Journal de 1" Alliance libérale d'Ypres et de F Arrondissement
Étranger.
Un épouvantail.
Chambre
des Représentants.
Dimanche, 10 Février 1901.
61e année. A° 6.
Paraissant le Mïimtmvhe.
Vires acqcirit eodo.
Les bruits d'arbitrage.
La question scolaire.
Allocation de 65 francs.
JEleleveiiclum.
L UNION FAIT la FORCE.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an 4 francs.
pr la province Par an 4 fr. 50
On s'abonne au bureau du journal, bue de Dixmude, 51, Ypres. Les an
nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d Ypres,
les deux Flandres, le restant de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Progrès ON TRAITE A FORFAIT.
e v u e politique.
En Autriche
Le discours du trône dont il a été
donné lecture Lundi au Reichsrath au
trichien ne manquera pas de produire
une certaine déception dans les milieux
politiques viennois Etant données les
circonstances très spéciales dans les
quelles ont été élus les membres du
nouveau Parlement, étant donnés les
bruits répandus dans l'entourage im
médiat du gouvernement et suivant les
quels M. de Koerber, en présence
d'une nouvelle campagne obstruction
niste, songerait recourir soit l'abso
lutisme, soit une réforme radicale du
système électoral, afin de sortir de
l'impasse où le cabinet est acculé en ce
moment, on pouvait s'attendre ce
que le discours du trône portât spécia
lement sur la querelle qui divise les
Tchèques et les Allemands. Tout au
moins espérait-on une indication au
sujet de la solution laquelle on se
propose de recourir en haut lieu si le
chef du cabinet échoue une fois de plus
dans ses nouvelles tentatives de conci
liation. Le discours du trône s'est bor
né regretter que les dernières sessions
aient été absolument stériles et il a
rappelé les nombreuses et grandes
questions d'ordre social et économique
qui doivent être soumises au Reichs
rath, pour bien lui prouver qu'il est
grand temps de renoncer aux querelles
stériles etfaire œuvre parlementaire sé
rieuse et féconde. Le discours se termi
ne, enfin, en affirmant que le différend
qui a surgi entre Tchèques et Alle
mands doit être réglé par la voie légis
lative.
Ceci seul importe, en somme, tout le
reste ne formant que des constatations
assez banales. Du moment que le dis
cours du trône exprime le désir de
l'Empereur de voir la question de l'em
ploi des langues en Bohême réglée par
la voie législative, il n'y a plus reve
nir sur la fameuse intention de M. de
Koerber de recourir une fois de plus,
et cela malgré ses promesses antérieu
res, la dissolution du Parlement et
l'administration des affaires publiques
au moyen du fameux paragraphe 14.
C'est une assurance que l'on peut tenir
pour loyale, venant de la part d'un
souverain aussi soucieux de la paix pu
blique que François-Joseph et désor
mais, quelle que soit la solution que
pourraient provoquer les incidents par
lementaires venir, il ne pourra plus
jamais être question de gouverner sans
le contrôle du Parlement.
On téléphone de Londres la Liberté:
Les rumeurs pacifiques circulent
avec, une intensité si accrue notam
ment dans les milieux financiers que
je crois, devoir vous en faire part. On
parle de plus en plus d'un arbitrage
entre l'Angleterre et le Transvaal, sans
préciser comment et par qui il serait
introduit.
Mais il est incontestable que c'est là
une éventualité dont chacun s'entre
tient alors qu'il y a peu de semaines,
elle paraissait, tous, invraisemblable
et impossible.
D autre part, on télégraphie de La
Haye, la date du 6 Février
a On croit savoir que Guillaume II
proposera prochainement une média
tion entre les deux belligérants. Il y a
longtemps que la haute finance prépa
re ce coup de théâtre.
'-^VWWWWWW^—
Les journaux catholiques ont trouvé
un admirable argument pour attaquer
le projet de loi sur les associations dé
posé en France par le ministère Wai-
deck-Rousseau. ils s'écrient Prenez
garde, Messieurs les capitalistes Mé
fiez-vous, Messieurs les propriétaires
Bientôt vous serez aussi expropriés. On
commence par les immeubles des pau
vres moines, on finira par les vôtres
Le projet de loi sur les congrégations
est un essai de collectivisme pratique.»
L'argument est admirable, n'est-il
pas vrai
Il aurait peut-être quelque prise sur
les esprits timorés si toute législation
relative aux couvents était une tenta
tive nouvelle. Mais s'il n'avait fallu
aux collectivistes que l'exemple de M.
Waldeck-Rousseau,ilfautavouer qu'ils
auraient attendu bien longtemps pour
agir.
Déjà en 811, Gharlemagne préparait-
îl l'avènement du collectivisme quand
il posait aux évêques la question sui
vante Est-ce vraiment renoncer au
monde que de chercher sans cesse
augmenter ses biens en exploitant la
crainte de l'enfer et en poussant les
fidèles dépouiller leurs héritiers na
turels
En 816, Louis le Débonnaire prépa-
rait-il l'avènement du collectivisme
quand il décréta qu'aucun clerc n'au
rait le droit de recevoir des donations
au détriment d'enfants légitimes
Etait-ce préparer l'avènement du
collectivisme eu Espagne, au Xe et au
XIe siècle, de ne considérer comme va
lables que pendant trois ans les legs
faits l'Eglise, mesure contre laquelle
protestèrent les conciles de Léon en
1020 et de Uoyanza en 1050
Alphonse VI,roi de la catholique Es
pagne, prépara-t-il l'avènement, du
collectivisme, en 1106, quand il inter
dit, sous peine de forfaiture, de léguer
ou de donner des terres aux églises, loi
qui resta en vigueur jusqu'au XIIIe
siècle?
Les Cortès de Najera, en 1125, pré
parèrent-elles l'avènement du collecti
visme quand elles interdirent de ven
dre des terres l'Eglise sans qu'aucun
subterfuge pût être employé
En 1713, Philippe V prépara-t-il
l'avènement du collectivisme quand il
stigmatisa sévèrement les fraudes des
confesseurs qui persuadaient leurs
pénitents sur leur lit de mort, d'ap
pauvrir ou de spolier leurs héritiers
Les empereurs Maximilien T, Léo-
pold lr et Charles VI préparèrent-ils
l'avènement du collectivisme quand ils
interdirent toute aliénation en faveur
d'une corporation ecclésiastique, sans
autorisation du souverain ni de la
Diète
En Bavière, l'électeur Ferdinand 1
en 1672 et Maximilien-Joseph en 1764
préparèrent-ils l'avènement du collec
tivisme quand ils prirent les mêmes
dispositions
Quand, en 1432, Amédée VIII de Sa
voie et Piémont fit restituer par les
corporations religieuses les terres mal
acquises, prépara-t-il l'avènement du
collectivisme? Nous passons sous si
lence les mesures identiques prises
Venise, en Toscane, ailleurs encore.
Au Portugal, Alphonse II prépara-t-
il l'avènement du collectivisme en dé
fendant l'Eglise d'acquérir des terres
sans son aveu, et le roi Manuel en frap
pant d'impôts les domaines achetés
avec l'autorisation royale
Et dans les Flandres mêmes, dès
1295, le comte Gui de ûampierre. ainsi
que dans le Brabant, Philippe le Bon,
au XVe siècle, préparèrent-ils l'avène
ANNONCES
vAnnonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 f'r. la ligne.
ment du collectivisme en soumettant
les ventes de bieDS de main-morte au
..doit de rachat, en faveur du vendeur
ou héritier
Charles-Quint prépara-t-il l'avène
ment du collectivisme en publiant en
1538 une pragmatique aux termes de
laquelle, lors d'un transfert de terres,
les parties devaient jurer que l'objet
de l'opération n'était pas de constituer
un bien de main-morte
En France, le plus pieux des rois,
Saint-Louis, prépara-t-il l'avènement
du collectivisme en décidant que les
terres léguées l'Eglise pouvaient être
saisies par le seigneur
Reparlerons-nous des mesures draco
niennes prises par les rois de France
Retracerons-nous la lutte des souve
rains d'Espagne, pendant une partie
de notre siècle, contre la puissance de
la main-morte, tel point qu'en 1836,
les Cortès supprimèrent tous les cou
vents Faut-il rappeler qu'à la suite
du Concordat de 1851, la vente aux
enchères des biens des couvents dispo
nibles fut décrétée
Au Mexique, le président Juarez
prépara-t-il l'avènement du collecti
visme en 1859, en confisquant tous les
biens ecclésiastiques et en supprimant
les couvents d'hommes
Ne fallut-il pas recourir ces
moyens extrêmes dans la Nouvelle
Grenade, et même dans l'Etat si catho
lique. de l'Equateur, où, tout récem
ment, en 1900, la demande du prési
dent Alfaro, une loi sécularisa les biens
de l'Eglise et les affecta l'entretien
des écoles Il en a été de même au
Paraguay, en 1824 Le Vénézuela abo
lit les ordres religieux en 1874. Dans le
Nicaragua, l'Etat n'a-t-il pas revendi
qué la moitié des revenus de l'Eglise
Nous devons forcément omettre les
législations de beaucoup d'autres pays.
On peut déjà conclure des renseigne
ments ci-dessus que le mal est univer
sel, qu'il sévit partout où l'Eglise ro
maine a voulu asseoir sa domination.
L'étude intitulée Esquisse Tune histoire
de la main-morte par M. H.-Ch. Léa (So
ciété nouvelle de librairie, 17, rue Cu-
jas, Paris, f'r. 0-50) est de nature édi
fier les plus incrédules.
On peut donc constater combien il
est absurde de soutenir qu'en mettant
un frein au pouvoir dévorateur et plou-
tocratique des moines, on encourage
les entreprises collectivistes Les in
nombrables monarques qui ont été ap
pelés intervenir en présence du péril
dont l'ordre social était menacé, n'ont
évidemment pas songé l'épouvantail
dont les cléricaux se servent aujour
d'hui pour méduser le monde conser
vateur. L'artifice est trop grossier pour
qu'il produise la moindre impression.
Séance du Mardi 5 Février 1901
Questions posées par M. Biiyl,
député d Ostende, Furnes et Dixmude,
d'accord avec M. TVolf, M. le mi
nistre des travaux publics.
Voici la première
A une question posée par mon honorable
collègue, M. Nolf, au sujet de la transforma
tion en empierrement de la chaussée d'Ypres
Furnes, tendant simplement obtenir l'amé
lioration du pavé existant avec établissement
d'une bande en macadam de 3 mètres de lar
geur sur l'accotement, M. le ministre a répon
du que les travaux étaient adjugés entre Ypres
et Llverdinghe.
Aucune adjudication n'ayant eu lieu jus
qu'ici pour ce qui concerne la partie de la rou
te empierrée entre Elverdinghe et Furnes, AI.
le ministre ne pourrait-il pas donner satisfac
tion aux réclamations des agriculteurs, com
merçants et voituners en appliquant cette
partie^ de la chaussée le système préconisé par
mon honorable collègue, M. Nolf
Voici la seconde
Un projet d'établir une route empierrée
reliant Lille Ostende, en passant par Menin
et Thourout, est, paraît-il, l'étude Ce projet
implique un parcours sur route pavée entre
Lille et Menin, route qui ne pourrait être
transformée en empierrement qu'avec l'inter
vention du gouvernement français. Au surplus,
cette route traverse d'importantes aggloméra
tions où la circulation des automobiles présen
te des dangers et oblige au ralentissement.
D'accord avec mon collègue M. Nolf, je
me permets de demander M. le ministre s'il
n'estime pas qu'il serait plus avantageux de re
lier Lille Ostende par une route mixte pas
sant par Warnêton, Ypres, Dixmude, Nieu-
port, Middelkerke, Ostende? Ce tracé éviterait
l'inconvénient d'une circulation sur route pa
vée entre Lille et la frontière un empierre
ment existant entre Lille et Warnêton et
rendrait inutile toute mterveut'on du gouver
nement français. Il aurait eu outre l'avantage
de faire connaître aux touristes français les
richesses artistiques des villes d'Ypres, Dix
mude et Nieuport, en même temps qu'il leur
donnerait l'occasion d'admirer nos plages en
tre Nieuport et Ostende, tandis que le parcours
par .Vlenin, Thourout et Ostende n'offre aucun
intérêt.
Les cléricaux purs, les ultras, en
sont arrivés effrayer M. Woo»te lui-
même un résultat inespéré
M. Wauwermans, porte-parole de ces
purs entre les purs, a esquissé, l'asso
ciation cathoiique de Bruxelles, l'orga
nisation scolaire de ses rêves toutes
les écoles officielles ou r.on, seraient
mises sur le même rang les subsides
de l'Etat, manne officielle, seraient
également répartis entre toutes le pe
tit frère serait le collègue légalement
reconnu de l'instituteur communal.
Naturellement, les bons cléricaux
Bruxellois ont, sans réfléchir, admiré
et applaudi le concept de M. Wauwer
mans.
Mais M. Woeste, moins prompt
l'emballement, n'a pas été satisfait. Il
a tout de suite compris que si l'Etat de
vait subsidier toutes les écoles, les so
cialistes, les francs-maçons s'empresse
raient d'ouvrir des classes où, avec les
subsides de l'Etat, ils enseigneraient,
la place de la religion, leurs abomi
nables doctrines.
Le jeune et imprudent W vuwermans
n'avait pas prévu ce coup-la. Heureu
sement son ancien est mieux avisé; ce
n'est pas un vieux s...ectaire comme
lui qu'on apprend faire des g...afîes.
Les cléricaux politiciens préfèrent
donc le régime actuel l'école officiel
le où le clergé pénètre de gré ou de
force, de façon en faire une école plus
ou moius confessionnelle. Mais, pour
faire prendre patience aux institeurs
libres qui espéraient une part du
gâteau, on leur accordera de petites
douceurs par exemple de bonnes
pensions ceux qui, en 1879, ont eu
1' abnégation de déserter leur pos
te et le courage d'être parjures.
Sous le régime épiscopal, on gagne
toujours quelqne chose être canaille
avec discernement et propos.
On nous demande de différents côtés,
quand et comment l'allocation de 65
francs sera distribuée aux vieillards
âgés de 65 ans.
Nous ne le savons pas pour une bon
ne raison, c est que le gouvernement
lui-même ne le sait pas encore.