Dimanche, 10 Mars 1901.
61e année.
Journal de l'Alliance libérale d'Ypres et de l'Arrondissement
I n to 1 ra nce sa n i; i na i re
Chambre
des Représentants.
V 10.
Vires acqurit ei.ndo.
PRIX DE L'ABONNEMENT:
pour la ville Par an 4 francs.
pr la province Par an 4fr. 5()
ii. De même que le corps est soumis
l'âme, ainsi la société civile doit seuvir la
société religieuse. (Tome 1, page 318).
iii. Les sectes hérétodoxes sont de fausses
religions et, comme telles, sont destituées de
tout droit. Tome I, page 322/
Ces chers étudiants
Un agent ayant arrêté, rue de la
Station, un manifestant qui venait
d'asséner un coup de canne un pas
sant, tout un groupe d'éludiants se rua
sur les quelques policiers qui venaient
lui prêter main forte. Les agents du
rent mettre sabre au clair pour se dé
gager. Leur attitude énergique provo
qua la dispersion du rassemblement et
ne contribua pas peu prévenir de
nouveaux desordes.
Amnistie.
Nos pêcheurs.
L UNION FAIT LA FORCE
J'araissuiil te Uimanche.
an-
On s'abonne au bureau du journal, bue de Dismude, 53, Ypres. Les
nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Ypres,
les deux Flandres, le restaut de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal Le Progrès ON TRAITE A FORFAIT.
n
Ceci n'est pas un livre du moyen-
âge.
Il porte, sa première page, le mil
lésime de 1899.
Ceci n'est pas un livre élucubré,
dans la solitude des cloîtres, par un
théologastre étranger au monde,nourri
de rêves mystiques et subissant l'hal
lucination de son milieu.
Il fut rédigé par des professeurs de
séminaire, chargés de former des géné
rations de prêtres et payés par l'Etat.
Ceci n'est pas un li\re sans autorité.
Il est approuvé par le pape Léou
XIII.
Ceci n'est pas un livre perdu et ou
blié dans la poussière des bibliothèques
sacrées.
Il est enseigné dans 67 séminaires de
France.
C'est la théologie dogmatique et
morale, par Mgr Vincent et Jes profes
seurs de théologie du séminaire de
Clermont (Editeurs Roger et Cherna-
vix,rue des Grands Augustins, Paris).
Parcourons le document.
Religion d'Etat. Pas de liberté des cultes.
Non seulement les individus sont
obligés d'appartenir l'Eglise, hors de
laquelle il n'y a pas de salut, mais
l'Etat civil lui-même, d'après le Manuel
de Théologie, doit professer une religion
I. L'Etal civil est tenu d'adhérer
l'Eglise. (Tome I, page 314),
III. Toute séparation de l'Eglise et de
l'Etat doit être rejetée. (Tome I, page 319).
Ainsi donc l'Etat en tant qu'Etat,
doit être catholique et servir la cause
catholique. C'est la confusion de la
religion et de la politique, la théorie
même, officiellement enseignée, du
Cléricalisme. Les maîtres de la théolo
gie, on le voit, ne reconnaissent pas la
distinction vaine que d'autres ont faite,
du catholicisme et du cléricalisme. Ils
la laissent traîner dans les polémiques
courantes, mais eux affirment pure
ment et simplement l'entière doctrine
cléricale.
E't l'Etat ne doit professer qu''une
seule religion II faut Y unité de la foi
catholique. La liberté des cultes est ré
prouvée en principe et c'est une obliga
tion pour l'Etat de l'empêcher autant
que possible. Elle ne peut être que
subietolérée, en raison des circonstan
ces, quand il n'y a aucun moyen de la
supprimer.
I. La meilleure condition d'une société
est celle dans laquelle la vraie religion est
tenue pour I'unique religion d'Etat, (ioroe I,
page 320).
II. Si dans un pays est établie I'unité de
la foi catholique. l'Etal ne doit rien négliger
pour réprimer les nouveau^ de doctrine et
les schismes car en un tel Etat, l'hérésie est
un crime public, toute offense la religion
divine devenant une offense la société. (Tome
I, page 322).
La répression.
Le Manuel de Théologie, dans l'exposé
du droit de répression de T Eglise, est
un vrai Code du S'-Office.
Lisez et savourez cette littérature
d'inquisition
I. Il faut tenir que l'Eglise a reçu de Dieu
le pouvoir de contraindre et de réprimer ceux
qui s'écartent obstinément de la vérité, nou
seulement par des peines spirituelles, mais
encore par des peines temporelles et corpo
relles, c'est-à-dire par la confiscation des
biens, par des amendes, par la prison, par la
flagellation, par la torture, par la mutila
tion et la mort. (Tome I, page 400/
I. Tous les théologieos et canonistes ad
mettent que le droit de glaive appartieui au
moins médialement aux pasteurs de l'Eglise,
t'esi-à-dire en ce sens qu'ils peuvent exiger
des princes séculiers d'appliquer la peine de
mort aux adversaires de l'eglise, si l'intérêt
de l'Eglise le demande.
Est-ce croyable 1
Nous avons là, dans un livre du
vingtième siècle, qui forme et domine
la conscience de tout un clergé, maître
d'un immense troupeau de fidèles, la
formidable affirmation cléricale qui
déchaîua toutes les fureurs dn fanatis
me moyen-âgeux, tous les crimes des
guerres de religion, toutes les horreurs
de l'Inquisition Espagnole
Les catholiques ne demandent pas
pratiquer librement leur culte, pro
pager librement leurs dogmes, voir
leur foi et leurs croyances respectées.
Non ils veulent que tout le monde
pense comme eux, agisse comme eux,
accepte comme eux l'universelle domi
nation de leurs prêtres et subisse com
me eux l'odieux parasitisme de leurs
moines.
Dieu a parlé Us le disent et tout le
monde doit les en croire. Il a parlé par
la bouche de leurs pontifes et l'univers
entier doit s'incliner.
Et dès qu'ils apportent la vérité divi
ne, qui est le salut de l'âme, ils ont le
droit de l'imposer par la force, par la
force de l'Etat et par le glaive de la
loi.
C'est pour sauver les âmes qu'ils les
arrachent la liberté de l'erreur c'est
pour le bien spirituel de l'humanité
qu'ils recourent la puissance tempo
relle.
Les droits de l'homme, de la libre
conscience, de la libre recherche, de la
science investigatrice et indépendante,
tout cela n'est que la perte de l'âme.
Il n'y a pas de droit pour l'hérésie.
L'hérésie est un crime public.
Hors la loi, les protestants, les juifs
et les libres-penseurs.
Hors la loi, les trois quarts de l'hu
manité
Telles furent les prétentions de l'E
glise pendant les longs siècles du som
bre et sanglant moyen-âge.
On aurait pu les croire abandonnées,
cent ans après la proclamation des
droits de l'homme, cette charte de la
conscience moderne.
Eh bien, non. Elles sont là, toujours
les mêmes, arrogamment formulées en
axiomes pratiques, dans un livre de
1900.
C'est un scandale.
Nous lisons dans le journal Le Libé
ralde Louvain, du Dimanche 17 Fé-
vrier 1901
Louvain a été témoin,dans la soirée
des 11 et 12 Février, d'une nouvelle or
gie estudiantine.
Elle n'a pas pris, fort heureuse
ment, les redoutables proportions des
émeutes de 1897 et de 1898, mais elle
n'en a pas moins mis en lumière, en
core une fou, les mœurs déplorables
de notre jeunesse universitaire.
Que cette jeunesse, en ses heures
d'expan-ive gaieté, soit animée et
bruyante qu'elle se livre de carna
valesques manifestations qu'elle fasse
de la musique cacophonique et de la
chorégraphie désordonnée, ce n'est pas
nous qui y trouverons redire et crie
rons la violation de la loi qui punit
l'ivresse publique et le tapage noctur
ne.
Mais les étudiants de Louvain ne
savent pas borner là leur juvénile allé
gresse et leurs fêtes joyeuses ne vont
jamais sans de blâmables provocations,
sans de coupables violences, sans des
actes de mauvais gré que rien n'excuse.
On dirait vraiment que ces mes
sieurs ne parviennent s'amuser que
si, groupés eu d'abondantes cohortes,
ils peuvent profiter de leur nombre
pour molester les passants, injurier la
police et multiplier les voies de fait.
Cela s'est donc revu pour la ving
tième fois Lundi et Mardi derniers.
Messieurs les étudiants, la plupart
armés de gros gourdins qu'ils brandis
saient d'un air menaçant, se sont ré
pandus dans nos rues en un intermina
ble cortège, criant, hurlant et assour
dissant 1 air de leurs vociférations in
congrues.
Rue de la Station, rue de Malines,
rue de Tirlemont, ils maltraitèrent
plusieurs bourgeois absolument inof
fensifs.
Ils passèrent plusieurs reprises
devant le corps de garde en hurlant
la fois A bas la police et Vive le procu
reur du Roi. L'honorable chef de notre
parquet ne peut manquer d'être très
sensible cet antithétique hommage.
Rue de la Librairie, ils brisèrent
les vitres du bureau de milice rue de
Tirlemont, ils firent voler en éclats
celles de plusieurs cafés de sembla
bles déprédations furent commises rue
de Malines et rue des Corbeaux.
11 a été dresse une trentaine de
procès-verbaux, dont un gros tiers
charge d'inconnus.
De cotte périodique réédition des
mêmes scènes de provocations et d'ou
trages, indicatives d'un même état d'â
me, résulte encore une fois ce perpétuel
enseignement l'adresse de la bour
geoisie Louvaniste et de notre corps
électoral que Louvain cesserait de s'ap
partenir le jour où la police de la ville
serait aux maïus de l'umversité et qu'il
n'est pas d'avanies que nous n'eussions
craindre ni d'humiliations que nous
n'eussions subir si, comme le deman
dait naguère si effrontément M. l'avo
cat Braun, le maintien du bon ordre
devait être confié Messieurs les étu
diants eux-mêmes.
Aujourd'hui déjà, ces Messieurs
affichent l'insolente prétention de se
conduire comme en pays conquis.
Que serait-ce si, indépendamment
des complaisances de l'autorité acadé
mique et des sympathies du Parquet,
ils devaient pouvoir compter sur la
complicité de l'autorité communale
Ces scènes scandaleuses ont eu leur
écho au sein du Conseil communal où
M. Vanlangendonck a blâmé le procu
reur du Roi qui, parait-il, fait pleuvoir
des procès-verbaux et traque les ou-
vriers et les bourgeois paisibles qui
ont eu le tort d'avoir bu quelque peu,
alors qu'il use de tolérance vis-à-vis
des étudiants qui donnent pendant plu
sieurs jours le spectacle d'une ivresse
scandaleuse.
Les parents aveugles qui envoient
leurs fils étudier Louvain doivent
être heureux et fiers des exploits che
valeresques de leurs rejetons.
L'aima mater catholico-cléricale et
clénco-catholique a cependant, et mal
gré lea amusements de tous genres et
les beuveries et les saoùlographies
dont les jeunes Eliacius se sont fait
ANNONCES
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 tr. la ligne.
une spécialité, produit quelques bons
sujets. Nous ne songeons qu ces der
niers pour oublier lesautres.
Séance du Jeudi 28 Février 190i
La Chambre rejette, par 52 voix
coutre 42 et 2 abstentions, la proposi
tion de loi d'amnistie pour condamnés
politiques et autres présentée par MM
Janson, Vandervelde, Crombez et Braun.
Elle adopte, en première lecture, par
48 voix contre 45, un amendement pré
senté par M. BuyIreprésentant d'Os-
tende-Furues-Dixmude, et conçu com
me suit
Seront rayées des matricules ou des dos
siers individuels les punitions encourues par
des agents des administrations publiques pour
tous laits autres que des actes de malversation
si les intéressés n'ont subi aucune punition
grave pendant la période des cinq dernières
années (1895-1900).
Séance du Vendredi i Mars 1901.
M. IXoli* fait la motion d'ordre
suivante
Des devoirs professionnels tfi'oni empêché
d'assister la séance d'hier, ainsi que mon
collègue d'Ypres, M. Colaert, avec lequel j'a
vais pairé. Pour ma part, si j'avais été présent
et libre de mon vote, j'aurais volé l'amnistie
en me ralliant aux amendements déposés par
MM Janson et Buyl.
M. Knyl adresse la question
que voici MM. les Ministres de
l'Agriculture et des Affaires étrangè
res
A plusieurs reprises déjà, nos pêcheurs
de la côte se sont adressés la Chambre pour
exposer leurs légitimes revendications. Ils ont
réclamé, notamment, l'abrogation de l'arrêté
royal du 5 septembre 1892, défendant la pê
che pendant les mois d'avnl et de mai, une
distance de moins de 3 milles de lu cô;e. A
l'appui de cette demande, ils font valoir que
les mesures prises pour empêcher la destruc-
lion et l'enlèvement dn frai, du fretin et du
naissain, n'atteignent pas le but visé, mais ont
pour conséquence de réduire l'inaction, pen
dant deux mois de l'année, les petits bateaux
des pêcheurs de crevettes, etc., qui ne peu
vent s'aventurer bien loin en mer.
Nos pêcheurs de la côte protestent égale
ment contre la situation d'infériorité dans la
quelle ils se trouvent vis-à-vis des pêcheurs
français. Ils font observer que lorsque, par
suite de mauvais temps, ils sont obligés de
chercher un abri dans un port français et d'y
veudre leur poisson, ils doivent payer un droit
d'entrée qui n'est pas exigé des pêcheurs fran
çais, alors qu'en Belgique il n'en est pas de
même pour les pêcheurs étrangers. Cet état
de choses leur semble d'autant plus intolérable
que des faits récénts en ont encore augmenté
la gravité. Ils me signalent, en effet, que des
bateaux de la Panne, pêchanl le hareng sur la
côie française, ont été capturés sous prétexte
qu'ils se trouvaient dans les eaux territoriales
françaises, alors que des pêcheurs français opè
rent impunément dans les eaux belges et vien
nent faire une concurrence désastreuse nos
nationaux en vendant leurs harengs au mar
ché d'Ostende.
M. le Ministre de l'agriculture et M. le
Ministre des affaires étrangères n'estiment-ils
pas qu il y aurait lieu d'examiner, sans tarder,
les plaintes de nos pêcheurs et d'y faire droit
dans la mesure du possible
Séance du Mardi 5 Mars 1901.
A la question de M. Buyl,
reproduite ci-dessus (séance du en
vi redi 1 Maro 1901), M. van der Brug-
geh. ministre de l'agriculture, a répon
du
l La défense d'employer, d'Avril Mai,
le chalut sur embaicitions, inscrite l'article