar
dentes et dinlassable propagande,
auxquelles nous avons assisté, c'est la
crainte de voir par le renversement
du ministère catholique, se tarir la
source inépuisable de faveurs et de
Profits qui arrose de ses eaux bien
faisantes la terre où vit le clergé belge
et de voir se fermer ses incessants
besoins la bourse gouvernementale
0u le moindre vicaire, sous le régime
actuel, peut puiser pleines mains.
Ne fallait-i! pas faire l'impossible pour
que iarrivee au pouvoir de ces infâ
mes libéraux et de ces maudits socia
listes ne détournât du cierge cette
bienheureuse manne des subsides de
toutes sortes, octroyés avec tant de
générosité par les cabinets cléricaux?
Ne fallait-il pas encore que tous les
chanoines, doyens et desservants té
moignassent leur gratitude au gouver
nement pour le petit cadeau annuel
de près d un million et demi qu'il leur
a fait sous forme d'augmentation de
traitement Si, nest-ce pas, car ces
gens avaient tant besoin d une amé
lioration de leur position et leur sort
était si précaire I
Ah que tes électeurs belges ont
bien fait de ne pas rester sourds aux
objurgations de leurs pasteurs et que
ceux-ci ont raison d entonner gorge
déployée des chants d action de grâce
dont les paroles latines peuvent, en
langage courant, se résumer en ces
simples mots «A nous les jouissan
ces du pouvoir, nous l'autorité et la
domination, nous le Trésor de
l'Etat
L'enjeu valait bien quelques peines
en plus, quelques démarchés supplé
mentaires et le plus obtus de nos com
patriotes comprendra avant peu pour
quoi son cure l a si fort entrepris pour
obtenir un vote favorable aux cléri
caux.
La voici l'ordre du jour, immi
nente, inéluctable, par la grosse faute
des conservateurs catholiques.
Le jour où la majorité servile du
Parlement s'est déclarée parrain et
marraine des faux et des fraudes do
I'échevin Béthune, que des juges vou
laient nous forcer, l'autre jour, appe
ler baron, ce jour-là, elle a donné au
vote plural le coup de mort et préci
pité la revision de la Constitution.
Aucun pays ne peut vivre sans jus
tice.
Et quand l'immoralité est garantie
par la loi, quand des scélérats publics,
qu'on montre du doigt dans la rue,
sont déclarés irresponsables au nom do
je ne sais quelle inviolabilité judiciai
re, alors il est temps que le peuple,
ce grand j usticier, se lève et, d'un coup
de pied, renverse tout cet échafaudage
de boue et d'iniquité.
Chacun connaît les faux commis
sciemment dans les listes électorales
d'Alost.
Pour ce crime, les plus hauts magis
trats ont demandé la comparution de
l'accusé devant la Cour d'assises.
C'est alors que la Chambre, empor
tée par un vertige d'égoïsme, a absout
le faussaire en le renvoyant devant !e
tribunal... de sa conscience ou de son
inconscience.
La fraude se trouve ainsi, non seule
ment impunie, mais encouragée par les
législateurs, et la souveraineté natio
nale viciée dans son essence.
Pareille situation est intolérable.
Dans le seul arrondissement d'Alost,
qui compte 72 communes, la fraude
donne plus de 5,000 votes aux conser
vateurs répréhensibles des lois pour
porter un nom, celui des catholiques,
qui n'est pas le leur.
Et on peut affirmer, sans exagéra
tion, que dans l'arrondissement de
Bruxelles il y a 10.000 votes fraudu
leux. Il est, en effet, des cantons en
tiers, comme ceux de Wolverthem et
Lennick, où tout contrôle est impossi
ble la fraude peut donc s'y déployer
l'aise.
C'est pourquoi la disparition du vote
plural s'impose c'est même une me
sure d'hygiène publique.
Le vote plural n'était après tout
qu'un système transitoire, une étape
vers l'égalité politique, vers le S. U.
pur et simple.
Tous les partis ont fait cette décla
ration, sans excepter les conservateurs.
Le ministre de Smet de Naeyer affir
mait que le vote plural porte dans son
sein un germe de dissolution et de
mort. 11 est vrai que le même ministre,
le même de Naeyer, a prononcé tex
tuellement, Dimanche, Anvers, la
phrase que voici Le vote plural est
fils de l'égalité. Mais nous préférons
nous en tenir la première apprécia
tion, laquelle les événements vont se
charger de donner raison.
M. Woeste, lui, s'écriait que c'était
une barrière de carton.
En tous cas, instrument fragile et
délicat, il eût pu durer quelque temps
s'il avait été manié par des mains hon
nêtes, tandis qu'aujourd'hui il n'y a
qu'un cri chez tous les travailleurs, en
hiandre comme en "Wallonie le privi
lège du vote plural doit disparaître
dorénavant, un homme, un vote.
Le droit social ne progresse point
sans sacrifice, et il n'y a point de sacri
fice sans effusion de sang.
Les d'Egmoud, les de Horne, le
doyen Auneessens, les de Mérode ont
donné leur sang pour la cause du peu
ple, pour la justice sociale.
11 en sera de même du S. U., ce droit
suprême d'un peuple libre, qui voudra
son sang et ses martyrs.
C'est une chose triste dire, mais
attestée toutes les pages de l'histoire
le peuple n'obtient jamais son droit
que par la violence.
Les classes privilégiées ne cèdent
jamais que devant la force, parce que
la loi d'égoïsme domine le monde. Le
Christ, d'ailleurs, n'a-t-il pas dit Le
royaume de Dieu souffre violence, et il
n'y a que les violents qui l'empor
tent...?
Sans remonter bien haut, la révision
de 1893, qui nous a valu le S. U. mutilé
et frelaté, le Courrier de Bruxelles
l'avouait encore hier, fut arrachée
la majorité par la peur de l'émeute.
C'est encore la même frousse de nos
gouvernants qui nous a donné la R. P.,
mutilée encore et encore frelatée.
Seule donc, la crainte du peuple est
pour les conservateurs le commence
ment de la sagesse.
Car ce n'est un secret pour personne
que les préférences de la majorité con
servatrice n'allaient pas la R. P.,
même telle que nous l'avons, mais
bien au système inique, indéfendable
de M. Yandenpeereboom.
La droite voyait là le moyeu de s'é
terniser au pouvoir. Alors, comme
toujours, avant les mouvements popu
laires, nos réactionnaires faisaient les
braves ils ne reculeraient pas d'une
semelle devant l'émeute de la rue, et
l'on sait avec quels applaudissements
fut accueillie la parole sarcastique de
M. Yandenpeereboom Ce n'est
qu'une rougeole, il faut que cela
sorte.
.Mais quand l'orage gronda, quand
les masses, en courroux, se levèrent
pour empêcher la révoltante iniquité,
les fiers-à-bras lâchèrent tout, et ce fut
le ministre qui se mit dan3 l'obligation
de sortir, avec la rougeole.
C'est l'histoire d'hier, ce sera l'his
toire de demain. Cet homme, ce minis
tre universel, que durant tant d'années
le parti conservateur avait encensé et
grisé de louanges, devint d'un coup le
bouc émissaire chargé de tous les
péchés d'Israël, et il fut impitoyable
ment chassé dans le désert et la soli
tude.
Et on veut que sa disparition soit
complète, car on ne lui accorda même
pas une place au Salon des Refusés
au Sénat. La West-Flandre préféra des
augustes nullités telles que d'Ardoye
et autres au glorieux enfant de Cour-
trai comme on l'appelait jadis.
La peur rendit les conservateurs
cruels et ingrats ce n'est pas encore
cette ingratitude qui les sauvera.
Bon gré, mal gré, ils franchiront la
dernière étape ils accorderont au
peuple ce qui est sou droit l'égalité
politique.
Si nos conservateurs avaient le senti
ment de leur dignité, le souvenir de la
fierté de ceux qui firent la Belgique
une et indépendante, ils iraient au-
devant des revendications populaires,
et le gouvernement lèverait lui-même
la hache qui fendra le tronc des vieux
systèmes derrière lesquels s'abritent les
coquins car le peuple, révolté comme
Spartacus, veut son salut.
Avant de poser la plume, comme
prêtre et chrétien, nous avons un sou
hait prévoyant formuler.
La lutte va s'engager entre les défen
seurs des privilèges et les défenseurs
des droits du peuple. Les démocrates
chrétiens seront encore et toujours
avec le peuple.
Mais de quel côté se rangera le
clergé
Ils peuvent certainement, nos prê
tres, comme citoyens, avoir leur opi
nion, leurs préférences pour tel ou tel
système électoral. Ce dont ils n'ont pas
le droit, c'est d'user de leur influence,
de leur caractère, des choses saintes
en faveur des vilaines choses et des
riches gens.
Nous ne lui demandons pas d'être
avec nous nous le supplions seule
ment de ne pas compromettre la reli
gion dans une question libre.
Car le peuple ne manquerait pas de
dire publiquement Vous êtes avec
Béthune, avec la fraude et le vol
vous recouvrez l'Eglise de cette fange
nous ne voulons pas être dessous, et
nous restons dehors.
Abbé Daens.
Le Messager de Bruxelles,27 Juin 1900.
M. Nolf a été désigné par le sort pour
faire partie de la 6e section appelée
faire rapport sur la validité des élec
tions législatives du 27 Mai de l'arron
dissement de Verviers.
Il a été appelé développer devant
la Chambre les réserves qu'il avait fai
tes au sein de la Commission.
Voici ce que nous lisons dans les
Annales Parlementairesséance du 17
Juillet
M. le Président. Noire ordre du jour ap
pelle la vérification des pouvoirs concernant
les élections de Mons et de Verviers. Il entrera
peui-être dans les intentions de la Chambre de
discuter d'abord la validation des élections de
Verviers, puisque la commission a été d'accord
sur les résultats de cette élection.
A gauche Oui oui
\1. Woeste. Il y a deux élections qui sont
contestées celle de M. Delporte, Mons, et
celle de M. Gierkens, Verviers. Mais l'élec
tion des autres élus de Mons et de Verviers
n'étant pas contestée, je pense que, conformé
ment aux nrécédents, on pourrait vérifier les
conditions d'éligibilité des élus non contestés,