Journal de l'Alliance libérale d Ypres et de l'Arrondissement
61e année.15.
i*ara t'usa ni le MMimttue/te.
Les Déserteurs.
Déclaration
des Gauches libérales
du Sénat
et de la Chambre des Représentants
21 DÉCEMBRE 1900.
A propos de l'abbé Renard
L UNION FAIT LA FORCE.
Vires acqlirit ei.ndo.
PRIX DE L'ABONNEMENT
pour la ville: Par an 4 francs.
pr la province Par an 4 fr. 5(>
Od a pu lire, ces derniers jours, l'ex
posé des motifs de la loi proposée pour
récompenser les déserteurs de 1884;
8 Elle effacera le souvenir des jours pé
nibles où tant d'hommes S6 trouvèrent
aux prises avec d'incontestables diffi
cultés et surent souvent donner la
preuve d'une abnégation qui les ho
nore
Dans son rapport, M. Woeste, tout
coup tra i-porté d'un saint délire, s'est
servi du mot héroïsme, pour glorifier
les transfuges.
Il leur devait bien cela, après avoir,
dans d'autres temps, conspué le orps
enseignant tout entier, par son mot
sardonique et cruel qu'ils s'en ail
lent
On a beau ergoter, on ne parviendra
jamais opposer une tin de lion rece
voir cet engagement 8 Je jure obéis
sance la Constitution et aux lois du
peuple belge sinon, il faut abolir
tout jamais une formalité dont on fait
si bon marché
Mais est-il bien vrai que des scrupu
les de conscience se soient produits
chez beaucoup d'intéressés
On n'a qu'à exhumer les rapports
faits la suite de la fameuse enquête
bcolaire, ordonnée par la Chambre en
1880, pour se convaincre que ces déser
tions, loin d'être des actes spontanés,
n'ont été que l'effet d'excitations furi
bondes et terroristes. C'est le presbytè
re, soutenu par le château, qui partout
a mis les esprits eu ébulhtion, prê
chant la révolte et la désobéissance
aux lois. Rien ne fut épargné, m la
ruse, ni le boycottage, ni les persécu
tions de toute sorte, ni le refus des sa
crements, ni les fallacieuses promes
ses
Le précédent que l'on veut poser est
gros de conséquences, déconcertantes
et anarchiques
Qu'un j uif, un protestant ou un libre-
penseur s'avise de protester contre sa
participation une cérémonie du culte
catholique, une procession, par exem
ple, la salle de police, le cachot, le
conseil de guerre auraient bien vite rai
son de ses velléités d'opposition.
Mais le clergé se voit-il exposé
perdre une parcelle de sou empire sé
culaire sur les âmes candides, dans les
régions où l'atavisme n'a rien perdu de
sa force et de son énergie, aussitôt il
sacrifie ses intérêts la sainteté du
serment et, maître du pouvoir, c'est
par le privilège qu'il récompense les
parjures
Consultez le projet de loi relatif la
mise la retraite du personnel ensei
gnant c'est aux déserteurs,aux trans
fuges, aux parjures qu'est réservée
toute la sollicitude gouvernementale
Et c'est ainsi que le clergé de 1901
compte payer les dettes contractées par
les prêtres de 1879.
Ah l'esprit de Loyola est encore
aussi vivace chez nous que dans la
malheureuse Espagne Ce qu'avec
une générosité apparente le gouverne
ment est disposé accorder aux insti
tuteurs officiels, n'a été imaginé que
pour faciliter la remise du cadeau ré
servé tes créatures des écoles adop
tées et adoptables
C'est bien le cas de rappeler le pro
verbe donner un œuf pour avoir un
bœuf.
Le pays supportera-t-il encore long
temps ce régime
G. V.
On s'abonne au bureau du journal, eue de Dixaiude, 53, Ypees. Les an
nonces, les faits divers et les réclames sont reçus pour l'arrondissement d'Y près,
les deux Flandres, le restaut de la Belgique et de l'Etranger, au bureau du
journal 8 Le Pbogbès ON TRAITE A FORFAIT.
ANNONCES
Annonces 15 centimes la ligne.
Réclames 25
Annonces judiciaires 1 fr. la
ligne.
Considérant qu'il est conforme au
vœu manifeste de tous les libéraux du
pays et favorable la reconstitution
de l'unité du libéralisme que les Gau
ches libérales du Sénat et de la Cham
bre s'entendeDt sur un programme par
lementaire d'action et d'opposition en
vue de délivrer le pays de la domina
tion cléricale, funeste tous les peu
ples qui l'ont subie,
Les sénateurs et représentants libé
raux ont arrêté le programme suivant
I. Réorganisation de l'Enseignement.
L'instruction obligatoire est une né
cessité politique et sociale, d'ailleurs
indispensable au développement de la
production et de la richesse nationales;
tous les citoyens doivent acquérir une
certaine somme de connaissances que
l'enseignement des adultes a pour mis
sion de conserver et d'accroître.
L'enseignement public tous les de
grés doit être affranchi de toute in
fluence confessionnelle.
Il doit relever exclusivement de l'au
torité civile.
Il y a lieu de supprimer toutes me
sures tendantes favoriser les écoles
confessionnelles.
II. Réorganisation de la Défense
nationale.
Nul ne peut s'affranchir prix d'ar
gent du devoir civique de concourir
la défense nationale.
Ce devoir ne doit incomber aux ci
toyens que dans la mesure strictement
nécessaire.
Le remplacement, supprimé dans
ton s les autres pays, doit disparaître
de nos lois.
La réforme de nos institutions mili
taires doit tendreà l'organisation d'une
armée apte assurer la défense du pays
et recrutée, d'après un principe de jus
tice, dans toutes les classes de la soci
été.
III. Réforme électorale.
Les Gauches libérales estiment qu'il
y a lieu de poursuivre simultanémeni
la réalisation du principe de l'égalité
politique par la suppression du vote
plural et la réalisation du principe de
la représentation proportionnelle
tous les degrés de l'électorat, dans la
Constitution et les lois électorales.
Le privilège plural est une source de
fraudes sans nombre, qu'il est impossi
ble de déjouer et qui assurent au parti
clérical une prépondérance illégitime.
La représentation proportionnelle la
plus exacte possible doit être considé
rée, surtout sous le régime du suffrage
unitersel, comme une mesure d'orga
nisation équitable et j uste du régime
électoral.
Pour affirmer le lien étroit entre le
suffrage universel et la représentation
proportionnelle, et pour assurer la
liberté des votes des membres qui en
tendent subordonner le suffrage uni
versel la représentation proportion
nelle, le groupe demandera, le cas
échéant, que. lors de la discussion des
réformes électorales, le premier scrutin
porte sur la question de la représenta
tion proportionnelle.
Les Gauches, poursuivant un but
d'union et d'action commune, et dési
rant respecter des divergences de vues
que l'avenir pourra dissiper, réservent
la liberté de ceux de ieuiv membres
qui ne partagent pas l'avis de la majo-
nté et ne croient pas pouvoir se raliier
un système électoral uniquement ba
sé sur le suffrage universel pur et
simple.
En cas de révision constitutionnelle,
il y a lieu de poursuivre la réorganisa
tion du Sénat de manière fortifier
l'autorité des délibérations et des déci
sions de cette assemblée.
IV. Lutte contre la mainmorte.
L'accroissement considérable des
richesses mobilières et immobilières
dés corporations religieuses nécessite
des mesures législatives destinées ar
rêter l'extension de la mainmorte clé
ricale.
VMesures en vue de Vamélioration
du sort des classes laborieuses.
L'amélioration matérielle et morale
du sort des travailleurs a toujours été
un des buts essentiels de la politique
libérale et doit être, aujourd'hui plus
que jamais, l'objet de ses efforts.
Le libéralisme poursuit, par le déve
loppement de l'instruction et de l'édu
cation sous toutes leur» formes et par
la législation sociale la plus propre
relever la condition économique des
travailleurs, l'union des classes et
l'organisation d'une démocratie pacifi
que, progressive et éclairée.
Léon d'Andrimont, sénateur de Verviers.
Jules Audentsénateur de Charleroi-Tliuin.
Seauduin, député de Louvain.
E. Bergmannsénateur de Malines-Turnhout.
Emile Bertaux, député de Charleroi.
Ch. Boëyé, sénateur de Termonde-Sainl-Ni-
olas.
E Braun, député de Gand-Eecloo.
Brûlé,sénateur de Nivelles.
.1 Buyl, député de Furnes-L)ixmude-Osiende.
Félix Cambier, député de Gand-Eecloo.
Ch. Clément, sénateur de Liège.
Crombez, député de Tournai-Ath.
Vital De Coster, sénateur du Brabant
Eug. de Gorgesénateur de Bruxelles.
.4. De Lanier, sénateur de Bruges.
E. Delannoy, sénateur du Brabant.
Fréd. Delvaux, député d'Anvers.
Emile De Mot, sénateur de Bruxelles.
Vital Deridder, sénateur de Courtrai-Ypres.
J. Devigne, député de Gand-Eecloo.
Ad. Devos, sénateur de Gand-Eecloo.
Dufrane-Friart, député de iMons.
Emile Dupont, sénateur de Liège.
Emile Feron. député de Bruxelles
A. Février, sénateur de Namur-Dinant-Philip-
peville.
F Février, sénateur de Charleroi-Tbuin.
Th Finet, sénateur du Luxembourg.
A Fléchet, sénateur de Liège.
E. François, député d'Arlon-Marche-Bastogne
J Giroul, député de tluy-Waremme.
Goblet d'Alviella, sénateur du Brabant.
E. Ilambursin, député de Namur.
Prosper Uanrez, sénateur de Bruxelles.
Ilenricot, sénateur du Brabant.
A Houzeau de Lehaie, sénateur de Charleroi-
Thuin.
E. Huet, sénateur de Tournai-Alh.
Louis Huysmans, député de Biuxelles.
Paul Ilymans, député de Bruxelles.
Paul Janson, député de Bruxelles.
L. Jourez, député de Nivelles.
Ch. de Kerchove de Denterghem, sénateur du
Hainaut.
II. Lejêune Vincent, sénateur de la province
de Liège
Léon Lepage, député de Bruxelles.
J. de Lhoneux, sénateur de Huy-Waremme.
C. Liefmans, député d'Audenarde.
II. Lippens, sénateur de Gand-Eecloo.
Georges Lorand, députédeNeufchàteau-Virton.
Montefiore Levi, sénateu'r de Liège.
Mullendorff, député de Verviers.
A" Atujean, député de Liège.
Ernest i\olf, député d'Ypres.
Ouverteaux, député de Tournai-Ath.
Palernoster, député de Soignies.
Piret-Goblet, sénateur du Hainaut,
Henry Sainctelette,sénateur de Mons-Soignies.
E de Séjournet, sénateur de Tournai-Atb.
11 de Sélys Longchampssénateur de Naraur-
binant-Hhilippeville.
Ed. Steurs, sénateur de Charleroi-Thuin.
Léon Termote, député de Bruges.
G Tonnelier, député d'Anvers.
Tournait, député de Dinant-Philippeville.
Trasenster, député de Liège.
.1 Vanden S est, sénateur d'Anve's.
Vander Kelen, sénateur de Louvain
.4. Vandevenne, député de Courtrai.
Vict. Van de Walte, député de Malines.
Jan Van Ryswyck, dépulé d'Anvers.
Verbrugghe, sénateur d'Audenarde.
J. Verheyen. député d'Anvers.
Ad. Verspreeuwen, sénateur d'Anvers.
Raoul Warocqué, député de Thuin.
S. Weiner, sénateur de Bruxelles.
Donc un prêtre respectable,, doublé
d'un savant illustre, a jeté la soutane
et rompu avec l'Eglise.
Dans une noble lettre écrite un
de ses amis, l'ex-abbé ReDard a dit les
raisons de cette rupture. Ce sont les
études scientifiques qui lui ont fait
perdre la foi. Il a jugé contradictoires
et incompatibles la science et le dogme
catholique.
Son esprit libéré, devait-il libérer sa
vie
Les cléricaux disent non.
Et ils traitent.de renégats, d'apos
tats, de traîtres, ceux qui s'émancipent
publiquement de l'étreinte de leurs
dogmes et du joug de leur discipline.
Que voudraient-ils donc
Qu'un prêtre qui n'avait plus la foi
fût demeuré, quand même, extérieure
ment et mensongèrement fidèle l'E
glise qu'il eût fait de l'hypocrisie la
loi de sa conscience et la règle de sa
vie.
Croyez, pensez ce que vous voudrez,
mais ne désertez pas les rangs pas de
scandale
Voilà toute la morale cléricale Elle
est contraire la plus vulgaire honnê
teté, la plus élémentaire loyauté
C'est la morale des jésuites, jamais
flétrie par Pascal en ces inoubliables
paroles <t Vous êtes, mes pères, des
8 professeurs de duplicité
Le devoir de l'abbé Renard était de
conformer sa vie sa conscience. Là est
toute la moralité
Il est rentré dans la vie et non seule
ment dans la vie de la pensée libre
mais dans la vie de l'affection et de
l'intimité. Il a abjuré et s'est marié.
Les cléricaux l'appellent traître.
Ils appellent traître l'Eglise celui
qui, n'ayant, plus la foi pour la servir,
l'abandonne pour euchaîner ailleurs
ses croyances et ses sympathies. Le
véritable traître, au contraire, serait
celui qui, malgré les protestations de
sa conscience, ferait semblant de croire
encore des dogmes qu'il a secrète
ment répudiés.
Supposons que demain, par l'effet
d'un» îlluminatiou subite et de très
bonne foi, le grand rabbin des Juifs et
l'archiprêtre du Bouddhisme se con
vertissent la religion catholique. Il
n'y aura pas assez de voix, dans la
presse cléricale, pour applaudir ces
triomphes de l'Eglise. Et cependant,
s il faut en croire les ineptes réquisi
toires dirigés contre l'abbé Renard,
ces illustres convertis auront mérité
d'être appelés traîtres et ienégats.
Toujours deux poids et deux mesu
res. L'éloge celui qui trahit sa foi
ancestrale pour accepter le joug de
Rome, le blàm° et la honte celui qui
sort de 1 église de Rome pour accepter
une autre foi.
Toujours le point de vue étroite
ment, mesquinement sectaire, au lieu
du point de vue largement, généreuse
ment humain
G'.'st le mariage de l'abbé Renard
qui fournit aux aboyeurs de la presse
cléricale leur meilleur thème insui
tes.
Ce n'est pas la libre science qui a
vaincu c'est l'ennui du célibat, la las-