Chroniquedela ville.
Le pauvre Pape.
Avant et après.
La science et le dogme.
La femme.
irrégulièrement de leur
vœu Et donc, s'ils étaient restés dans
l'Eglise, s'ils eussent détourné de son
mari une péniten.e ou violé une jeune
fille, ils eussent été dans la régularité
de la morale cléricale. On eût caché la
petite faiblesse tout simplement.
Jésuites sous la Royauté.
La FoiTuhc du Saint-Siège.
Les déficits des Hospices.
iH. Iweins et le cimetière.
Tous surveillants.
M. Begerem, préalablement stylé
par un entrepreneur qui ne porte pas
sitode de la vertu, le cri de la chair, la
faiblesse des sens.
Liliustre professeur dédaignera ces
misérables insinuations. Elles ne furent
épargnées ni Lamennais, ni Renan,
ni Hyacinttfe Loyson et elles ont été
emportée» dans la grandeur de l'acte
accompli par ces vaillants et dans l'é
clat de leur gloire.
Comme de tels maîtres, M Renard
aura, contre les basses insultes de la
cléricailie déchainée. le refuge de la
science et des pensées élevées. C'est la
haute tour d'ivoire où ne montera pas
la basse calomnie et où notre sympa
thie, notre admiration le suivront, pour
avoir dit en de nobles paroles, par un
acte de courageuse loyauté
Je revendique, de toute la force de
ma conscience d'honnête homme,
mon droit la liberté Je ne puis
faire le simulacre d'une croyance
évanouie.
M. l'abbé Renard, qui vient de quit
ter l'église pour n'avoir pu concilier
dans son esprit le dogme et la science
n'est pas le seul qui ait éprouvé cette
crise intime de la conscience.
Le célèbre zoologiste, M. Saint-
Geoiges Mivart, qui professait il y a
trois ar.s encore l'Université de Lou-
vain, s'est déclaré incapable de conci
lier la doctrine catholique et la science
moderne.
Il tenta d'abord d'atténuer l'inter
prétation du dogme féroce de l'enfer.
Un jésuite, partisan du Dieu-Moloch,
accusa Mivart d'hérésie. Le cardinal
Vaughan exigea une rétractation. Puis
il jeta l'interdit sur l'audacieux écri
vain. C'est alors que Mivart, dans les
lettres superbes parues dans le Times.
proclama l'inanité de tout effort de
conciliation entre la science et les doc
trines catholiques.
(La Raison, Dimanche 7 Avril 1901).
Renégat
Apostat
Défroqué
Dément sénile
Et pourquoi pas assassin
Voilà de quelles prétendues injures
la presse cléricale poursuit l'ex-abbé
Renard.
Injures qui insultent mais qui n'of
fensent pas.
Reste le grand crime.
L'ex-abbé Renard, au dire des cléri
caux, n'est sorti de l'église qu9 pour
courir après la femme. L'ineffable
Courrier de Bruxelles journal des
jésuites, dit
Longue est la liste de ceux qui leur
n vœu de chasteté a pesé et qui s'en sont dê-
gagés irrégulièrement.
Vraiment 11 se sont dégagés
Joli monde
Une foi s pour toutes, qu'une décisi
ve réponse soit faite la gent cléricale.
Un prêtre sortir de l'église pour se
dégager du célibat, pour trouver la
femme
Quel naïf ce seraitQuel imbéci
le Oh oui, quelle bonne bête
Si l'on en veut, des femmes, il faut
rester dans l'église. C'est là qu'il est
plus commode d'en avoir, et sans cher
cher, car c'est la femme qui le plus
souvent cherche le prêtre.
Célibat, vœu de chasteté, rien du
tout 11 y a le confessionnel.
(La Raison. Dimanche 7 Avril 1901).
•I
Très curieuse, très suggestive, la pe
tite anecdote suivante que nous venons
de lire dans VHistoire générale du Lan
guedoc, signée dom de Vie et dom Vais-
sette. C'est l'histoire du Jésuite Oeneu-
ze, professeur de rhétorique au collège
des Jésuites de Toulouse, le 2 Juin
1753, qui, monté en chaire pour pro
noncer le discours traditionnel de la
fête de Saint-Yves, que solennisaieut
annuellement les avocats de Toulouse,
partit en guerre contre certaines cou
tumes royales et tonna avec une ex
trême violence contre les arrêts comme
d'abus. Qu'eût-on fait aujourd'hui con
tre ces violences de langage Rien as
surément. Qu'a-t-on fait alors... Ecou
tez
Défense fut faite par la Cour, au
Jésuite, de tomber en pareil cas et de
professer pendant cinq ans.
Ce n'est pas tout. Introduit dans la
Chambre du Conseil du Parlement, le
premier président, Joseph Gaspard de
Manibau, en présence de la compagnie,
adressa au Jésuite le petit discours sui
vant que nous recommandons aux dé
fenseurs intrépides du trône et de l'au
tel
Vous avez été instruit, par l'arrêt
de la cour, combien elle improuve l'a
bus que vous avez fait de votre minis
tère pour censurer et pour énerver
l'autorité des lois et des maximes du
royaume, aussi anciennes qu'elles sont
nécessaires au maintien des droits et
de l'indépendance légitime de la cou
ronne de nos roi3, contre les entrepri
ses de la puissance ecclésiastique. Les
lois ne sont pas moins utiles la discipline
de l'Eglise. Vous apprendrez en con
naître le mérite et les respecter. Re
tirez-vous
Tel fut le langage de la Royauté.
Aujourd'hui, les républicains, genre
Méline, en présence d'abus autrement
graves que les anciens abus, voudraient
empêcher la République de parler et
de se défendre.
(Progrès du Nord, 3 Mars 1901).
Le journal l'Italie vient de faire une
enquête sur la fortune du Pape. Il l'évalue
2 milliards 120 millions de francs. Celte
somme donnerait une rente annuelle de 120
millions, c'est-à-dire 10 millio is par mois,
2 millions par semaine, 411,000 francs par
jour, plus de 17,000 francs par heure, 285
fr. par minute et environ 5 fr. par seconde.
11 faut ajouter cette somme les revenus
du denier de Saint-Pierre, les versements
des congrégations et des couvents, etc.
L'enquête de l'Italie n'a qu'une va
leur approximative, car l'importance des ri
chesses artistiques du Vatican et de l'église
de Saint-Pierre ne sont pas évaluables. On
a dit un jour, avec raison, que la vente des
gobelins de Raphaël, au Vatican, suffirait
seule éteindre les dettes du peuple italien.
Mais il est exact de dire que la propriété
immobilière de la papauté ne cesse de s'éten
dre, et que la richesse mobilière en actions
et en fonds d'Etat ne pourra être déterminée
exactement que lorsque le gouvernement
italien aura supprimé l'exemption de l'impôt
dont jouit le Saint-Siège.
Une chose est bien certaine et crève les
yeux la richesse du pauvre Pape est im
mense, et les Italiens libéraux savent qu'il
faut compter avec l'influence de cette formi
dable puissance économique.
Alors ce que le clergé raconte n'est
que mensonge et duperie
La pauvreté du pape qui eu serait
réduit coucher sur la paille humide
des cachots n'est donc qu'une légende
inventée pour les besoins de la cause et
pour soutirer de l'argent aux imbéci
les
Quels comédiens
Quels farceurs
Tout le monde sait que l'incurie de
nos maîtres fait souvent l'objet de cri
tiques aussi justes que fondées, tant de
la part de leurs amis politiques que
du public et même de certains conseil
lers. Aussi, faut-il le dire, des trois
membres qui composent notre Collège,
deux sont absorbés par d'autres fonc
tions, qui ne leur laissent pas le temps
nécessaire de s'occuper sérieusement
des affaires de la ville, et le troisième
ne s'en soucie guère. Il en résulte que
les travaux communaux manquent de
direction et de surveillance sont sou
vent interrompus, restent pendant des
années entières en souffrance ou s'exé
cutent avec une lenteur désespérante
et des prix infiniment plus élevés
qu'ils ne devraient coûter.
Ponr atténuer, autant que possible,
ce fâcheux état de choses et donner le
change l'opinion publique, le Journal
dYprès a senti le besoin de défendre et
de prôner l'administration cléricale.
Dans un de ses derniers numéros,
notre pieux confrère jette un regard
rétrospectif sur la situation de notre
cité, avant et après l'avènement de ses
amis l'hôtel-de-ville.
Depuis des années, écrit-il, la ville
d'Y'pres était dans une situation gê-
née au point de vue financier. Le
a nouveau Bourgmestre M. Surmont le
prouva, pièces en mains, quelques
semaines après son arrivée au pou-
voir.
Des folies scolaires et autres avaient
amené cette situation déplorable.
Quand le nerf de la guerre est ma-
a lade, toute l'économie souffre.
Eh bien n'en déplaise au moniteur
de nos maîtres, la situation do la ville,
quand l'administration libérale a quitté
le pouvoir en 1891, n'était pas ce qu'il
voudrait faire accroire aujourd'hui.
11 est vrai que M. Surmont, avec le
caractère que tout le monde lui con
naît, a trouvé mauvais tout ce que ses
prédécesseurs avaient fait. Ses critiques
de la comptabilité administrative, sui
vie jusqu'alors, portaient sur la forme
plutôt que Bur le fond. Il leur repro
chait la confection vicieuse, d'après
lui, des budgets signalait les vire
ments d'un article l'autre dans les
comptes.ce qu'on s'était cru autorisé
faire afin d'épuiser les crédits votés,
ainsi que le transfert de certaines dé
penses d'une année sur l'exercice sui
vant. C'étaient là des irrégularités, il
ne nous en coûte pas de le reconnaître,
qui n'étaient pas strictement confor
mes aux règles de la comptabilité ad
mise, mais qui, en définitive, ne com
promettaient en rien la bonne gestion
des finances communales. La minori
té du Conseil a du reste fait justice de
ce dénigrement systématique lors des
discussions sur le compte de 1889, en
séance du 9 Mai 1891, et M. Colaert,
l'ancien contrôleur, a reconnu alors
que la situation financière de la ville
d'Ypres n'était pas mauvaise.
Ce qui prouve, en effet, que l'admi
nistration libérale a bien géré les affai
res de la commune, pendant tout le
temps qu'elle a été au pouvoir, quoi
qu'on en dise, c'est qu'elle a laissé
ses successeurs un avoir important en
immeubles et une dette minime com
parativement celle de n'importe
quelle autre ville de la province gérée
par les catholiques.
Nos maîtres actuels ont été heureux
de profiter de cette bonne situation, et
ils en ont largement usé et abusé ils
ont vendu la plupart des propriétés
communales et leur produit,s élevant
environ 204,000 fr., se tronve aujour
d'hui dépensé, sauf 52,300 fr. qu'ils ont
placés provisoirement en rentes sur
l'Etat en attendant qu'ils les gaspillent
également. C'est ainsi, et grâce la
sage et prudente administration libé
rale, et aux ressources extraordinaires
que leur a procuré un emprunt de
850 000 fr., que le nerf de la guerre,
comme le Journal l'appelle, n'a pas
manqué jusqu'ici aux politiciens dissi
pateurs qui régnent l'hôtel-de-ville
et que ceux-ci ont pu éviter de clôtu
rer leurs comptes en déficit.
Dans sa dernière séance, le Conseil
communal a approuvé le compte de
1899 des Hospices civils avec un déficit
sur l'ordinaire de fr. 18,273-56 c.
A ce chiffre il faut ajouter les crédits
importants que nos marguilliers-admi-
mstrateurs prélèvent, sans scrupule,
sur la fondation de M.Ch.Godtschalck,
et cela sans aucune autorisation de
l'autorité supérieure et pour des servi
ces complètement étrangers ceux
visés par le donateur. Le déficit réel
dépasse donc notablement le chiffre
porté au compte.
Faisons remarquer aussi que les re
cettes et dépenses extraordinaires se
composent, d'une part, de capitaux
tels que remboursements de prêts hy
pothécaires, produits de ventes de ter
rains et d'arbres, et d'autre part, de
remplois de ces divers capitaux, en
fonds publics Belges ou en biens im
meubles. C'est là que nos financiers
cléricaux ont puisé la somme nécessaire
pour clôturer leur compte avec un
excédent de 2,234 fr. 49 c. Ce n'est pas
plus difficile que cela.
Le budget de 1901 a été-dressé
1 avenant. En effet, contrairement aux
règles de la comptabilité administrati
ve. le total des prévisions en recettes
ordinaires est inférieur celui des
dépenses de même nature, de 22,320
fr 06 c., rien que cela.
Ce déficit est comblé également au
moyen de prélèvements sur des capi
taux recevoir et calculés de manière
équilibrer le budget 13 fr. 37 c.
près.
Comme on le voit, le compte et le
budget des Hospices sont loin d'être
établis dans les conditions prescrites et
l'abri de tout reproche
On se rappelle que le Journal d Fpres
disait dernièrement, propos du comp
te de la ville, que la prospérité finan
cière se démontre par l'excédent des
recettes ordinaires sur les dépenses de
même nature.
Que dira notre pieux confrère du
compte et du budget des Hospices, que
ses amis clôturent avec des déficits
considérables Reconnaîtra-t-il que
c'est là le résultat de leurs scandaleux
gaspillages et de leur mauvaise ges
tion? Ne méritent-ils pas un blâme
sévère, de dépenser au-delà de leurs
ressources, d'autant plus qu'ils dispo
sent d'un revenu de 400,000 fr. par an,
chiffre considérable et qui devrait
largement suffire tous les services
hospitaliers et leur permettre en même
temps de combler une lacune en créant
en notre ville, un hospice de maternité
dont la nécessité s'impose. C'est là cer
tes un service qui entre dans leurs
attributions.
Et dire que le Conseil communal
approuve l'unanimité, et sans la
moindre observation, des comptes et
budgets arrêtés comme nous venons de
le dire.
Au lieu d'agir ainsi, nos édiles n'au-
raient-ils pas dû renvoyer immédiate
ment, leurs amis des Hospices, le
budget de 1901, avec invitation de le
rectifier et de mettre les dépenses en
rapport avec les recettes
Si un particulier se permettait de
gérer sa fortune comme notre Conseil
des Hospices administre les biens des
pauvres et des malades, on lui donne
rait un conseil judiciaire.
Le cimetière a eu les honneurs d'une
discussion au Conseil communal. Nous
ne dirons pas que la question a été trai
tée d'une manière approfondie, car, en
fait de profondeur, on n'a guère parlé
que de celle des fosses dans lesquelles
nous sommes destinés aller dormir
notre dernier somme, baignés par une
eau puante et sale qui n'est pas pour
faire valoir les avantages d'un traite
ment par l'hydrothérapie. Non mais
il y a eu cependant des observations
intéressantes ou plutôt amusantes.
Ainsi, l'honorable M. Iweins d'Eeck-
houtte il ne dort pas quand on parle
de cimetières a gravement conseillé
un drainage énergique de notre champ
de repos et l'écoulement du jus de ca
davres vers l'Yperlée par le collecteur
de la rue de Menin et de la Grand'-
Place. Quelques conseillers ont ri se
tordre en entendant cette macabre pro
position de leur éminent collègue. Us
croyaient, les pauvres, la série bien
close et la lumière bien éteinte Devant
cette nouvelle manifestation de la lu
mineuse intelligence du sire d'Eeck-
houtte, ils se sont repris espérer qu'il
y a encore de beaux jours pour les
amis de la gaîté.
M le bourgmestre Colaert, toujours
aimable pour son excellent ami Hen-
ritje. lui a fait délicatement compren
dre que sa proposition n'avait pas le
sens commun. Le pauvre sire d'Eeck-
houtte a fini par saisir et, honteux com
me un renard qu'une poule aurait pris,
il a retiré ses observations inconsidé
rées et saugrenues, rentré sa malen
contreuse proposition et s'est vengé de
l'honorable assemblée en se plongeant
dans un sommeil dont ses collègues ont
eu peine le réveiller l'issue de la
séance.
C est égal, mais cela ne manque pas
d'originalité, n'est-ce pas
La séance du Conseil communal du
30 Mars dernier a été instructive en
-plus d'un point.
Notons celui-ci
Après la lecture du rapport de M.
Téchevin Berghman sur la comptabili
té des Hospices, l'honorable M. Bege-
rem, très rouge, presque cramoisi, a
demandé d une voix, qu'étranglait
l émotion, quelles mesures sont prises
par l'administration charitable pour
assurer une surveillance permanente
et efficace des importants travaux exé
cutés par elle dans ses diverses propri
étés. F