Lettre ouverte.
Chroniquedela ville.
Journal de F Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement
Dimanche, 20 Janvier 1901.
61e année.\T° 3.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la ville Par an 4 francs,
p* la province Par an 4 fr. SO
l'union fait la force. te iÈhmtnvhe. ^|res acqiirit lindo
M. Nolfàla Chambre.
La police et l'incendie du
Verloren Sioek
On s'abonne au bureau du journal, bue de Dixml'PE, 51, Ypres. Les an
nonces, les faits divers et les réclamés sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres,
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Progrès ON TRAITE A FORFAIT.
ANNONCES
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la ligne.
Monsieur Ferdinand Merghelynck,
propriétaire, Ypres, nous adresse la
lettre ouverte suivante avec prière
d'insertion.
Nous déférons volontiers ce désir.
No6 lecteurs et le public Yprois s'as
sureront que, dans l'affaire du premier
jour de l'an, M. Colaert, le paternel
magistrat, a manqué de tact et a outre
passé toutes les convenances.
Ypres, le 13 Janvier 1901.
Monsieur le Bourgmestre,
Le Progrès de ce jour donne le
compte-rendu de la séance du Conseil
communal du 5 Janvier dernier, et on
me communique l'instant le n° 3610
du Journal d, Ypres, contenant la repro
duction textuelle (je le suppose du moins
n'ayant pas conservé de copie) d'une
lettre que j'ai cru devoir vous adres
ser au sujet de l'incendie du lr Jan
vier et que vous faites suivre de com
mentaires aussi inexacts et étrangers
au débat que déplacés.
Avant de rencontrer les différents
points, dont voua occupez le public
mon insu et sans mon agréation, d une tri
bune où je n'ai pas accès, je tiens vous
dire, bien qu'à regret, que vous avez
contrevenu aux règles les plus élémen
taires de la délicatesse et de la loyauté.
En effet je vous adresse, vous com
me premier magistrat de la commune
et comme chef de la police, une lettre
que je maintiens dans son eutièreté,
ceci dit en passant, et dans laquelle je
me plains très-]uste titre de l'inaction
de toutes les autorités, et, au lieu de
me répondre, moi, pour autant bien en
tendu que cela entrât dans vos convenances,
vous en saisissez le Conseil communal
et aussi la Presse car c'est vous per
sonnellement qui avez envoyé ma lettre
au Journal d" Ypres, et en réclamant
son insertion sans que je vous y eusse
dûmeut autorisé, vous avez poussé Vin-
correction jusqu'à ses dernières limites.
Voilà pour le procédé aussi insolite
qu'incon7enant.
Arrivons au fond.
1) Il résulte de renseignements pré
cis, que l'incendie de la grange a été
constatée, non pas 6 h. 45, mais
6 h. 35, et que le second bâtiment,
beaucoup moins inflammable que le
premier, (étable et porcherie) n'a pris
feu que vers les 7 h. 20, qu'il s'en suit
que si, comme pour tous les incendies
qui ont éclaté Ypres, le veilleur de
la tour c'est pour cet office qu'il est
là avait sonné le tocsin dès le début
du sinistre, les pompiers eussent pu
sauver, si pas le second bâtiment tout
entier, tout au moins la majeure partie
ainsi qu'un certain nombre d'instru
ments aratoires.
2) Tout Ypres savait, partir de 8
heures du soir, voire même partir de
7 h. 1/2, l'exception de ceux qui eus
sent dû le savoir, qu'il brûlaitj au Ver-
loren Hoek la Grand'Place et certaines
rues de la ville étaient, éclairées par
l'incendie et ce malgré le brouillard
si bien de circonstance pour excuser et
le guet de la tour de S1 Martin et l'ab
sence complète de toute police.
Vous me faites un grief de ne pas
avoir téléphoné au bureau de police.
D'abord, il peut y avoir eu oubli dans
le désarroi qu'amène généralement un
événement de l'espèce; ensuite, j'ai
cru que c'était là cfiose inutile, attendu
qu'il y avait sur la tour, d'où on de
vait apercevoir le foyer, un agent offi
ciellement préposé pour avertir la police
et les pompiers enfin, je n'ai connu
moi-même le sinistre que vers les
7 h. 20.
Tous vos commentaires, Mousieur le
Bourgmestre, n'ont été que des dériva
tifs pour amuser la galerie et échap
per la responsabilité d'une pareille
incurie car vous ne ferez accroire
personne, que tout a été pour le mieux
dans la meilleure des administrations,
quand il s'est écoulé plus de quatorze
heures avant qu'une autorité quelconque
ait cru devoir se déranger pour s'en
quérir des causes et des effets d'un in
cendie aussi considérable. C'est trop
commode de dire personne n'a rien
vu je réponds, moi, tout le mon
de savait, sauf ceux qui eussent dû
savoir ou qui eussent pu chercher sa
voir C'est, du reste, la première fois
qu'éclate un sinistre sur le territoire
de la ville sans que le tocsin ait averti
les pompiers et que ceux-ci aient ac
couru sur les lieux.
Quant votre enquête, quel qu'ait
pu être votre extrême désir de connaî
tre la vérité, rien que la vérité, je dou
te quelque peu de son exactitude, les
témoignages de vos agents qui avaient
justifier leur propre conduite plus
qu'etrange me paraissant sujets cau
tion et ne concordant pas avec mes
renseignements personnels.
Votre discours, Monsieur le Bourg
mestre, qui traite de omni re scibili, et
quibusdam aliis, s'occupe ensuite de ma
plainte adressée Mousieur l'Echevin
des travaux publics Berghman, au su
jet de l'état déplorable dans lequel se
trouve le chemiu appelé, je pense, le
Bellemaartstraal Encore une lettre qui
n'était pas destinée être commentée
au sein du Conseil communal et qui ne
vous était même pas personnellement
adressée.
Vous affirmez ex cathedra vous
étiez certain de n'avoir pas de contra
dicteur sur le dire d'un quidam qui
n a sans doute jamais été plus loin que
la ferme Vandorpe, que le chemin est
en excellent état de viabilité. C'est là une
plaisanterie de mauvais goût, n'est-ce
pas
Interrogez ce sujet votre agent de
la police rurale, qui habite la ville, qui
ne fait jamais de service pendant la nuit
l'extra-uiuros et dont le rôle 6e borne
faire des commissions au lieu de faire
de la police et il vous apprendra que
les deux cinquièmes sout empierrés
mais mai empierrés comme tous vos che
mins et tous vos pavés* communaux de
S' Jacques-extra,et que les trois autres
cinquièmes ne sont pas empierrés et
ressemblent un bourbier tellement
impraticable que, si vous vous y hasar
diez en voiture, vous devriez faire ap
pel aux chevaux des cultivateurs rive
rains pour vous dépêtrer du cloaque.
Si le chemin d'accès de la ferme
était réellement mauvais quand le par
quet s'est rendu sur les lieux, c'est
qu'il avait reçu le soir du sinistre et le
lendemain, la visite de plus de quatre
mille personnes et qu'on y avait dé
verse une quantité énorme d'eau, deux
circonstances qui n'étaient pas de na
ture le mettre en belle situation
mais prenons même qu'il ne fût pas ir
réprochable, cela regarde exclusivement
le fermier Callens et vous êtes sans
qualité pour vous en occuper c'est là
un nouveau dérivatif qui ne. saurait
rendre le Bellervaartstraat en meilleur
état de viabilité.
Je regrette. Monsieur le Bourgmes
tre, je ie répète en terminant, que,
sans mon autorisation et contraire
ment tous les usages, vous ayiez pu
blié une lettre qui n'était pas destinée,
ni être commentée au Conseil commu
nal où je ne puis pas vous répondre,
ni être reproduite dans les journaux,
en vue de faire dégénérer nos diffé
rends, qui pouvaient demeurer étran
gers au public, en aigres polémiques
par ainsi force m'a été de vous suivre
sur ce terrain où je ne me suis aventu
ré qu'à mon corps défendant, me di
sant que mieux eut valu que vous eus
siez usé de plus de mesure et de plus
de tact personne n'y eut rien perdu
et le code de la civilité puérile et hon
nête n'eut pas été manifestement violé.
Agréez, je vous prie, Monsieur le
Bourgmestre, mes salutations.
Ferd MERGHELYNCK.
A la date du 5 Novembre 1900 M.
NOLF a posé M. Liebaert, ministre
des chemins de fer la question sui
vante
Les habitants de Langemarck, Poelcapelle
et Boesinghe se plaignent vivement de l'irré
gularité qui existe dans le service des corres
pondances des chemins de fer c'est ainsi que
les négociants qui se rendent le Lundi au mar
ché de Courtrai et qui prennent, pour rentrer
chez eux, le train qui devrait réglementaire
ment quitter Courtrai 17 h. 11 m., manquent
presque toujours la correspondance Ypres, le
train pour Cortemarck étant 'parti l'arrivée
du train de Courtrai. Or, le train de Corte
marck qui part d'Ypres 18 h. 7 m. est le
dernier dans cette direction.
C'est ainsi encore que le train venant de
Cortemarck qui doit arriver Ypres 9 h. 40
m. est souvent en retard, de telle façon que les
voyageurs en destination de Courtrai ratent la
correspondance Ypres.
Les mêmes plaintes s'appliquent la ligne
de Corlemarck-Lichtervelde-Koulers. Le train
partant de Lichtervelde vers Ypres 19 h. 12
m. ne donne que rarement la correspondance
au train partant de Roulers 18 h. 59 m. Les
voyageuisen destination d'Ypres en sont ré
duits loger Lichtervelde.
M. le ministre des chemins de fer ne pour
rait-il pas prendre les mesures nécessaires
pour remédier celte situation, soit en s'en-
tendant avec la Compagnie des chemins de fer
de la Flandre occidentale, soit en modifiant
l'horaire des trains de l'Etat
Ne pourrait-il, d'autre part
1° Créer un train d'Ypres Ostende, qui
partirait vers 20 heures, de manière donner
Cortemarck la correspondance au tra.n qui
quitte Gand 19 h. 23 m vers Dunkerque?
Le dernier train d'Ypres pour Ostende part
actuellement 18 h. 7 m., ce qui est trop tôt
2° Faire continuer jusqu'à Ypres le train
qui part d'Ostende 9 h. 57 m. et qui arrive
Cortemarck 11 h. 8 m. Ce train pourrait
donner Ypres la correspondance vers Cour
trai 12 h. 31 m., vers Poperinghe 11 h.
45 m., vers Roulers 11 h. 56 m., vers Fur-
nés 13 h 1 m vers Kemmel, Neuve-Eglise
et Messines 11 h. 50 m II n'existe actuelle
ment aucune correspondance de Cortemarck
vers Ypres de 8 h. 51 m, 13 h. 34 m ce qui
est insuffisant
3° Avancer l'heure du départ du train
diiect quitiant Bruxelles 9 h. 30 m. vers
Courtrai. Ce train devrait arriver en gare de
Courtrai 10 h. 30 m. il donnerait alors la
correspondance vers Ypres, Roulers, Tournai,
Renaix, etc., tandis qu'actuellement il ne sert
guèrq qu'aux hahiiantsde Courtrai.
\oici la réponse que notre représen
tant a reçue du Ministre
En réponse la question que vous m'avez
posée la séance du 20 Novembre 1900, j'ai
l'honneur de vous faire connaître que
1") Le traiu n°4957, partant d'Y'pres pour
Ostende 18 h. 7, est soumis, dans la premiè
re de ces stations, un délai d'attente de 10
minutes pour le train m'29, arrivant de Cour
trai 8 h.4.
Ce délai ne peut être majoré, sous pei
ne d'exposer les voyageurs du train n° 4957
manquer, Cortemarck, la correspondance du
train n° 3276, vers Gaud, ou ceux de ce der
nier manquer, Lichtervelde, la correspon
dance du train n* 104 vers Thourout-Bruges
et celle du train n° 11 vers Roulers on ne
pourra t non plus sacrifier les correspondances
échangées Cortemarck et Lichtervelue pour
garantir celle qui est établie Ypres, parce,
qu'il résulte des renseignements recueillis que les
premières sont plus importantes que la secon
de.
Afin d'améliorer la marche de son train u° 29,
la société anonyme des chemins de 1er de la
Flandre Occidentale a, depuis le 12 Décembre
1900, supprimé toute attente, Courtrai, pour
le train n" 2896, arrivant de Gand 17 h 5.
2°) Il résulte de l'examen des rapports de la
marche des trains que la correspondance,
Ypres, entre le train n° 4942, arrivant de Cor
temarck, 9 h 40 et le train n° 22, se diri
geant vers Comines 9 h. 41, n'a pas été man-
quée une seule fois pendant la période du pre
mier Octobre dernier au 18 Décembre 1900.
Néanmoins, tout est mis en œuvre en vue
d'assurer au train n° 4942 une marche aussi
régulière que possible
3°j La correspondance, Lichtervelde, en
tre le train n° 14, arrivant de Roulers 19 h.
27, et le train n°3277, se dirigeant vers Cor
temarck 19 h. 29, est de très minime impor
tance il ne peut donc être question, dans l'in
térêt de la régularité du service et afin d'épar
gner des pertes de temps la grande majorité
des voyageurs qui font usage du train n° 3277,
de le soumettre un délai d'attente quelcon
que pour le train n° 14 Lichtervelde. Des
démarches seront faites auprès de la société de
la Flandre Occidentale pour qu'elle assure une
plus grande régularité ce train
h°) L'organisation d'un train nouveau qui
partirait d'Ypres nour Ostende vers 20 h. 0,
entraînerait des dépenses nouvelles considéra
bles qui ne seraient pas compensées par un
accroissement de recettes suffisant.
5°J 11 en serait de même du prolongement,
jusqu'à Ypres, du train n° 4944 qui part
d'Ostende 9 h 57 pour aboutir Cortemarck
11 h. 8.
6") Les nécessités du service ne permettent
pas de régler l'horaire du train n" 2810, quit
tant Bruxelles (Nord) 9 h. 30, de mauière
le faire arriver Courtrai 10 h. 30.
L'arrondissement d'Ypres sait donc
quoi s'en tenir sur les ôz'ewrez/-
lantes dispositions du ministre des che
mins de fer son égard.
Cependant quand on veuton peut.
Cette lamentable histoire de l'incen
die du lr Janvier mérite qu'on s'y arrête
encore. M Colaert, l'effronté hâbleur,
qui trouve des excuses pour tous les in
différents, les paresseux, les coupables
de son administration modèle M. Co
laert qui agite triomphalement son
personne n'était averti alors que
la ville entière apercevait les sinistres
lueurs, M Colaert est servi la digne
et judicieuse îéponse de M. Merghe
lynck le rappelle aux convenances et
l'humilité qu'il aurait dû mettre dans
ses explications.
Mais il y a une série d'individus qui
portent directement la responsabilité
des tristes conséquences de l'incendie.
I.'impardonnable incurie de ces per
sonnages, payés par la commune pour
veiller la sécurité des habitants, a cer
tes contribué pour une grande part la
ruine de cette propriété II est établi
qu'une partie considérable des biens
eût été sauvée du feu si le3 services de
secours étaient intervenus qu'une au
tre partie eût été préservée des in
stincts rapaces de gredins accourus de
la ville, si la police avait été sur les
lieux.
Or, la police était avertie, quoi qu'en
dise le Bourgmestre. Les témoignages
relatés par lui-même en font foi. Mais
le veilleur de la tour ne distinguait pas
exactement l'endroit du sinistre il se
borne indiquer la police la direc
tion dans laquelle il aperçoit les flam
mes.
Dès lors, le devoir de la police était de
se porter j usqu'anx confins du territoire