Les reliques
du 7 Septembre.
Nouveaux impots.
Coups droits
Dieu et au Diable.
Bourse de Bruxelles
1 milliard pour la Russie
950 millions pour la France
900 millions pour l'Allemagne.
Cela représente le prix de la paix ar
mée Mais il est bien certain que ces
chiffres seraient multipliés dans des
proportions fantastiques le jour où une
guerre éclaterait L'Angleterre en sait
quelque chose.
La guerre franco-allemande a été
évaluée 13 milliards. Celle de Crimée
10 milliards. Celle de la Russie et de
la Turquie en 1877 5 milliards. La
guerre des Etats-Unis et de l'Espagne
4 milliards. Les autres tournent au
tour du milliard.
Toutes les déclamations des farceurs
qui font rimer gloire àvec victoire et
lauriers avec guerriers et qui célèbrent
la beauté des vastes hécatombes hu
maines, ne prévaudront point contre
ces statistiques. La guerre qui ne pro
duit pas et qui détruit, qui est la des
tructrice par excellence de la vie et du
travail de'l'homme et de la richesse,
est le fléau suprême. Des milliards
d'êtres humains auraient vécu, d'in
nombrables établissements de secours
et de prévoyance auraient pu être fon
dés, du bonheur aurait été distribué,
de la souffrance épargnée avec ces 300
milliards.
War against war Faisons la guerre
la guerre A la paix armée opposons
l'armée de la paix.
Tu ne tueras point.
La société belge de l'arbitrage et de la
paix poursuit, en dehors de tout esprit
de parti, !a suppression de la guerre
par la création, entre les Etats, de liens
de droit qui assurent le règlement pa
cifique des conflits internationaux.
La cotisation des membres effectifs
est d'un franc au moins par an.
S'adresser au bureau de ce journal
ou la Société belge de VArbitrage et de la
Paix, 41, rue des Deux Eglises, Bru
xelles.
A chaque élection nous entendons
dire par nos cléricaux: Pas un homme,
pas un canon, pas un sou de plus pour
l'armée.
Cette dernière promesse ils se dispo
sent l'exécuter loyalement. En effet,
d'après le nouveau projet de réorgani
sation militaire que vient de déposer le
gouvernement, ce n'est pas un sou de
plus que coûtera l'armée au pays mais
20 millions
M. le ministre des finances, chef de
cabinet, vient d'adresser d'autre part
seB collègues une lettre par laquelle il
les invite lui faire parvenir leurs pro
positions en vue de le formation du
budget de 1902.
M. de Smet de Naeyer fait notam
ment remarquer qu'il est urgent d'avi
ser enrayer l'énorme accroissement
de dépenses auquel il a fallu faire face
au cours des dernières années. Et celles
auxquelles il faudra faire face les an
nées suivantes donc
La réorganisation militaire va nous
coûter pour une armée, qui sera moins
bonne que celle que nous avons main
tenant, 20 millions chaque année. Dès
lors nous comprenons que notre pre
mier ministre recommande l'économie
ses collègues.
Vous poussez réellement le pays la
ruine, Messieurs les cléricaux et vous
gâtez tout ce que vous touchez.
Après avoir désorganisé i'er seigne
ment, vous avez désorganisé la garde-
civique et maintenant notre armée va
probablement snbir le même sort
Le 7 Septembre Le dix-septième
anniversaire de cette journée héroï-cç>-
mique, si bien classée dans nos éphé-
mérides politiques que le souveuir en
est resté indélébile chez ceux-là même
qui n'y jouèrent aucun rôle, mais qui,
dans les coins les plus reculés de pro
vince, en entendirent, dans leur jeu
nesse, conter les hilarants épisodes.
Dix-sept années Et pourtant elle
semble dater d'hier peine cette iné
narrable odyssée des cléricaux de pro
vince qui, pour 3 francs par tête,
étaient venus a prendre possession de
la capitale et prendre part l'impo
sant cortège que, d'après leurs chefs
de file, le Roi devait passer en revue.
Ce qu'il advint de cette manifesta
tion monstre, ceux qui ne le savent que
par ouï-dire pourraient préciser leurs
renseignements forcément un peu va
gues par une visite aux reliques du 7
Septembre.
Car la plupart de ces débris lamen
tables de la piteuse procession, qui
étaient allés s'échouer ce dimanche-là
dans la cave de l'Hôtel de Ville, sont
conservés dans un coin perdu des com
bles de l'Hôtel de Ville.
A deux pas de la chambre sinistre
où, dans des bocaux d'alcool et de pe
tits cercueils de bois blanc, se conser
vent les macabres pièces conviction
exhibées au cours des procès criminels,
une vaste mansarde aux murs chaulés,
engrisaillés de toiles d'araignées, sert
de cimetière ces poudreux accessoires
de la manifestation cléricale.
Adossés la muraille, les drapeaux
lacérés, les bannières aux broderies
effilochées, aux médaillers veufs de
leurs médailles, laissent pendre leurs
loques lamentables. Les hampes sans
étendard se dressent ayant gardé par
fois des reflets d'or au creux de leurs
cannelures. Puis voici les cartels
troués, déchirés, éclaboussés encore de
l'ironique poudre bleue. Des lambeaux
d'inscriptions s'y retrouvent, ayant
gardé parfois une amusante saveur
dïronie Œil pour œil, dent pour
dent portait un transparent crevé
dont l'arrogante insolence dût hâter les
premières bagarres.
Pourquoi sont-ils furieux Parce
qu'ils sont dépossédés déclare un
cartel de Gœgnies, qui eût pu servir
dans l'après-midi du 7 Septembre de
cartel aux groupes libéraux.
Ecrasons le dragon libéral ajou
te une pancarte grossière et enluminée
d'un lion ailé, et dont les porteurs ne
s'attendaient guère l'écrasement des
cléricaux dans les rues de Bruxelles.
Opposons la force énergique lit-
on encore sur un fragment de cartel.
Le groupe que ce cartel conduisait au
triomphe ne s'est guère souvenu de sa
fière devise.
Puis, ça et là, dans le tas des cartels
déchirés, d'autres inscriptions politi
ques Plus de commissaires spé
ciaux Weg met 't juk der dwin-
gelanden, het Belgisch volk is weder
vrij (A bas le joug des oppresseurs,
le peuple belge est de nouveau libre).
Et au pied de ces trophées, les gros
ses caisses béantes,contre la peau d'âne
desquelles les cannes expertes s'exer
cèrent avec tant d'entrain, livrent aux
araignées leurs flancs dégonflés et mor
nes
Sur le sol, des chapeaux troués et
bossués, des casquettes informes, des
tronçons de cannes sont jetés pêle-
mêle. Un bombardon crassé de vert-
de-gris détord ses spirales près d'un
trombone au pavillon écrasé et d'une
schuiftrompet disloquée. Un piston
ployé rêve sans doute aux danses
champêtres qu'il scandait aux kermes
ses. Pauvres épaves des fanfares de
village,qu'étiez-vous donc venues faire
dans la mêlée
Et de nouveau voici des tambours,
des grosses caisses, des cymbales dont
le dernier soupir s'exhala sous le choc
des bâtons, et encore et toujours des
monceaux de cannes et de hampes bri
sées.
Et en contemplant ces reliques, les
détails de l'inoubliable journée sq ré
veillent.
On se remémore l'ahurissement de
ces campagnards, délaissant Oostacker
et Montaigu pour le pèlerinage de
Bruxelles, et qu'accueillaient des leur
sortie de la gare des huées et des coups
de sifflet Le bluet fleurissait toutes les
boutonnières, les quolibets partaient
de tons les groupes et le chant funèbie
de Vandenpeefeboom répondait aux
ive Malou des pèlerinards.
L'arrivée triomphale de M. Van Oye
caracolant sur un bai brun, l'appari
tion de quelques enfants costumés en
cardinaux, l'avalanche des petits pa
piers bleus pleuvant sur le cortège
avaient égayé les débuts de cette mar
che triomphale.
Et qnand au coin du boulevard Ans-
pach et de la rue des Pierres, on avait
vu s agiter en l'air des mannequins de
jésuites se balançant ie long d'une cor
de jetée d'un balcon l'autre, en tra
vers du boulevard, la tempête avait
éclaté tout coup au bruit d'immen
ses clameurs le cortège avait été coupé.
Pendant que des femmes s'évanouis
saient sur les balcons ou sur les mar
ches de la Bourse, la mêlée était deve
nue violente, acharnée, indescriptible.
Les cartels, autour desquels se ral
liaient les manifestants, servaient de
point de mire aux assaillants. On s ac
crochait aux hampes, on mettait les
drapeaux eu pièces les fragments de
cannes ou de hampes, adroitement lan
cés de biais tels une pierre plate sur
la surface de l'eau formaient rico
chet sur les têtes décoiffées. Vingt fois
reformé, vingt fois disloqué, le cortège
lamentable oscillait par tronçons au
gré des vagues de cette nier hurlante
et démontée. La ville gouailleuse ne
lâchait plus ses victimes, que des
mains ironiques, du haut des fenêtres
bondées, saupoudraient de bleu sym
bolique Et quand vers 3 heures, ce
qui restait du cortège était apparu aux
abords du Palais, précédé de commis
saires cheval dont l'un avait laissé un
pan de redingote dans la bataille, un
éclat de rire homérique avait accueilli
ces épaves grotesques.
Tout le reste avait disparu au hasard
d'un sauve-qui-peut affolant.
Et le soir, la province avait vu re
venir ces triomphateurs nu-tête, loque
teux, les yeux pochés, le dos rompu,
les membres bleuis sous la rossée des
cannes, les bannières en lambeaux, et
les instruments de musique tordus.
Depuis, la loi scolaire contre laquel
le avaient manifesté les libéraux, le
dimanche précédent, a accompli son
œuvre néfaste comme le couteau de
Jeannot, le ministère clérical, de re
plâtrage en replâtrage, s'est renouvelé
plusieurs reprises; mais si les anti
cléricaux ont eu pendant ces dix-sept
ans des périodes do défaillance, ils ont
su se ressouvenir aux heures graves, de
cette jourm e où la violence avait servi
le droit.
Les reliques du 7 Septembre sont
l'ironique et joyeux symbole de cette
énergie anticléricale que nos maîtres
ont pu croire parfois brisée, mais dont
les réveils superbes ont su enrayer les
abus de pouvoir et contraindre nos
gouvernants des mesures d'équité et
de justice.
DOMINIQUE.
{Petit Bleudu Samedi 7 Sept. 1901.)
Tel est le titre d'un g and volume in
quarto que vient de publier M.Jules
Bosmans, rue Elise, 63, Bruxelles,
pour faire suite ses brochures 10
centimes de la Bibliothèque anti-su-
perstitieuse, l'Inquisition de l'Eglise
Papale ia République, la Monar
chie Constitutionnelle et l'Eglise Pa
pale la Politique de l'Eglise Papa
le les t Monila Sécrétaetc.
Auteur de nombreux ouvrages histo
riques tels que la Féodalité au pays
d'Enghien Athènes et ses monu
ments Armoriai ancien et moderne
de la Belgique,» etc., M. Bosmans a en
trepris une campagne do propagande
pour saper la domination cléricale en
démontrant par des raisonnements ir
réfutables et des documents non moins
indéniables que l'Eglise Vaticane re
tarde notre civilisation en déprimant
les cerveaux par ses dogmes, en oppri
mant les consciences par sa Maffia et en
profanant nos libertés par ses revendi
cations hiérocratiques.
La puissance papiste reposant sur des
dogmes ruinons ceux-ci et nous ren
verserons celle là, s'écrie le fougueux
publiciste.
En 284 chapitres formant un total
de 220 pages, M. Bosmans passe en re
vue le culte de la divinité chez les
païens de l'antiquité et les races civili
sées ou sauvages de notre époque il
compare aux superstitions baroques de
ces diverses religions les croyances et
les pratiques non moins cocasses du
catholicisme nous montre en outre
en de vigoureuses pages où l'argumen
tation égale l'érudition combien toutes
ces simagrées sont contraires la saine
raison et quel tort^ considérable elles
causent l'humanité en entretenant
1 ignorance et la superstition non seule
ment dans les classes populaires et ru
rales mais même parmi nombre d'in
tellectuels.
Pour donner une idée de l'intérêt
qui s attache la lecture et la médi
tation des Coups Droits nous repro
duisons le chapitre suivant de cet ex
cellent ouvrage consacré aux escroque
ries journellement commises par les
trafiquants de miracles. Notre ville
n'ayant pas échappé celte bedidegom-
merce comme disent les juifs alle
mands, nous croyons que cet extrait in
téressera vivement no3 lecteurs et les
engagera lire entièrement le livre en
question, dont l'auteur mérite en tout
cas les félicitations et les encourage
ments de tous les gens sensés.
Les Escrocs.
Le 16 Juin 1896. le tribunal de Mons
jugeait une jeune fille de dix-sept ans
sur les faits rapportés de cette façon
par les journaux
Affaire buslesque, inouïe,
invraisemblable
Justine F., servante chez une
sexagénaire, Mlle Léopoldine Demeul-
dre, Soignies, agissant sur l'esprit
faible et superstitieux de sa maîtres-
se, lui a soutiré une dizaine de mille
francs au moyen de lettres que la
vieille dévote croyait réellement re-
cevoir du bon Dieu, de la sainte Vier-
ge, de St-Joseph, de St-Antoine, du
petit Jésus, etc.
Le Père Eternel avait besoin d'ar-
gent pour la construction d'églises,
puis écrivait qu'il avait versé des
larmes de sang en recevant les fonds
Dans une de ses lettres, la sainte
Vierge met le retard de sa réponse
sur le compte de la migraine et ajou-
te en post-scriptum Ne faites pas
attention la mauvaise écriture, j'ai
mal au bras
Argent, linge, bijoux, tout prenait
le chemin du Ciel et la pauvre vieille
écrivait gravement ses célestes qué-
mandeurs
En outre, Justine, qui la tenait sé-
questrée, lui faisait faire les gros ou-
vrages, par mortification
Cette hilarante Justine fut condam
née 17 mois de prison et 250 francs
d'ameude, et chacun de nous sous
crit, évidemment, cette condamnation
Mais pourquoi tolère-t-on, dans tous
le pays, ce que l'on punit Soignies
Le Pape, les évêques, le clergé sécu
lier, les religieux et les religieuses,
qui, chaque année, soutirent des
millions aux esprits faibles et super
stitieux et... au gouvernement,
n'ont pas plus de relations avec le
Père éternel la Vierge Marie et
le petit Jésus que Justine F.
La Vierge de Lourdes, se disant
l'Immaculée Conception est le pen
dant de celle de Justine, se disant at
teinte de migraine pourquoi tolérer
l'une et condamner l'autre
L' hostie sanglante de Sainte Gu-
dule,à Bruxelles, est aussi absurde que
le Père Eternel, pleurant des larmes
de sang Soignies: pourquoi frapper
l'un et tolérer l'autre
Dira-t-on qu'il suffit de porter mître,
tricorne, froc ou voile pour être auto
risé exploiter les superstitions et que
Justine,coupable en tablier, eut été ir
réprochable en guimpe
Prétendra-t-on qu'une escroquerie
cesse d'être délictueuse, si on la prati
que en latin, en musique et en public
et que Justine n'est repréhensible que
pour l'avoir commise en mauvaise
écriture
Soutieudra-t-on que l'Etat admet la
vérité des croyances religieuses et en
tolère l'exploitation, par ce motif?...
Mais Justine pouvait se dire inspirée
de Dieu au même titre que le Pape
Pourquoi donc la prison la servan
te sonégienne, et les palais, les presby
tères, les églises, les privilèges, les im
munités et le budget des cultes la
bande vaticane
DU 11 SEPTEMBRE 1901.
De notre correspondant spécial
TERME. Le terme a une allure
paisible aujourd'hui, les cours se main
tiennent d'une façon satisfaisante, le
Brésil remonte brusquement 66 1/4,
l'Extérieure se tient bon 70 15/16'.
Rio 1346 La plus favorisée des trac
tion est la Parisienne 197 1/2. Le
Métro fait 6o 1/2. La Russe Française
196.
COMPTANT. -- Au comptant si la
tendance vers la hausse e6t un peu en
rayée, l'allure des marchés peut être
considérée comme satisfaisante. La
Rente 3 °/0 se maintient 98.45. Les
lots de villes et les obligations sont
toujours négligées.
Les Banques sont assez indifférentes.
Africaine 50. De nombreuses transac
tions se font en Nationale Financière
145 avec bonne tendance. En Chemins
de fer les Congo se maintiennent
1625 et 5400 mais rien de plus. Les
1 ramways sont calmes. Les Interna-